Paul Destieu à Art-cade – Marseille

Jusqu’au 28 septembre 2019, Art-cade accueille à la Galerie des grands bains douches de la Plaine une importante exposition monographique de Paul Destieu.

Très attendue, cette exposition est sans aucun doute un des évènements marquants de la Rentrée de l’art contemporain à Marseille. Quatre structures marseillaises et aixoises (Otto-Prod, Art-cade*, Lab Gamerz et D.D.A Diffusing Digital Art) sont à l’origine de ce projet qui rassemblera plusieurs pièces inédites de Paul Destieu, mais aussi un ensemble d’installations plus anciennes qui montrent avec force la originalité et la portée de son travail.

Paul Destieu - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Les habitué.e.s du festival Gamerz connaissent inévitablement démarche singulière de cet artiste. Pour celles et ceux qui l’ignorent, un passage par la galerie s’impose avant la fin septembre.

L’exposition est construite avec beaucoup de soin et de rigueur. Le parcours propose une découverte fluide et captivante du travail de Paul Destieu, alternant avec justesse et pertinence vidéos, sculptures, installations et œuvres sur papier.

Paul Destieu - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

La scénographie très sobre et un éclairage impeccable valorisent parfaitement les pièces exposées et offrent au visiteur des conditions idéales pour en mesurer toute la richesse et l’intérêt. D’habiles perspectives conduisent le regard sans jamais le contraindre, tout en aiguillonnant subtilement l’attention et la curiosité.

Le parcours débute par « Fade Out, Sans Titre n° 2, 2011 », photographie d’une performance emblématique du travail de Paul Destieu. On peut aussi apprécier le choix de cette image pour l’ironie de son titre qui nous invite à commencer par un « fondu de sortie »…

Paul Destieu - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Fade Out, Sans Titre n°2, 2011 – Art-cade – Marseille

Après une vidéo (« Shuffle, 2014 ») qui nous convie « à parcourir l’histoire du rock dans un trajet métronomique », la première galerie est entièrement consacrée au cycle Archive d’une frappe.

Dans cette recherche, Paul Destieu interroge avec divers moyens plastiques « la notion de la matérialisation de formes sonores et musicales ».

Paul Destieu - Archives d'un frappe - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Archives d’un frappe – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Au centre de cette galerie, deux sculptures expriment, en utilisant l’impression 3D, les « tensions du mouvement entre le musicien et son instrument » à partir de « la capture des mouvements électromagnétiques du percussionniste Damien Ravnich »…

Sur la cimaise, trois partitions sont écrites à partir d’un enregistrement des coordonnées X, Y et Z des deux baguettes du batteur dans l’espace.

Paul Destieu - Mouvements pour batterie, code XML sur portées, 2019 - Art-cade - Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Mouvements pour batterie, code XML sur portées, 2019 – Art-cade – Marseille – Photos Luce Moreau

Le code de ce fichier XML vient se superposer aux portées proposant ainsi « une forme abstraite de partition graphique entre impression altérée et paysage sonore ».

Ces trois pièces (« Mouvements pour batterie, Descente de tom » et « Mouvements pour batterie, Délié » et « Mouvements pour batterie, Solo pour caisse claire, charleston et tom alto » ainsi que l’une des sculptures 3D (« Descente de tom ») ont été produites pour l’exposition par Production M2F Créations, Lab GAMERZ et OTTO-Prod.

Paul Destieu - Archive d'une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Archive d’une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Au fond de la galerie, une partition en quatre feuillets réalisée en 2014/2015 montre un premier projet (« Archive d’une frappe/Mouvements pour batterie ») d’exprimer graphiquement les mouvements du percussionniste en superposant aux portées un gaufrage du papier à partir de matrices et de poinçons fabriqués par gravure laser.

Paul Destieu - Archive d'une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Archive d’une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Ces œuvres graphiques sont accompagnées par une vidéo (« Himera, 2015 ») qui présente l’interprétation sonore et visuelle de cette partition avec la modélisation en 3D du mouvement des deux baguettes…

Installées dans une semi-pénombre, les œuvres qui restituent cette recherche sont remarquablement éclairées. À elles seules, elles imposent la visite de cette exposition.

L’espace qui relie cette galerie à la suivante a été habilement aménagé pour permettre la projection dans d’excellentes conditions de « Méditation sur la méthode, 2013 ».

Paul Destieu - Méditation sur la méthode, 2013 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Méditation sur la méthode, 2013 – Art-cade – Marseille

Dans cette œuvre, une démonstration vidéo de Tai-Chi-Chuan trouvée en ligne a été compressée et encodée pour « générer une déstructuration du contenu original et du champ visuel en fonction des mouvements du sujet »… Une captivante méditation sur la manipulation des données numériques autour « de la rencontre entre corps, espace et mouvement »…

La première partie de la seconde galerie confronte avec virtuosité deux pièces lumineuses.

Paul Destieu - Table de pré-montage (Échos de l'indépendance) - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Table de pré-montage (Échos de l’indépendance) – Art-cade – Marseille

La première « Table de prémontage (Échos de l’indépendance) » a été produite pour l’exposition par OTTO-Prod et M2F Créations et Lab GAMERZ, avec le concours du GMEM (Marseille), de 3BISF (Aix-en-Provence), Fotoprod (Marseille) et des Ateliers Claus (Bruxelles).

Rejouant le dispositif de la table lumineuse, cette pièce présente une fascinante partition visuelle et gestuelle qui décompose les mouvements d’un percussionniste par un rétroéclairage animé d’une sélection de diapositives…

Paul Destieu - Light Cube,2010 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Light Cube,2010 – Art-cade – Marseille

Si cette pièce revisite la table lumineuse, l’installation qui l’accompagne (« Light Cube, 2010 ») mobilise elle trois projecteurs de diapositives vides. Leurs obturateurs construisent une captivante et insaisissable architecture cubique…

La seconde partie de cette galerie est aménagée pour la projection de « Silence, ça tourne !, 2017 », une étrange boucle vidéo dans laquelle s’enchaînent des plans-séquences qui commencent tous par l’annonce « Silence, ça tourne ! ». Le texte de salle suggère que « cette expression glisse, dans un écho, de la référence au protocole cinématographique à l’observation de la rotation terrestre »…

Paul Destieu - Silence, ça tourne !, 2017 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Silence, ça tourne !, 2017 – Art-cade – Marseille

Entre l’écran et les spectateurs, une pièce Sans-titre, sous titrée « Dispositif de diffusion sonore déambulatoire » montre deux haut-parleurs attachés à une paire de chaussures…

Paul Destieu - Sans titre, 2019 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Sans titre, 2019 – Art-cade – Marseille

Aussi singulière et énigmatique que la vidéo, on pourrait imaginer que cette installation fait référence aux curieux souliers utilisés autrefois pour ramasser les châtaignes… Reste à savoir si la Vallée du Lot où ont été filmés les plans de « Silence, ça tourne ! » est une région où les châtaigniers sont ou ont été très présents…

À la fin de cette galerie, une mystérieuse photographie est accrochée à un pilier. On y voit au crépuscule un bâtiment industriel surmonté d’une enseigne où on lit « Boucherie de l’Avenir »… Le texte d’accompagnement se limite à un sibyllin « Prémonition »…

Paul Destieu - Boucherie de l'Avenir , 2018 - Art-cade - Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Boucherie de l’Avenir , 2018 – Art-cade – Marseille – Photos Luce Moreau

Le parcours se termine dans la salle qui ouvre dans la troisième galerie. Dans un espace tendu de velours noir, un éclairage très théâtral met en lumière « Météore, 2019 » un mobile conçu pour l’exposition qui expose dans équilibre précaire et silencieux les fûts, les caisses et les cymbales d’une batterie de couleur rouge…

Est-ce celle qui était couverte de graviers à la fin de « Fade-out » en 2011 et dont une photo marque le début de l’exposition ? Tout semble l’indiquer…

Une élégante manière de boucler la boucle ? Une façon de laisser penser que cette proposition pourrait être vue comme une sorte de rétrospective ?

À lire, ci-dessous, le document qui accompagne l’exposition, le texte d’intention de l’exposition par Art-cade et une présentation de l’artiste extraite du site d’Otto-Prod

En savoir plus :
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Paul Destieu sur Viméo

Fade Out, Sans Titre n°2
Tirage C-Print encadré, 46.5 X 70 cm, 2011

Paul Destieu - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Fade Out, Sans Titre n°2, 2011 – Art-cade – Marseille

Fade out ou « fondu de sortie » est un terme technique utilisé en audiovisuel comme en musique désignant une transition ou une fin une baisse du niveau sonore jusqu’au silence, une disparition de l’image jusqu’au noir. Le projet s’inscrit comme la représentation de cette transition progressive entre deux états, sous la forme d’une vidéo dans laquelle dimensions sonores et visuelles entrent en tension. L’œuvre met en scène l’ensevelissement progressif d’une batterie acoustique sous une coulée de seize tonnes de gravier. Chaque impact est amplifié au contact des différentes parties de l’instrument. La coulée produit une composition rythmique radicale qui au fur et à mesure se transforme en un étouffement.  Production OTTO-Prod

Shuffle
Vidéo monocanal, SD, 4/3, couleur, boucle, son stéréo, 2014

Shuffle est une composition vidéo sonore réalisée à partir de centaines de morceaux live dont ont été extraites les mesures de tempo de différents batteurs percussionnistes. Cette compilation de séquences trouvées en ligne expose un arrangement à la fois visuel et rythmique, invitant à parcourir l’histoire du rock dans un trajet métronomique.

Archive d’une frappe /Solo pour caisse claire, charleston et tom alto
Impression 3D PLA, 2014/2015
Descente de tom
Impression 3D ABS, 2019

Paul Destieu - Archive d'une frappe /Solo pour caisse claire, charleston et tom alto, 2014/2015 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Archive d’une frappe /Solo pour caisse claire, charleston et tom alto, 2014/2015 – Art-cade – Marseille

Le cycle de recherche Archive d’une frappe investit la notion de la matérialisation de formes sonores et musicales. Le projet met en collision des structures sonores et plastiques en convoquant des outils contemporains pour une relecture sensible du langage musical. Le projet re-groupe une série de créations polymorphes, résultant de la captation et de l’analyse des mouvements d’un batteur percussionniste, en se focalisant sur les tensions du mouvement entre le musicien et son instrument. Cette expérience révèle le déploie-ment temporel et spatial d’une gestuelle. La trajectoire des baguettes matérialise le geste qui précède la forme sonore. Chacune des étapes de la chaîne de production pro-pose une appropriation numérique de ce geste unique. Une fois captée, modélisée puis imprimée en trois dimensions, la frappe témoigne de l’empreinte entre l’interprète et l’instrument. Archive rassemble une série de glissements entre écoute et regard.

Paul Destieu - Descente de tom, 2019 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Descente de tom, 2019 – Art-cade – Marseille

Réalisé à partir de la capture des mouvements électro-magnétique du batteur percus-sionniste Damien Ravnich. Cycle de recherche réalisé au sein de M2F Créations I Lab GAMERZ Production M2F Créations I Lab GAMERZ, OTTO-Prod, DICREAM Développement : Damien Ravnich, Bastien Vacherand, Gonzague Defos Du Rau, Guil-laume Stagnaro

Mouvements pour batterie, Descente de tom
Mouvements pour batterie, Délié
Mouvements pour batterie, Solo pour caisse claire, charleston et tom alto 2019,
3 tirages sur papier Rives 320 grs encadrés, code XML sur portées, 60 cm x 96 cm chacun

Paul Destieu - Mouvements pour batterie, code XML sur portées, 2019 (détail) - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Mouvements pour batterie, code XML sur portées, 2019 (détail) – Art-cade – Marseille

Ensemble réalisé à partir de la capture électro-magnétique des mouvements du percussionniste Damien Ravnich. Ces partitions sont écrites à partir du code xml – ensemble de coordonnées spa-hales X, Y, Z des deux baguettes du batteur. En se superposant aux portées, le code inscrit en négatif, vient perturber l’ensemble de la trame sous des formes d’interruptions et d’effacements. Cette modalité d’inscription des informations produit une forme abstraite de partition graphique entre impression altérée et paysage sonore.
Production M2F Créations I Lab GAMERZ, OTTO-Prod

Archive d’une frappe / Mouvements pour batterie
XML, coordonnées XYZ, gaufrage sur papier portée, 23 x 32 cm, 2014/2015

Issu du cycle de recherche Archive d’une frappe, Mouvements pour batterie (extrait) prend la forme d’une édition constituée d’une partition en quatre feuillets et d’une modélisation 3D animée. La partition est composée du code XML – ensemble de coordonnées spatiales X, Y, Z – des deux baguettes du batteur.

Paul Destieu - Archive d'une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 - vue de l'exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Archive d’une frappe / Mouvements pour batterie, 2014/2015 – vue de l’exposition à Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Ces tirages sont réalisés par gaufrage, à partir de la fabrication de quatre matrices et poinçons (défonce et relief ( par gravure laser. Dans un second temps, ils sont passés sous une presse à percussion traditionnelle. Une fois frappées, ces données informatiques imposent au papier une légère déformation, provoquant « une mise en vibration des portées ». L’interprétation de cette partition est enfin restituée de manière visuelle et sonore en un lent travelling fantomatique à 360° autour de la modélisation de deux parallélépipèdes, assignés à la gestuelle des baguettes et synchronisés avec le titre original « Himera ».

Ensemble réalisé à partir de la capture des mouvements électromagnétique du batteur percussionniste Damien Ravnich sur l’interprétation du morceau Himera, titre original du duo Postcoilum Edition tirée sous les presses de (Atelier Edition, à l’ Ecole supérieure d’art dAix-en-Provence Production M2F Créations 1 Lab GAMERZ, OTTO-Prod, DICREAM

Méditation sur la méthode
Vidéo, HO, 16 / 9, couleur, boucle, 2013

Paul Destieu - Méditation sur la méthode, 2013 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Méditation sur la méthode, 2013 – Art-cade – Marseille

Méditation sur la méthode est réalisée à partir d’une démonstration vidéo de Tai-Chi-Chuan trouvée en ligne (pouvant être littéralement traduit comme « boxe avec l’ombre L’œuvre est une réédition de cette vidéo soumise au procédé de compression également connu sous l’appellation data-moshing. Les repères temporels de son encodage y sont modifiés pour générer une déstructuration du contenu original et du champ visuel en fonction des mouvements du sujet. Méditation sur la méthode capture et expose une matérialisation sensible de la rencontre entre corps, espace et mouvement. Grâce au médium vidéo, l’œuvre propose de révéler une mécanique des flux mis en jeu par cette rencontre.

Table de pré-montage (Échos de l’indépendance)
Dispositif photographique et vidéo, télévision 65′, diapositives, vidéo 4k, di-mensions variables (détail de l’installation)

Paul Destieu - Table de pré-montage (Échos de l'indépendance) - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Table de pré-montage (Échos de l’indépendance) – Art-cade – Marseille

En revisitant le dispositif de la table lumineuse, Paul Destieu propose une sorte de partition photographique à partir de centaines de diapositives disposées sur une télévision. La série de clichés est une collection de photogrammes vidéo transférés sur support argentique. L’ensemble est semblable à une partition gestuelle, décomposant les mouvements d’un batteur percussionniste. La vidéo dont sont issus les photogrammes génère, par rétroéclairage, l’animation de l’ensemble. L’œuvre est issue du cycle de recherche « Échos de l’indépendance » qui propose l’élaboration d’une partition plastique par le prisme de la photographie. La création d’une banque d’images gestuelles est ici envisagée comme une matière brute au service de compositions visuelles et sonores, dans une logique de « sampling » et de séquençage visuel.

«Échos de l’indépendance» produit par OTTO-Prod et M2F Créations I Lab GAMERZ, Merci à GMEM (Marseille), 3815F (Aix-en-Provence), Fotoprod (Mar-seille) Ateliers Claus (Bruxelles), M2F Créations I Lab-GAMERZ (Aix-en-Pro-vence)

Light Cube
Installation, projecteurs de diapositives vides, trépieds, 2010

Paul Destieu - Light Cube,2010 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Light Cube,2010 – Art-cade – Marseille

Les différents plans de ce volume sont composés par les trapèzes déformés et orientés de projecteurs à diapositives dépareillés. Cet espace évolue dans un jeu mécanique d’obturations de la lumière et de transparences. La projection modélise une architecture lumineuse dans laquelle se confrontent média, espaces, technologies et époques.

Sans titre
hauts parleurs, câbles, chaussures, sangles, acier Dimensions variables, 2019

Paul Destieu - Sans titre, 2019 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Sans titre, 2019 – Art-cade – Marseille

Dispositif de diffusion sonore déambulatoire

Silence, ça tourne !
Vidéo HD couleur, 11.26 min, boucle, stéréo, 2017

Paul Destieu - Silence, ça tourne !, 2017 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Silence, ça tourne !, 2017 – Art-cade – Marseille

Entre performance et making-of cinématographique, le film propose une collection de plans-séquences filmés sur les hauteurs de la vallée du Lot. La vidéo présente les lancements des tournages que le réalisateur annonce à l’aide d’un mégaphone : « Silence, ça tourne ! ». Cette expression glisse, dans un écho, de la référence au protocole cinématographique à l’observation de la rotation terrestre. Production OTTO- Prod, Maison des Arts Georges et Claude Pompidou

Boucherie de l’Avenir
Tirage C-Print encadré, 7,6 cm x 5 cm, 2018
Prémonition

Paul Destieu - Boucherie de l'Avenir , 2018 - Art-cade - Marseille
Paul Destieu – Boucherie de l’Avenir , 2018 – Art-cade – Marseille

Météore
Mobile, éléments de batterie, acier brut, câbles acier, 2019

Paul Destieu - Météore, 2019 - Météore, 2019 - Exposition Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille - Photos Luce Moreau
Paul Destieu – Météore, 2019 – Météore, 2019 – Exposition Art-cade Galerie des grands bains douches, Marseille – Photos Luce Moreau

Ce mobile est réalisé à partir d’une batterie dont les éléments sont articulés et mis en suspension dans un jeu d’équilibre silencieux. L’instrument y est reconditionné dans une arythmie propre aux mouvements de ces différentes parties.

Paul Destieu s’intéresse aux transformations des images, de leurs statuts, de leurs modes de création, de diffusion et de leur consommation. Il se définit comme un observateur de la propagation des technologies dans nos sociétés. Ses travaux se déploient dans cette exposition comme une multitude d’expérimentations et d’explorations plastiques. L’ensemble questionne ces différents média comme des actions et des flux, des apparitions et des codes nous permettant de saisir les contours sensibles de nos comportements et de notre environnement.

Paul Destieu, Archive d’une frappe - Solo pour caisse claire, charleston et tom alto, 2015
Paul Destieu, Archive d’une frappe – Solo pour caisse claire, charleston et tom alto, 2015

Cette exposition monographique regroupe différents travaux et installations dans lesquelles il développe ses stratégies d’exploration des média – numériques ou analogiques – interrogeant leurs limites, en se jouant des esthétiques qu’ils produisent. Faisant référence à la « théorie des média », il tente de faire apparaître la dimension politique qu’ils véhiculent, ne serait-ce que par le simple fait de constituer la matière sensible d’une époque. Dans son travail, les images se confrontent à la matière, cette exposition est pensée comme un laboratoire d’investigation des matériaux et des temporalités à contre-pied de la virtualisation des flux et des données.

Paul Destieu procède par décomposition, collage, surimpression ou entrelacement. Il cherche à faire apparaître des structures, à constituer des syntaxes, à manifester l’organisation des gestes, l’articulation des actions. Il travaille à révéler la matérialité du code, des données en tant qu’éléments constitutifs de notre milieu. L’image, le son, le mouvement ne sont plus ici simplement détachés de leur support ou de leur source, mais ils forment ensemble une totalité organique devenant ainsi le témoin et l’esprit de notre époque.

Il examine et étudie les sonorités des « mécanismes-horloges » de différentes machines (caractérisées par les notions de performance et de productivité). Les rythmes produits par leurs sonorités deviennent alors des architectures dynamiques permettant la mesure du temps. Chaque machine se transforme dans son travail en un instrument musical qu’il expérimente en collaboration avec des musiciens.

Il s’intéresse aux différentes formes de transmission du signal ainsi qu’aux modes de diffusion de l’information en jouant sur les transformations entre les différents états de la matière informationnelle. Ces travaux exposent les altérations produites par ce processus de déplacement et de flux : perte ou distorsion d’une partie de l’information, aberrations visuelles ou sonores, défauts de restitution. Il réinvestit avec des outils contemporains les techniques de séquençage et d’appréciation du mouvement héritées des courants artistiques modernes et de la chronophotographie jouant avec des formes anachroniques. Ses travaux cherchent tantôt à mesurer la capacité de propagation et de résistance du signal dans son environnement, tantôt à traduire sa durée en une forme, à la croisée de l’écoute et du regard.

Paul Destieu questionne l’architecture de nos perceptions et de ce qui fait « langage». Il donne vie à des dispositifs, des installations et des performances dans lesquels la structure – visuelle ou sonore – cherche à s’affranchir de l’autorité des formats. Cette approche nous invite à partager une expérience mettant littéralement en jeu les concepts de temps, d’espace et de mouvement.

C’est en artiste que Paul Destieu s’intéresse aux transformations des images, de leurs statuts, de leurs modes de création, de diffusion et de consommation. Il les pense à la fois comme des actions et des flux, des apparitions et des codes. Il les saisit comme des fragments mobiles de notre environnement et les traite comme les contours sensibles de nos comportements. Paul Destieu se définit ainsi comme un observateur de la propagation des technologies dans nos sociétés, mais en tant qu’artiste, il développe une observation active qui se déploie au travers de diverses expérimentations, de tentatives et d’explorations, de questionnements et de mise en tension de la perception. Il s’agit de déployer des stratégies formelles d’exploration des médias – qu’ils soient numériques ou analogiques – de façon à comprendre leurs limites, de se jouer des esthétiques qu’ils produisent et de faire apparaître la dimension politique qu’ils véhiculent, ne serait-ce que par le simple fait de constituer la matière sensible d’une époque.

Du système à la matière

Ici, les images se confrontent à la matière. À contre-pied du cliché réducteur qui ramène l’intégration dans le flux des médias à une simple dématérialisation, Paul Destieu exploite le processus médiatique comme un laboratoire d’investigation des matériaux et des temporalités. Il procède par décomposition, collage, surimpression ou entrelacement. Il cherche à faire apparaître des structures, à organiser des syntaxes, à manifester l’organisation des gestes, l’articulation des actions. Il travaille à révéler l’activité par laquelle nous percevons, avec nos outils et nos codes, les données qui constituent notre milieu. L’image, le son, le mouvement, ne sont plus ici simplement détachés de leur support ou de leur source, mais ils forment ensemble une totalité organique. Cette totalité est redéfinie par chaque époque. Elle en est le témoin, elle en donne l’esprit.

Métrique par défaut

C’est en examinant les productions sonores et les « mécanismes-horloges » de différentes machines (caractérisées par les notions de performance et de productivité) que s’est imposée à Paul Destieu la compréhension du son comme architecture dynamique et la conception du rythme comme mesure subjective du temps. Chaque machine, envisagée comme média et outils de création, devient alors un instrument musical possible dont la morphologie et le potentiel
sonore sont expérimentés en collaborations avec des musiciens. Par des opérations d’assemblage, de détournement, de décomposition ou d’association, l’artiste sonde leurs modalités d’expressions rythmiques. Physicalité de l’instrument, gestuelle, mouvement, orientation de l’écoute, système de notation, composition sont autant de motifs qui dessinent l’orientation de ses dernières productions.

Anachronismes et chaos techniques

Paul Destieu s’intéresse aux formes de transmissions du signal : modes de diffusion de l’information, temps réel ou différé, etc. et à ses transformations (par amplification, encodage, etc.), en jouant sur le passage entre ces différents états (de nature mécaniques, électriques ou encore numériques). Ses travaux exposent les altérations produites, dans ce processus de transformation et d’adaptation : perte ou distorsion d’une partie de l’information, aberrations visuelles ou sonores, défauts de restitution. La notion de geste (notamment le geste qui précède le son chez le musicien) devient alors un enjeu central de sa recherche. Il réinvestit avec des outils contemporains les techniques de séquençage et d’appréciation du mouvement héritées des courants artistiques modernes et de la chronophotographie. Marqués par une tendance à l’anachronisme, ses travaux cherchent tantôt à mesurer la capacité de propagation et de résistance du signal dans son environnement, tantôt à traduire sa durée en une forme.

En articulant ces compositions hybrides à la croisée de l’écoute et du regard, Paul Destieu questionne l’architecture de nos perceptions et de ce qui fait ‘langage’. Il donne vie à des dispositifs, des installations et des performances dans lesquelles la structure -visuelle ou sonore- cherche à s’affranchir de l’autorité des formats pour partager une expérience en mettant littéralement en jeu les concepts de temps, d’espace et de mouvement.

Paul Destieu vit et travaille à Marseille, France.
Ses recherches interrogent l’évolution des médias et la place qu’ils occupent dans notre environnement actuel. Ses réflexions sont sensiblement nourries par l’histoire des technologies, des langages, du son ou du cinéma. Sa pratique de l’image se développe dans une relation élargie à d’autres médias, à la recherche de nouvelles formes d’expression et de logiques de création par le biais du son, de mises en espace, des outils numériques et de l’architecture. Son travail investit de manière transversale les tensions qui se jouent entre l’émergence et la disparition d’outils à différentes époques. Il s’agit alors de pousser ces technologies dans leurs retranchements, à la limite de leur point de rupture, pour alimenter autant de sens de relecture de notre histoire.
Il est à l’initiative d’Otto-Prod / La Vitrine et participe à la mise en place de programmes de résidence et d’expositions.

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