Mayura Torii – Domestique au Château de Servières


Jusqu’au 1er juillet 2023, Mayura Torii présente avec « Domestique » au Château de Servières, sans doute l’exposition la plus jubilatoire de la 15e édition du Printemps de l’Art Contemporain.

Avec un humour raffiné qui oscille subtilement entre l’absurde, le corrosif et le satirique, Mayura Torii propose un parcours qui, pour reprendre les mots de Nadia Drici, « se joue d’un paradigme aussi légendaire qu’imprécis : la maison traditionnelle japonaise ».

Comprendre le travail de Mayura Torii impose de connaître son itinéraire. Née en 1977 au pied du mont Fuji, elle s’installe à Tokyo à 17 ans où elle suit pendant deux ans des cours de peinture et de dessin. Après une année aux États-Unis, elle rejoint Berlin où elle séjourne pendant deux ans avant d’arriver un peu par hasard à Marseille. Diplômée de l’École supérieure des beaux-arts de Marseille en 2007, elle sera ensuite résidente des Ateliers d’artistes de la ville de Marseille en 2012-2013. Depuis, Mayura Torii vit et travaille à Marseille.

Mayura Torii - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – « Domestique » au Château de Servières

Résumer en quelques lignes son travail relève d’une véritable gageure. Avec beaucoup élégance, Frédéric Valabrègue avait parfaitement réussi l’exercice en 2015 dans son texte « Décor ». Comme Pareidolie l’an dernier, on s’autorise à en citer le premier paragraphe, certain de ne pouvoir faire mieux :

«Mayura Torii explore les malentendus de qui serait lost in translation autant sur le plan de la vie quotidienne que dans les différents propos entendus sur les arts, malentendus fertiles en humour et aiguisant l’esprit critique. Le langage est sa source première de perplexité et d’inventions, la seconde, attenante, étant la traduction qu’elle a été obligée d’opérer d’une culture dans une autre pendant longtemps. Ses objets, dessins, peintures, souvent accompagnés de cartels et de titres, sont propices aux jeux de mots ou d’images, à l’équivoque sexuel et au non sens. Elle montre comment des mots pris pour d’autres décrochent des images qui s’y rapportent. Grâce à ces hiatus, c’est avec finesse qu’elle s’en prend à l’autorité patriarcale culturelle et domestique, qu’elle soit la référence obligée au Grand Artiste ou l’homme au quotidien. Elle ne le fait pas en militante mais sur le mode d’objections à rebondissements qui ne concluent rien, d’autant plus que le doute tamise son ironie, qu’il en est le sel ».

Il y a quelque chose de presque diabolique dans la précision extrême avec laquelle Mayura Torii a conçu un accrochage millimétré et virtuose « qui tord la perception pour, par des conjugaisons d’idées, déplacer les axes de la signification »…

Mayura Torii, Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Traverser les cinq espaces de « Domestique » est une expérience singulière, à la fois déstabilisante et réjouissante. C’est « entrer » sur la pointe des pieds dans une intimité où comme l’écrit parfaitement Sarah Lallemand en « nous berçant et nous bernant tout à la fois d’allusions plurielles dont érotiques et d’illusions singulières dont poétiques, les œuvres de Mayura Torii osent couper la parole crue et le visible (re)connu pour y planter un hiatus qui en dit aussi long qu’un haïku »…

Celles et ceux qui de Marseille, à Sète en passant, pour les plus anciens, par la Villa des Cent Regards à Montpellier ou par la Chapelle des Pénitents à Aniane, ne manqueront pas d’aller voir et revoir « Domestique »…
Pour les autres, une visite au Château de Servières est absolument incontournable !

Commissariat de Martine Robin.

Invitée du salon Pareidolie en 2022, Mayura Torii est l’artiste lauréate de la Saison du Dessin Nord/Sud, résidences croisées 2023 entre le Château de Servières et le FRAC Picardie, avec le soutien du centre culturel Léo Lagrange et d’Amiens Métropole.

À lire, ci-dessous, quelques impressions sur le parcours de « Domestique » précédées par le texte de Nadia Drici.

En savoir plus :
Sur le site du Château de Servières
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Sur le site de Mayura Torii
Lire les textes Faux amis (fozami) et Décor de Frédéric Valabrègue
Lire Enfourcher la langue par Sarah Lallemand

« Domestique » par Nadia Drici

Avec un art empreint d’humour et d’élégance, Mayura Torii se joue d’un paradigme aussi légendaire qu’imprécis : la maison traditionnelle japonaise.

Pureté des lignes, sobriété du mobilier et harmonie des lieux, sobriété des couleurs… ce goût du minimalisme, trop souvent perçu comme une invitation au voyage nippon où tout ne serait que zen, bien-être et sérénité, est un poncif dont l’artiste s’empare avec une sensibilité de l’espace occidentalisée de manière fort originale puisque se déchausser à l’entrée de son univers reviendra surtout à faire table rase de tous nos lieux communs.

Transfigurant tout autant notre sens de l’habitat que notre rapport à la création, son exposition, divisée en cinq espaces qui se répondent plus qu’ils ne se scindent, ne cherche à donner aucun repère social, géographique ou historique mais son élaboration, travaillée avant tout pour recréer le caractère vibrant du monde, procède à un rétrécissement des échelles qui élargit la réalité.

Capturant le mystère palpitant des choses, elle permet de redécouvrir l’imaginaire et la profondeur poétique de l’objet le plus banal et le déploiement spontané de sa magie dans le quotidien.

Nadia Drici

« Domestique » : Regards sur l’exposition

L’entrée se présente sous la forme d’une sorte de sas où l’on hésite à se déchausser, à la recherche de surippa… Un diptyque photographique (Attaque/Contre-Attaque, 2003) accueille le visiteur et donne le ton de l’exposition. À gauche, un petit pain posé à l’envers. À droite, une paire de baguettes est plantée dans un bol de riz… Deux gestes inconvenants ! Deux manières de se prendre les pieds dans la tapis…

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Attaque/contre attaque, 2003 – Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Pour les chrétiens, le pain retourné est associé à la mort et au malheur… Dans la plupart des cultures asiatiques, planter ses baguettes dans un bol de riz est très mal vu. Ce geste est une coutume funéraire qui rappelle la manière dont sont plantés les bâtons d’encens en offrandes aux morts…

L’accrochage s’organise ensuite autour de À table (2023), une installation qui évoque le kotatsu japonais… Mais ici, pas de chauffage au centre de cette table dressée à la française. Des chaises dépareillées dont les pieds ont été coupés et un banc posé au sol semblent attendre les convives.

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Doit-on comprendre cette hybridation autour du repas comme une transposition du quotidien de l’artiste et/ou comme une invitation à partager le menu de son exposition ?

À droite, une photographie sur bâche (Le sol vide, 2003) évoquera sans doute quelques souvenirs à celles et ceux qui ont découvert le travail de Mayura Torii à la galerie art-cade en 2013… Cette image de l’emblématique d’une tomette descellée est un trait de caractère partagé par de nombreux appartements marseillais… Peut-être est-ce aussi le cas dans le cadre domestique de l’artiste ? Seuls les experts entendront ici le jeu de mots relatifs à Sol LeWitt…

Mayura Torii - Le sol vide, 2003 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Le sol vide, 2003 – « Domestique » au Château de Servières

Le sol vide conduit le regard vers une étonnante collection de 12 tableaux inspirés, affirme Mayura Torii, par les bandes verticales d’une largeur de 8,7 cm de Daniel Buren…

Mayura Torii - Décor, 2015-2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Décor, 2015-2023 – « Domestique » au Château de Servières

Chaque toile de Décor (2015-2023) est légendée par un texte de Marie-Lise Faure qui semble pasticher les pages d’un magazine de déco…

Mayura Torii - Décor, 2015-2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Décor, 2015-2023 – « Domestique » au Château de Servières

À l’occasion de la première présentation de cette série à la Gallery Provost Hacker de Lille en 2015, Frédéric Valabrègue écrivait :

« Décor, regroupant ses derniers travaux, prend le parti du registre le plus mineur possible. Rien n’est plus minoré que la notion de décor et quand un peintre en fait un, c’est qu’il peint une illusion faite pour l’agrément. Décor est synonyme de simulacre pour ceux qui pensent que la société actuelle n’est qu’un ensemble de décors, une sorte de village Potemkine généralisé. Mayura Torii produit des peintures reconnaissables avant d’être vues parce que venues de la mode vestimentaire. Elle en fait la métonymie d’un groupe et de ses usages en même temps qu’une pseudo abstraction géométrique. Elle confond les codes de reconnaissance culturelle et les ramène sur le même plan sans hiérarchie. Elle assimile le regard sur l’art à une identification de groupe, comme il y en a autour des marques vestimentaires. La place de la peinture n’est-elle plus que celle d’un objet ready-made dans un décor ? Garde-t-elle la moindre chance d’apparaître, alors qu’elle est glacée par le prêt-à-penser ? Peut-elle se frayer un chemin entre des codes totalisant ?
C’est sur la façon dont art et anti art fabriquent de la valeur et du prestige que Mayura Torii porte sa satire
 ».

Mayura Torii - Décor, 2015-2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Décor, 2015-2023 – « Domestique » au Château de Servières

En face, le dessin d’un interminable ticket de caisse (Festin, 2019) annonce-t-il, comme son titre le suggère, le menu d’un banquet gargantuesque organisé par Mayura Torii ? Ou témoigne-t-il de l’enregistrement méticuleux de la fortune dépensée au supermarché ?

Mayura ToriiFestin, 2019 – « Domestique » au Château de Servières

Sur sa droite, une photographie (48 après-midis tranquilles, 2007) évoque les ébats amoureux de deux chaises… Faut-il y voir l’amorce d’un Kama-sutra du siège où le souvenir d’après-midis torrides ? Les œuvres de la salle suivante qui ouvre sur la droite semblent poursuivre sur ce registre équivoque et libertin…

Mayura Torii - 48 après-midis tranquilles, 2007 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – 48 après-midis tranquilles, 2007 – « Domestique » au Château de Servières

Sur sa gauche, dans son cadre doré, le dessin au crayon d’un Balais royal précède celui d’un aspirateur en cinq morceaux accrochés au ras du sol. Le titre est moins explicite, mais il ne manquera pas de faire éclater de rire celles et ceux qui suivent l’histoire du petit monde de l’art contemporain.

Mayura Torii - The Physical Impossibility of Death in Someone’s Living room, 2011 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – The Physical Impossibility of Death in Someone’s Living room, 2011 – « Domestique » au Château de Servières

En effet, The Physical Impossibility of Death in Someone’s Living room (2011) fait un écho moqueur et sarcastique au The Physical Impossibility of Death in the Mind of Someone Living (1991) de Damien Hirst. Son requin de 4 mètres, immergé dans une vitrine à trois panneaux de verre, avait fini par y pourrir avant d’être remplacé… Surtout, il fut l’objet de multiples polémiques.

L’aspirateur allongé conduit vers un première salle qui ouvre sur la gauche. Un dessin au crayons de couleurs accueille les visiteur·euse·s. Enlevage de poussière (2023) n’est pas une évocation de la photographie signée conjointement par Man Ray et Marcel Duchamp, son « n » ajouté en témoigne. Il rend hommage aux services rendu à l’artiste par son aspirateur. En effet, sur cette feuille, sont relevés avec soin les trajets de son Dyson V8 pendant 3 mois.

Mayura Torii - Enlevage de poussière, 2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Enlevage de poussière, 2023 – « Domestique » au Château de Servières

Après une vidéo agitée (Parkour de Ninja, 2022), l’accrochage présente trois diptyques de la série Versus (2018) que l’on avait découverte lors de Pareidolie à la rentrée dernière. Mayura Torii en présente le principe très simplement : « À partir de dessins de mon enfant à l’âge de huit ans, j’ai reproduit scrupuleusement les formes ».

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Versus 1, 2 et , 2018 – Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Au fond de cette salle, Artiste au travail (2023) montre une table éclairée par une lampe de bureau. Un cendrier plein de mégots témoigne d’une intense activité. En effet, deux sacs de fortune cookies ont été ouverts avec frénésie jusqu’à ce que la prédiction cachée dans le biscuit chinois annonce enfin « Votre talent sera reconnu »…

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii - Artiste au travail, 2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Artiste au travail, 2023 – « Domestique » au Château de Servières

Un espace, auguré par les ébats ardents du couple de chaises, commence par une installation énigmatique (The King, 2023). 7 gouaches représentent chacune une couronne. La légende « You are the King » est partiellement effacée. Elles entourent une petite couronne imprimée en 3D, posée sur un coussin en velours…

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Tous ces attributs du pouvoir et de l’autorité sont peints sur un fond noir, sauf pour la couronne de laurier, distinction honorifique à la gloire de celui qui la reçoit…
Mayura Torii explique que ces couronnes sont destinées à des sexes masculins… Elle précise : « J’ai eu cette idée au moment de #MeToo. J’ai voulu faire l’éloge de chaque sexe masculin, au lieu de les attaquer : “Vous êtes tous des rois !” »… Puis, elle ajoute : « il existe une expression japonaise (« 誉め殺し(home-goroshi))) qui signifie “tuer par éloge” »…

Mayura Torii - Casserole, année 2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Casserole, année 2023 – « Domestique » au Château de Servières

Accrochée au plafond, Casserole, année 2023 renvoie à la fois à la pratique sexuelle du bondage, mais aussi à l’expression « passer à la casserole »…

Mayura Torii - A poêle, 2023 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – A poêle, 2023 – « Domestique » au Château de Servières

Le dessin À poêle (2023) joue aussi sur les mots et évoque à l’évidence les poils pubiens d’un homme en érection. À côté, un petit plâtre peint couvert de poils de chat est plus équivoque. Faut-il y percevoir une allusion clitoridienne ? Son titre (Le con, 2012) aurait-il perdu son « e » final et son accent circonflexe sur le « o » ?

Mayura Torii - Le con, 2012 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Le con, 2012 – « Domestique » au Château de Servières

Juste au-dessus, une photographie (Dhyāna (zen sansskirt), 2010) est encore plus troublante…

Quel rapprochement faire entre ce qui est représenté sur cette image et son titre ?
Il faut un peu d’attention pour remarquer que le « sanskrit » s’est transformé en « sansskirt »… autrement dit : Zen sans skirt (jupe) ! Mayura Torii raconte que ce projet est né lors d’une résidence en travaillant autour de son identité japonaise et au sentiment de « honte »… Elle a donc imaginé une scène où des invités découvriraient ses habits et ses sous-vêtements abandonnés au sol. En conséquence, elle a conçu cette photographie comme une composition soignée, honorable et parfaitement « rangée », à l’image d’un jardin zen…

Mayura Torii - Dhyāna (zen sansskirt), 2010 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – Dhyāna (zen sansskirt), 2010 – « Domestique » au Château de Servières

Il y a dans ce « cabinet intime » une troublante manière de jouer avec les mots, les expressions, les images et les rapports au sexe…

Mayura Torii - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – « Domestique » au Château de Servières

Au fond de l’espace d’exposition, il faut courber l’échine pour accéder à un espace canin…

Ici, à hauteur d’animal, Mayura Torii présente une galerie de tableaux qui, de la nature morte au nu en passant par le portrait, n’ignore aucun genre admis par l’académie canine des Beaux-Arts. On appréciera l’avertissement au début de cette galerie et le commentaire audio qui accompagne la visite.

Tout au fond, sur une sorte d’autel votif, on découvre deux nouveaux dessins de la série « ESREVNER » dans plusieurs étaient exposés à dernière édition de Pareidolie. Ces représentations de Brigitte Bardot, à l’envers, au dos des couvertures du magazine Lui, s’imposaient naturellement pour les admirateurs à quatre pattes de cette amie des bêtes…

Mayura Torii - ESREVNER (Brigitte Bardot), 2023 - Mordu, 2023 et Suiton, 2021 - « Domestique » au Château de Servières
Mayura Torii – ESREVNER (Brigitte Bardot), 2023 – Mordu, 2023 et Suiton, 2021 – « Domestique » au Château de Servières

La dernière salle, qu’il ne faut absolument pas manquer, est « cachée » derrière Le sol vide.

Mayura Torii y présente Lady-Made (2003-2015), un ensemble de cinq protections pour des œuvres emblématiques de Marcel Duchamp (Roue de Bicyclette, Air de Paris, Trébuchet, Hat Rack et Fontaine). L’ensemble est accompagné d’une lettre dactylographiée adressée au Centre Pompidou, dont la lecture est incontournable.

Mayura Torii, Domestique - Vue d'exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett
Mayura Torii, Domestique – Vue d’exposition Château de Servières, Crédit photo Jean-Christophe Lett

Présentée en 2008 à la Chapelle des Pénitents d’Aniane, cette installation était alors accompagnée d’un texte de Frédéric Valabrègue, intitulé Faux amis (fozami), qu’il faut absolument lire. Avec brio, il explique les relations étranges avec la langue, les mots et la prononciation auxquels Mayura Torii a été confrontée et l’extraordinaire manière avec laquelle elle a su en jouer. On reproduit le paragraphe de ce texte plus directement consacré à Lady-Made :

« Dorloter les œuvres du Grand Démystificateur, non pas pour démystifier la démystification, mais pour couvrir ses choix sous un ensemble de sensations contraires et inattendues : la fait main, l’artisanat, l’ouvrage de dame, le soin, le pansement, la tendresse “cute”. Le regard de l’innocent (malicieux et espiègle) prend à contre-pied une vénération et l’ébrèche à force de bonne volonté catastrophique. L’humour du Maître est retourné par le sens du burlesque de son embarrassante groupie ».

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