« Ricciotti architecte » à la Friche de la Belle de Mai à Marseille

Jusqu’au  18 mai 2014, l’exposition Ricciotti Architecte, produite par la Cité de l’architecture & du patrimoine, présentée à Paris en 2013, est proposée par la Maison de l’architecture et de la ville PACA à la Friche la Belle de Mai.

Par certains aspects, cette exposition monographique peut dérouter le visiteur. Le commissaire, Francis Rambert, souligne qu’elle est « placée sous le signe de la prospective et non de la rétrospective ». Il ajoute dans son article « Minéralité, sensorialité, radicalité » de l’ouvrage qui accompagne l’exposition :

« Dérogeant à la classique monographie d’architecte avec présentation didactique des projets et grandes maquettes (la maquette n’est pas le mode de conception de Ricciotti), l’exposition a pris clairement l’option de privilégier la force esthétique du projet et de sa matérialité sous-tendue par une pensée technique, invitant le visiteur à une immersion dans l’univers de l’architecte. Des « pièces » de chantier à échelle 1 sont ainsi données à voir et à toucher, au sol, dans une logique de contrepoint des hyper-images qui défilent lentement sur les murs. La clé de lecture de l’ensemble est donnée par l’entretien filmé Ricciotti constructeur, séquence essentielle de l’exposition ».

Il convient, en effet, de suivre le conseil de Francis Rambert et de commencer par aine de minutes cciotti’ conseil de eregarder avec attention son entretien d’une vingtaine de minutes avec l’architecte, Ricciotti constructeur.

Au-delà du discours parfois très « ricciottesque », on y trouve les principales clés pour déambuler dans l’exposition : Sa méthode de travail et sa façon de concevoir chaque projet, sa croyance en la matière et son respect pour les coffreurs et les savoirs du chantier, l’expérimentation par le béton et les enjeux de quelques projets en passant, bien entendu, par le « MuCEM comme laboratoire ».

Le parcours de l’exposition met en perspective le travail de Ricciotti, en particulier dans sa recherche permanente depuis le Stadium de Vitrolles jusqu’au prochain mémorial de Rivesaltes. Une sélection de 34 projets permet de comprendre comment l’architecte pousse toujours plus loin les limites techniques.

Pas de textes, une ambiance un peu monacale, presque sépulcrale…  Sur deux des quatre murs, du vaste espace sans cimaises, des projections panoramiques de 7 mètres sur 3.  Les images défilent lentement, elles présentent de manière dynamique les œuvres construites, les projets en cours et des projets de concours.
Au centre, des éléments de chantier, en vraie grandeur, posés à même le sol… Un éclairage un peu théâtral leur donne l’apparence de mystérieux squelettes fossiles…  Ce sont des prototypes et des coffrages complexes des piliers et résilles utilisés au MuCEM de Marseille, au stade Jean-Bouin de Paris, à la villa Navarra en Provence, au siège ITER à Cadarache ou au pont du Diable à Gignac. La majorité de ces pièces sont prêtées par deux collectionneurs montpelliérains, les architectes Benoît Maignial et Laurence Calafat.

L’ensemble est complété par six tirages photographiques de détails architecturaux et d’hommes au travail sur le chantier.

Deux bornes interactives, équipées d’écrans tactiles, permettent d’aller plus loin, en consultant dossier photographique, plans, coupes, élévations, images de synthèse et de chantiers de chaque projet sélectionné.

Pas de maquettes d’architecte, pas de croquis… Ce ne sont pas les outils travail de l’agence Ricciotti ! Les deux seules « maquettes » présentées dans un coin de l’espace sont des œuvres en terre cuite  réalisées par  Danilo Trogu (Pavillon Noir, musée Cocteau).

Une série d’aquarelles sur les œuvres et chantiers de Ricciotti par Yvan Salomone donne un autre regard sur le travail de l’architecte.

Françoise Spiekermeier, guerrier Massaï - Valérie Jouve, Stadium Vitrolles
Françoise Spiekermeier, guerrier Massaï – Valérie Jouve, Stadium Vitrolles

Le parcours se termine par deux photographies : celle d’un guerrier Massaï  par Françoise Spiekermeier, habituellement accrochée dans l’agence Ricciotti et une vue du Stadium de Vitrolles par Valérie Jouve,  monolithe noir sur une ancienne décharge couleur bauxite rouge, œuvre polémique qui faisait connaître Ricciotti, il y juste 20 ans.

L’exposition de la Friche de la Belle de Mai est moins évidente à appréhender que la proposition présentée à la Cité de l’architecture & du patrimoine à Paris.
Si le propos, les éléments  exposées et les principes scénographiques sont les mêmes, l’exposition marseillaise souffre d’un espace trop vaste, sans parcours clairement organisé. Le regard se perd un peu. L’alternance de séquences « physiques » avec les pièces issues des chantiers et les projections d’images est moins évidente. Le lien est plus distant…  Mais la force des pièces exposées fait que la magie opère. Chaque élément parle de lui-même. La puissance graphique et sculpturale de ces éléments de chantier donne parfois la sensation d’être plus dans une exposition d’art contemporain que dans une exposition d’architecture…

Les 34 projets exposés :

  • Le Stadium, Vitrolles, 1990-1994
  • Philharmonie Nikolaïsaal, Potsdam, Allemagne, 1996-2000
  • Musée du Quai Branly, Paris, concours, 1999
  • Centre chorégraphique national d’Aix-en-Provence – Ballet d’Angelin Preljocaj (Le Pavillon noir), Aix-en-Provence, 1999-2004
  • Les Grands Moulins de Paris – Université Paris Diderot- Paris VII, Paris, 2001-2006
  • Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée – MuCEM, Marseille, 2002-2013
  • Villa Navarra, Provence, 2002-2007
  • Multiplexe « Les Enfants du Paradis », Chartres, 2004
  • Musée du Louvre-Lens, concours, 2005
  • Pont du Diable, Gignac, 2005-2008
  • Musée-mémorial du camp de Rivesaltes, 2005-2014
  • Musée du Louvre, département des arts de l’Islam, Paris, 2005-2012
  • Villa 356, Provence, 2005-2010
  • Médiathèque et centre d’art contemporain (Pavillon blanc), Colomiers, 2005-2011
  • École internationale ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), Manosque, 2007-2010
  • Siège de l’organisation internationale ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor), Cadarache, 2007-2012
  • Musée Jean Cocteau, Menton, 2007-2011
  • Pôle de services Eurêka, Montpellier, 2007-2012
  • Stade Jean-Bouin, Paris, 2007-2013
  • Musée Unterlinden, Colmar, concours, 2009
  • Rectorat de l’Académie de Dijon, Dijon, 2009-2012
  • Centre des arts et de la culture, Douchy-les-Mines, 2009-2013
  • Opéra et centre culturel de Gstaad (Les Arts Gstaad), Gstaad, Suisse, 2010-2015
  • Centre culturel Aimé-Césaire, Gennevilliers, 2010-2013
  • Salle de spectacle, Freyming-Merlebach, concours, 2011
  • Centre spirituel et culturel orthodoxe russe, Paris, concours, 2011
  • Pont de la République, Montpellier, 2011-2013
  • Cathédrale d’images, Saint-Priest, 2011
  • Centre oenologique du Château-abbaye de Cassan, Roujan, 2011-2014
  • Musée de la Romanité, Nîmes, concours, 2012
  • Sanctuaire de Notre-Dame du Laus, Hautes-Alpes, concours, 2012
  • Cité musicale de l’Ile Seguin, concours, Boulogne Billancourt, 2012
  • Tour Radar, concours, Palaiseau,2013
  • Abri « Et In Liertalia Ego », Madagascar, 2013

Commissariat : Francis Rambert, avec la collaboration de Christine Carboni, responsable de programme et Martine Colombet, responsable éditoriale, Ifa / Cité.

Scénographie et graphisme : GCG architectesAlexandre Goulet, Olivia Charpentier, Dev Gupta, architectes avec Félix Bulcourt, designer et Clarisse Podesta, graphiste.

En savoir plus :
Sur le site de la Friche de la Belle de Mai
Sur la page Facebook de la Friche de la Belle de Mai
Sur le site de Rudi Ricciotti
Sur le site de la Cité de l’architecture & du patrimoine

L’exposition parisienne était accompagné par la réalisation du film Rudy Ricciotti, l’orchidoclaste, signé Laetitia Masson . Pour ce portrait inédit de l’architecte, il suffit de savoir que dans le lexique ricciottesque, orchidoclaste  signifie « casse couilles ».

 

Ricciotti Slide_1

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer