SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam à Sète

SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam

Du 17 juin au 6 novembre 2016, le MIAM (Musée international des arts modestes) présente SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam à Sète

Ceux qui ont connu l’invraisemblable aventure des Shadoks  au temps ou la TV s’appelait ORTF apprécieront certainement  cette nouvelle incursion du MIAM dans le monde de la télé après « Le Manège Enchanté » en 2006 et « Groland » en 2012…
Les autres découvriront avec étonnement cette production du Service de la recherche d’une télévision d’État qui reste sans discussion une  des séries les plus originales du paysage audiovisuel français…

Les fondements de la pensée Shadock © Jacques Rouxel - aaa production
© Jacques Rouxel – aaa production

Le commissariat est assuré par Norbert Duffort, vice-président du MIAM et commissaire de quelques expositions mémorables du musée (notamment « Coquillages et crustacé » en 2008 et « Véhicules » en 2015). Il est associé pour l’occasion avec Thierry Dejean, auteur de plusieurs documents de référence sur les Shadoks et sur leur « papa », Jacques Rouxel.

Dans son texte d’intention, Norbert Duffort affirme vouloir répondre avec « SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam » à la question : « Près d’un demi-siècle plus tard, que reste-t-il de cette œuvre inclassable ? »
Pour cela, il souhaite proposer « à la fois un retour sur la genèse de cette extraordinaire aventure artistique, audiovisuelle et culturelle, et une investigation de son héritage au travers d’œuvres d’aujourd’hui ».

Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué © Jacques Rouxel - aaa production
© Jacques Rouxel – aaa production

Des documents originaux (dessins préparatoires, plans, storyboards, celluloïds…) créés par Jacques Rouxel, des documents promotionnels (affiches, brochures, presse…) et des produits dérivés (BD, Comic strips, figurines…) sont présentés et confronter à des oeuvres d’artistes contemporains « cultivant les mêmes questionnements existentiels : “ pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ”, “ rien ne se perd, tout est dans tout ”, “ ne pas savoir où l’on va ” ».

Shadok marin © Jacques Rouxel - aaa production
© Jacques Rouxel – aaa production

L’exposition propose un « générique » impressionnant  avec :  Saâdane Afif, Isabelle Arthuis, Gilles Barbier, Basserode, Glen Baxter, Ben, Julien Berthier, Sébastien Blanco, Michel Blazy, Marinus Boezem, Olga Boldyreff, Jean-Yves Brelivet, Claire Bretécher, Frédéric Bruly Bouabré, Jacques Carelman, Patrice Carré, Claude Closky, Delphine Coindet, Gérard Collin-Thiébaut, Jean Dewasne, Eric Duyckaerts, Etienne-Martin, Lili Fantozzi, Filip Francis, Michel Gerson, Chester Gould, Gaël Grivet, Raymond Hains, Joël Hubaut, Anabelle Hulaut, Wendy Jacob, Alain Jacquet, Alfred Jarry, Magdalena Jitrik, Véronique Joumard, Bouchra Khalili, Joseph Kosuth, Arnaud Labelle-Rojoux, Bertrand Lavier, Frédéric Lefever, Saverio Lucariello, Hamid Mahgraoui, Antoni Miralda, Joan Miró, Charles M. Schulz, Joachim Mogarra, Laurent Moriceau, David Nash, Lisa Oppeinheim, Panamarenko, Emmanuel Pereire, Régis Perray, Françoise Pétrovich, Steven Pippin, Joan Rabascall, Nicolas Rubinstein, Jean-Jacques Rullier, Driss Sans-Arcidet, Sarkis, Alain Séchas, David Shrigley, Klaus Staeck, Taroop & Glabel, Hervé Télémaque, Jean Tinguely, Henry Ughetto, Patrick Van Caeckenbergh, Niek Van de Steeg, Yolanda Tabanera, Véronique Verstraete, Jacques Villeglé, Davor Vrankic, ainsi que l’incroyable collection d’Hélène Toulbot et la Musique originale de Robert Cohen-Solal..

L’ensemble est précédé par une séquence sur les « étranges lucarnes en mai 68», hommage à Jacques Rouxel et accompagné d’un « Salon de musique Shadok »…

Taroop & Glabel Ba be bi bo bu 1993 texte adhésif, balles de tennis, golf et base-ball sur panneau de bois. Collection FRAC Languedoc-Roussillon © droits réservés Photo © FRAC Languedoc-Roussillon
Taroop & Glabel Ba be bi bo bu 1993 texte adhésif, balles de tennis, golf et base-ball sur panneau de bois. Collection FRAC Languedoc-Roussillon © droits réservés Photo © FRAC Languedoc-Roussillon

À lire ci-dessous, Les Shadoks à la télé, une introduction d’Hervé Di Rosa et Ga Bu Zo Miam, le texte d’intention de Norbert Duffort.

En savoir plus :
Sur le site du MIAM
Sur la page Facebook du MIAM
Sur la chaîne You Tube Shadok Tube (pompé par ina.fr et aaa production)
Les Shadoks sur Wikipédia.fr

La 1ère télé des Shadoks (1er épisode 29/04/1968) | Archive INA

Les Shadoks à la télé

Dans ce petit appartement de la rue des trois journées à Sète, entre le canapé en skaï et le buffet en formica, sur les carrelages mouchetés, la télévision, gros bloc de verre, de bois et de plastique trônait sur une tablette à roulettes. La pauvreté des programmes, la misère du choix (2 chaînes), lui donnait un air de monotonie infinie grisâtre ponctuée des apparitions du général de Gaulle et des hommes politiques de l’époque, s’éteignant à minuit pour laisser la place à une mire immobile vous fixant comme un oeil impassible jusqu’au lendemain midi. La fantaisie et l’animation y étaient rares, à part le club Mickey et ses Silly Symphonies, et quelques dessins animés en provenance d’Europe de l’Est.

J’avais huit ans quand les Shadoks ont débarqué du téléviseur. Ils semblaient des parasites, un véritable virus télévisuel, virtuel avant l’heure. Pourtant, la voix entêtante de Claude Piéplu, bien connu pour ses feuilletons et autres théâtres filmés très populaires, nous indiquait bien qu’il s’agissait de l’ORTF, la télévision d’État. Mais, bientôt, cette voix caustique et mordante allait faire mouche. Nombreux étaient ceux qui pouvaient se sentir visés dans une société française encore très traditionnelle, hiérarchisée et conformiste et assez contente d’elle-même où les hommes politiques se prenaient très au sérieux.
Ce bloc de verre et d’ennui se déchirait chaque soir à 20h30 pour laisser entrer les Shadoks ! Je fus d’emblée sidéré par ces drôles d’échassiers qui défiaient la logique et nous confrontaient pour la première fois à l’absurde, avec une grande intelligence déguisée.

Le meuble de la TV était déjà devenu depuis longtemps le support de l’art modeste, souvenirs des vacances en Allemagne et babioles gagnées à la foire, mais c’est dans les entrailles du poste que la révolution s’annonçait. À l’aube des années 70 à Sète, sans musée, sans concert, sans rien, la télévision prenait des couleurs et des chaînes mais continuait à nous assommer !

Sauf les Shadoks, qui, année après année, devenaient une cause nationale, avec leurs supporters, peu nombreux, et la foule criant au scandale. Puis l’underground, la BD pour adulte, le rock, le punk, la science fiction, explosèrent. Sans jamais démoder les Shadoks. Ils devenaient même la racine de la liberté pataphysique sur la chaîne d’État. Les Shadoks de Jacques Rouxel réunissaient, grâce au service de la recherche de l’ORTF, les expériences graphiques les plus underground, la peinture abstraite la plus contemporaine et les fulgurances sonores de Pierre Schaeffer. En effet, sous des allures de provocations anarchistes, de gag de début de soirée, il devint un espace pour les expérimentations les plus avant-gardistes. Ils avaient leur place dans un musée et le MIAM est fier de les accueillir avec leurs comparses Gibis sortant du Swinging London des Beatles et des Kinks.

Je remercie ici Marcelle Ponti-Rouxel, Matthieu Lamotte et Thierry Dejean qui nous ont ouvert la caverne d’Ali Shadok pour vous proposer les trésors de dessins et de celluloïds de Jacques Rouxel. Norbert Duffort a fait un choix spécialement mordant et caustique d’oeuvres d’artistes contemporains afin de soulever le voile de cet esprit si paradoxal et les questions essentielles que cette oeuvre contient.

Après « Le Manège Enchanté » et « Groland », « Shadoks ! » est la troisième incursion du MIAM dans le monde modeste de la télévision. Les Shadoks sont le fruit d’une télévision d’État naissante, capable d’abandonner un espace de liberté à de véritables créateurs et d’en assumer l’oeuvre, au risque de se voir elle-même critiquée. Le MIAM met à l’honneur cette oeuvre, ses personnages les Shadoks et tous les successeurs de cet esprit insolent dont les ramifications dans la culture visuelle et scientifique continuent de se développer jusqu’à aujourd’hui.

Hervé Di Rosa

SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam - Affiche

Ga Bu Zo Miam

29 avril 1968 à 20h30 précises, les SHADOKS atterrissent sur « les étranges lucarnes ». Atterrissage réussi : en quelques jours, ces petits personnages, mi-hommes mi-oiseaux, occupent le devant de la scène, suscitant un débat sans précédent entre « pour » et « contre ». Créateur des SHADOKS, Jacques Rouxel (1931 – 2004) est resté un auteur modeste et discret. D’une adolescence passée à New-York, il rapporte les leçons des comics américains ; tout en se revendiquant d’Alphonse Allais et d’Alfred Jarry, Rouxel affiche à la fois un goût pour l’absurde et une fascination pour les machines.
Son entrée au Service de la recherche de l’ORTF dirigé alors par Pierre Schaeffer père de la musique concrète et de la musique électroacoustique, va faire le reste.
On connait la suite : série après série – on dirait aujourd’hui saison après saison – les SHADOKS s’imposent comme une des œuvres les plus originales du paysage audiovisuel français.

Près d’un demi-siècle plus tard, que reste-t-il de cette oeuvre inclassable ?
En réponse à cette question, le Musée International des arts modestes (MIAM) présente l’exposition « SHADOKS ! Ga Bu Zo Miam », manifestation d’envergure qui propose à la fois un retour sur la genèse de cette extraordinaire aventure artistique, audiovisuelle et culturelle, et une investigation de son héritage au travers d’oeuvres d’aujourd’hui.

Pour la première fois, les documents originaux (dessins préparatoires, plans, storyboards, celluloïds…) créés par Jacques Rouxel comme autant d’étapes du process de création des SHADOKS, les documents promotionnels (affiches, brochures, presse…), et les produits dérivés (BD, Comic strips, figurines…) sont présentés en confrontation avec des oeuvres d’artistes contemporains cultivant les mêmes questionnements existentiels : « pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué », « rien ne se perd, tout est dans tout », « ne pas savoir où l’on va ».

Sous la houlette du Professeur Shadoko et du Marin Shadok, il est question d’apprentissages : « oublier pour apprendre » à parler, à pondre des œufs et à fabriquer des engins poético-militaires…
Une séquence sur les « étranges lucarnes en mai 68» ouvre l’exposition, qui se déploie suivant un scénario Shadok : de drôles de machines pour faire la guerre et/ou partir à la conquête de l’espace, des formes informes qui se déforment, un esprit d’escalier en guise de langage.
Sans oublier les passoires et les oeufs, objets Shadoks élevés au rang de « sciences ».

En bref, il s’agît de « raconter des choses qui ne veulent rien dire »*.

Une section rend hommage à Jacques Rouxel avec la présentation de ses films de commandes, en particulier dans le domaine de la publicité et des campagnes d’information.

Enfin, un « Salon de musique Shadok » invite le visiteur à découvrir les compositions originales créées pour la série par le musicien contemporain Robert Cohen-Solal.

L’exposition montre les œuvres de Saâdane Afif, Isabelle Arthuis, Gilles Barbier, Basserode, Glen Baxter, Ben, Julien Berthier, Sébastien Blanco, Michel Blazy, Marinus Boezem, Olga Boldyreff, Jean-Yves Brelivet, Claire Bretécher, Frédéric Bruly Bouabré, Jacques Carelman, Patrice Carré, Claude Closky, Delphine Coindet, Gérard Collin-Thiébaut, Jean Dewasne, Eric Duyckaerts, Etienne-Martin, Lili Fantozzi, Filip Francis, Michel Gerson, Chester Gould, Gaël Grivet, Raymond Hains, Joël Hubaut, Anabelle Hulaut, Wendy Jacob, Alain Jacquet, Alfred Jarry, Magdalena Jitrik, Véronique Joumard, Bouchra Khalili, Joseph Kosuth, Arnaud Labelle-Rojoux, Bertrand Lavier, Frédéric Lefever, Saverio Lucariello, Hamid Mahgraoui, Antoni Miralda, Joan Miró, Charles M. Schulz, Joachim Mogarra, Laurent Moriceau, David Nash, Lisa Oppeinheim, Panamarenko, Emmanuel Pereire, Régis Perray, Françoise Pétrovich, Steven Pippin, Joan Rabascall, Nicolas Rubinstein, Jean-Jacques Rullier, Driss Sans-Arcidet, Sarkis, Alain Séchas, David Shrigley, Klaus Staeck, Taroop & Glabel, Hervé Télémaque, Jean Tinguely, Henry Ughetto, Patrick Van Caeckenbergh, Niek Van de Steeg, Yolanda Tabanera, Véronique Verstraete, Jacques Villeglé, Davor Vrankic, ainsi que l’incroyable collection d’Hélène Toulbot et la Musique originale de Robert Cohen-Solal..

« C’est tout pour aujourd’hui »*.

Norbert Duffort

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