Lieven De Boeck – Image Not Found – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur à Marseille

Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 - FRAC PACA
Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 - FRAC PACA

Jusqu’au 5 juin 2016, le FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azurprésente Image Not Found,  un projet conçu spécialement pour le lieu par l’artiste belge Lieven De Boeck.

La visite de cette exposition est un moment rare qui mérite sans aucun doute un passage par le bâtiment dessiné par Kengo Kuma. Certainement une des expériences  les plus manquantes de ce début de printemps à Marseille.

Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Effacer les images, les identités, ou les signes distinctifs est une préoccupation majeure de Lieven De Boeck.  Archives et classements sont des outils qu’il manipule fréquemment. Il construit des liens précis mais discrets et subtils entre les objets parfaitement en lien avec l’architecture qui les accueille. Aucun discours  péremptoire ou sentencieux, mais un propos plus énigmatique, mystérieux et intrigant qui laisse place à toute interprétation…

Ce projet particulièrement original est conçu comme un manifeste qui questionne le visiteur sur le statut de l’objet,  les notions d’identité ou de langage. Avec ses installations, Lieven De Boeck multiplie les propositions combinatoires autour de concepts esthétiques (nombre d’or, canons de la beauté, notion d’original, de copie et de ready-made), mais aussi de notions mathématiques (suites numériques et  unités de mesure) ou politiques (identités).
Image Not Found interroge aussi le statut de l’exposition et plus largement  celui de l’institution  qui l’accueille.

Lieven De Boeck, Série Bleue, 2014 (Scale 1 - Iris) - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Série Bleue, 2014 (Scale 1 – Iris) – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Le parcours est particulièrement réussi. A posteriori, il apparaît  d’une rigueur évidente. La mise en espace et la mise en lumière sont irréprochables, chaque pièce occupe une place indiscutable.

L’équipe de médiation accompagne avec pertinence, retenue et tact le visiteur qui le souhaite dans sa deambulation sur le premier plateau.
Au plateau 2, l’exposition se visite comme une performance, selon un protocole établi par Lieven De Boeck.  Cette partie de l’exposition n’est accessible qu’en petits groupes, sur rendez-vous, plusieurs fois par jour.  Selon la volonté de l’artiste, cette visite « performée » se poursuit par un échange entre les participants autour de questions telle que : Comment visiter une exposition ? Quel rôle pour l’artiste  dans notre société actuelle ? Comment et où se situent les institutions ?
Il faut saluer l’engagement des médiateurs du FRAC qui « jouent » la performance conçue par l’artiste et qui « activent » de ses œuvres au  plateau 2 .

Lieven De Boeck - Image Not Found - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur- Performance Plateau 2 - photo JC Lett
Lieven De Boeck – Image Not Found – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur- Performance Plateau 2 – photo JC Lett

Image Not Found n’est pas une exposition que l’on traverse en hâte parce qu’il convient de l’avoir vue.  La participation à l’expérience proposée par  Lieven De Boeck et par le FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur impose disponibilité, attention et engagement de la part du visiteur.

À ne pas manquer ! Compte rendu de visite à lire ci-dessous.
Une rencontre avec l’artiste est programmée lors de la visite en nocturne le vendredi 3 juin

Commissariat :  Pascal Neveux, directeur du FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Exposition en partenariat avec  la Galerie Meessen De Clercq à Bruxelles, le Musée Dhondt-Dhaenens à Deurle  et Onomatopée à Eindhoven.
Plusieurs pièces exposées ont été produites entre 2013 et 2015 lors de la résidence de Lieven De Boeck  au CIRVA à Marseille.

En savoir plus :
Sur le site du FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Sur le site de Lieven De Boeck

Lieven De Boeck – Image Not Found : Compte rendu de visite

Plateau 1

 The White Flags, 2014

Le parcours de l’exposition commence, avec l’installation The White Flags (2014), au pied de la volée de marches  qui conduit vers le premier plateau.

Lieven De Boeck, The White Flags, 2014 - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur. Tulle, nylon, broderies Dimensions variables Production : TextielLab, Tilburg & Ester Goris. Courtesy Studio Lieven De Boeck
Lieven De Boeck, The White Flags, 2014 – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur. Tulle, nylon, broderies Dimensions variables. Production : TextielLab, Tilburg & Ester Goris. Courtesy Studio Lieven De Boeck

Les 193 drapeaux des Nations Unies sont suspendus au dessus du visiteur. Blanchis, ils sont déposés de leurs couleurs. Elles sont remplacées par des épaisseurs de tulle blanc dont le nombre est fonction de leur absorption de la lumière. Le projet  a été conçu après une  visite de l’artiste au siège de l’ONU à New York. De Boeck a imaginé de regrouper ces drapeaux par affinités formelles plutôt que par leur présentation par ordre  alphabétique : Bandes horizontales puis verticales, croix, cercles, étoiles, croissants et motifs figuratifs.
Troublant l’ordre établi, De Boeck neutralise en partie les symboles et les références religieuses, historiques ou idéologiques. Son classement produit des rapprochements inattendus.
La légèreté et la transparence du tulle combiné avec la lumière artificielle projettent des ombres et construisent des superpositions qui interrogent à la fois les identités nationales et les constructions géopolitiques…

IMAGE NOT FOUND, 2016  et Puzzle, Image Not Found, 2016

Au centre du premier plateau d’exposition, ces deux œuvres renvoient directement au titre de l’exposition.

IMAGE NOT FOUND

Image not found est une projection vidéo qui couvre largement un des murs de l’espace.
Les trois mots sur un fond bleu semblent signaler que le vidéoprojecteur ne parvient pas à se connecter avec sa source d’image…
Si on prête un peu d’attention à cette image, on constate qu’elle n’est pas si vide qu’elle en a l’air. Le fond bleu n’est pas uniforme, son intensité semble varier de façon imperceptible…

Lieven De Boeck, IMAGE NOT FOUND, 2016. Projection vidéo. Dimensions variables. En collaboration avec Julia Reist. Courtesy Studio Lieven De Boeck.
Lieven De Boeck, IMAGE NOT FOUND, 2016. Projection vidéo. Dimensions variables. En collaboration avec Julia Reist. Courtesy Studio Lieven De Boeck.

Lors d’une résidence de plusieurs mois à Los Angeles, De Boeck, probablement intrigué par la limpidité du ciel californien a photographié celui-ci, tous les jours, sensiblement à la même heure…  Le document d’accompagnement de la visite cite un texte de Zac Rose qui suggère que l’œuvre « est comme une incessante mise au point entre LDB et L.A. : ses questions sur la lumière et l’air, sur la présence et l’absence — la recherche sans fin d’une explication à la question de l’enfant :  Pourquoi le ciel est-il bleu ? ». Dans le document original, disponible sur le site de l’artiste, le même auteur souligne l’ironie de ce message « image not found » pour tout ceux dont le travail consiste à communiquer à travers les images.
Wivine de Traux , commissaire d’une exposition où cette œuvre était présente, écrivait « Il n’y a rien à voir. L’océan des désirs projetés s’est désincarné, tel un mirage… Image not found, est une sculpture sans image, une image matérielle qui ne veut pas en être, une image voulant être délivrée de son rôle d’image »…

Puzzle, Image Not Found
Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found et Image Not Found 2016 – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Devant cette image, 13 sculptures sont présentés en trois lignes. Elles correspondent aux lettres qui composent les trois mots du message « image not found ».
On comprend rapidement que ces signes représentés par des techniques très diverses correspondent à l’alphabet imaginé par Lieven De Boeck. Les signes et les formes qui composent cet alphabet ont été récoltés sur les murs de New York lors d’un séjour de l’artiste dans cette ville. On peut le considérer comme une collection de ready-made. Toutefois, la première lettre de l’alphabet new-yorkais est ici remplacée par une sculpture, moule en quatre parties de la forme d’une roue de bicyclette sur un tabouret qui évoque d’une certaine manière un « A » majuscule et évidemment le premier ready made… Cette citation de Duchamp conduit à en imaginer une autre… Image Not Found, l’image vide de De Boeck ne serait-elle pas une citation d’« Air de Paris » que Duchamp avait offert à Louise et Walter Arensberg, en 1919 ?
Plusieurs de ces lettres sculptées renvoient à d’autres pièces ou installations exposées sur ce plateau.

  • Ainsi pour le « I» est tracé sur un mur de briques de Leg : Les briques renvoient  aux 25 briques en cristal de la Série Bleue exposée un peu plus loin, mais aussi aux murs new-yorkais dont est issu ce signe comme tout ceux de l’alphabet. Il n’est donc pas surprenant de retrouver ce « I » sous la forme d’un tag sur un des murs du FRAC.
  • Le « A  (After Duchamp)» est dupliqué et agrandi sous la forme de quatre éléments en polystyrène, moule d’une empreinte qui évoque le fantôme du premier ready-made duchampien. Ces deux « A » renvoient à la notion d’original, de copie et de ready-made.
  • Le « E  (scultura vivente) », dernière lettre du mot « image » de ce puzzle est surmontée d’une reproduction du Modulor inventé par Le Corbusier. Ce « E » est également présent au pied des escaliers, sous la forme d’un podium. Une fois debout sur ce dernier, on constate avec  étonnement  que son reflet n’est pas renvoyé par les miroirs qui sont en face…  Faut-il comprendre que le Modulor de l’architecte de la Cité radieuse n’est qu’une illusion, une vue de l’esprit ? Est-ce un regard ironique de Lieven De Boeck (plasticien et architecte) sur le discours de Le Corbusier et son échelle «unique et universelle »  héritière du nombre d’or de la suite géométrique de Fibonacci ? Une réponse est peut-être dans les documents montrés au troisième plateau (U.S.E.U.M.) où des pages d’un ouvrage de Ernst Neufert sont partiellement couvertes de « typex »… Neufert avait  imaginé avant Le Corbusier un système de mesure à l’échelle humaine, le Bauentwurfslehre. Mais rien n’indique qu’il y ait un lien entre Le Corbusier et Ernst Neufert…
Lieven De Boeck, Letter N (Light beam) et Letter O , (O to O), 2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Letter N (Light beam) et Letter O , (O to O), 2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

On trouve dans l’exposition plusieurs « expressions » de lettres du Puzzle, Image Not Found, comme le « N », le « O » ou encore le « T »… Au centre de l’installation, une table lumineuse, des diapositives placées comme un échiquier et une loupe compte-fil  invitent à la découverte d’éventuelles clés de lecture…  Lieven De Boeck dissémine-t-il les énigmes ?  Autour de cette image introuvable, il semble suggérer une multitude d’interprétations, de combinaisons et de jeux…

Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found, 2016 - Letter O (Poster). FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Puzzle, Image Not Found, 2016 – Letter O (Poster). FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Série Bleue, 2014

Un jeu que l’on retrouve à différents sens du mot dans Série bleue. Jeu de construction autour des ces 25 briques de Lego en verre, jeu autour du nombre 5, jeu autour de la suite de Fibonacci, jeu autour de l’identité…

Ces briques de cristal ont été réalisées lors d’une résidence de l’artiste au CIRVA, en 2013-2014.
Leur nombre de 25 n’est certainement pas un hasard.  C’est 5 x 5 comme les cinq doigts de la main et des pieds, les cinq sens, les cinq extrémités de l’homme (bras, jambes et tête)… Est-ce un clin d’œil au Modulor ? Une hypothèse qui  semble se confirmer lorsque l’on apprend que la taille des briques de chaque ensemble de la Série bleue augmente selon la suite de Fibonacci (1, 1, 2, 3 et 5) !

Le jeu proposé par Lieven De Boeck se construit aussi autour de son identité :

  • Cinq briques autour de l’iris de son œil (Scale 1),
  • Alignement de cinq briques sur une diagonale autour de l’empreinte digitale de son pouce avec une distance conforme à la suite de Fibonacci (Scale 1),
  • Cinq briques placées dans le prolongement des initiales LDB (Scale 2),
  • Cinq briques autour du drapeau belge blanchi (Scale 3),
  • Ultime pied-de-nez à Le Corbusier : un dernier ensemble de cinq briques (Scale 5) qui définit une mesure étalon, le « LDB meter » qui détourne et moque les conceptions de Le Corbusier. Dans la conception du Modulor, la taille idéale d’un homme est arbitrairement fixée à 183 cm. Lieven De Boeck mesure 176 cm de hauteur. Il en conçoit donc un mètre LDB dont la longueur est 96,17 cm soit 176 divisé par 183.

 Une seconde d’éternité, (réactivée) et Autoportrait contre-nature

Question d’identité encore avec ces deux pièces :

Une seconde d’éternité, (réactivée) est une référence explicite au film de  Marcel Broodthaers, « Une Seconde d’Éternité » d’après une idée de Charles Baudelaire. Les initiales LDB disparaissent en une seconde. On retrouve sa préoccupation de l’effacement, mais Lieven De Boeck  propose aussi une vertigineuse mise en abyme avec cette vidéo-projection sur un mur du FRAC de la captation de la projection du film en 16 mm réalisée exactement au même endroit…

Lieven De Boeck, Une seconde d’éternité, (réactivée) 2008-2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Une seconde d’éternité, (réactivée) 2008-2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Autoportrait contre-nature est un œilleton pour voyeur disposé dans un mur de l’espace d’exposition. Un regard permet de contempler la projection d’une diapositive vide au format portrait…

Moule en verre bleu

Une autre mise en abyme déconcertante est proposée avec cette pièce en cristal, réalisée au CIRVA. Lieven De Boeck  nous montre les éléments en cristal d’un moule conçu pour la fabrication d’une brique de Lego.  Les  objets présentés dans cette vitrine ont donc été produit à partir de moulages des éléments du moule conçu pour la réalisation de la pièce de Lego !

Lieven De Boeck, Moule en verre bleu, 2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur
Lieven De Boeck, Moule en verre bleu, 2016. FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur

Cette fascinante mise en abyme peut aussi être comprise comme un hommage aux prouesses réalisées par l’équipe technique du CRIVA  avec laquelle Lieven De Boeck  a collaboré. Au plateau 2, on retrouve une version en verre rose de cette pièce et un vrai moule activé lors de la performance.

Lieven De Boeck , Défense d'afficher, 2014. Néon. 70 x 100 cm. Courtesy Meessen De Clercq & l’artiste
Lieven De Boeck , Défense d’afficher, 2014. Néon. 70 x 100 cm. Courtesy Meessen De Clercq & l’artiste

Deux néons s’ajoutent à ces installations du plateau 1. Le premier, blanc, au pied des escaliers annonce avec malice « I Lie / Je mens) » ! Le second,bleu, accroché  au-dessus du plateau , proclame « Défense d’afficher » … Le message est-il vraiment lumineux? Quel sens lui donner ? N’y a-t-il pas un effacement du sens de cette interdiction ? Un effacement qui semble souvent présent dans de nombreuses œuvres que présente Lieven De Boeck.

Plateau 2

On accède à cette deuxième partie de l’exposition par l’acenseur qui dessert les réserves du FRAC, après avoir enfilé une paire de gants semblable à celles qui sont utilisées pour manipuler des objets lourds et glissants.  En attendant l’acenseur, on peut s’interroger devant The Blue – White – Red Story, une transposition avec l’alphabet de Lieven De Boeck, en 3 dimensions, d’un poème d’Holly Anderson, une figure peu connue de l’underground new-yorkais des années 70.

Lieven De Boeck - Enfin je vois clair en moi-même, j’ai peur d’être vu # 2 - FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur- photo JC Lett
Lieven De Boeck – Enfin je vois clair en moi-même, j’ai peur d’être vu # 2 – FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azur- photo JC Lett

À l’arrivée au Plateau 2, deux médiateurs du FRAC sont masqués par des hautes feuilles métalliques,  miroirs qui revoient notre image déformée (Enfin je vois clair en moi-même, j’ai peur d’être vu # 2).  Ils nous invitent à pénétrer dans le « théâtre » de l’exposition pour participer ou plutôt assister à la performance imaginée par De Boeck collaboration avec Julia Reist.

Lieven De Boeck, Hollywood Alphabet (A-Z), 2012
Lieven De Boeck, Hollywood Alphabet (A-Z), 2012

Les deux médiateurs suivent un parcours qui semble millimétré. À mesure de leur progression, ils « activent » successivement la plupart  des œuvres installées sur ce plateau : Mise en marche du tourne-disque de Lettre Anonyme, déclamations des lettres de Hollywood Alphabet de A à M et de Z à N, démontage et remontage d’un moule pour produire une brique de Lego réalisé au CIRVA, déplacement synchronisé  de tiges de verre d’une figure à l’autre (Figure 1 et Figure 2), manipulation de moules en résine de briques de Lego en tête de l’installation Sã (100).

Plusieurs pièces font écho à celles qui sont exposées au Plateau  1 et réinterprètent certaines préoccupations  de l’artiste (alphabet, suite de Fibonacci, modulor, unités de mesure).

De manière assez paradoxale, cette visite « performée » met le regardeur à distance. Trouver sa place dans l’espace est assez incommode. Le regard hésite entre les actions et les œuvres. On peine à trouver une bonne relation aux œuvres, une position confortable dans l’action…
À la fin de la performance, la position des deux médiateurs, au garde à vous, de part et d’autre de la porte de l’ascenseur semble mettre un terme à la visite… Il est difficile d’ignorer l’invitation à quitter les lieux. Ce qui peut occasionner une certaine frustration pour le visiteur qui a envie de regarder avec plus d’attention certaines pièces…

Cette mise en situation singulière du visiteur, la volonté de provoquer une autre relation aux œuvres et au lieu est évidemment l’objectif de Lieven De Boeck. Est-ce suffisant pour « susciter des questions, des surprises, de fabriquer d’autres images mentales, d’interroger aussi l’identité, la typologie du musée » ? La brièveté du « débat » qui a suivi le retour au premier plateau laisse assez songeur…

Provoquer des échanges fructueux autour de l’exposition et du musée suppose certainement d’autres investissements. De nombreuses réflexions et expérimentations autour du musée,  de l’expérience de visite et des collections se sont développées ces dernières années, en particulier autour des questions liées au numérique. On peut considérer que l’activation du plateau 2 proposé par Lieven De Boeck  et le FRAC Provence-Alpes-Côte d‘Azuren est un nouvel exemple. Toutefois, il est certainement utile d’interroger l’ensemble de ces nouvelles pratiques…

 

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.