Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni » à Marseille

Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Photo Manon Gary
Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Photo Manon Gary

Maupetit, côté Galerie présente jusqu’au 15 octobre 2016 « Variations sous influence, hommage à Antonioni », une exposition consacrée au photographe belge Harry Gruyaert, membre de l’agence Magnum Photos, depuis 1981.

Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Photo Manon Gary
Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  – Maupetit côté Galerie, 2016 – Photo Manon Gary

On se souvient de l’importante rétrospective que lui avait consacrée la Maison européenne de la photographie (MEP), en 2015 et de l’invitation simultanée que lui avait fait la RAPT, en affichant 70 de ses photographies dans 16 stations et gares de son réseau. François Hébel, commissaire de l’exposition à la MEP, soulignait dans sa présentation : « Il est plus influencé par la peinture et le cinéma que par la photographie » et rappelait qu’Harry Gruyaert est un grand admirateur d’Antonioni.

En 2007, la Cinémathèque française, en collaboration avec l’agence Magnum, organisait une exposition, « L’image d’après : le cinéma dans l’imaginaire de la photographie », mettant en lumière la relation entre la photo et le cinéma. Harry Gruyaert y présentait une installation vidéo alternant ses propres clichés réalisés depuis 30 ans, des scènes de films d’Antonioni et des images d’un film en 16 mm, tourné en 1965, derniers instants d’une histoire d’amour avec une femme sur le point de le quitter…

Sur sa page Facebook, Maupetit, côté Galerie reproduit ces propos d’Harry Gruyaert que l’on trouve également sur un mur de la galerie :

Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Vue de l'exposition

« Je me sens plus proche des arts plastiques et du cinéma que du journalisme. J’ai vu des films dont l’image m’a davantage appris, que des photos en couleurs que je connaissais à l’époque. Par exemple, « le Désert Rouge » d’Antonioni. C’est d’ailleurs dans ce film, qu’il a repeint des rues entières pour essayer de créer une émotion bien précise. Quand je vois le travail de photographes qui font de la mise en scène, je me dis parfois qu’il serait tellement plus simple de repeindre tel mur comme Antonioni, ou de demander à tel personnage de s’habiller autrement. Mais je crois que j’y perdrais ce miracle instantané de l’inattendu qui coupe le souffle, de ce phénomène très physique de la photo qui soudain s’inscrit.
Sur le terrain, il s’agit d’une vraie bagarre avec la réalité, d’une sorte de transe pour enregistrer juste une image, ou peut-être tout manquer. C’est sans doute dans le tiraillement, entre une pseudo-fiction et une prétendue réalité, que je me situe le mieux.

Il y a autre chose qui me lie à Antonioni ; j’ai filmé dans les années 60, ma petite amie dont j’étais très amoureux, et que j’étais en train de perdre. Elle avait un amant. Désespéré, je pensais que la meilleure façon de lui prouver mon amour, c’était de faire un film sur elle et de lui montrer après. En la filmant, j’ai pris mes distances avec elle, j’ai mieux compris ma relation avec elle, ainsi que sa confusion. Je me suis détaché. C’était la période où j’ai vu « l’Avventura » et « La Notte », un grand nombre de fois, et la façon dont Antonioni a filmé Monica Vitti (dont j’étais fou) m’a beaucoup influencé ».

On regardera avec intérêt également cette interview d’Harry Gruyaert réalisée par Manon Gary lors du montage de l’exposition.

Pour cette exposition à Marseille, Maupetit, côté Galerie reprend en partie le projet monté par la Galerie Cinema, à Paris, en 2014.
Un très bel ensemble des tirages de photos présentées lors de l’installation à la cinémathèque y sont exposées. Le film original « Variations sous influence » réalisé par Harry Gruyaert est projeté en regard de ses photographies.

Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Vue de l'exposition
Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  – Maupetit côté Galerie, 2016 – Vue de l’exposition

Les tirages exposés sont presque tous des contre-collés aluminium, présentés en caisse américaine. Un éclairage discret offre un très bon confort visuel. On apprécie une fois de plus l’occultation de la fenêtre qui a été mis en place à l’occasion de l’exposition de Loeïza Jacq.

Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  - Maupetit côté Galerie, 2016 - Vue de l'exposition
Harry Gruyaert « Variations sous influence, hommage à Antonioni »  – Maupetit côté Galerie, 2016 – Vue de l’exposition

L’accrochage très sobre et efficace suggère des amorces narratives à partir de séquences de trois, cinq et huit images. Il laisse toute sa place au regardeur pour imaginer (ou pas) ses propres histoires…

« Variations sous influence, hommage à Antonioni » d’Harry Gruyaert mérite sans aucun doute un passage par la librairie Maupetit, en haut de la Canebière à Marseille.

En savoir plus :
Sur la page Facebook de Maupetit, côté Galerie
Sur le site de la Maison européenne de la photographie
Sur le site de la Galerie Cinéma
Harry Gruyaert sur le site de l’agence Magnum

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