À première vue chez Maupetit, côté galerie – Marseille

Jusqu’au 23 février 2019, Maupetit, côté galerie accueille « À première vue », une exposition collective qui propose un regard parmi les « premières photographies » laissées à la sortie de l’École nationale supérieure de la photographie d’Arles par ses diplômés.

À première vue - Maupetit, côté galerie - Vue de l'exposition
À première vue – Maupetit, côté galerie – Vue de l’exposition

Le commissariat est assuré par Juliette Vignon, responsable des expositions et des éditions à l’ENSP – École nationale supérieure de la photographie d’Arles.
Dans le texte qui accompagne « À première vue » (lire ci-dessous), elle définit à la fois le contexte dans lequel ce projet est produit et ses intentions.

À première vue - Maupetit, côté galerie - Vue de l'exposition
À première vue – Maupetit, côté galerie – Vue de l’exposition

Après 32 ans passés dans le centre d’Arles, l’ENSP se prépare à déménager pour un nouveau bâtiment situé en face de la tour que Frank Gehry a dessiné pour Luma Arles. Une belle occasion d’ouvrir les archives de l’école qui rassemble plus de mille images.
2019 marque aussi les 100 ans de la librairie Maupetit dont l’intérêt pour la photographie n’est plus à démontrer…

À première vue - Maupetit, côté galerie - Vue de l'exposition
À première vue – Maupetit, côté galerie – Vue de l’exposition

L’exposition « À première vue » s’est donc imposée comme une évidence avec la volonté « d’ouvrir le regard au public sur ces images insolites, premiers pas d’artistes qui pour certains sont devenus de grands noms de la photographie ».

Pour sa commissaire :

« À première vue » ne cherche pas à présenter un ensemble exhaustif des promotions sorties de l’ENSP mais souhaite offrir une aventure visuelle, un jeu de regards et d’inspirations revendiquées ou fortuites entre les œuvres présentées (…), avec comme fil rouge la question de la présence et de la représentation de l’individu.

Qu’il pose ou qu’il passe, qu’il pense ou qu’il joue, qu’il sourie ou se cache, il est là. Cet ami, cet inconnu, cet amour, ou encore cet enfant rencontré lors d’une prise de vue en 1988 dont Valérie Jouve a su capter ce sourire cristallin, tissent le lien de cette exposition.

Au-delà d’une exposition de portraits, il s’agit davantage de celle de rencontres où chaque personne qui figure sur ces images a été, à un moment donné, la belle excuse pour une photographie ».

Valérie Jouve Sans Titre, 1988 - À première vue - Maupetit, côté galerie
Valérie Jouve Sans Titre, 1988 – À première vue – Maupetit, côté galerie

L’accrochage traduit parfaitement ces ambitions…

Construit comme une longue frise dans les deux premiers tiers de son parcours, il propose souvent des blocs de trois épreuves de photographes différents suggérant des rapprochements ou des oppositions pertinentes (Gilles Iman – Jean-François Dalle-Rive – Jack Varlet / Pascal Bois – Maria Do Mar Rego – Eric Karsenty / Rebecca Topakian – Caroline Chevalier – Gilles Pourtier / Mylène Blanc – Laurence Bonvin – Emilie Traverse)… Mais, à y regarder de plus près, on remarque plusieurs images qui relient subtilement ces séquences.

Ces séquences ternaires sont opportunément ponctuées par quelques images isolées (Valérie Jouve / Edith Roux / Robin Lopvet) et de rares « diptyques » (Olivier Metzger – Pierre Even Anne / Tage Kristensen & Slvester Engbrox – Lukas Roth / Guillaume Delleuse)

Dans son dernier tiers, des cimaises couvertes d’un orangé assez dense présentent des séries cohérentes qui se suffisent à elles-mêmes (Anna Broujean / Pierre Toussaint / Mathieu Pernot).

On regrettera toutefois quelques reflets ennuyeux sur certains tirages et une teinte orangée qui se réverbère à quelques endroits, en particulier du côté de la fenêtre, troublant un peu la perception des couleurs…

À l’exception de ces quelques remarques techniques, on a retrouvé avec beaucoup de plaisir Maupetit, côté galerie dont on a malheureusement manqué les dernières expositions…

« À première vue » mérite sans aucun doute un passage par le premier étage de l’historique librairie de La Canebière !

« À première vue » s’inscrit dans la programmation du 9ème Festival Parallèle – Plateforme pour la jeune création internationale. C’est aussi la deuxième collaboration de Maupetit, côté galerie avec Parallèle. On garde le souvenir de son exposition « Jeune photographie européenne » dans le cadre du Festival 2016

Dans l’abondante programmation du Festival Parallèle, plusieurs expositions sont annoncées dont « La Relève » à la Galerie art-cade et à la Galerie HO ainsi que « Mes témoins » de Silvia Costa chez HLM / Hors-Les-Murs. Le Frac PACA accueille de son côté « Bergman in Uganda », une installation vidéo de Markus Öhrn.

En savoir plus :
Sur la page Facebook de Maupetit, côté galerie
Sur le site de Parallèle – Plateforme pour la jeune création internationale
Suivre l’actualité de Parallèle – Plateforme pour la jeune création internationale sur Facebook, Twitter et Instagram
Sur le site de l’ENSP – École nationale supérieure de la photographie

Valérie Jouve Sans Titre, 1988
Valérie Jouve — Sans Titre (issue de la commande d’Urbanis sur l’im-meuble Nemausus), tirage baryté tiré par l’auteur,1988 ©Valérie Jouve

En 1982, l’École nationale supérieure de la photographie accueillait ses pre-mier.e.s étudiant.e.s.

37 ans plus tard, s’ouvre pour l’établissement une nouvelle aventure, en quittant le centre ancien d’Arles et l’hôtel particulier du 16 rue des Arènes, pour un bâtiment contemporain aux allures d’appareil photo, boulevard Victor Hugo. Plus de 800 étudiant.e.s ont découvert, expérimenté, senti et ressenti la photographie jusque dans ses moindres recoins. Des nuits blanches passées dans la pénombre des laboratoires, aux heures studieuses dans la bibliothèque, des écoutes plus ou moins attentives dans l’auditorium, à tout ce qui se passe là où on ne le voit pas : bars, cafés, rues, appartements… Arles et l’ENSP ont offert le temps de quelques années le champ libre à ces jeunes artistes en devenir.

De ces diverses promotions, l’école a gardé des traces : photographies données ou fruits d’expositions collectives. Celles-ci constituent aujourd’hui un fond de plus de mille œuvres.

Depuis leur diplôme, beaucoup sont devenu.e.s artistes auteur.e.s confir-mé.e.s ou travaillent autour de la photographie : commissaire d’expositions, directeurs.trice.s d’institutions culturelles ou d’écoles d’art, iconographes, etc. et ces années d’insouciance étudiante peuvent sembler bien loin.

Pour cette deuxième collaboration avec le Parallèle – Festival de la jeune création internationale et la Librairie Maupetit qui fête ses 100 ans, est née l’envie d’aller jeter un œil dans les archives de l’ENSP pour retrouver leur « première photographie ».

La pratique argentique des années 1980 laissant la place à l’arrivée du numérique et des nouvelles possibilités technologiques dans les années 1990-2000 a influencé le rapport des étudiant.e.s et futur.e.s diplômé.e.s de l’ENSP à la photographie et plus généralement à l’image, devenue encore plus malléable.

À première vue ne cherche pas à présenter un ensemble exhaustif des promotions sorties de l’ENSP mais souhaite offrir une aventure visuelle, un jeu de regards et d’inspirations revendiquées ou fortuites entre les œuvres présentées, une délectation à découvrir dans ces images des codes de prise de vue classiques ou les audaces photographiques de ces artistes, qui inventent alors un langage visuel, avec comme fil rouge la question de la présence et de la représentation de l’individu.

Qu’il pose ou qu’il passe, qu’il pense ou qu’il joue, qu’il sourie ou se cache, il est là. Cet ami, cet inconnu, cet amour, ou encore cet enfant rencontré lors d’une prise de vue en 1988 dont Valérie Jouve a su capter ce sourire cristallin, tissent le lien de cette exposition.

Au-delà d’une exposition de portraits, il s’agit davantage de celle de rencontres où chaque personne qui figure sur ces images a été, à un moment donné, la belle excuse pour une photographie.

Représenter l’autre ou soi-même questionne son rapport au corps, au geste, à l’espace mais aussi au temps, à la présence et donc à l’absence. Comme l’écrit Arnaud Claass « la photographie fige et peut donc montrer le monde tel qu’elle le trouve, ou tel qu’elle le reconstitue par une scénographie, ou bien tel qu’elle le synthétise ».
C’est ce « formidable pouvoir d’ostension de la photographie qui lui confère une présence incomparable » (1).

L’autre se découvre au fil de cette exposition. Il apparaît comme une présence en suspens dans l’œuvre d’Olivier Metzger, une intimité presque étrange dans celles de Mylène Blanc, Caroline Chevalier ou Gilles Pourtier, un corps en mouvement figé par les infrarouges de l’appareil de Rebecca Topakian, ou celui d’Émilie Traverse. Puis l’autre se dévoile aussi dans la confiance qui se tisse entre le modèle et l’artiste et qui donne cette force aux portraits de Mathieu Pernot ou Pierre Even. L’autre offre aussi les promesses d’un voyage en partance de la Joliette chez Valérie Jouve, lors d’une nuit de mistral pour Jean-François Dalle-Rive, ou à l’arrière d’une voiture comme dans la photographie d’Eric Karsenty. Enfin le corps devient décor chez Guillaume Delleuse, Pierre Toussaint ou Anna Broujean, et joue l’humour avec Robin Lopvet.

Cette exposition est enfin l’occasion de célébrer avec sympathie et bienveillance la photographie française diplômée de l’École nationale supérieure de la photographie.

Qu’en soient remerciés les artistes présenté.e.s, qui pour certain.e.s ont redé-couvert avec une sorte de bonheur proustien des images oubliées, ainsi que la Galerie Maupetit et le Festival Parallèle, qui ont fait preuve d’un bel enthousiasme dès les prémices du projet.

Juliette Vignon

(1) Arnaud Claass, Qu’avez-vous fait de la photographie, 2012, p.37

Commissariat : Juliette Vignon
Une production ENSP – École nationale supérieure de la photographie (Arles) en coréalisation avec Maupetit et Parallèle – Plateforme pour la jeune création internationale.

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