Après plusieurs années de fermeture pour rénovation, l’Université Paul Valéry Montpellier III annonce la réouverture définitive Musée des Moulages, le samedi 19 septembre 2015, à l’occasion des Journées Européennes du Patrimoine.
En cette période de restrictions budgétaires, un tel événement mérite d’être souligné et salué !
Le classement de la collection au titre des Monuments Historiques en janvier 2009 avait été une étape essentielle. En effet, ce classement affirmait sa valeur historique et patrimoniale et assurait sa pérennité. Les risques de dispersion, de perte ou même de destruction étaient écartés.
Cependant, l’état du bâtiment, qui avait été conçu spécifiquement pour conserver et exposer la collection en 1965, pouvait faire craindre le pire. Les infiltrations au niveau de la toiture mettaient en péril les plâtres. Rapidement, en 2009-2010, un projet de rénovation était engagé. Ensuite, l’édifice était inscrit dans le périmètre du label « Patrimoine du XXe siècle » attribué au campus, en 2011. Bilan sanitaire de la collection, déménagement d’une partie des œuvres et coffrage sur place des plus volumineuses ont été suivis d’inventaires informatisés des collections, d’une restauration de 160 reliefs, d’études documentaires et de la rédaction d’un Projet Scientifique et Culturel dans la perspective d’une réouverture future du musée.
Les choses semblaient bien engagées, restait à assurer de leur financement.
Dans l’aboutissement de ce projet, il faut souligner l’opiniâtreté de Rosa Plana, professeur d’Archéologie classique et conservateur du Musée des Moulages et du soutien essentiel de la DRAC (Direction Régionale des affaires Culturelle) du Languedoc-Roussillon. Le projet a également bénéficié de la collaboration du Musée Fabre à Montpellier, du Site archéologique Lattara – Musée Henri Prades à Lattes, du département des Antiquités grecques, étrusques et romaines du Musée du Louvre et du Musée National d’Art Catalan à Barcelone.
Cette réouverture du Musée des Moulages est une première étape qui devrait se prolonger par l’ouverture d’un chantier-école afin de poursuivre le nettoyage des œuvres. Encadré par des professionnels, ce chantier concernera 10 étudiants de l’École supérieure des Beaux-Arts de Tours, sur 3 ans, avec 3 promotions différentes. Environ 500 œuvres de la collection devraient être traitées. Le musée envisage des sessions d’ouverture du chantier au public pour valoriser les techniques et les compétences liées aux métiers de la conservation et de la protection des œuvres. Le budget prévisionnel de ce chantier-école est évalué à 60 000 €, sur 3 ans. Il est actuellement financé pour moitié par l’université et les partenaires publics. Un appel à mécénat doit être prochainement lancé… Vous pouvez donc réserver une partie de vos projets de dons pour aider cette opération…
Les collections universitaires de moulages ne connaissent malheureusement pas toujours un sort aussi enviable. En effet, celle de l’université Lyon 2 semble menacée. On lira avec intérêt l’article que Joh Peccadille lui a récemment consacrée sur son blog « Orion en aéroplane ». Particulièrement attentive à ces collections, on peut consulter ses billets sur « Les moulages de l’université de la Sapienza à Rome », « Une forêt de moulages : les Cast Courts du Victoria and Albert Museum », « La galerie des Sculptures et des Moulages – Château de Versailles » ou encore « Au Louvre, une spectaculaire opération de moulage du Milon de Crotone »…
Après une prochaine visite, on reviendra sur la scénographie, la présentation des collections, la médiation et la programmation envisagées.
Le Musée des Moulages sera ouvert du mardi au vendredi de 12h à 17h. Entrée libre. Visites guidées de 10h à 12h sur réservation.
À lire ci-dessous, des extraits du dossier de presse à propos de la nouvelle scénographie un texte de Rosa Plana.
En savoir plus :
Sur le site de l’Université Paul Valéry Montpellier III
Sur la page Facebook du Musée des Moulages
Une nouvelle scénographie :
« Les principes scénographiques retenus pour valoriser les collections (…) s’inspirent largement de ceux qui faisaient l’originalité de la précédente muséographie à travers une présentation dense au sein d’un même espace (effet forêt de sculptures) tout en restant aérée avec l’aménagement d’espaces de respiration et la préservation de l’effet aérien des oeuvres « perchées » sur des tiges de métal.
Ces principes permettent aux visiteurs de s’approprier l’espace, d’avoir une vision globale du parcours avec des sections clairement définies. Les mobiliers créés, les regroupements d’objets, la mise en valeur ponctuelle d’une œuvre permettent de rythmer l’exposition, de créer des points d’appels, des espaces de repos. L’accent a particulièrement été mis sur la conservation préventive des œuvres à travers l’aménagement d’espaces de circulation permettant un déplacement aisé, sans risque ni pour les visiteurs, ni pour les œuvres. Le principe de mobilier choisi permet en effet de créer des mises à distance et de protéger l’ensemble des œuvres qui ne sont plus posées à même le sol.
Des vitrines éclairées ont été créées pour exposer et protéger les objets originaux (…)
Une attention particulière a été portée aux supports de médiation, très peu présents dans la précédente muséographie, afin de rythmer le parcours de visite. Ainsi, chaque section est ouverte par un texte de salle sérigraphié sur un support bois, en rappel des ébrasements des ouvertures du plafond. Les sections sont également signalées par une sérigraphie sur podium à travers une chronologie pour la salle Antiquité et des pictogrammes représentatifs des courants artistiques pour la salle Moyen Âge. Pour l’ensemble de la collection, chaque oeuvre est désormais signalée par un cartel complet qui délivre des informations sur le moulage ainsi que sur l’original dont il est la copie ».
UN MUSEE UNIVERSITAIRE
pour une collection classée au titre des Monuments Historiques
Par Rosa Plana,Professeur d’Archéologie classique, conservateur du Musée des Moulages
L’Université Paul-Valéry bénéficie d’équipements culturels d’exception, au premier rang desquels un musée universitaire à vocation pédagogique, le Musée des Moulages, qui conserve et expose les collections d’étude liées à l’enseignement de l’archéologie et de l’art antique et médiéval, en particulier une collection de tirages en plâtre d’éléments de sculpture. Le classement de cette collection au titre des Monuments Historiques en janvier 2009 a entériné sa valeur historique et patrimoniale : c’est la première fois en France qu’une collection de moulages est classée. Leur réalisation à la fin du XIXe siècle fait de ces objets des oeuvres historiques de plein droit, qui reflètent l’état de conservation des différents originaux à cette époque, état souvent perdu sur les originaux mêmes.
Témoin historique de l’enseignement de l’archéologie et de l’histoire de l’art antique et médiéval au tournant des XIXe et XXe siècles (collections constituées pour l’essentiel à ces époques, ayant peu évolué par la suite), le Musée des Moulages permet de conserver et de valoriser cette tradition pédagogique dans l’université du début du XXIe siècle. Il propose un voyage à travers la sculpture des grandes périodes historiques et artistiques de l’Antiquité et du Moyen Âge par le biais de copies (moulages) des oeuvres originales dispersées dans le monde, agissant à la fois comme musée à vocation encyclopédique et comme musée de sculpture comparée. Cet outil fait partie d’un ensemble qui comprend également des collections d’œuvres originales antiques et un fonds photographique, qui seront progressivement mis en valeur dans le nouveau musée, comme c’était le cas à la fin du XIXe siècle. Ces collections présentent donc un intérêt majeur pour reconstituer les disciplines de l’archéologie et de l’histoire de l’art antique et médiéval à la fin du XIXe et au début du XXe siècle, ainsi que pour cerner les contenus scientifiques et les pratiques pédagogiques en vigueur à cette époque.
Dans cette volonté de préserver et de valoriser la tradition et le patrimoine universitaire, le Musée des Moulages, situé au cœur du campus, servira à accueillir, à exposer et à expliquer les collections, mais sera également producteur d’événements et de nouveau savoir, perpétuant ainsi sa fonction d’équipement culturel, scientifique et pédagogique de l’université. En outre, son ouverture au public offre la possibilité de sensibiliser la population extra universitaire à l’histoire de l’université Paul Valery, à sa richesse patrimoniale et à l’identifier comme un lieu de culture à part entière. Situé au coeur du campus, le bâtiment construit pour héberger la collection de moulages en 1965 garde sa valeur originale, comme en témoigne son inscription dans le périmètre du label « Patrimoine du XXe siècle » attribué au campus en 2011. Le temps écoulé depuis sa construction a toutefois vu se produire de nombreux ravages. Soucieuse de préserver une collection remarquable et de la présenter largement au public, l’Université Paul-Valéry a entrepris des travaux de réhabilitation, de mise en sécurité et d’accessibilité du bâtiment qui abrite la collection, notamment grâce au soutien financier de la DRAC Languedoc-Roussillon.
Le projet architectural
Sous l’impulsion d’Hubert Gallet de Santerre, assesseur du doyen et Professeur – Conservateur du musée, le bâtiment sud de l’espace « Archéologie », d’une surface d’environ 1120m2, a été spécialement conçu à la création du campus Paul-Valéry pour conserver et exposer la collection de moulages.
L’édifice, oeuvre des architectes Jean-Claude Deshons et Philippe Jaulmes, sous la direction de René Egger, présente des avantages considérables, notamment un grand espace qui permet d’exposer les moulages de façon ouverte, avec divers axes possibles de vue, facilitant ainsi les comparaisons d’oeuvres. Un éclairage zénithal complète le tout, offrant des conditions idéales à l’exposition. Des caissons formant un ébrasement pour chaque ouverture zénithale ont ainsi été aménagés dans le plafond aux lambris clairs. Ils sont destinés à diffuser la lumière, protégés par des lanterneaux pyramidaux en plastique translucide. Ce dispositif comporte une grille de 36 ouvertures. L’éclairage zénithal et les contrastes de lumière viennent accentuer la blancheur des plâtres, qui se détachent sur les murs noirs et le sol ardoise.
Ce contraste saisissant et l’effet esthétique qui lui est associé ont présidé au projet architectural de rénovation conduit en 2009-2010. La toiture, presque entièrement construite en bois, présentait en effet des risques liés à de potentiels incendies et de sérieux problèmes d’étanchéité. Des infiltrations d’eau avaient d’ailleurs endommagé les reliefs accrochés aux murs, qui ont été restaurés en parallèle aux travaux menés sur le bâtiment.
Si la réhabilitation du plafond n’a pas pu respecter entièrement les qualités de l’architecture originelle du fait de nouvelles normes de sécurité, l’esthétique du musée a été préservée dans l’essentiel. Les travaux réalisés ont concerné : la dépose complète des faux plafonds bois, intérieurs et extérieurs ; la reconstitution des puits de lumière avec des matériaux de résistance adaptés au feu; la rénovation complète de l’enveloppe du bâtiment avec changement de l’ensemble des menuiseries avec double vitrage, réfection de l’étanchéité avec isolant thermique, changement des skydomes et aménagements intégrés.