Alice Neel – Peintre de la vie moderne à la Fondation Vincent van Gogh Arles


Jusqu’au 17 septembre, la Fondation Vincent van Gogh Arles présente « Alice Neel : Peintre de la vie moderne ». Cette rétrospective est un événement majeur qui devrait marquer les manifestations du printemps et de l’été 2017, dans le sud de la France.

Plus de soixante-dix tableaux figuratifs, essentiellement des portraits que complètent quelques natures mortes et paysages urbains, permettent de découvrir cette artiste américaine, peu connue et rarement exposée en France.

À contre-courant des mouvements artistiques new-yorkais de l’après-guerre, Alice Neel nous livre de saisissants portraits des univers qu’elle traverse entre les années 1920 et 1980, depuis Greenwich Village jusqu’à l’Upper West Side et passant par Spanish Harlem.

On y croise les regards captivants des membres de sa famille, de ses voisins, d’activistes proches du parti communiste, de militants noirs, portoricains ou hispaniques…

À travers leurs portraits, on perçoit aussi les relations parfois « équivoques » qu’Alice Neel entretenait avec des artistes, des commissaires d’exposition, des propriétaires de galeries, certains appartenant au cercle d’Andy Warhol.

Ses nus sont sans concession, loin de toute idéalisation du corps. Ils montrent avec une certaine âpreté celui de femmes, parfois enceintes, comme celui des hommes… critique d’art homosexuel ou pas…

« Peintre de la vie moderne », Alice Neel est certes marquée par l’expressionnisme et le réalisme, mais elle nous livre une vision très personnelle de son histoire et de celles de ses contemporains. Histoires sociales qu’elle comparait parfois à la « comédie humaine » de Balzac, si l’on en croit « Alice Neel ! regards d’une Marxist Girl sur le capitalisme », un des articles du catalogue.

On peut aussi voir dans « Alice Neel : Peintre de la vie moderne », un autoportrait en creux de l’artiste. En effet, comme le souligne Jeremy Lewison, commissaire de l’exposition : « Elle réalise des peintures de ce qu’elle voit, mais projette également ses sentiments et ses observations sur le sujet qu’elle peint. La toile absorbe un mélange de la psychologie du sujet et de sa propre psychologie ».

La configuration des espaces de la Fondation Vincent van Gogh Arles a imposé une chronologie inversée. En effet, seules les premières salles pouvaient permettre la présentation des grands formats, majoritaires à la fin de la carrière d’Alice Neel.
S’il n’indispose probablement pas les historiens d’art, un tel parcours est parfois un peu perturbant…

Comme toujours à la Fondation, l’éclairage est irréprochable. On a particulièrement apprécié la qualité des verres antireflets utilisés pour les quelques grands formats qui exigent une telle protection.
L’accrochage est très réussi. Il suggère discrètement certains rapprochements, mais il laisse au visiteur l’initiative de construire son expérience de visite.
Un livret d’accompagnement et quelques textes de salle, bilingues, offrent des repères succincts, mais suffisants pour circuler dans l’exposition.

« Alice Neel : Peintre de la vie moderne » est la troisième étape du circuit européen de cette importante rétrospective qui s’est arrêtée déjà à l’Ateneum Art Museum d’Helsinki et la Gemeentemuseum Den Haag de La Haye et qui se poursuivra au Deichtorhallen de Hambourg.

Le commissariat est assuré par Jeremy Lewison. Ancien directeur de collection à La Tate Gallery, il fut commissaire de nombreuses expositions dont J. M. W. Turner, Claude Monet and Cy Twombly: Later Paintings au Moderna Museet, Stockholm, à la Staatsgalerie Stuttgart et à la Tate Liverpool. Depuis 2003, il est aussi conseiller auprès de la succession d’Alice Neel.

Le catalogue a été édité à l’occasion de l’exposition « Alice Neel : Peintre de la vie moderne » par les Éditions Fonds Mercator. Les contributions sont signées Bice Curiger, Petra Gördüren, Jeremy Lewison, Laura Stamps et Annamari Vänskä.

Bien entendu, il ne faut pas manquer la découverte de cette artiste étonnante et non conventionnelle qui affirmait comme le rapporte Bice Curiger dans le catalogue : « I hate the use of the word portrait »… et qui appréciait la peinture de Van Gogh et Cézanne, mais aussi celle de Munch et Kokoschka.

En savoir plus :
Sur le site de la Fondation Vincent van Gogh Arles
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Nombreuses informations sur le site Alice Neel (The Estate of Alice Neel)

À propos de l’artiste

Alice Neel est née le 28 janvier 1900 à Gladwyne, en Pennsylvanie. Elle étudie l’art à la Philadelphia School of Design for Women, une institution reconnue notamment pour sa distanciation avec une approche formaliste de l’art enseignée à l’époque.
Dans les années 1930, Alice Neel vit à Greenwich Village, un quartier new-yorkais réputé bohème et peuplé d’artistes. Elle travaille ensuite pour la Works Progress Administration, pour laquelle elle peint des scènes urbaines. C’est également à cette époque qu’elle côtoie des sympathisants du Parti communiste, dont elle aussi fait partie, et s’attache à faire le portrait de certains.
En 1938, elle déménage à Spanish Harlem où elle débute une nouvelle série de portraits consacrés, entre autres, aux Portoricains.
En 1962, elle s’installe dans l’Upper West Side, où elle renoue avec l’univers artistique et exécute ses fameux portraits d’artistes, de galeristes et de commissaires d’exposition. Neel puise ensuite son inspiration non seulement auprès de sa famille, mais également en observant femmes et enfants qu’elle dépeint ainsi à l’aube du mouvement féministe. C’est à partir de cette période que la scène artistique américaine reconnaît et célèbre enfin son art à travers plusieurs expositions personnelles et collectives. Elle meurt le 13 octobre 1984 à New York.

Principales expositions (sélection) :
• « Face Value: Portraiture in the Age of Abstraction », National Portrait Gallery, Smithsonian Institution, Washington, 18 avril 2014 – 11 janvier 2015
• « Alice Neel: Painted Truths », Museum of Fine Arts, Houston, 21 mars 2010 – 2 janvier 2011, présentée ensuite à la Whitechapel Gallery, Londres et au Moderna Museet, Malmö
• « Alice Neel », Whitney Museum of American Art, New York, 29 juin 2000 – 30 décembre 2001 ; présentée ensuite à Andover, Philadelphie, Minneapolis et Denver
• « Féminin-Masculin, Le Sexe de l’art », Centre Georges-Pompidou, Paris, 24 octobre 1995 – 12 février 1996

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