Ugo Schiavi – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille

Avec « Rudus, Ruderis » de Ugo Schiavi, Nicolas Veidig-Favarel propose à la Double V Gallery une des expositions les plus abouties de ce 10e PAC – Printemps de l’Art Contemporain à Marseille.

Comme le précise Léo Marin, commissaire de l’exposition, dans son texte de présentation, Rudus, Ruderis signifie en latin décombres(s) au sens de ruines, gravats qui restent après la démolition. Certains dictionnaires, en référence à Vitruve, suggèrent aussi le mot béton (matériau obtenu par malaxage) pour Rudus… Le rapprochement de ces deux traductions reflète assez bien le travail et les pièces que Ugo Schiavi, Léo Marin et Nicolas Veidig-Favarel ont sélectionnées pour cette exposition.
En effet, les œuvres exposées sont presque toutes des moulages en béton et la forme adoptée par Ugo Schiavi est proche de la ruine et du décombres.

Ugo Schiavi - I was here, 2018 Ugo Schiavi - Tête de lion, 2018 - « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – I was here, 2018 Ugo Schiavi – Tête de lion, 2018 – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

Pour éviter toute paraphrase inutile, on ne s’attardera pas à décrire ou à analyser ici la pratique d’Ugo Schiavi. On renvoie à la lecture de l’excellent texte de Léo Marin rédigé pour « Rudus, Ruderis » et à celui plus bref et plus ancien de Gaël Charbau qui sont tous les deux reproduits ci-dessous. On suggère également de parcourir l’entretien accordé par Ugo Schiavi à Point Contemporain, en février 2016.

On se limitera donc à saluer la bouleversante et sublime réussite de l’artiste et de citer ces quelques mots du commissaire d’exposition :

« (…) en restant fidèle à sa pratique, l’artiste se concentre ici sur un territoire chargé d’histoire et nous livre une série d’œuvres définitivement contemporaines qui se font miroir d’une ville actuelle, mais aussi écho d’un passé antique, avec des sculptures, à la fois, moulage du vivant et archives de l’antérieur… »

Le caractère fragmentaire de ses œuvres, la volonté de donner un aspect non fini à ses sculptures, de laisser apparents les éléments des moulages (fibres, tiges filetées…) et de faire émerger une dimension archéologique au propos d’UgoSchiavi sont servis avec cohérence et pertinence par une mise en espace et une scénographie soignée et remarquable, inspirée des réserves des musées.

La galerie est une nouvelle fois transfigurée.

Une vaste rangée d’étagères recouvre le mur à droite en entrant. Les montants métalliques et les planches de bois brut évoquent les réserves archéologiques. Certaines pièces sont présentées dans des caisses, suggérant un transport récent ou prochain.

Ugo Schiavi - « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille
Ugo Schiavi – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille

Des fragments empruntés à des statues de l’espace public marseillais parfois connu (« Pytheas » de l’espace Villeneuve Bargemon, à proximité de la mairie) ou moins familier (« Dresseur d’ourson », devant l’église Saint-Laurent à deux pas du Mucem – « I was here », 2018) voisinent avec des empreintes de corps qui incarnent les supporters de l’OM (« Aux armes », 2018) et le « Rapt de Proserpine » du Bernin (« Rapt I et II », 2018)…

Au centre de l’espace, une sculpture posée sur une palette renforce le sentiment de mouvement, d’une exposition vivante, qui se construit et se reconstruit sans cesse (« Sans titre », 2018 puis « Rapt I », 2018.

Ugo Schiavi - Sans titre, 2018 Ugo Schiavi - Tête de lion, 2018 - « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – Sans titre, 2018 Ugo Schiavi – Tête de lion, 2018 – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

Sous la mezzanine, plusieurs fragments sont présentés sur les socles métalliques. Ces œuvres (« Sans titre II III et IV », 2018) suggèrent d’étranges ballets où les « prises » sont vigoureuses parfois proche de l’arrachement (« Sans titre », 2018) et de l’enlèvement…

Ugo Schiavi - « Rudus, Ruderis » - Vue de l’exposition à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – « Rudus, Ruderis » – Vue de l’exposition à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

Au revers de la vitrine, à gauche de l’entrée, une curieuse « Rascasse », 2018 semble suspendue… Seuls les fins observateurs des sculptures dans l’espace public marseillais savent qu’elle est empruntée au groupe « La Pêche » d’Henri Raybaud que l’on peut voir au pied de l’escalier monumental de la gare Saint-Charles.

Ugo Schiavi - Rascasse, 2018 Ugo Schiavi - Tête de lion, 2018 - « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – Rascasse, 2018 Ugo Schiavi – Tête de lion, 2018 – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

Les cimaises peintes en gris valorisent subtilement les œuvres. L’éclairage est parfaitement maîtrisé. Au plafond, la lumière des projecteurs joue adroitement avec les différentes teintes du béton et révèle à la fois la finesse des détails restitués par la prise d’empreinte à l’alginate, les « imperfections » du moulage (bulles d’air, fissures, coulures…) ou encore les graffitis ajoutés.

Des tubes fluorescents, opportunément placés sur l’étagère, éliminent toute ombre portée.

L’installation en devanture est à elle seule un petit « bijou » qui mérite plus qu’un rapide regard. Elle évoque les vitrines toujours un peu encombrées des muséums d’histoire naturelle.

Ugo Schiavi - « Rudus, Ruderis » - Vue de l’exposition à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – « Rudus, Ruderis » – Vue de l’exposition à la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

On y découvre dans une habile composition un ensemble de fragments, moulages de béton qui sont « des empreintes du lieu de travail de l’artiste (…) figés dans ce temps suspendu entre passé idéalisé et présent laissé à l’étude d’un futur hypothétique » (« Selfie », 2018 ; « Main n° 1 », 2018 ; « Casquette NY », 2018 ; « Bouteille HK », 2018 ; « Caïra », 2018 ; « Paquet de clopes », 2018 ; « Nike », 2018 ).

Ugo Schiavi - « Rudus, Ruderis » - Vitrine de la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett
Ugo Schiavi – « Rudus, Ruderis » – Vitrine de la Double V Gallery – Marseille Photo © Jean-Christophe Lett

Un tube néon semble être sur le point de tomber de la planche où il a mal été fixé…

Un certain nombre de plantes, prélevées sur des parkings ou des terrains vagues se développent au pied de l’étagère. Certaines grimpent à l’assaut des décombres laissés par Ugo Schiavi. On retrouve ici en partie l’installation (« Rudus-Ruderis », 2017 (fragment de tiers-paysage)) qu’il avait montrée à la Friche dans l’exposition Prix des Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille 2017.

Ugo Schiavi « Rudus-Ruderis », 2017 (fragment de tiers-paysage) -.Exposition Prix des Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille - Fiche de la Belle de Mai
Ugo Schiavi « Rudus-Ruderis », 2017 (fragment de tiers-paysage) -.Exposition Prix des Ateliers d’Artistes de la Ville de Marseille – Fiche de la Belle de Mai

Léo Marin insiste sur l’importance de ces plantes dans la démarche de l’artiste :

«  À la fois oubliées des botanistes et des touristes, ces végétaux se font l’exemple parfait de la situation face à laquelle veut nous confronter Ugo Schiavi : le beau de cet élément que nous ne regardons plus. Une plante rudérale qui s’acharne à continuer d’exister contre toutes attentes. Illustration directe du titre de son exposition.

Encore une fois, avec cette installation, l’on trébuche dans le stratagème de la nostalgie, pour mieux se rendre compte que les décombres proviennent de notre environnement quotidien, celui-là même que nous avons traversé pour venir découvrir cette exposition ».

Avec cette exposition de Ugo Schiavi, la Double V Gallery fait une fois de plus la démonstration d’un savoir-faire indéniable. Après un peu plus d’un an d’existence, elle se place sans conteste comme un des lieux majeurs de l’Art Contemporain à Marseille et dans le Sud-Est. Depuis sa création, elle ne cesse d’innover et de surprendre avec une programmation brillante et cohérente, des accrochages audacieux et des présentations scénographiques toujours renouvelées qui s’émancipent avec bonheur de l’orthodoxe White Cube…

L’intérêt marqué par Ugo Schiavi pour ce qu’il nomme une « archéologie contemporaine » semble être partagé par plusieurs artistes. On en retrouve des échos dans de multiples expositions.
On avait ainsi découvert le très beau travail de Dune Varela « Toujours le soleil » dans le cadre des Rencontres de la Photographie Arles 2017. Il n’est pas surprenant qu’ils exposent ensemble avec Thomas Hauser dans « Eidetik » à la Galerie Particulière jusqu’au 9 juin prochain.

Dans la région, on pourrait aussi citer « Un désir d’archéologie », une passionnante projet room actuellement proposé par Jean-Marc Prévost à Carré d’Art avec Baris Dogrusöz, Asier Mendizabal, Thu Van Tran et Clemens Von Wedemeyer. Avec pertinence, il a ponctué son nouvel accrochage des collections de plusieurs échos à cette exposition autour de l’idée de traces, de ruine ou de fragilité avec des œuvres de Giuseppe Penone , Gabriel Orozco, Jean-Luc Moulène ou encore Danh Vo…
On pourrait également évoquer « Du double au singulier », le remarquable projet qu’Arnaud Vasseux avait proposé en 2017 au FRAC Occitanie – Montpellier et dans les salles du musée Henri Prades sur le site archéologique Lattara à Lattes, « Une interrogation sur l’Histoire et la Mémoire, au travers d’une réflexion contemporaine sur l’archéologie »…

À lire, ci-dessous, quelques repères biographiques à propos de l’artiste, le texte de présentation de Léo Marin, commissaire de l’exposition et quelques lignes de Gaël Charbau à propos d’Ugo Schiavi, nominé en 2016 pour le Prix Révélation Emerige.

Léo Marin, Ugo Schiavi et Nicolas Veidig-Favarel - « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille
Léo Marin, Ugo Schiavi et Nicolas Veidig-Favarel – « Rudus, Ruderis » à la Double V Gallery – Marseille (C) Florence Boyer
Courtesy de l’artiste et Double V Gallery

Bien entendu, un passage par la Double V Gallery s’impose. L’exposition « Rudus, Ruderis », initialement annoncée jusqu’au 16 juin, devrait être prolongée jusqu’à la mi-juillet.

En savoir plus :
Sur le site de la Double V Gallery
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Sur le site de Ugo Schiavi
Ugo Schiavi sur le site des Ateliers de la Ville de Marseille
Ugo Schiavi sur les sites de la galerie Particulière, Paris et celui de The Pill Gallery, Istanbul

Originaire de Toulon, Ugo Schiavi a été diplômé en 2011 de la Villa Arson. Actuellement artiste résident des Ateliers de la Ville de Marseille, il vit et travaille à Marseille.

Ugo Schiavi - Intervention Marseille - Pytheas
Ugo Schiavi – Intervention Marseille – Pytheas

Plusieurs expositions personnelles lui ont été consacrées :

  • Uprising, The Pill gallery, Istanbul, Turquie en 2017
  • Rebuscadores de oro, El Parche, Bogota, Colombia en 2016
  • Battlefiel, The Little Red Shcool house, Eden, North Carolina, USA en 2015
  • Z (avec Ken Sortais), Usine Utopik, Tessy-sur-vire, Normandie, France en 2015
  • Face Nord, SNAP gallery, Lyon, France en 2014
  • Looters will be shot (avec Thomas Teurlai), Galerie de la Marine, Nice, France en 2012.

Parmi les expositions de groupe auxquelles il a participé, on peut citer :

  • Eidetik, la galerie Particulière, Paris avec Thomas Hauser et Dune Varela jusqu’au 9 juin 2018
  • Prix des ateliers de la ville de Marseille, Friche belle de Mai, Marseille en 2017
  • Scabellon, Double V Gallery, Marseille en 2017
  • Memento, exposition inaugurale de la Double V Gallery, Marseille en 2016

En voyant le grand nombre des députés à l’assemblée nationale de 1789, et tous les préjugés dont la plupart étaient remplis, on eût dit qu’ils ne les avaient détruits que pour les prendre, comme ces gens qui abattent un édifice pour s’approprier les décombres.
Chamfort, Maximes et Pensées

Rudus, Ruderis. En latin, signifie littéralement : Décombre-s. De nos jours on utilise plutôt ce mot en botanique : l’on qualifie de rudérale, une plante, qui croît parmi les décombres. C’est aussi dans notre cas le titre de l’exposition personnelle d’Ugo Schiavi à la Double V gallery pour ce Printemps de l’Art Contemporain 2018. Celle-ci s’attache dans bien des aspects, à faire une restitution archéologique d’un temps présent, dans une géo-localité concise, celle de Marseille.

Plus concrètement : en restant fidèle à sa pratique, l’artiste se concentre ici sur un territoire chargé d’histoire et nous livre une série d’œuvres définitivement contemporaines qui se font miroir d’une ville actuelle mais aussi écho d’un passé antique, avec des sculptures, à la fois, moulage du vivant et archives de l’antérieur…

Nous pourrions parler dans ce cas précis, de renouvellement romantique. Comme le mouvement culturel apparu à la fin du XVIIIè siècle en Angleterre et en Allemagne et qui se diffusa par la suite dans toute l’Europe en s’exprimant dans tous les styles artistiques, qui se caractérisait par la volonté des artistes à explorer l’art afin d’exprimer un état d’âme : une réaction du sentiment contre la raison, une exaltation du mystère, tout en cherchant l’évasion et le ravissement dans le rêve d’un temps passé. Avec son travail de sculpteur, Ugo Schiavi ne peut se cacher d’avoir un attrait tout particulier pour la magnificence de la grande sculpture celle qui orne désormais les villes et les musées.

C’est avec des procédés de moulage, où il demande à des modèles de poser sur des monuments ornés reconnaissable dans l’espace urbain, et avec des techniques à prises rapides, résolument actuelles, qu’il en ressort un moule, avec lequel il peut rendre compte à la fois du passé historique d’un lieu, de la superbe des statues qui ont été érigées à cet endroit pour le marquer d’un événement porteur de sens, ici bien plus qu’ailleurs, mais aussi un sentiment manifestement générationnel, qui se caractérise par « une nostalgie de l’avant ». Un romantisme du 21ème siècle.

Le traitement de la forme, proche de la ruine et du décombre, que donne Ugo aux tirages en béton qui découlent de ces moules, nous poussent à investiguer ces sculptures qui nous font face. Proviennent-elles réellement de décombres urbains ? D’autres artistes ne s’étant pas privés dans la pratique du glanage, c’est une question qui se pose jusqu’au moment où l’on se rend compte qu’une partie de ce fragment relève du vivant, de l’actuel non de l’accidentel.

C’est à cet instant que l’imaginaire s’enflamme et nous emporte contre la raison, vers des souvenirs mythologiques de créatures capable de pétrifier d’un seul regard, vers ces reportages sur les ruines de Pompéi et ses incontournables plâtre. Pourtant, l’acier de ces hypothétiques découvertes archéologiques s’avère être de la tige filetée qui articule les différents éléments et ce qui a pu nous sembler être de la pierre en mauvaise état est en tout état de cause, une ronde bosse coulée en béton.

Tous ces fragments se retrouvent agencé en une scénographie immersive reprenant les codes des réserves de grands musées. La rangée d’étagères au mur ne fait que renforcer ce sentiment de trouvailles archéologiques, ressurgies d’un temps reculé. Tout est ici fait pour que le visiteur se sente presque, le découvreur d’une histoire perdue. Certaines sculptures sont même montrées dans des caisses de bois, premiers écrins de transport, ici conservée visible.

Même depuis la vitrine de l’exposition, nous sommes transportés à la limite du muséum d’histoire naturelle. Un certain nombre de plantes, d’éléments de végétations et de décombres parmi lesquels on peut entre-apercevoir des fragments, moulages d’éléments de l’atelier de l’artiste, nous transporte et nous ramènent le temps d’un souvenir lors de nos visites scolaires de ces musées qui nous montraient comment était la vie avant.

Ces plantes elles-mêmes, quintessence d’une démarche de l’artiste, qui va à la rencontre de celles-ci dans leur milieu naturel, un parking, un terrain vague, une extrémité de la ville sur laquelle il travaille sont prélevée directement de ces décombres. A la fois oubliées des botanistes et des touristes, ces végétaux se font l’exemple parfait de la situation face à laquelle veut nous confronter Ugo Schiavi : le beau de cet élément que nous ne regardons plus. Une plante rudérale qui s’acharne à continuer d’exister contre toutes attentes. Illustration directe du titre de son exposition.

Encore une fois, avec cette installation, l’on trébuche dans le stratagème de la nostalgie, pour mieux se rendre compte que les décombres proviennent de notre environnement quotidien, celui-là même que nous avons traversé pour venir découvrir cette exposition. A cela près que les fragments, moulages de béton sont des empreintes du lieu de travail de l’artiste et restent figés dans ce temps suspendu entre passé idéalisé et présent laissé à l’étude d’un futur hypothétique.

Ugo Schiavi est en réalité le concepteur de son propre diorama, un diorama qui, en puissance, ne s’attache pas seulement à montrer ses processus de travail mais aussi les événements récurrents, propre à ce présent que nous tous vivons subissons et construisons chaque jour.

C’est donc conscient de la splendeur révolue d’une époque qui le fascine, mais décidé d’y ajouter sa marque avec des techniques actuelles, tout en nous parlant du présent, qu’il nous fait doucement glisser dans le spleen du révolu pour nous ramener brutalement à une conscience aigüe d’un présent qui nous est quotidien et pourtant souvent délaissé. Ugo Schiavi, immanquablement, un nouveau romantique.

Léo Marin

Dans la série Uprising, Ugo Schiavi s’approprie, par la technique de l’empreinte et du moulage, des morceaux de statues qu’il choisit dans l’espace public. La plupart du temps aidé d’un complice auquel il demande de « poser » un bras ou un pied sur une partie précise, l’artiste fige ainsi une étrange rencontre entre deux fragments de corps: l’un contemporain et vivant, et l’autre pétrifié dans l’histoire. L’artiste parle de « moulage vandale » pour qualifier l’opération qui nécessite une certaine organisation et une grande rapidité, pour éviter qu’un quelconque représentant de l’autorité n’y mette un terme, bien que l’intervention soit sans séquelles pour le monument public. De retour à l’atelier, il coule du béton dans le moule qui ne pourra servir qu’une fois. La sculpture qui en résulte opère donc comme un glissement, qui serait le passage d’un monument pensé pour traversé le temps, à une parcelle de temps présent, solidifiée. « 

Gaël Charbeau.

 

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