Après la très belle exposition Ruines du temps réel, de Yan Pei-Ming, Noëlle Tissier invite, du 22 octobre 2016 au 17 avril 2017, Johan Creten pour « La Traversée » au CRAC (Centre Régional d’Art Contemporain) à Sète.
Sans aucun doute, l’artiste belge signe là une des plus belles expositions dans le midi de la France depuis la rentrée.
Sans être une rétrospective, la cinquantaine d’œuvres qui se déploient avec justesse dans les espaces du rez-de-chaussée constituent une « Traversée » dans l’histoire de Johan Creten, dans son œuvre et dans ses pratiques.
Les séquences très bien construites s’enchaînent avec évidence. Les sculptures entretiennent des dialogues subtils qui multiplient les moments d’émotions et de poésie.
La mise en espace, très réussie, suggère des points de vue renouvelés et inattendus qui relancent à tous moments l’intérêt du visiteur et aiguise sans cesse son regard.
Une visite indispensable !
Cette exposition est le deuxième volet d’un ensemble (Les premiers seront les derniers) qui marque le départ de Noëlle Tissier, fin 2017. En effet, elle fermera une boucle ouverte il y trente ans et quittera le CRAC avec une invitation à Jean-Michel Othoniel, l’été prochain.
Yan Pei-Ming et Jean-Michel Othoniel ont été, avec Philippe Perrin, les premiers résidents de la Villa Saint Clair que Noëlle Tissier créait en 1988. Johan Creten les suivit quelques années plus tard. Le dossier de presse résume ainsi son passage à Sète en 1991 :
« À la suite de sa résidence d’artiste à la Villa Saint-Clair à Sète l’été 91, Johan Creten, jeune sculpteur belge était invité à présenter les œuvres réalisées lors de son séjour à Sète dans deux expositions : la première, une exposition collective à l’Espace Paul Boyé et la seconde, une exposition personnelle réalisée à partir d’un projet spécifique dans un lieu choisi par l’artiste “la quarantaine” du port de Sète où il installe une série de sculptures dans les cellules abandonnées.
Pour découvrir les œuvres, un seul accès possible : une traversée en bateau pour atteindre ce lieu entre la terre et l’étendue immense de la Méditerranée. Une traversée symboliquement très chargée, un voyage sur le Styx entre vie et mort, vers un lieu connu pour l’isolation des malades et des exclus ».
25 ans plus tard, Noëlle Tissier et Johan Creten proposent, avec « La Traversée », un « un voyage sensible, à la rencontre de créatures hybrides, issues d’une nature merveilleuse et inquiétante, aux mystères insondables ».
Cette chronique sera prochainement complétée par un compte rendu de visite, accompagné des commentaires de Johan Creten enregistrés pendant la présentation de presse.
À lire, ci-dessous, la présentation du projet et quelques repères biographiques extraits du dossier de presse.
En savoir Plus :
Sur le site du CRAC
Sur la page Facebook du CRAC
Johan Creten sur le site de la Galerie Perrotin
Johan Creten sur le site de la Galerie Almine Rech
Johan Creten sur le site de la Galerie Transit
À lire cet entretien avec Johan Creten par Gilles Kraemer pour Le Curieux des arts
Johan Creten « La Traversée »
(Texte de présentation extrait du dossier de presse)
À la suite de sa résidence d’artiste à la Villa Saint Clair à Sète l’été 91, Johan Creten, jeune sculpteur belge était invité à présenter les œuvres réalisées lors de son séjour à Sète dans deux expositions : la première, une exposition collective à l’Espace Paul Boyé et la seconde, une exposition personnelle réalisée à partir d’un projet spécifique dans un lieu choisi par l’artiste « la quarantaine » du port de Sète où il installe une série de sculptures dans les cellules abandonnées.
Pour découvrir les œuvres, un seul accès possible : une traversée en bateau pour atteindre ce lieu entre la terre et l’étendue immense de la Méditerranée. Une traversée symboliquement très chargée, un voyage sur le Styx entre vie et mort, vers un lieu connu pour l’isolation des malades et des exclus.
25 ans plus tard, La Traversée prend une symbolique encore plus grande, forte des changements du monde et date anniversaire des 350 ans de la création du port de Sète. Changements que l’on perçoit aussi dans le travail de l’artiste qui, depuis, a sillonné le monde, de Miami à Mexico, de La Haye à Hong Kong, avec des expositions historiques comme au Bass Museum à Miami en 2003, dans les salles Renaissance du Louvre aux côtés de Bernard Palissy en 2005 ou encore, plus récemment, à la Galerie Perrotin de New York en 2015.
Le projet au CRAC propose un voyage initiatique des œuvres qui illustrent le mystère de la nature où fleurs et algues se confrontent à un bestiaire étrange et fascinant, élevant la beauté au rang de force salvatrice.
L’exposition présente des œuvres exceptionnelles dont certaines ont été réalisées avec la Manufacture Nationale de Sèvres, illustrant le génie et la passion de l’artiste pour la céramique.
La force des œuvres en céramique côtoie au sein de cette exposition des bronzes monumentaux, autre facette du travail de Johan Creten, qu’il a affirmé avec virtuosité lors de son exposition The Storm au parc de sculpture du Middelheim Museum à Anvers en 2014.
Une technique qui a longtemps subi le même rejet que la céramique et qui prend aujourd’hui à nouveau une place, grâce à la vision novatrice mêlée à l’incontestable maîtrise de techniques issues des siècles passés dont Johan Creten nous en démontre ici les possibilités exceptionnelles. « Le travail de Johan Creten parle aux tourments intérieurs qui sont en chacun de nous, en tant qu’individus mais aussi en tant que société, en traitant de sujets tels que la nature, la féminité, le pouvoir, la politique et la spiritualité » commente Gay Gassmann, pour le T Magazine – The New York Times au sujet de son exposition anversoise.
Plusieurs sculptures colossales telles que « Pliny’s Sorrow » seront également montrées dans cette exposition.
Les thèmes récurrents de l’artiste déjà présents lors de l’exposition de 1991 n’ont cessé d’évoluer.
Il y a tout d’abord la relation entre la mère et la mer connotée dans la série Odore di Femmina qui l’a rendu célèbre.
Bustes de femmes recouverts de fleurs, tels des vestiges rescapés des fonds marins que le temps et l’eau auraient corrodés.
L’artiste fait référence à travers ses oeuvres à notre désarroi face aux questions existentialistes, telle que la place et la responsabilité de l’homme dans la société, question centrale dont la sculpture « Sad Woman » est un parfait exemple. « Ses sculptures habitent un espace entre deux mondes, une limite entre surréalisme et expressionisme, rêve érotique et brutalité physique » écrit Claudia Barbieri dans le New York Times à son sujet.
Aujourd’hui, Johan Creten est considéré comme précurseur dans le renouveau de la céramique dans l’art contemporain aux côtés de Thomas Schütte et dans la lignée de Lucio Fontana. Il a d’ailleurs récemment occupé une place centrale dans l’exposition CERAMIX : de Rodin à Schütte au Bonnefantenmuseum à Maastricht puis à la Maison Rouge, à Paris, où une salle entière était dédiée à son oeuvre.
Johan Creten : Éléments biographiques
(extraits du dossier de presse)
Né en 1963 en Belgique, Johan Creten est un sculpteur flamand basé à Paris.
Il travaille tout autour du monde de La Haye à New York et de Miami à Mexico.
Véritable précurseur dans le renouveau de la céramique dans l’art contemporain aux côtés de Thomas Schütte et Lucio Fontana, il utilise plus récemment le bronze dont quelques exemples majeurs ont été montrés lors de son exposition à la Galerie Perrotin de New York en octobre dernier, « God is a Stranger ».
Il a notamment exposé dans les salles Renaissance du Louvre en dialogue avec Bernard Palissy et au musée Eugène Delacroix à Paris, au Bass Museum of Art de Miami, à la Biennale d’Istanbul, à la Wallace Collection à Londres, et au MAMCO de Genève.
– En 1996, il a été récompensé par le Prix de Rome et a résidé à la Villa Médicis.
– Entre 2004 et 2007, il fut le premier artiste à effectuer une résidence à la Manufacture de Sèvres.
– En 2009, il a été nominé pour le Prix flamand de la Culture.
– En 2013, il a tenu une chaire à l’Université d’Alfred, dans l’État de New York.
– En 2014, se tenait son exposition personnelle « The Storm » au Musée Middelheim à Anvers.
Johan Creten est représenté par la Galerie Perrotin à Paris , New York et Hong Kong, la Galerie Almine Rech à Bruxelles et la Galerie Transit à Malines, partenaires de l’exposition La Traversée.