Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » au Pavillon Populaire, Montpellier

Pour son exposition estivale (jusqu’au 25 septembre), le Pavillon Populaire accueille, à Montpellier, Elina Brotherus pour une superbe rétrospective : « La lumière venue du Nord. Photographies, vidéos. 1997 – 2015 ».

Plus de 160 photographies et une sélection de vidéo sont présentées dans les deux étages du Pavillon Populaire. Afin d’éviter toute paraphrase, on revoie à la présentation de l’exposition par Gilles Mora, enregistrée lors de la visite de presse. À lire également la note d’intention du commissaire, reproduite ci-dessous ainsi qu’une présentation du parcours muséographique extraite du dossier de presse et complété par des commentaires audio d’Elina Brotherus et de Gilles Mora.

Le parcours proposé par Gilles Mora est limpide et pertinent. Suivant une progression chronologique dans les galeries, il permet au visiteur de repérer l’itinéraire de la photographe, l’originalité et la cohérence de son travail. La vaste salle centrale du Pavillon Populaire présente, hors de toute chronologie, une sélection d’une trentaine de grands formats parmi ses plus belles œuvres.

Très bien articulé, le parcours laisse les espaces et les respirations nécessaires au visiteur, tout en lui réservant quelques surprises et de judicieuses ruptures de rythme.

Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » - Oeuvres majeures (1997 - 2015)) 01

L’accrochage est particulièrement réussi. Il résume avec beaucoup de justesse les séries sélectionnées pour cette rétrospective. S’il suggère quelques rapprochements, il laisse toute sa place au regardeur.

L’ensemble est très abouti et plusieurs séquences sont remarquables. D’une première visite, on retient en particulier Le Miroir (2000-2001) qui termine la première galerie, Études d’après modèle, danseurs (2007) accompagné d’un des carnets de notes d’Elina Brotherus, la longue cimaise au premier étage avec les 45 photographies de Large de vue, hommage à Erik Satie (2006) et la poignante série  Annonciation (2009-2013) qui clôt le parcours…

Elina Brotherus, Black Bay, 2010
Elina Brotherus, Black Bay, 2010

Les vidéos s’intègrent logiquement dans le parcours. En écho avec le visuel choisi pour la communication de l’exposition The Black Bay Sequence, 2010 accueille le visiteur. Le parcours s’achève avec la projection de trois films réalisés à New York, entre 2013 et 2015,( Wrong Face,  Francesca Woodman’s Aunts  et Howl  ) et qu’il faut prendre le temps de visionner.

Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » - Documentation
Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » – Documentation

Au premier étage, avant la dernière galerie, un espace documentaire permet de consulter les ouvrages publiés par Elina Brotherus.

Quelques citations d’Elina Brotherus ponctuent le parcours qui se termine par My dog is cuter than your ugly baby, 2013, un autoportrait provocateur de sa série Carpe Fucking Diem. Gilles Mora en fait le commentaire suivant dans le catalogue : « Cette provocation, si peu conforme à ce que nous imaginons d’Elina Brotherus, leste, en une seule image, toute l’œuvre antérieur d’une gravité que nous pressentions cependant en contemplant l’écheveau de ses images ».

Elina Brotherus, My dog is cuter than your ugly baby, 2013.Elina Brotherus, My dog is cuter than your ugly baby, 2013. De la série Carpe Fucking Diem (2011-2015)
Elina Brotherus, My dog is cuter than your ugly baby, 2013.Elina Brotherus, My dog is cuter than your ugly baby, 2013. De la série Carpe Fucking Diem (2011-2015)

Les textes de salle sont précis, simples et lisibles. En français et en anglais, ils offrent quelques repères utiles pour apprécier le travail d’Elina Brotherus. Complétés par des repères biographiques, ils sont repris dans le livret d’aide à la visite, remis gratuitement à l’entrée de l’exposition.

La scénographie de Véronique Senez est comme d’habitude sobre et efficace. À de rares exceptions, l’éclairage est parfait. On regrette quelques reflets gênants dans la petite salle qui présente Horizons et des ombres portées parfois désagréables dans la partie supérieure de certaines images de la série Annonciation.

Catalogue est coédité par le Pavillon populaire de Montpellier et les Éditions Hazan avec un texte de Gilles Mora (La double perspective) et une conversation (La règle du jeu) entre Elina Brotherus, Elina Heikka et Anna-Kaisa Rastenberger , directrice et conservatrice du musée finlandais de la photographie d’Helsinski.

Commissariat : Gilles Mora, directeur artistique du Pavillon Populaire.
Exposition coproduite par le Turku Art Museum (Finlande) et la galerie autrichienne Fotohof de Salzbourg (Autriche).

Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » au Pavillon Populaire, Montpellier - Gilles Mora et Elina Brotherus
Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » au Pavillon Populaire, Montpellier – Gilles Mora et Elina Brotherus

Avec la complicité d’Elina Brotherus, Gilles Mora propose avec « La lumière venue du Nord » une des plus belles expositions présentées au Pavillon Populaire ces dernières années. Avec  « Frédéric Bazille, la jeunesse de l’impressionnisme » au Musée Fabre, c’est à l’évidence un des événements majeurs de l’été à Montpellier.

À lire ci-dessous, une présentation du parcours muséographique extraite du dossier de presse, avec des commentaires d’Elina Brotherus, enregistrés lors de la visite de presse et le texte de présentation de Gilles Mora.

En savoir plus :
Sur la page du Pavillon Populaire sur le site de la Ville de Montpellier
Sur la page Facebook du Pavillon Populaire
Sur le site d’Elina Brotherus
Sur la page Facebook d’Elina Brotherus
Les vidéos d’Elina Brotherus sont visibles sur Vimeo.
Elina Brotherus sur le site de la galerie gb agency

Elina Brotherus, La lumière venue du Nord : Parcours muséographique

Salle A : The early works / Les premiers travaux d’Elina Brotherus (1997/1999)

Elina présente ses premiers travaux, intimes et autobiographiques. Elle y raconte sa vie, ses amours, son mariage, les douleurs de la séparation et son divorce. Cette salle est une rencontre entre l’artiste et son public, où elle se dévoile sans faux-semblant.

Salle B : Suites françaises I & II (1999) et 12 ans après (2012)

Commandées lors de sa première résidence en France, par le musée Nicéphore Niépce de Chalon-sur- Saône, les Suites françaises I & II (1999) sont les premières confrontations d’Elina Brotherus avec les paysages et sa propre mise en scène. Le visiteur découvre également sa rencontre avec la France, son immersion dans un pays où tout, même la langue, lui est étranger.
Elina Brotherus est revenue sur cette expérience en s’immortalisant, telle une rencontre de mémoire 12 ans plus tard, dans la même chambre, retrouvant des situations similaires.

Salle C : Le Miroir (2000-2001)

Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » - Le Miroir (2000-2001)
Elina Brotherus « La lumière venue du Nord » – Le Miroir (2000-2001)

Cette salle présente le premier travail concomitant de l’artiste entre photographie et vidéo. Elle y fait apparaître en cinq photographies son visage dans un miroir embué.
Cette aile du Pavillon Populaire est l’empreinte du travail d’autobiographie personnelle d’Elina Brotherus.

Salle D : Oeuvres majeures (1997 – 2015)

Par éléments isolés, le vaisseau central du Pavillon Populaire présente les plus belles oeuvres issues de chacune des séries réalisées par Elina Brotherus. Parmi les images les plus connues de l’artiste, le Best of présente la magnificence des paysages, la beauté intime de la photographe et s’inscrit comme un reflet du questionnement introspectif d’Elina Brotherus.

Salle E : Études d’après modèle, danseurs (2007)

Cette salle est consacrée au travail d’Elina Brotherus de photographie de danseurs professionnels réalisé à la demande de l’Opéra National de Paris – Palais Garnier. Là encore, s’inscrivant comme un modèle aux côtés des danseurs, Elina se met en scène, pleine d’humour et de grâce. Statiques ou en mouvement, les corps des danseurs expriment en quelques images, l’émotion, la force et la délicatesse des ballets.

Salle F : Horizons (2000-2002)

Au détour de cette salle, le visiteur comprend ce qui sous-tend le travail d’Elina, sa recherche profonde sur le lien entre photographie et oeuvres picturales. Inspirée des plus grands artistes de la peinture hollandaise et scandinave, grande admiratrice de Jean-Baptiste Corot, l’artiste consacre son travail sur les paysages à cette confrontation entre photographies et œuvres picturales.

Salle G : Les femmes de la Maison Carré (2015)

Accueillie en résidence au sein de la Maison Louis Carré en 2015, Elina Brotherus poursuit son exploration de la relation entre l’individu et l’espace, dans une interaction avec l’environnement de la maison et de ses environs.
La Maison Louis Carré, qui porte le nom de son propriétaire, éminent collectionneur et galeriste du XXè siècle, est la seule construction française de l’architecte finlandais Alvar Aalto. Résidence principale de Louis Carré, la Maison est conçue pour accueillir l’ensemble de sa collection. Entre art et vie intime du quotidien, cette maison était prédestinée pour Elina.

Étage 1 – Aile droite : Large de vue, hommage à Erik Satie (2006)

Ce véritable hommage à l’œuvre d’Erik Satie met en résonance les autoportraits et paysages d’Elina Brotherus avec les indications musicales du pianiste français. Gravés dans le verre de l’encadrement de chaque photographie, ces mots et expressions de Satie ont inspiré les œuvres réalisées par Elina.

Étage 1 – Aile gauche : Annonciation (2009-2013)

Les visiteurs retrouveront dans cette aile l’intimité la plus profonde d’Elina Brotherus. S’appuyant sur la thématique picturale de l’Annonciation, elle dévoile l’une des expériences les plus douloureuses de sa vie, son infertilité. Cette série est présentée dans son intégralité.

Elina Brotherus, La lumière venue du Nord par Gilles Mora

C’est à une artiste européenne contemporaine exceptionnelle que la Ville de Montpellier consacre une véritable rétrospective. Finlandaise, née en 1972, Elina Brotherus présente les caractéristiques d’une photographe de son temps et de sa génération (usage systématique de la couleur, autoportraits mis en scène, pratique multimédia…), augmentées d’une forte valeur introspective qui rend son oeuvre encore plus attachante.

Parce que la photographie et la pratique du film et de la vidéo sont chez elle concomitantes et complémentaires, on peut dire d’Elina Brotherus que l’ensemble de son travail visuel, construit autour de l’exploration de son corps et du paysage, dessine un portrait de l’artiste dont l’intensité touche aux grandes entreprises esthétiques vers lesquelles convergent gravité, recherche plastique, envergure émotionnelle et réflexion sur l’histoire de l’art.

Cette exposition tente de repérer, pour les mettre en valeur, l’ensemble des traits qui forment comme une constante musicale dans le travail d’Elina Brotherus.
Et d’abord, sa propension à travailler par séries, ce dès ses débuts :
« Das Mädchen sprach von Liebe », (1997) « Suite Française » (réalisée en France en 1999), « The New Painting », « Model Studies », « Artist and her Model » ou « Études d’après modèle, danseurs », jusqu’à sa plus récente production : « Les femmes de la maison Carré » (2015).

Chacune de ces séries, représentées par un ensemble significatif d’images, aborde les thèmes chers à la photographe, qu’ils soient ceux du rôle de l’amour dans le couple, de la façon dont l’artiste perçoit le corps de son modèle ou son propre corps devenu son propre modèle, ou encore de sa prédilection pour le paysage.

Très influencée par la peinture aussi bien européenne, que finlandaise ou américaine, Elina Brotherus construit son travail photographique dans un rapport constant aux formes, aux lumières de ces références picturales historiques. Elles sont perceptibles dans un certain nombre d’images isolées dont l’exposition assurera aussi la mise en évidence, établissant un équilibre entre l’aspect parfois faussement conceptuel des séries ou des vidéos, et la beauté fulgurante de ces images canoniques.

1 commentaire

  1. Article très bien fait et très complet. J’apprécie beaucoup l’oeuvre d’Elina Brotherus. Comme je n’aurais pas l’occasion d’aller à Montpellier, ces photos/vidéos m’ont permis une visite virtuelle avec en direct des commentaires d’Elina. Le titre de l’exposition est aussi magnifique et colle bien à l’oeuvre présentée.
    Bravo!

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