Réouverture de la Fondation Vincent Van Gogh Arles avec « La Complicité » de Roberto Donetta


À partir du 27 juin et jusqu’au 13 septembre 2020, la Fondation Vincent Van Gogh Arles présente « La Complicité », un projet construit autour du photographe suisse Roberto Donetta sous la forme d’une « rencontre » de ses œuvres avec celles de Natsuko Uchino, Rose Lowder et Cyprien Gaillard ainsi que des ex-voto provençaux, ponctuée par des interventions florales de Marie Varenne et la présentation du tableau Square Saint-Pierre au coucher du soleil (1887) de Vincent van Gogh.

Avec « La Complicité » qui se substitue à celui originellement prévu et qui devait être consacrée à l’artiste américaine Laura Owens, la Fondation Vincent Van Gogh Arles propose de découvrir l’œuvre de Roberto Donetta (1865-1932), un photographe méconnu dont ce sera la première exposition en France. À lire le communiqué de presse, Roberto Donetta, « témoin de la vie rurale dans le Tessin, entretient, comme Van Gogh lors de son passage à Arles, une relation intime et précieuse avec son environnement immédiat ».

Plus de soixante-dix photographies de Roberto Donetta seront exposées dans « La Complicité ». Elles seront accompagnées d’autres propositions artistiques autour du paysage et en particulier par Square Saint-Pierre au soleil couchant (1887), une toile de Vincent van Gogh peinte à Montmartre peu de temps avant son départ pour Arles, en février 1888.

Vincent van Gogh - Square Saint-Pierre au coucher du soleil, Paris, mai 1887
Vincent van Gogh – Square Saint-Pierre au coucher du soleil, Paris, mai 1887 Huile sur carton, 33 × 42 cm. Van Gogh Museum, Amsterdam (Vincent van Gogh Foundation)

Le dialogue avec ce nouveau prêt annuel du Van Gogh Museum d’Amsterdam se poursuivra avec des vidéos expérimentales de Rose Lowder et des céramiques de Natsuko Uchino, deux artistes installées dans le Midi…

On se souvient de la participation de l’artiste japonaise dans « Mais il y a ce lieu, qui nous maintient », le très beau projet que Mathieu Kleyebe Abonnenc avait montré cet hiver chez les Mécènes du sud Montpellier-Sète.

Natsuko Uchino – Scobies, Exposition du 23 janvier au 14 mars 2020 à la Galerie Allen, Paris.
Natsuko Uchino – Scobies, Vue de l’exposition du 23 janvier au 14 mars 2020 à la Galerie Allen, Paris. Photo : Aurélien Mole

Le parcours de « La Complicité » devrait être ponctué par des compositions florales de Marie Varenne qui travaille avec des végétaux sauvages et cultivés en Camargue.

On devrait retrouver des têtes excavatrices de Cyprien Gaillard et des ex-voto provençaux qui feront écho à « … et labora », exposition présentée cet hiver par la Fondation Vincent Van Gogh Arles.

Le commissariat de l’exposition est assuré par Bice Curiger et Julia Marchand.
« La Complicité » est réalisée en partenariat avec la Fondazione Archivio Donetta et le MASI, musée d’art de la Suisse italienne.

Chronique à suivre après un passage à la Fondation Vincent Van Gogh Arles.
À lire, ci-dessous, le texte du communiqué de presse.

En savoir plus :
Sur le site de la Fondation Vincent Van Gogh Arles
Suivre l’actualité de la Fondation Vincent Van Gogh Arles sur Facebook et Instagram
Sur le site de Fondazione Archivio Donetta
Rose Lowder sur Wikipédia et sur le site Lightcone
Natsuko Uchino exposition Scobies à la Galerie Allen, Paris. Entretien avec Nicolas Trembley en novembre 2018 dans Numéro
Marie Varenne sur le site Collectif de la fleur française et sur la page Instagram Fleurs d’Arles
Cyprien Gaillard sur Wikipédia et sur le site de la galerie BUGADA & CARGNEL. Article d’Étienne Dumont dans Bilan et celui d’Elisabeth Itti dans une dilettante à propos de son exposition au Musée Tinguely de Bâle en 2019.

« La Complicité » – Communiqué de presse

La nouvelle exposition proposée à la Fondation Vincent van Gogh Arles est synonyme de découverte, voire de multiples découvertes. La première d’entre elles est très certainement liée à la connivence entre les sujets et le photographe qui habite les images hautement poétiques et surprenantes d’un photographe méconnu, Roberto Donetta (1865-1932), témoin bienveillant de la vie rurale du Val Blenio, dans le Tessin. Il entretient ainsi, comme Van Gogh lors de son passage à Arles, une relation intime et précieuse avec son environnement immédiat.

Roberto Donetta capture ce qu’il voit, avec une tendresse qui égale la beauté de ses compositions : des familles posant à l’extérieur devant une mise en scène d’objets domestiques évoquant l’atmosphère d’un studio, une table dressée en plein air pour une fête, ou encore les ouvrières d’une usine. Autant d’êtres humains, de corps de métiers, de chantiers de construction, de rituels et de portraits vivants qui retranscrivent, parfois avec un humour attendrissant, la vie telle qu’elle s’éprouve dans le Tessin. L’artiste suisse sait retranscrire ces voix avec leurs réalités sociales et la beauté de circonstance – celle d’une prise de vue photographique. Ses images du passé, dénuées d’héroïsme, ouvrent la porte sur un mode de vie ordinaire, campé à proximité de la nature, rythmé par des gestes nécessaires.

Roberto Donetta, né en 1865 à Biasca, est vendeur de graines et pratique la photographie de manière autodidacte. Cette passion, « trop chère pour un passe-temps, trop peu lucrative pour un travail » (selon les mots de l’historien Antonio Mariotti) le conduit à laisser derrière lui près de cinq mille plaques de verre qui sont aujourd’hui conservées dans la Casa Rotonda, la maison où il a vécu et où il est décédé. Très peu sont datées, d’autres ont été détruites ou égarées. Il faudra attendre les années 1990 pour que ses productions reçoivent l’attention dûment méritée et conduisent à des présentations.

Deux expositions ont ainsi été conçues en Suisse, respectivement en 1993 et 2016. Celle présentée à la Fondation est donc une première, car elle offre à voir Donetta en dehors de son pays natal. Plus de soixante-dix photographies sont regroupées à cette occasion, recouvrant les thèmes principaux de son travail franc et immédiat, tourné vers les paysages et les émotions humaines.

Cette œuvre photographique se voit accompagnée d’autres présences artistiques, à commencer par celle de Vincent van Gogh. Square Saint-Pierre au soleil couchant (1887), nouveau prêt annuel du Van Gogh Museum d’Amsterdam, raconte un coin de nature à l’abri du bouillonnement de la capitale. Il est observé depuis Montmartre, où séjourna l’artiste peu de temps avant de gagner Arles en février 1888.

Cet heureux dialogue se poursuit avec le travail d’une vidéaste expérimentale, Rose Lowder, née en 1941 au Pérou, ainsi que celui, nourri par l’argile, de Natsuko Uchino, née au Japon en 1983. Basées non loin de la ville d’Arles, ces deux artistes capturent le paysage, se saisissent de la terre ou des fleurs pour en faire des alliées sensuelles et cognitives par le biais de films au format 16 mm ou d’installations mêlant poteries et organismes vivants. L’expérience du sensible ainsi créée est prolongée par la présence de bouquets, au sein même des salles d’exposition, cueillis et assemblés par Marie Varenne, fleuriste qui récolte fleurs sauvages et cultivées, feuillages et graminées en Camargue, où elle réside.

En contrepoint, les têtes excavatrices de Cyprien Gaillard intronisent des formes issues directement des terrains de construction, là où la terre est abîmée et transformée. Si le rapport au paysage dans l’œuvre de Gaillard est spécifique, il convoque aussi, à travers notamment l’utilisation d’une pierre semi-précieuse de l’Utah, le land art et particulièrement Spiral Jetty (1970) de Robert Smithson.

Pour finir, de modestes peintures représentant des accidents et leur résolution miraculeuse se nichent dans l’une des salles de la Fondation, en écho à la précédente exposition présentée, « … et labora ». Ces ex-voto provençaux véhiculent une imagerie populaire qui fait cas des points de bascule de vies fragiles et réglées par les rites.

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