Kinshasa Chroniques au MIAM – Sète

Jusqu’au 2 juin 2019, le MIAM (Musée International des Arts Modestes) présente à Sète « Kinshasa Chroniques », remarquable exposition coproduite avec la Cité de l’architecture & du patrimoine qui accueillera le projet au printemps 2020 à Paris.
Sans aucun doute, c’est un des éventements majeurs de cet automne dans la région !

Avec « Kinshasa Chroniques », le MIAM renoue avec un cycle d’expositions sur des univers artistiques qui définissent des villes singulières. Ces projets ont marqué nombre de ses visiteurs. Ils leur ont permis de rencontrer les propositions créatives, multiples et souvent peu connues de Winnipeg en 2011-2012, Manille en 2013, Séville en 2014 et Providence en 2015-2016.

C’est avec une certaine impatience que l’on attendait de découvrir ces « Kinshasa Chroniques » et les 70 créateurs congolais invités par les commissaires Claude Allemand (MIAM), Sébastien Godret (archidb), Dominique Malaquais (CNRS), Fiona Meadows (Cité de l’architecture & du patrimoine) et Androa Mindre Kolo (Bingo Cosmos).

Kinshasa Chroniques au MIAM - Sète - Les commissaires de l'exposition
Kinshasa Chroniques au MIAM – Sète – Les commissaires de l’exposition

Ils réussissent au-delà de ce que l’on pouvait espérer. « Kinshasa Chroniques » multiplie les moments rares, intenses, jubilatoires, vibrants et surprenants.

Dans leur texte de présentation, les cinq commissaires annonçaient :

« Une approche de la capitale congolaise, troisième ville d’Afrique, née du regard d’artistes dont la pratique est ancrée dans une expérience intime de l’espace urbain. Soixante-dix créateurs – individus, binômes, collectifs – y disent par la plastique, par le verbe, par le son, Kinshasa telle qu’elles et ils la voient, la vivent, la questionnent, l’imaginent, l’espèrent, la contestent ».

À l’évidence, leurs objectifs sont pleinement atteints…

Photographes, vidéastes, performeurs, slameurs, rapeurs, peintres, bédéistes envahiront le MIAM pour proposer une déambulation à travers Kinshasa « qui mène les visiteurs de quartier en quartier, l’exposition s’articule autour de neuf chroniques. Ces chroniques peuvent être abordées comme on aborderait la ville elle-même, de manière linéaire ou, selon l’intérêt et l’envie de chacun, en faisant des sauts, des impasses, des allers et retours ».

Kinshasa Chroniques au MIAM - Sète - Les artistes présents lors du vernissage
Kinshasa Chroniques au MIAM – Sète – Les artistes présents lors du vernissage

Utilisant les contraintes singulières du MIAM, Jean-Christophe Lanquetin propose une scénographie efficace qui joue avec les espaces, l’éclairage et les exigences du « Black Cube » sétois. On lira avec intérêt ses interrogations à propos de son intervention dans le texte reproduit ci-dessous.
Il réussit adroitement à « découper, cadrer, donner à voir dans un face à face avec le spectateur… » Il crée des perspectives judicieuses et suggère des « relations latérales, de biais, elliptiques… ». Il juxtapose subtilement les univers plastiques et sonores. Il joue habilement de la profusion, sans jamais produire de confusion, sans jamais qu’une œuvre en phagocyte une autre.
Avec cette mise en l’espace, « Kinshasa Chroniques » exprime avec éclat la richesse et la complexité d’une scène artistique particulièrement foisonnante, d’une ville qui ne se laisse pas contraindre.

L’exposition s’articule en 11 séquences que l’on pourrait suivre les unes après les autres. Mais, leurs frontières assez floues s’estompent rapidement, tant tout semble être dans tout. Peu à peu, on finit par construire sa propre déambulation. Le parcours se compose à mesure que l’on pénètre dans ce mirage de Kin, en même temps que l’on se laisse happer par les images et par les sons.

À l’évidence, « Kinshasa Chroniques » est une exposition incontournable qui mérite plus d’une visite pour en apprécier toute la richesse.

Un guide de visite est disponible à l’accueil. Il offre les repères nécessaire pour apprécier des démarches artistiques et comprendre le contexte dans lequel elles se sont élaborées.

À lire, ci-dessous, un compte rendu de visite, le texte de présentation de « Kinshasa Chroniques », une note d’intention de Jean-Christophe Lanquetin à propos de la scénographie et quelques repères biographiques à propos des commissaires.

En savoir plus :
Sur le site du MIAM
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Sure le site de la Cité de l’architecture & du patrimoine

« Kinshasa Chroniques » : Regards sur l’exposition

Pour des raisons pratiques et de lisibilité, ce compte rendu reprend les 11 séquences qui organisent le parcours de visite.

Kinshasa Chroniques – Préface :

Dans un environnement sonore de Kinshasa, documentaire audio de Benjamin Bibas, tout commence naturellement avec une camionnette peinte par Jean-Marie Mosengo Odia, dit Moke Fils. Avec les wewa (motos-taxis) et les combis, les camionnettes converties en minibus font partie des moyens de transport les plus économiques et les plus populaires se déplacer dans l’immense territoire de Kinshasa, mégalopole d’au moins treize millions d’habitants.

Dans un environnement sonore de Kinshasa, documentaire audio de Benjamin Bibas, tout commence naturellement avec une camionnette peinte par Jean-Marie Mosengo Odia, dit Moke Fils. Avec les wewa (motos-taxis) et les combis, les camionnettes converties en minibus font partie des moyens de transport les plus économiques et les plus populaires se déplacer dans l’immense territoire de Kinshasa, mégalopole d’au moins treize millions d’habitants.
Dans un environnement sonore de Kinshasa, documentaire audio de Benjamin Bibas, tout commence naturellement avec une camionnette peinte par Jean-Marie Mosengo Odia, dit Moke Fils. Avec les wewa (motos-taxis) et les combis, les camionnettes converties en minibus font partie des moyens de transport les plus économiques et les plus populaires se déplacer dans l’immense territoire de Kinshasa, mégalopole d’au moins treize millions d’habitants.

Face à l’accueil, c’est Captain America, de dos, face à Kin qui semble nous attendre. Ce personnage, extrait du Théâtre urbain (2016) de Nelson Makengo, sera-il le guide de ces « Kinshasa Chroniques » ?

Nelson Makengo (né en 1990 à Ruhengeri (Rwanda) ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titre, Série Théâtre urbain (2016) Tirage numérique Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Nelson Makengo (né en 1990 à Ruhengeri (Rwanda) ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titre, Série Théâtre urbain (2016) Tirage numérique Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Permettra-t-il au visiteur de découvrir la ville et les kinois, à la recherche comme Barbie de Kimpa Vita ?

Avant d’entreprendre sa déambulation, il convient de regarder avec attention des deux vastes plans de la ville (Kinshasa I, Kinshasa II, 2018) que propose Mega Mingiedi.

Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kinshasa I, Kinshasa II (2018) Technique mixte sur papier kraft 70x450 cm ; 70x450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kinshasa I, Kinshasa II (2018) Technique mixte sur papier kraft 70×450 cm ; 70×450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Mélange captivant de « poésie graphique, de collage, de dessin architectural et de cartographie », ce diptyque permet d’entrevoir la complexité de cette mégapole dix fois grande comme Paris.

Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kinshasa I, Kinshasa II (2018) Technique mixte sur papier kraft 70x450 cm ; 70x450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa). Kinshasa I (2018) Technique mixte sur papier kraft 70×450 cm ; 70×450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Comme le souligne le guide du visiteur : « Dans Kinshasa I, l’artiste prend pour focale la ville dite officielle. Les quartiers y sont désignés tels que par la municipalité. (…) Il attire l’attention sur les dangers du boom immobilier.

Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kinshasa I, Kinshasa II (2018) Technique mixte sur papier kraft 70x450 cm ; 70x450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Mega Mingiedi (né en 1976 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa). Kinshasa II (2018) Technique mixte sur papier kraft 70×450 cm ; 70×450 cm Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Dans Kinshasa II, c’est le regard des Kinois eux-mêmes qui est privilégié ; ainsi, communes et quartiers sont identifiés ici par leurs appellations en langila, slang kinois développé au début des années 2000, employé principalement par les artistes et les musiciens ». Ici, c’est l’histoire politique qui est montrée. Le personnage « désigne du doigt l’endroit où le président Laurent-Désiré Kabila a été assassiné le 16 janvier 2001 »…

Kinshasa Chroniques – Déambulations :

La découverte commence le long du haut mur de l’ancien chai avec le voyage imaginaire que propose Gosette Lubondo avec ses six photographies extraites de sa série Imaginary Trip

Gosette Lubondo (née en 1993 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Imaginary Trip # 1, 3, 7, 10, 14, 15 (2016) 6 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Gosette Lubondo (née en 1993 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Imaginary Trip # 1, 3, 7, 10, 14, 15 (2016) 6 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Après la lecture d’un tableau d’affichage aux étranges destinations pour « voir le monde », on la retrouve souvent dans un wagon déglingué, actrice de situations improbables entre rêves, souvenirs et réalité…

Un peu plus loin, un autre parcours ferroviaire est proposé par Junior D. Kannah avec les sept tirages de sa série Engunduka ya elili, le train de l’illusion (2014)

Junior D. Kannah (né en 1981 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Engunduka ya elili, le train de l’illusion (2014) 7 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Junior D. Kannah (né en 1981 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Engunduka ya elili, le train de l’illusion (2014) 7 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Pour l’artiste, ces images interrogent la destination du « train du changement » dans lequel est embarqué le peuple depuis le début des années 1990 : « En 2018, on a l’impression de n’avoir guère avancé.

Junior D. Kannah (né en 1981 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Engunduka ya elili, le train de l’illusion (2014) 7 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Junior D. Kannah (né en 1981 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Engunduka ya elili, le train de l’illusion (2014) 7 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Les consultations et les dialogues se poursuivent et rien ne se passe. Le train du changement est devenu un spectre de la démocratie, dans un cycle infernal qui se répète sans cesse depuis trente ans ».

Junior D. Kannah, Série Le train de l’illusion (2014)
Junior D. Kannah, Série Le train de l’illusion (2014)

Ces images conduisent le visiteur vers Épreuve d’allégorie (2017) de Sinzo Aanza, une installation composée de 264 tirages numériques et d’une sculpture en caillasse de grès.

Sinzo Aanza (né en 1990 à Goma (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Épreuve d’allégorie (2017) Installation – 264 tirages numériques et sculpture en caillasse de grès Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Imane Farès
Sinzo Aanza (né en 1990 à Goma (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Épreuve d’allégorie (2017) Installation – 264 tirages numériques et sculpture en caillasse de grès Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Imane Farès

Elle évoque Kinsuka, un quartier populaire de la commune de Ngaliema, dans la partie nord-ouest de Kinshasa, au bord du fleuve Congo. Les touristes viennent y admirer le coucher de soleil se coucher sur les rapides.

Sinzo Aanza (né en 1990 à Goma (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Épreuve d’allégorie (2017) Installation – 264 tirages numériques et sculpture en caillasse de grès Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Imane Farès
Sinzo Aanza (né en 1990 à Goma (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Épreuve d’allégorie (2017) Installation – 264 tirages numériques et sculpture en caillasse de grès Avec l’aimable autorisation de l’artiste et de la galerie Imane Farès

Des camions y enlèvent des tonnes de grès rouge extrait des carrières depuis les années 1950. Cette pierre a construit les beaux quartiers de la ville et détruit l’environnement local. À côté des chantiers d’exploitation, des casseurs de cailloux et leurs familles concassent à la main des tas de pierres pour leur propre compte…

Sinzo Aanza, Épreuve d’allégorie (2017) - détail
Sinzo Aanza, Épreuve d’allégorie (2017) – détail

Il faut ensuite traverser Postcolonial Dilemna Track #04 Remixed (2018), une installation du collectif Kongo Astronauts.

Kongo Astronauts (Eléonore Hellio, Bebson Elemba et Danniel Toya) - Postcolonial Dilemna Track #04 Remixed (2018) Installation Vidéo (8’39), objets confectionnés à partir de matériaux trouvés et recyclés Avec l’aimable autorisation des artistes
Kongo Astronauts (Eléonore Hellio, Bebson Elemba et Danniel Toya) –
Postcolonial Dilemna Track #04 Remixed (2018) Installation Vidéo (8’39), objets confectionnés à partir de matériaux trouvés et recyclés Avec l’aimable autorisation des artistes

Elle propose une traversée allégorique, déjantée, à la fois poétique et violente, de Kinshasa. Derrière la caméra et au montage, Éléonore Hellio, cofondatrice de KA ; à l’écran, le musicien, performeur et inventeur d’instruments Bebson Elemba et le plasticien Danniel Toya. Les objets mis en scène dans le film et présentés dans l’installation sont des créations d’Elemba et de Toya.

Cette déambulation se termine avec cinq photographies d’Olivier Kasongo, dit Olikas extraites de sa série Bilembo (2018) qui évoque les inondations et la pollution à Kinshasa.

Olivier Kasongo, dit Olikas (né en 1984 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Bilembo (2018) 5 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Olivier Kasongo, dit Olikas (né en 1984 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Sans titres, Série Bilembo (2018) 5 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Elles précèdent plusieurs planches de BD qui racontent le quotidien de Kin. Elles sont signées par des bédéistes des collectifs Lamuka (Luc Mayemba, Hervé Boliki, Micky Muteba, Rolly Kabuya) et Bulles africaines (Trésor Matameso, dit Papa Divin, André Ditu, Judith Kaluaji, Alain-Piazza Dinsundi, Albert Luba, Kennedy Nzungu).

Kinshasa Chroniques – Chronique 1 : Ville Performance

Première chronique en entrant à gauche, Ville Performance est introduite par Sapekologie téléportation (2017-2018), un costume en tissu et en coques de cacahuètes de Yannick Makanka Tungaditu, dit Yannos Majestikos.

Suivent un ensemble de mannequins qui montrent des créations de performeurs que l’on retrouve dans le montage des séquences vidéos tournées lors des éditions 2015, 2017 et 2018 du festival KinAct : Michel Ekeba, Cédrick Mbengi, dit 100 % Papier, Junior Mongongou, dit 10 Bureaux, Tickson Mbuyi

Vielle Performance -Kinshasa Chroniques au MIAM - Sète
Vielle Performance -Kinshasa Chroniques au MIAM – Sète

Ces costumes prennent tout leur sens dans les performances dont ils étaient un des éléments. Il est donc essentiel de prendre le temps de regarder les vidéos et les photos qui en rendent compte. Plusieurs de ces images sont accrochées en hauteur sur le grand mur du MIAM.

Le portrait de Julie Djikey, photographiée par Pascal Maître lors d’Ozonisation – Troisième ruelle (2013) est certainement une des images les plus fortes de cette section de « Kinshasa Chroniques ».

Julie Djikey (née en 1987 à Kinshasa ; vit et travaille à Lognes) Ozonisation – Troisième ruelle (2013) Performance photographiée par Pascal Maître
Julie Djikey (née en 1987 à Kinshasa ; vit et travaille à Lognes) Ozonisation – Troisième ruelle (2013) Performance photographiée par Pascal Maître

Corps enduit d’un mélange d’huile de moteur et de cendre de pneus brûlés, lunettes solaires et soutien-gorge en boîtes de conserve, ces images du travail de l’artiste qui sont devenues emblématiques des actions qui dénonce le réchauffement climatique et la destruction de la planète…

Julie Djikey, Ozonisation – Troisième ruelle (2013)
Julie Djikey, Ozonisation – Troisième ruelle (2013)

Un peu plus loin, quatre tirages de Renaud Barret montrent les performances d’un anonyme, de Christian Bokondji et de Fabrice Kayumba, dit Strombondoribo

Anonyme Vendeur d’oeufs (2017) Christian Bokondji (né en 1991 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Un diable dans la rue (2016) Fabrice Kayumba, dit Strombondoribo (né en 1984 à Kisangani (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Le diable est innocent ? (2015) Corps diplomatique (2015) Performances photographiées par Renaud Barret
Anonyme Vendeur d’oeufs (2017) Christian Bokondji (né en 1991 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Un diable dans la rue (2016) Fabrice Kayumba, dit Strombondoribo (né en 1984 à Kisangani (RDC) ; vit et travaille à Kinshasa) Le diable est innocent ? (2015) Corps diplomatique (2015) Performances photographiées par Renaud Barret

Kinshasa Chroniques – Chronique 2 : Ville Sport

Cette chronique est une des plus brèves de l’exposition, coincée entre la « Ville Performance » et la « Ville Paraître » qui partagent beaucoup et dont les frontières sont assez floues.

Les quatre photos de Dareck Tubazaya montrent le rôle important que jouent le football et la boxe dans le quotidien des quinois.

Dareck Tubazaya (né en 1985 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kin sport (2017) 4 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Dareck Tubazaya (né en 1985 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Kin sport (2017) 4 tirages numériques Avec l’aimable autorisation de l’artiste

Les deux marionnettes en papier mâché et en tissu de Widjo Wiyombo et la vidéo qui les accompagnent racontent l’historique match de box entre Muhammad Ali et George Foreman au Stade du 20 mai, dans le quartier de Matonge à Kinshasa. Souvent qualifié de combat du siècle., cette rencontre fut un événement planétaire qui est gravé dans la mémoire des kinois et Ali reste le champion du peuple et du continent tout entier…

Widjo Wiyombo (né en 1986 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Ali-Foreman (2016) Paire de marionnettes confectionnées en papier mâché et en tissu Avec l’aimable autorisation de l’artiste
Widjo Wiyombo (né en 1986 à Kinshasa ; vit et travaille à Kinshasa) Ali-Foreman (2016) Paire de marionnettes confectionnées en papier mâché et en tissu Avec l’aimable autorisation de l’artiste

L’accrochage joue opportunément sur la proximité de ces marionnettes pour mettre en valeur une très belle série de 30 photographies de Rek Kandol. Intitulée 9ème round (2008), elle montre avec force l’entraînement quotidien de jeunes boxeurs – hommes et femmes issus de quartiers défavorisés – le stade où s’est déroulé le match Ali-Foreman.

Rek Kandol, 9ème round (2008)
Rek Kandol, 9ème round (2008)

Kinshasa Chroniques – Chronique 3 : Ville Paraître

Francklin Mbungu, Sapeur Francklin, 2018
Francklin Mbungu, Sapeur Francklin, 2018

Yves Sambu, photographie • Jean-Christophe Lanquetin, photographie • Amani Bodo, peinture • M’Pambu Bodo Bodo, dit Bodo Fils, peinture • Francklin Mbungu, peinture/collage

Kinshasa Chroniques – Chronique 4 : Ville Musique

Renaud Barret - Dido Oweke, fabricant d'instruments - Quartier Ngwaka
Renaud Barret – Dido Oweke, fabricant d’instruments – Quartier Ngwaka

Jean Bosco Mosengo Shula, dit Shula, peinture • Roger Kangudia, photographie • Faustin Linyekula, capture vidéo • Renaud Barret, photographie • Wilfried Luzele, dit Lova Lova, clip vidéo • Fabrice Kayumba, dit Strombondoribo, clip vidéo • Yolande Ngoy, dite Orakle, enregistrement audio • Jean Benoît Bokoli, dit Micromega, enregistrement audio • Kongo Astronauts, enregistrement audio

Kinshasa Chroniques – Chronique 5 : Ville Capital(ist)e

Sammy Baloji, Affiches chinoises (détail) (2016)
Sammy Baloji, Affiches chinoises (détail) (2016)

Sammy Baloji, installation multimédia • Georges Makaya Lusavuvu, dessin • Sébastien Godret, photographie • Emani Koto Eko, photographie • Maurice Mbikayi, vidéo

Kinshasa Chroniques – Chronique 6 : Ville Esprit

Géraldine Tobe, Influence des églises sur la population (2017)
Géraldine Tobe, Influence des églises sur la population (2017)

Géraldine Tobe, peinture • Aicha Muteba Makana, performance photographiée par Barry Mody • Éric Androa Mindre Kolo, installation • Mega Mingiedi, installation

Kinshasa Chroniques – Chronique 7 : Ville Débrouille

Dareck Tubazaya, Objective (2018)
Dareck Tubazaya, Objective (2018)

Cédrick Nzolo, photographie • Dareck Tubazaya, photographie • Isaac Sahani, photographie • Rek Kandol, photographie

Kinshasa Chroniques – Chronique 8 : Ville Futur(e)

Bienvenu Nanga, Robot (2018)
Bienvenu Nanga, Robot (2018)

Kongo Astronauts, video et photographie • Bienvenu Nanga, sculpture • Hilaire Balu Kuyangiko, dit Hilary Balu, dessin • Sammy Baloji et Filip De Boeck, vidéo • Nelson Makengo, photographie

Kinshasa Chroniques – Chronique 9 : Ville Mémoire

Photomontage de documents d’archive
Photomontage de documents d’archive

Magloire Mpaka Banona, photographie

L’exposition « Kinshasa Chroniques » sera accompagnée d’un catalogue publié aux Éditions de L’Œil.

Chronique à suivre après le vernissage.

Pour la première fois, le MIAM accueille à Sète des artistes du continent africain. Ils vivent et travaillent principalement à Kinshasa, capitale de la République démocratique du Congo.

L’exposition Kinshasa Chroniques propose une approche de la capitale congolaise, troisième ville d’Afrique, née du regard d’artistes dont la pratique est ancrée dans une expérience intime de l’espace urbain. Soixante-dix créateurs—individus, binômes, collectifs—y disent par la plastique, par le verbe, par le son, Kinshasa telle qu’elles et ils la voient, la vivent, la questionnent, l’imaginent, l’espèrent, la contestent. La focale est éminemment contemporaine : photographes, vidéastes, performeurs, slameurs, rapeurs, peintres, bédéistes, ils et elles sont presque tous nés après 1980. En cela, l’exposition fait écho à la démographie de Kinshasa, dont la très grande majorité des habitants a moins de quarante ans. Engagés, à la recherche de manières nouvelles de dire et d’imaginer la ville, tant formellement qu’éthiquement et politiquement, les concepteurs que l’on rencontre ici mettent radicalement à mal clichés et images faciles.

Sur fond de déambulation—une traversée de Kinshasa qui mène les visiteurs de quartier en quartier—, l’exposition s’articule autour de neuf chroniques. Ces chroniques peuvent être abordées comme on aborderait la ville elle-même, de manière linéaire ou, selon l’intérêt et l’envie de chacun, en faisant des sauts, des impasses, des allers et retours. Performance, sport, paraître, musique, capital, esprit, débrouille, futur, mémoire : si les thématiques sont diverses, elles n’ont pas pour autant l’objectif d’offrir une vision englobante de Kinshasa. Il s’agit plutôt de suggérer des pistes, ou encore des points d’entrée, pour penser l’espace urbain kinois – pistes et points d’entrée inspirés par le travail des artistes eux-mêmes. L’objectif n’est pas non plus de présenter un panorama des arts contemporains à Kinshasa : l’exposition ne se veut en rien un survol. Plusieurs générations d’artistes sont à l’oeuvre dans la ville aujourd’hui, qui chacune mériterait une ou plusieurs expositions. A quelques exceptions près, qui ensemble confirment la règle, les créateurs en présence ici appartiennent à la plus jeune de ces générations. Si certains ont déjà exposé hors Congo, la plupart sont encore peu connus au-delà du milieu des arts kinois. C’est une importante lacune que Kinshasa Chroniques vise à combler.

Un objectif, encore : dialoguer via les formes, les thématiques, la scénographie avec d’autres lieux et initiatives qui se sont donné pour but d’exprimer la richesse, la complexité de la scène artistique congolaise. Biennale Picha de Lubumbashi qui, en 2017, célébrait sa cinquième édition ; ateliers, expositions, masters class organisés par le collectif kinois Eza Possibles et par Kin ArtStudio, espace fondé à Kinshasa par le plasticien Vitshois Mwilambwe Bondo ; festivals consacrés à la performance, eux aussi à Kinshasa—depuis 2015, les rencontres internationales de performeurs KinAct et en 2007 les Scénos urbaines ; Afropolis : Stadt, Medien, Kunst (Rautenstrauch-Joest Museum, Cologne, 2010-2011), exposition qui consacrait une importante section à Kinshasa ; Kinshasa ville des images (Museum für Kunst und Kulturgeschichte, Dortmund, 2012) ; Beauté Congo (Fondation Cartier pour l’art contemporain, 2015) ; Urban Now : City Life in Congo (WIELS, Bruxelles, 2016) ; Congo Art Works (Garage Museum of Contemporary Art, Moscou, 2017) ; Kinshasa 2050, rendez-vous annuel lancé par l’Institut français de Kinshasa en 2017… Kinshasa Chroniques s’inscrit dans la continuité de ces précédents et d’autres encore, et par-là souhaite contribuer à l’écriture plurielle d’une histoire de l’art urbain congolais. Dans l’optique, toujours, de dialoguer, les approches proposées dans l’exposition sont celles non pas d’un commissaire individuel, mais d’un collectif de praticiens dont les membres sont issus de domaines divers. Performance, architecture, urbanisme, histoire de l’art, science politique se rejoignent et s’interrogent mutuellement. La visée est non pas de dire la ville de Kinshasa, d’énoncer une ou des vérités la concernant, mais de l’écouter, d’apprendre d’elle.

C’est que les oeuvres regroupées dans Kinshasa Chroniques narrent une ville qui a passablement à enseigner à ses consoeurs d’Europe et d’Amérique du Nord. En matière de formes et de pratiques artistiques et en tant qu’espace de vie. Polycentralité, polyfonctionnalité, contigüité, densité, vitalité du commerce de quartier, économie circulaire : ces caractéristiques offrent un terreau de réflexion positif pour faire évoluer les villes au « Nord » vers plus de dynamisme social, de proximité, de fluidité fonctionnelle et de décentralisation de la production urbaine. Avec ses quelque treize millions d’habitants et 85% de sa surface auto-planifiée et auto-construite, Kinshasa peut, en effet, être perçue comme le révélateur d’une nouvelle façon de produire la ville.

La vie à Kinshasa est souvent très dure. Il ne s’agit pas de faire l’impasse là-dessus. Mais de désespoir non plus il n’est pas question ici. Et pour cause. Les portraits-catastrophe de Kinshasa, et du Congo plus largement, que véhiculent les médias au « Nord » trouvent peu d’écho dans la production artistique de la ville. Infrastructure dévastée, chômage endémique, militarisation de l’espace, violence quotidienne— ces sujets, ces obstacles, sont bien évidemment traités, mais aussi, et souvent simultanément, la poésie, l’espoir. Kinshasa, vue par ses artistes aujourd’hui, est un espace de possibles. C’est à ces possibles qu’est consacrée cette exposition.

Kinshasa est une aporie. Une expérience intense pour qui y a été ou y a vécu, dont il est presque impossible de faire le récit à qui n’y a pas été. Une ville impossible à montrer, à raconter, à exposer. Multiples sont les incompréhensions, les mots n’y suffisent pas, les images non plus. Un trou noir, un mirage, un fantôme. Comment alors, à partir de quoi, envisager la scénographie, en France, d’une exposition, rassemblant plus de 70 artistes vivant ou ayant vécu à Kin.

Kinshasa Chroniques - Scénographie - Jean-Christophe Lanquetin - Le grand mur dans la salle d’exposition à Sète 32mx6m
Kinshasa Chroniques – Scénographie – Jean-Christophe Lanquetin – Le grand mur dans la salle d’exposition à Sète 32mx6m

Je ne peux pas simplement ‘représenter Kinshasa’ avec l’illusion problématique d’en donner une vision globale, sous la forme d’une scénographie d’exposition sans prendre en compte le fait que ce geste participe explicitement d’une forme de centralité réactualisée de l’Occident. Je suis européen et évidemment mon point de vue est façonné par une foi en la distance qui surplomberait ainsi que par un passé colonial auquel je ne peux échapper. J’ai certes vécu et travaillé longuement à Kin mais cela ne change pas grand chose, cela me rend juste, peut-être un peu attentif. Mes réflexes, le projet lui-même auquel je participe, en France, font question. Et la scénographie en tant que pratique opérant une mise en représentation, tout autant.

« L’acte de représenter (et donc de réduire) implique presque toujours une violence envers le sujet de la représentation ; il y a un réel contraste entre la violence de l’acte de représenter et le calme extérieur de la représentation elle-même, l’image (verbale, visuelle ou autre) du sujet. (…) il y a toujours ce contraste paradoxal entre la surface, qui semble être sous contrôle, et le processus qui la produit, celui-ci impliquant inévitablement quelques degrés de violence, de décontextualisation, de miniaturisation, etc. L’action et le processus de la représentation implique du contrôle, de l’accumulation, du confinement ; cela implique un certain type d’étrangement ou de désorientation de la part de celui qui représente ». Edward Saïd.

Penser qu’on peut réellement échapper à cette ‘violence envers le sujet’ dont parle Saïd est illusoire. On est pris dedans. De la représentation surgira malgré tout, parce qu’elle fait partie d’un complexe de mise en forme du monde qui s’est diffusé partout au point d’être devenu diffus et invisible… à commencer par les habitudes du visiteur. Mais cela n’empêche pas de travailler à éloigner, à mettre entre parenthèse, en somme à affaiblir la (re)présentation, en multipliant les formes de présentation, un geste plus franc, plus direct (même si pas dépourvu d’ambiguïtés lui non plus). Comment avec l’espace comme matériau, faire glisser l’expérience du visiteur, quel(s) déplacement(s) opérer ? Saïd nomme avec précision certaines opérations à interroger : miniaturiser, décontextualiser, accumuler, confiner… J’ajouterais découper, cadrer, donner à voir dans un face à face avec le spectateur… Or ce sont justement les ‘outils’ de scénographe, des opérations que l’on mène constamment envers le sujet que l’on expose, quel qu’il soit. Il s’agit d’interroger l’évidence de ces opérations ‘naturelles’, que nous menons sans réfléchir à la violence qu’elles impliquent. C’est dans leur affaiblissement, leur déplacement qu’émergent peut-être, à ce stade, des possibles. Il n’est pas sûr que l’on puisse y échapper, mais il y a une nécessité à chercher ailleurs, un au-delà à explorer. Construire quelque chose de nouveau ? Cela donne souvent l’impression d’un mur à traverser car engager un tel pas de coté, même s’il ouvre aux possibles, laisse singulièrement démuni. On ne sait pas bien par où aller.

Pour l’expo Kinshasa Chroniques, deux pistes ont fait progressivement sens : l’espace est structuré par des couleurs. Elles sont à vrai dire le seul repère que nous donnons en les faisant correspondre à chacune des chroniques. Un travelling vidéo de Florent de la Tullaye dans les rues de Kin, où l’on voit que la couleur est le moyen principal qu’ont les gens pour donner une qualité au bâti, par ailleurs le plus souvent précaire, a permis un choix de rapports de couleur sur couleur, y compris dans les écritures. Cela résout plusieurs enjeux de lecture de l’exposition, mais cela passe par une opération d’abstraction qui peut faire question.

La linéarité de l’organisation de la ville, ses longues rues et avenues droites, sans fin (le schéma d’urbanisme de l’époque coloniale) m’avait marqué. C’est évidemment un peu dérisoire à l’échelle d’une exposition tant cette ville est immense et multiple, mais cela a fini par déterminer la disposition des cimaises. Cela permet d’éviter une scansion plus classique de l’espace destinée à guider le visiteur, faite de points forts, de mises en relations. Ici les lignes droites font que les parcours sont aussi peu imposés que l’espace le permet. Elles autorisent par endroits une errance, Elle permettent de matérialiser un double parcours, un espace-temps où l’on ne voit rien ou presque : une face des cimaises est ainsi laissée vide, simplement colorée. Cet face vide est une interrogation : il faut chercher les oeuvres, elles ne se donnent pas à voir si facilement. C’est sur l’autre face des cimaises qu’elles sont présentes dans une accumulation spatiale qui est plutôt juxtaposition, accumulation, que mise en dialogue : on plonge dans un foisonnement, une oeuvre n’est jamais visible seule, elle est en relation latérale, de biais, elliptique, avec l’ensemble de ce qui l’entoure.

Et il y a surtout les artistes et leurs oeuvres. La force de cette exposition, c’est qu’il y a 71 points de vue sur la ville de Kinshasa. Une multitude d’interstices inventifs apparaissent. C’est évidemment là que quelque chose de la ville se raconte et, pour le coup, se (re)présente. Le fait que cela vienne de regards d’artistes façonnés par cette ville change la dynamique des questionnements évoqués plus haut. Dans le contexte actuel, il y a une forme de légitimité dans leur point de vue qui leur permet assez librement de rejouer les conventions de la (re)présentation. Ils en ont été longtemps l’objet, ils en sont aujourd’hui les sujets. C’est évidemment eux qui ont des pistes à proposer, là où, je l’évoquais plus haut, souvent je tâtonne. Il serait évidemment possible de mettre le dispositif d’exposition en retrait, de ‘laisser parler les oeuvres’ comme on dit, mais il est autrement important d’essayer de donner forme, dans l’espace, à l’interrogation que constitue en bien des points ce geste d’exposer aujourd’hui, en France, dans le contexte d’un musée, ces artistes.

On échappera pas à la décontextualisation, à la miniaturisation, au confinement. Un espace très grand permettrait peut-être de produire une étendue où affleure la violence de l’opération de présentation, plus que la violence de ce que l’on présente (je pense ici aux multiples clichés sur les villes africaines et sur Kin en particulier). Où la découpe opérée par le fait que nous sommes dans un lieu fermé (un musée), s’atténuerait. Cela permettrait de dé-focaliser, de créer un vide qui fasse qu’en entrant on se perde en déambulant, on ne tombe pas directement sur les oeuvres, qu’il faille les chercher. On parviendrait, je pense, à défaire la mise en dialogue classique des oeuvres. Un grand espace permettrait des jeux de focale multiple pour un corps percevant en mouvement, des jeux d’intensité, d’accumulation, de juxtaposition, de décadrage, de brouillage, etc. Un parcours rendu par moments erratique, mais intense. Ou alors… inscrire les choses directement dans un contexte (ici Sète, plus tard Paris)… Rendre les oeuvres presque invisibles, dispersées, camouflées, fondues dans le lieu où elles sont montrées. Ainsi peut-être, Kinshasa deviendrait ce qu’elle est, vu d’ici… un mirage. Une idée, quelque chose dont on ne sait pas grand chose mais qui est malgré tout présent, via des gestes d’artistes, qui n’est pas confiné, qui traine, dans l’air, avec lequel on vit. Un fantôme qui se diffuse dans notre quotidien. Et peut-être ce fantôme ouvrirait-il des espaces de contact.

Jean-Christophe Lanquetin

Claude Allemand

Claude Allemand est historienne de l’art et conservateur général du patrimoine honoraire. Comme conservateur aux musées départementaux de Loire-Atlantique-Musée Dobrée à Nantes, elle a surtout étudié et publié sur l’iconographie de la ville et du département ainsi que sur l’histoire de l’urbanisme et de l’architecture à Nantes et à Clisson au XVIIIe et XIXe siècles. Au musée des Beaux-Arts de Nantes, responsable des collections du XIXe siècle et adjointe au directeur, elle a assuré le commissariat d’expositions et des publications scientifiques sur Les Années romantiques, Paul Delaroche, Burne-Jones, Henry Moore, Sarkis ou Gaston Chaissac par exemple ainsi que des expositions à l’étranger à partir des tableaux du XIX° siècle du musée. Enfin comme directrice du Fonds national d’art contemporain (FNAC) au Centre national des arts plastiques à Paris, elle a favorisé l’étude et diffusion des œuvres du FNAC en France comme à l’étranger, en Roumanie ou en Afrique, à Kinshasa et à Douala. Elle collabore à des publications scientifiques au musée Léon Dierx à La Réunion. Elle est membre du Conseil d’administration du Musée international des arts modestes (MIAM).

Sébastien Godret

Sébastien Godret est photographe, commissaire d’exposition et producteur, diplômé de l’université de Bourgogne en muséologie, actions artistiques (DEA-master 2). Auteur multisupport, son travail interroge le rapport entre la ville, l’architecture et la société avec une approche artistique et documentaire. Son action consiste à observer la ville comme un objet culturel révélateur d’une société. Ayant travaillé sur de nombreuses villes dans le monde, sa réflexion l’amène à analyser et à comparer les systèmes urbains et à mener une réflexion sur les transferts de pratiques, pour imaginer des villes équilibrées entre fonctionnalité et vie sociale.
Il a assuré le commissariat de plusieurs expositions, dont Mega City in China (2006), Ecologique cité (2007), Emirates City (2009), Bidonville, l’autre ville (2011), La ville africaine (2013) et Dallas, Big D (2016).

Androa Mindre Kolo

Né en 1983 à Aru au Zaïre, actuelle République démocratique du Congo, Androa Mindre Kolo a grandi à Kinshasa. Il y fait ses études à l’Académie des Beaux Arts de Kinshasa, puis reçoit un Diplôme d’Expression Plastique (DNSEP) à l’Ecole Supérieure des Arts Décoratifs de Strasbourg (aujourd’hui Haute Ecole des Arts du Rhin). Son travail d’artiste parle du corps comme émetteur et récepteur des conflits, de plaisirs, de problèmes qui traversent le monde et lui même. Sa pratique questionne aussi l’actualité avec les yeux d’un mikiliste (« qui a vu le monde », en lingala), par le biais de collages, d’installations, mais surtout de performances. Il a travaillé avec Steven Cohen (chorégraphe et performer, Afrique du Sud), Esther Ferrer (artiste performeure, Espagne), Sello Pesa (chorégraphe, Afrique du Sud), a présenté des projets dans le cadre du projet de résidences et de festivals international Scénographies Urbaines (Kinshasa, Dakar), du Festival Nouvelles Danses (Pôle Sud, Strasbourg), du Festival INACT (Hall des Chars, Strasbourg), des rencontres Ville[s] en Jeu[x] (Théâtre du Maillon / Haute École des Arts du Rhin, Strasbourg). Il prépare actuellement la mise en place de ses nouvelles créations et développe un projet intitulé Fondation Androa Mindre Kolo, à la frontière entre création et enjeux sociaux. Il vit et travaille à Strasbourg.

Dominique Malaquais

Dominique Malaquais (Ph.D. Columbia University) est Chargée de recherche au CNRS (Institut des mondes africains, Paris) et, avec Kadiatou Diallo, co-dirige la plateforme curatoriale expérimentale SPARCK (Space for Pan-African Research, Creation and Knowledge). Elle s’intéresse aux intersections entre violences politiques, inégalités économiques et élaborations de cultures urbaines à l’ère du capitalocène. Parmi ses projets récents : exposition (Musée du quai Branly) et constitution d’une archive sur les grands festivals panafricains d’art et de culture des années 1960 et 1970 (PANAFEST Archive); réflexions sur les échanges entre Afrique et Asie à travers les arts visuels, la littérature, l’urbanisme et la spiritualité (Afrique-Asie: arts, espaces, pratiques, co-dirigé avec Nicole Khouri et publié en 2016); Archive (re)mix (2015), collection d’essais sur la production de l’art, visuel et textuel, en tant qu’instrument d’exploration de matériaux et de techniques relatifs à l’archive (co-dirigé avec Maëline Le Lay et Nadine Siegert). Malaquais est membre du comité de rédaction de nombreuses revues – Chimurenga, Poltique africaine et Savvy, entre autres. Elle occupe le poste de Past President au sein d’ACASA (Arts Council of the African Studies Association).

Fiona Meadows

Fiona Meadows, architecte DPLG (DEA en théorie de l’architecture contemporaine), est lauréate des bourses Monbusho, Villa Médicis hors les murs et l’Envers des villes. Elle enseigne à l’Ecole supérieure nationale d’architecture de Paris La Villette depuis 1994 et, depuis 2001, y est responsable d’un enseignement en 3ème cycle sur « la maison individuelle et ses groupements, ici et ailleurs » (devenu master en 2006). Responsable de programmes à l’IFA / Cité de l’architecture et du Patrimoine (depuis 1999), elle y a assuré le commissariat de nombreuses expositions, dont La ville en Tatirama, Les maisons du bonheur, Les cases Musgums, Cartons Peints!, Ma Cantine en ville, Habiter le campement … Meadows est/a été membre fondateur du groupe Archimedia (1992-2003), membre du conseil d’administration de Patrimoine Sans Frontières présidé par Béatrice de Durfort (2001-2009), membre fondateur de l’Organisation des Architectes Alternatifs présidée par Patrick Bouchain (2004 -2010) , membre du Conseil d’administration de Plaine Commune Habitat (depuis 2014).

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