Samy Rio – Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille

Jusqu’au 3 novembre, Archik, agence immobilière singulière, expose « Esthétiques totémiques » une très intéressante présentation du travail de Samy Rio.

Samy Rio - Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille - Photo Archik
Samy Rio – Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille – Photo © Archik

Dans une scénographie très réussie où on retrouve le décor à carreaux blancs d’« Itinéraires » pour Design Parade 12 à Hyères, Emmanuelle Oddo revient sur la résidence de Samy Rio au CIRVA à Marseille et à la Cité de la Céramique à Sèvres avec deux pièces de sa collection « Vases Composés » coéditée par les deux prestigieuses institutions. Ces deux œuvres assemblent verre soufflé, porcelaine neuve, bois de frêne, joint torique et corde fine en nylon.

Samy Rio - collection « Vases Composés » - Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille
Samy Rio – collection « Vases Composés » – Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille

À propos de cette collection dont l’édition est limitée à huit exemplaires, Samy Rio précise :

« Cette collection de vases est le résultat d’une année de résidence menée en 2015 et 2016 à la Cirva de Marseille et à Sèvres cité de la céramique. J’ai choisi d’associer le verre, la céramique, et donc les matériaux aux compétences, pour former à travers ces 2 entités une communauté d’intérêts, d’intentions et de travail. Au niveau des objets, cette association se traduit par une recherche sophistiquée sur l’agrégation entre matériaux et formes. Tous les vases de la collection s’articulent autour des mêmes formes, volumes et assemblages. Ces assemblages sont verrouillés avec des éléments industriels bon marché comme des joints toriques ou des cordes de nylon afin de marquer une tension entre la précision du travail artisanal et les jonctions archétypiques qui maintiennent chaque objet : la régularité d’un objet industriel qui est fait à la main. Il s’agit d’un hommage à l’artisanat de deux institutions sous la forme d’un casse-tête tribal, verrouillé avec deux clés en bois ».

Ces deux pièces sont associées à un magnifique « Miroir Totem », édité par Galerie kreo et produit par l’atelier Hubert Weinzierl.

Samy Rio - Miroir Totem - Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille
Samy Rio – Miroir Totem – Esthétiques totémiques chez Archik à Marseille

Sur son site internet, Samy Rio souligne « Ce miroir fait partie de la même collection que les « Vases Composés « produits avec Cirva et Sevres cité de la céramique. Entièrement en frêne naturel, ce miroir utilise les mêmes types de jonction que les vases. Son assemblage, à première vue primitif (…) exige des méthodes de fabrication avancées ».

Masque en réflexion, cette pièce étonnante évoque avec force une évidente « esthétique totémique ». Mais comme l’affirme le designer, il « résulte plus d’une production exigeante et d’un assemblage mécanique (hommage au savoir-faire de l’ébéniste également) que d’une volonté de figuration exotique ».

Ces trois pièces éditées sont accompagnées de plusieurs travaux de recherche en verre réalisés au CIRVA et des pièces en bambou couramment employé par le designer et qu’il avait montré pour la Design Parade en 2015.

L’ensemble est très habilement présenté dans une scénographie qui n’est pas sans évoquer un atelier. Un banc en tubes de bambou géants complète ces pièces.

Ces « Esthétiques totémiques » de Samy Rio méritent un passage par le 50 de la rue Edmond Rostand, dans le sixième à Marseille. L’occasion de découvrir un lieu atypique « à mi-chemin entre agence, galerie et show-room »… et à deux pas de l’excellente Double V Gallery.

À lire, ci-dessous, le texte de présentation d’Emmanuelle Oddo, un texte de Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard, extrait du catalogue Design Parade et quelques repères biographiques à propos de Samy Rio. Ces documents sont issus du dossier de presse.

En savoir plus :
Sur le site de Samy Rio
Sur le site de Archik
Sur le site du CIRVA

A l’occasion d’Art-O-Rama, ARCHIK poursuit son hommage aux matières et aux savoir-faire, à travers, cette fois-ci, le travail structuré et poétique de Samy Rio.

Designer lauréat de la Design Parade 2015 (Villa Noailles), il réalise par la suite une résidence d’un an au CIRVA à Marseille, ainsi qu’à la Cité de la Céramique, à Sèvres. Deux institutions, non pas des moindres, pour une collection sophistiquée, fruit d’une recherche articulée entre artisanat séculaire et industrie moderne.

De quelle manière produisons-nous nos objets ? Que révèle-t-elle de nos sociétés ? Le travail de Samy Rio, bien que doté d’une charge décorative, ne s’arrête pas à la seule finalité esthétique : derrière leur airs de sculptures totémiques, ses vases ou miroirs témoignent en réalité de toute l’ambivalence des techniques industrielles et artisanales, et ouvrent la voie à de nouveaux modes de production.

Le bambou est ainsi couramment employé par le designer pour le substituer aux métaux et plastiques de nos quotidiens. Au-delà des recherches sur la matière, Samy Rio s’est particulièrement intéressé, durant sa résidence, à la forme et aux savoir-faire : il s’agissait ici de façonner le verre, la céramique et le bambou avec exigence, et d’élaborer leur association avec une telle précision d’assemblage qu’on eut cru à des pièces industrielles.

Alors, à y regarder de plus près, la beauté de cette collection n’émane non pas de son allure tribale, mais plutôt de l’apparente simplicité et de la composition maitrisée de ces pièces entièrement réalisées à la main.

Emmanuelle Oddo

Vue de l'exposition « Mécanique d'assemblages », villa Noailles, Hyères, 2016 - Photo L. Hucki villa Noailles
Vue de l’exposition « Mécanique d’assemblages », villa Noailles, Hyères, 2016 – Photo L. Hucki villa Noailles

En apparence les choses sont simples
Samy Rio remporte le Grand Prix Design Parade en 2015 avec des morceaux de bambou. Ce sont des morceaux bien façonnés, puisqu’ils pourraient se substituer aux métaux et aux plastiques employés dans l’industrialisation d’objets quotidiens. Alors pour se livrer aux figures imposées – mais libres – de conception d’un vase, d’un miroir et d’une boîte, les choses se compliquent… Il est difficile de concevoir sans autre finalité que l’esthétique, il faut une raison aux choses.
Associer le verre et la céramique, et par là même le Cirva et Sèvres – Cité de la Céramique – les matières et les savoir-faire – voici une raison. Former entre ces deux entités une communauté d’intérêt, de sentiment et de travail. À l’échelle de l’objet, l’association se traduit en une recherche d’assemblage sophistiqué entre les matériaux et les formes. Les éléments constitutifs du vase sont simples et évidents. Ils nécessitent néanmoins une extrême précision de réalisation pour pouvoir s’accoter – environ une année de travail. Lorsque l’on regarde soigneusement chaque pièce, on saisit la beauté qui se dégage de la composition : la régularité d’un objet industriel qui serait entièrement réalisé à la main. C’est un hommage aux savoir-faire des deux institutions sous la forme d’un casse-tête tribal, verrouillé par deux clefs en bois. Car il y a des empreintes culturelles à cette esthétique totémique. Pourtant ce résultat provient plus de l’élaboration exigeante d’un assemblage mécanique que d’une volonté de figuration exotique. »

Gaëlle Gabillet et Stéphane Villard – extrait du catalogue Design Parade

Samy Rio dans l'atelier du Cirva, 2016. Photo C. Capelle - Cirva
Samy Rio dans l’atelier du Cirva, 2016. Photo C. Capelle – Cirva

Samy Rio a étudié l’ébénisterie pendant quatre ans avant de fréquenter l’École nationale de design industriel (Ensci) à Paris, où il a suivi un cours de cinq ans en design industriel. Ce double cursus lui permet de combiner des techniques industrielles et artisanales qu’il considère complémentaires et indispensables l’une à l’autre.

En octobre 2014, il est diplômé de l’Ensci-Les Ateliers avec les félicitations du jury grâce à ses recherches sur l’utilisation des tubes en bambou et à leurs applications industrielles.

En juillet 2015, il remporte avec ce même projet le premier prix de la Design Parade 10, organisée par la Villa Noailles.
A l’issue de ce prix, il est invité en tant qu’artiste en résidence au Centre International de Recherche sur le Verre et les Arts Visuels (CIRVA) à Marseille et à la Cité de la Céramique à Sèvres.
Il entame également une collaboration avec la galerie kreo, suite à sa résidence à l’Institut national de recherche et de développement en artisanat de Taiwan (NTCRI).

Lors de chaque résidence ou nouveau projet, Samy Rio poursuit ses travaux expérimentaux sur différents matériaux, explorant toujours davantage les liens entre artisanat séculaire et industrie moderne, entre tradition et nouveaux outils, questionnant autant la manière dont nous produisons les objets que les objets eux-mêmes.

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