Keita Mori – Bug report à Iconoscope, Montpellier

Jusqu’au 4 février 2017, la galerie Iconoscope expose une sélection d’œuvres récentes de Keita Mori qui appartiennent à sa série « Bug report » sur laquelle il travaille depuis 2011.

Keita Mori - Bug report, 2016, dessin mural, fil de coton et de soie - Photo Iconoscope Montpellier
Keita Mori – Bug report, 2016, dessin mural, fil de coton et de soie – Photo Iconoscope Montpellier

On avait pu voir un de ses dessins, dans le cadre de la proposition « Les images respirent aussi » que Mickaël Roy et Sylvie Guiraud avaient présentée à l’occasion de Drawing Room 016, en septembre dernier. Keita Mori était également présenté par la Galerie Catherine Putman lors d’édition 2016 de Pareidolie (Salon International du dessin contemporain de Marseille).

Keita Mori - Bug report (Flux), 2015, détail, fil de coton et de soie sur papier, 50 x70 cm - Photo Iconoscope Montpellier
Keita Mori – Bug report (Flux), 2015, détail, fil de coton et de soie sur papier, 50 x70 cm – Photo Iconoscope Montpellier

Cette exposition personnelle permet d’apprécier la technique très particulière que Keita Mori a développée. Elle offre surtout l’occasion d’approcher dans de bonnes conditions l’univers tendu et vibrant de cet artiste.

La grande salle, ouverte sur la rue du Faubourg du Courreau, présente une ambitieuse et spectaculaire installation in situ qui se déploie sur trois murs. Elle permet de mesurer toute la richesse et la subtilité du travail de Keita Mori.
Les fils de coton et de soie tendus, l’espace et la lumière bâtissent des formes, des « figures » et des « paysages » fragiles et instables qui semblent se réinventer selon les déplacements du regardeur… L’installation produit un « spectacle » fascinant qui laisse toute la place pour rêver et imaginer d’éventuelles constructions narratives ou poétiques.

Sept œuvres sur papier accompagnent cette installation murale. On regrette le vitrage de protection qui amoindri un peu leur magie. C’est en particulier le cas pour les deux « Bug Report » qui recoivent directement la lumière de la rue. Leur contemplation est brouillée par des reflets et des miroitements assez incommodants.

La découverte du travail de Keita Mori qui sera présenté prochainement au Drawing Lab Paris, avec un commissariat de Gaël Charbau, mérite assurément un passage par Iconoscope, avant le 4 février !

À lire, ci-dessous, un texte de présentation et quelques repères biographiques extraits du communiqué de presse.

En savoir plus :
Sur le site d’Iconoscope
Lire le texte de Mickaël Roy « Les images ouvertes de Keita Mori : du trouble et de sa résolution » sur le site d’Iconscope.
Sur le site de Keita Mori
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Interview de Keita Mori par Artebus Production

Keita Mori – Bug report
(extrait du communiqué de presse)

Les œuvres que Keita Mori réalise depuis 2011 dans le cadre de la série Bug Report, substituant aux techniques graphiques du dessin l’emploi de fils de coton et de soie tendus et fixés par collage sur les supports vierges des images que l’artiste construit avec une acuité aussi manuelle que visuelle, s’emploient à faire apparaître des figures, des formes et des espaces aussi vibratiles que visuellement instables.
Ce faisant, les compositions qui résultent de cette technique agissent à l’endroit d’un paradoxe fécond : dans la fixité de leurs représentations réside aussi l’expression d’un mouvement incessant saisi en pleine tension. Animées en effet par le flux de l’agitation turbulente obtenue par les juxtapositions et les superpositions de lignes droites, courbes et crochetées qui les traverse — mimétiques en cela du développement exponentiel des moyens de circulation et de communication des individus, des données et des produits ainsi que des mécanismes d’accélération qui bouleversent nos sociétés à l’ère des relations et des échanges hyper-connectées —, les images qui résultent de ces réalisations exécutées de manière intuitive qui pourraient parfois paraître sensiblement inachevées, interpellent par et à propos de leur nature mobile et instable, qui d’emblée les projette dans l’espace actif de leur réception : s’il y a une ou plusieurs directions internes qui s’y dessinent, le regard en suit la vitesse qui lui est imposée autant qu’il peut en prendre la tangente, au gré des espaces interstitiels qui bordent et qui séparent les voies principales, par ces écarts où l’image manque mais par où elle advient aussi, qui parfois deviennent des gouffres.
Car c’est précisément parce que le regard est happé par la frénésie qui l’emporte, qu’il y pénètre d’autant mieux comme dans un système de connexions en réseau dont l’apparence aussi architectonique que technologique et électronique met en présence des signes — des composants — qui participent autant de l’architecture que de la mécanique de ces espaces dont la matérialité superficielle cède le pas à l’impression de virtualité numérique des sujets et des surfaces. Tantôt figurés tantôt abstraits, truffés de hiatus et de failles qui accrochent l’attention comme des erreurs jouant le rôle de contrepoints à la fluidité des trajets qui se croisent, ces « tableaux » fébriles sont cependant prompts à exister sous nos yeux par des images fragmentaires, en construction, parfois désolées, qui, in fine, par la distance qu’elles imposent de prendre pour les voir, les reconnaitre et les résoudre, contribuent à résorber le trouble, si ce n’est parfois le chaos, sur le terreau duquel elles sont apparues et par lequel elles ne cessent de manifester, tels des diaphragmes, le mouvement de leur éclatement, de leur dispersion et paradoxalement de leur concentration autant que de leur ouverture permanente.
Mickaël Roy, « Les images ouvertes de Keita Mori : du trouble et de sa résolution », extrait, 2016.

Keita Mori – Repères biographiques :

Keita Mori est né en 1981 à Hokkaido (Japon), vit et travaille à Paris.

Après des études à la Tama University of Art (Tokyo), il complète sa formation à l’Université de Paris VIII en Master et à l’École Nationale Supérieure des Beaux-arts de Paris sous le parrainage du Gouvernement du Japon – Agence pour les affaires culturelles.

Il a participé à plusieurs expositions, notamment Lauréats du prix FID, Galerie Catherine Putman, Walk The Line – New Paths in Drawing, Kunstmuseum Wolfsburg (Allemagne), 61e Salon de Montrouge, Paréidolie, salon international du dessin contemporain de Marseille, Drawing room 016 (galeries Anne Sarah Bénichou et Iconoscope, prix Galeries Lafayette). Actuellement en résidence à RAVI, Liège (Belgique), il présentera une exposition à Drawing Lab Paris en février 2017 en tant que lauréat du premier appel à projet de ce nouveau lieu dédié au dessin contemporain.

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