Raphaël Zarka – Spolium à Lattara – musée Henri Prades

Jusqu’au 19 février 2019, le Site archéologique Lattara – musée Henri Prades accueille Raphaël Zarka avec « Spolium ».

Avec cette proposition qui rassemble cinq œuvres installées sur les deux niveaux de présentation de la collection permanente, Raphaël Zarka succède à Arnaud Vasseux qui avait l’an dernier occupé simultanément le Frac Occitanie Montpellier et le musée Henri Prades avec « Du double au singulier ». Ce projet s’inscrit dans une politique que le site archéologique Lattara – musée Henri Prades conduit depuis 2007. En effet, chaque année un artiste contemporain est invité à confronter sa recherche personnelle au site de fouille et aux espaces du musée dans le cadre d’une résidence.

Raphaël Zarka en compagnie de Diane Dusseaux , directrice du musée et Nicolas Bourriaud , commissaire de l'exposition - Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
Raphaël Zarka en compagnie de Diane Dusseaux , directrice du musée et Nicolas Bourriaud , commissaire de l’exposition – Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades

Cette année, l’équipe du musée Henri Prades a souhaité associer Nicolas Bourriaud comme commissaire de l’exposition. Le choix d’inviter Raphaël Zarka s’est naturellement imposé. Les deux hommes se connaissent et s’apprécient de longue date et l’artiste a été accueilli en résidence aux archives de l’Ensba quand Nicolas Bourriaud en assurait la direction.

Pour le commissaire, le choix de Raphaël Zarka s’imposait. En effet, il souligne que « dans son travail, il regarde notre environnement comme s’il s’agissait d’une civilisation disparue, comme si la ville était une gigantesque sédimentation du passé et que la civilisation la plus énigmatique était la notre… »

Raphaël Zarka présente Mount Melville, 2018 - Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
Raphaël Zarka présente Mount Melville, 2018 – Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades

Raphaël Zarka connaît bien le site et le musée qu’il a découvert, jeune collégien, l’année de son ouverture. Mais au-delà, l’artiste affirme un intérêt majeur pour « l’instabilité temporelle » et que son travail traite avant tout de la « migration des formes ». Cette approche singulière s’est imposée depuis la découverte de deux rhombicuboctaèdres à proximité de Sète. Ils ont initié sa première série « Les formes du repos » et son « Catalogue Raisonné des Rhombicuboctaèdres » qui avaient en partie fait l’objet de son exposition personnelle au MRAC à Sérignan en 2013/2014Raphaël Zarka s’est alors fait « archéologue et bibliothécaire, collectionneur et découvreur des formes mathématiques ». Son regard s’est aussi dirigé vers les cadrans solaires écossais des XVII et XVIIIe siècles…

L’artiste interroge ainsi la question du « remploi, comme stratégie et comme geste d’auteur ». « Spolium », le titre de son exposition que l’on peut traduire par dépouille ou butin qu’on enlève sur l’ennemi abattu et tué, renvoie ici à « une réutilisation dans un cadre nouveau, comme une sorte de renaissance, une démarche inter-temporelle ».

Depuis le début du mois de mai 2018, Raphaël Zarka est venu plusieurs fois sur le site pour concevoir trois nouvelles créations qui s’intègrent dans le nouveau parcours de la collection permanente.

Mount Melville et Lavaur s’inscrivent dans la recherche que l’artiste conduit depuis plusieurs années autour des cadrans solaires écossais des 17e et 18e siècles.
Par les matières mises en œuvre (chêne massif et béton fibré), ces deux statues entretiennent un dialogue intéressant avec l’architecture du musée de Jean Massota.
La première est surmontée d’un rhombicuboctaèdre aux faces carrées et triangulaires, ce volume géométrique essentiel dans le parcours de Raphaël Zarka.

Projet de monument pour un jardin écossais (d’après Joshua Kirby) est composée de 13 polyèdres en poirier massif. L’artiste souligne son intérêt pour les socles et la place essentielle qu’ils occupent dans ces œuvres. Ces 13 volumes pour un jardin ne pouvaient pas trouver un « socle » plus « approprié » et « prestigieux » que la magnifique mosaïque géométrique que conserve le musée.

Raphaël Zarka - Projet de monument pour un jardin écossais (d’après Joshua Kirby), 2018 - Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
Raphaël Zarka – Projet de monument pour un jardin écossais (d’après Joshua Kirby), 2018 – Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades

Ces trois œuvres sont complétées par une sculpture et une encre sur papier présentées récemment à la Maison des Arts Bernard Anthonioz lors d’un dialogue intitulé « Fables, Formes, Figures » avec Emmanuel Van der Meulen.

Le Troisième Homme (d’après Arthur M. Schoenflies), 2017 présente un rhombicuboctaèdre aux faces carrées et triangulaires en verre soufflé partiellement rempli d’eau déminéralisée. Posé sur socle particulièrement travaillé en chêne et en pierre de Vilhonneur, ce polyèdre vient jouer avec la lumière changeante qui pénètre dans l’espace du musée depuis le site archéologique.

Raphaël Zarka - Cadran Solaire n°1 (d’après Ambroise Bachot), 2017- Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
Raphaël Zarka – Cadran Solaire n°1 (d’après Ambroise Bachot), 2017- Spolium Site archéologique Lattara – musée Henri Prades

Cadran Solaire n° 1 (d’après Ambroise Bachot), 2017 réinvente en une « mosaïque » d’encres de couleur sur papier une planche gravée du Timon d’Ambroise Bachot conservé à École Nationale Supérieure des Beaux Arts de Paris. Cette œuvre trouve naturellement sa place au-dessus de la mosaïque géométrique conservée par le musée Henri Prades

Ces cinq œuvres de Raphaël Zarka méritent sans aucun doute un passage par le site de Lattara. À leur rencontre, chacun pourra imaginer ses propres narrations, construire ses rapprochements et ses dialogues avec les objets de la collection et l’architecture du bâtiment.
Au-delà, c’est aussi l’occasion de parcourir la nouvelle présentation de la collection permanente et de découvrir la très intéressante exposition temporaire « La navigation lagunaire. 2000 ans de secrets révélés par le musée d’archéologie de Catalogne ».

En savoir plus :
Sur le site du Site archéologique Lattara – musée Henri Prades
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Raphaël Zarka sur le site de la galerie Michel Rein

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