Lubaina Himid – Gifts to Kings au Mrac à Sérignan

Jusqu’au 19 septembre 2017, le Mrac – Musée régional d’art contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée – présente « Gifts to Kings » de Lubaina Himid.

Avant l’attribution du Turner Prize 2017, le projet proposé par le Mrac s’est construit à la suite de la rétrospective présentée en 2017 dans trois institutions anglaises (Spike Island à Bristol, Modern Art à Oxford et à Nottingham Contemporary).

« Gifts to Kings » est la première exposition personnelle de Lubaina Himid en France. Elle rassemble une dizaine d’œuvres produites entre 1984 et 2016 qui montrent la cohérence de son travail et la diversité de sa pratique et des supports qu’elle utilise.

Née à Zanzibar, en Tanzanie, Lubaina Himid s’est installée en Grande-Bretagne dans les années 1960. Elle a grandi à Londres, où elle a étudié la mise en scène de théâtral au Wimbledon College of Art avant de recevoir une maîtrise en histoire culturelle du Royal College of Art.
Artiste, commissaire d’exposition et théoricienne, elle a été une des figures du Black Art Mouvement, particulièrement actif dans les années 1980 à la suite des lois anti-immigration de Margaret Thatcher, en Angleterre. Elle organise alors trois expositions majeures Five Black Women (1983, Africa Centre, Londres), Unrecorded Truths (1986, Elbow Room, Londres) et The Thin Black Line (1985, ICA Londres) qui ont fait l’objet d’une réédition à la Tate Britain en 2011.
Lubaina Himid est actuellement professeure à l’Université du Lancashire où elle développe un travail de recherche intitulé « Making Histories Visible / Rendre les Histoires visibles ».

Depuis pus de trente ans, son activité artistique est très largement marquée par la question de l’esclavage, du colonialisme et de la représentation des Africains dans l’histoire de la peinture européenne et dans les médias.

Lubiana Himid - Gifts to Kings - MRAC 2018
Lubiana Himid – Gifts to Kings – MRAC 2018

Le titre de son exposition au Mrac, « Gifts to Kings », emprunte le titre initial de son installation « Naming The Money ». Le cadeau (Gifts) en question évoque un contingent d’esclaves africains et quelques tableaux offerts par le roi d’Espagne au roi de France.

Le choix des œuvres exposées montre la très grande cohérence du travail de Lubaina Himid, pendant plus de trois décennies, entre 1984 et 2016.
Le parcours et la scénographie s’articulent en dehors de toute logique chronologique. L’accrochage s’organise autour de l’installation « Naming The Money » qui occupe ce centre de l’espace d’exposition.

La compréhension de son propos exige une attention assez soutenue et un engagement de la part du visiteur. Les œuvres présentées multiplient les références à l’histoire de l’art comme à l’histoire des esclaves ou des serviteurs, mais aussi à celle des migrants, des réfugiés ou des demandeurs d’asile.
Lubaina Himid affirme avec conviction qu’elle ne fait pas une peinture que l’on vient admirer, mais que l’on doit regarder avec ce que l’on apporte. L’expérience de l’échange de sa propre histoire avec l’œuvre est essentielle. Si Duchamp affirmait que le regardeur fait le tableau, pour Lubaina Himid, c’est le spectateur qui fait l’histoire, c’est lui qui a les questions et les réponses. Le visiteur, dit-elle, « a le pouvoir de changer les choses dans l’espace de l’exposition et ce pouvoir, il le conserve en sortant de l’exposition… par un coup de fil, par une conversation, par une lettre… pas nécessairement sur le terrain politique… »

Le document à la disposition du public résume assez brièvement l’artiste et son travail. Chaque pièce y est rapidement décrite. L’ensemble offre au visiteur des repères qui semblent suffisants à la perception du propos de Lubaina Himid.

La chaleur, l’humour et l’engagement de l’artiste pendant la visite de presse ont permis d’enrichir notre découverte de « Gifts to Kings » . On espère que cette richesse sera transmise par les médiateurs en salle.

Comme le souligne très justement Sandra Patron, directrice du Mrac et commissaire de l’exposition, si la pratique artistique de Lubaina Himid se fonde très largement sur la question de la représentation des Noirs ou de leur absence dans la production culturelle européenne, « jamais, en tant que femme blanche, je n’ai eu le sentiment de ne pas être accueilli dans cette exposition, bien au contraire ». Évidemment, on partage volontiers ce sentiment en tant qu’homme blanc…
Est-il nécessaire d’ajouter que cette question de l’accueil prend un sens particulier actuellement ?

À ne pas manquer.

Un compte rendu de visite et les commentaires de Lubaina Himid enregistrés lors de la présentation de presse compléteront prochainement cette chronique.

En savoir plus :
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