La convergence des antipodes – Exposition inaugurale de Mécènes du Sud Montpellier-Sète

On a souvent eu l’occasion d’apprécier le travail remarquable réalisé par Mécènes du Sud à Marseille et tout particulièrement son soutien à la jeune création. Plusieurs chroniques ont fait l’écho de la présence d’artistes, soutenus par ce collectif d’entrepreneurs, dans des expositions à la Friche de la Belle de Mai, lors d’Art-O-Rama ou de Pareidolie.

La convergence des antipodes, Mécènes du Sud Montpellier-Sète - Vue de puis le rue des balances
La convergence des antipodes, Mécènes du Sud Montpellier-Sète – Vue de puis le rue des balances

On salue l’essaimage de Mécènes du Sud dans la région de Montpellier-Sète. Acteur indépendant du monde politique, cette association apportera certainement un soutien essentiel à la création artistique et plus particulièrement dans le domaine des arts visuels…

Jusqu’au 16 juin 2017, Mécènes du Sud Montpellier-Sète propose « La convergence des antipodes », une première exposition dans un nouveau lieu, au 13 rue des balances à Montpellier.

Selon le communiqué de presse, le titre choisi « La convergence des antipodes » renvoi à :

« l’association de deux opposés qui s’attirent : le monde de l’entreprise, qui habituellement cherche la productivité et le gain, devient donateur ; et l’artiste peut, le temps de ce soutien voire d’une collaboration plus intense (par exemple avec une résidence de création en entreprise), s’autoriser un temps de travail dénué de toute commande ».

 « La convergence des antipodes » rassemble des œuvres de dix artistes lauréats de Mécènes du Sud Aix-Marseille : Pauline Bastard, Vincent Beaurin, Robin Decourcy, Anne-Valérie Gasc, Cari Gonzalez-Casanova, Pierre Malphettes, Stéphanie Nava, Marie Reinert, Moussa Sarr, Alexander Schellow.

Le commissariat est assuré par Bénédicte Chevallier, déléguée générale de Mécènes du sud Aix-Marseille
Sobre est efficace, sa mise en espace assure une très bonne valorisation des œuvres sélectionnées. Toutefois, on regrette que les encres lithographiques sur papier d’Anne-Valérie Gasc (« Blank Rock A, M et Z », 2017) ne soient pas présentées sans leur vitrage de protection. Les multiples reflets et effets de miroir ne permettent pas d’apprécier toute la richesse de ce travail et c’est dommage !

Saluons l’accueil chaleureux de Marine Lang.
Un passage par la rue des balances s’impose !

La restauration du lieu d’exposition de Mécènes du Sud Montpellier-Sète est exemplaire.
L’ensemble de 140 m² offre à l’association un outil efficace pour présenter une programmation ambitieuse dont les axes annoncés sont les suivants :
– lien aux lauréats de l’appel à projet
– expositions pensées par des commissaires d’expositions indépendants
– invitations à des structures internationales innovantes et interrogeant le lien entre art
et entreprises.

Pierre Malphettes, Sans titre (la poutre et le néon), 2011 - La convergence des antipodes, Mécènes du Sud Montpellier-Sète
Pierre Malphettes, Sans titre (la poutre et le néon), 2011 – La convergence des antipodes, Mécènes du Sud Montpellier-Sète

Rappelons que depuis mars 2017, Mécènes du sud Montpellier-Sète a lancé ses deux premiers appels à projets. Le premier est à destination des artistes ou des diffuseurs pour la coproduction d’œuvres nouvelles. Le second est destiné aux commissaires d’expositions et théoriciens de l’art pour la conception d’une exposition.  Pour ces deux appels, la date limite de réception des projets est le 2 juin 2017.

Les membres de Mécènes du sud Montpellier-Sète sont à l’heure actuelle : Ardence, Artemis, atelier Antoine Garcia-Diaz, Banque Dupuy de Parseval, Buesa, Cabinet Menon Frederic, Caves Notre-Dame, imprimerie Clément, Digital et sens, Gaumont Montpellier Multiplexe, Groupe Promeo, Haussmann group, Jean Gaillard, La solution formation / Rheflex, cabinet FL, Médiaffiche, restaurant McDonald’s, Notaires Foch, Rivière consulting, SVA avocats, Transmanudem.

À lire, ci-dessous, la note d’intention de la commissaire ainsi que la composition du comité artistique de Mécènes du sud Montpellier-Sète

En savoir plus :
Sur le site de Mécènes du Sud
Sur la page Facebook de Mécènes du Sud

Note d’intention de l’exposition de Bénédicte Chevallier, commisaire de l’exposition

En 1874, l’Académie des sciences envoya en Nouvelle-Zélande Anatole Bouquet de La Grye, ingénieur hydrographe, pour observer le passage de Vénus. Son apparition fut malheureusement compromise par un ennuagement préjudiciable à l’observation.

L’expédition partit de Marseille. Campbell, le nom de l’île où l’équipage accosta et séjourna, est celui de la compagnie maritime australienne qui l’aborda pour la première fois en 1810. Dans l’imaginaire collectif, ce nom rencontre forcément aujourd’hui celui de Warhol à travers l’appropriation qu’il en fit dans ses sérigraphies de boîtes de soupe homonymes, la plus populaire aux États-Unis.

L’évocation d’un équipage guettant l’irruption de Vénus fait resurgir l’image d’une déesse nue à la beauté insolente sortant des flots. Mais la Vénus vers laquelle convergeait le regard de toutes les grandes nations, était céleste, un phénomène attendu depuis 105 ans à l’époque qui devait permettre de mesurer la distance entre terre et soleil.

Ce défi scientifique, dans lequel l’apparition de la photographie joua plus tard son rôle, semble pourtant insignifiant aujourd’hui. La compétition internationale qui en résulta, dans laquelle la fierté des états était en jeu, illustre combien la confiance dans l’incertitude du résultat permet audace et prise de risque. La même qui donne à l’art sinon sa fortune, du moins sa vitalité.

En 2003, à Marseille, s’imagina une forme d’aventure liée à la quête de l’art. La question posée par Duchamp « Peut-on faire des œuvres qui ne soient pas d’art ? » avait depuis longtemps remplacé celle de la beauté.
Des entreprises, dont l’horizon était le réenchantement de leur territoire à travers le soutien à des projets artistiques, ont éveillé leur propre générosité. En le formulant collectivement, elles ont eu l’espoir de récolter un capital de sens. Celui qui, précieux pour elles, stimule l’observation, l’introspection, la coopération et l’intelligence collective. Dès lors on ne s’étonnera pas de l’intrusion du don dans ces organisations rationnelles où la normalisation est la règle pour produire plus et accroître la productivité.

Si la quête de l’art est une histoire intime, son expérience peut se partager. Sans questionnement collectif il n’y a pas d’art, tant sa reconnaissance relève d’une forme de consensus. Et si les civilisations meurent, les oeuvres restent comme le fabuleux témoignage de la connaissance et de la conscience que les artistes en avaient. Parce que les oeuvres produites aujourd’hui portent la trace de celles qui les ont précédées, nous y rencontrons notre humanité.

Ainsi entre les artistes dont la nature de la production exclut toute valeur d’usage et ces entreprises qui défient leur logique marchande plane l’esprit du « qui perd gagne ». Cette convergence des antipodes serait-elle le symptôme d’un mécénat « à la folie » ou sa quintessence ?

Bénédicte Chevallier, déléguée générale de Mécènes du sud Aix-Marseille

Comité Artistique de Mécènes du sud Montpellier-Sète :

Andrea Bellini (directeur du centre d’art contemporain Genève), Ingrid Luquet-Gad (journaliste et critique d’art basée à Paris), Alain Servais (collectionneur basé à Bruxelles), Veronica Valentini (commissaire d’exposition) et Hugo Vitrani (journaliste et commissaire d’expositions).

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