Pour sa troisième édition, le Festival du Dessin d’Arles présente une vertigineuse sélection de 150 dessins de la Collection Antoine de Galbert, choisis par le collectionneur parmi les plus de 500 œuvres sur papier réunies depuis près de quarante ans. Accrochée dans l’Église Sainte-Anne jusqu’au 11 mai, cette proposition constitue l’un des temps forts du festival.
Dans l’ouvrage publié à cette occasion, Corinne Rondeau signe un texte intitulé La fureur d’une collection, dans lequel elle analyse avec pertinence et engagement la puissance de ces œuvres qui, dit-elle, « brouillent les jeux intellectuels et les habitudes perceptives ».
Elle écrit : « Une collection en forme de gouffre d’humanité qui tape fort, se tord, exulte, s’extasie, déconne, se répand, exagère, se contracte. Avec élégance, gaucherie, naïveté, virtuosité, les œuvres sur papier sont la vie qui veut continuer, qu’on en pleure ou qu’on en rie. Elles puent la vie qui travaille la mort à mort. »
Cette sélection témoigne de « l’attirance particulière pour l’inconnu, l’inconscient, la folie, l’inexpliqué » d’Antoine de Galbert et l’exposition son goût affirmé pour « le désordre des cabinets de curiosité, des amalgames bourrés de joie et de souffrance, de magie et de mystère, de rareté et de folklore ».
L’universitaire et critique d’art souligne aussi, et juste titre, la place centrale du corps dans les œuvres présentées. « Elles suintent de corps, mot mystérieux qui s’écrit au pluriel même au singulier, peut-être parce qu’il est à multiples orifices, bouche, oreilles, yeux, sexe, anus, trous qui s’épanchent au-dehors et reçoivent au-dedans. La collection en regorge comme si elle-même était le trou de tous les trous ».
Corinne Rondeau rappelle également l’exposition « Cent portraits de la collection d’Antoine de Galbert » dans le cadre des Rencontres d’Arles en 2018. Elle révélait déjà l’importance des têtes et des visages, omniprésents dans les choix du collectionneur : « [La tête] est un lieu opaque et poisseux, carrefour de toutes les lumières et de tous les désordres, portrait sautant d’apparences en métamorphoses, collectionneur y compris. »
Oscillant entre violence et dérision, les œuvres rassemblées traduisent l’intérêt profond d’Antoine de Galbert pour le monde, ses zones d’ombre et les tentatives humaines souvent désespérées et misérables pour les percer.
Dans le cadre des expositions thématiques qui apparaissent avec cette édition du Festival, ce premier projet consacré aux grands collectionneurs est une exceptionnelle réussite. On peut espérer que les prochaines éditions poursuivront cette démarche avec la même exigence.
Le commissariat est assuré par Antoine de Galbert et Arthur Toqué avec le soutient d’Antoine Champenois, chargé d’exposition.
L’ouvrage Dessin – Collection Antoine de Galbert est publié par les Édition Empire & Collection Antoine de Galbert. Plus de 500 dessins s’y succèdent sous la forme d’un abécédaire ouvert aux rencontres inattendues. Le texte de Corinne Rondeau est accompagné de notices sélectives rédigées par Antoine Champenois.
À voir absolument !!!
À lire, ci-dessous, une présentation du collectionneur par le Festival.
Avec des œuvres de Jean-Michel Alberola, Yüksel Arslan, Martin Assig, Bart Baele, Clément Bagot, Gilles Barbier, Jean-Michel Basquiat, Hans Bellmer, Lucie Beppler, Pierre-Yves Bohm, Michaël Borremans, George Brecht, John Cage, Gaston Chaissac, Chantalpetit, Henri Chopin, Eric Corne, Henry Darger, Berlinde De Bruyckere, Thierry de Cordier, Thibault de Gialluly, Damien Deroubaix, Fernand Desmoulin, Fred Deux, Hiroyuki Doi, Jose Manuel Egea, Leonor Fini, Johann Fischer, Lucio Fontana, Eugène Gabritschevsky, Carlos Garcia Huelgos, Antonio Garcia Molino, Vidya Gastaldon, Patrick Gimel, Abraham Hadad, Johann Hauser, Yoshifumi Hayashi, Elika Hedayat, Hendrik Hegray, Fabrice Hyber, Karl Hans Janke, John Urho Kemp, Carlo Keshishian, Johann Korec, Zdenek Košek, Noboru Kurosu, Joseph Lambert, Alexandre Léger, Christian Lhopital, Dwight Mackintosh, Michel Macréau, René Magritte, Stéphane Mandelbaum, Maryan (dit Pinchas Byrnstein), Gene Merrit, François Morellet, John Bunion Murray, Olivier O. Olivier, Michail Paule, Jean Perdrizet, Francis Picabia, Luboš Plný, Eric Pougeau, Markus Raetz, Arnulf Rainer, Bernard Réquichot, François Ribes, Jean-Jacques Rullier, Jean Rustin, Patricia Salen, Friedrich Schröder Sonnenstern, Louis Soutter, Charles Steffen, Harald Stoffers, Ceija Stojka, Marcel Storr, Elly Strik, Graham Sutherland, Ionel Talpazan, Dorothea Tanning, Roland Topor, Gérard Traquandi, Elisabeth Trenkwalder, Elmar Trenkwalder, Oswald Tschirtner, Patrick Van Caeckenbergh, Willem Van Genk, Philippe Vandenberg, Françoise Vergier, August Walla, Melvin Way, George Widener, Scottie Wilson (dit Louis Freeman), Adolf Wölfli, Anna Zemankova, Jérôme Zonder, Pascal Zoss.
En savoir plus :
Sur le site du Festival du dessin d’Arles
Suivre l’actualité du Festival du dessin d’Arles sur Facebook et Instagram
Sur le site de la Fondation Antoine de Galbert
Collection Antoine de Galbert – Une présentation par le Festival du Dessin d’Arles
Galeriste, mécène et collectionneur, Antoine de Galbert œuvre depuis de nombreuses années à promouvoir l’art contemporain. Il a, entre autres, fondé et présidé La Maison rouge, dont la qualité de la programmation artistique lui a valu d’être l’un des lieux d’exposition les plus réputés de la région parisienne entre 2004 et 2018. Il a également fait d’importantes donations à de prestigieuses collections comme celles du musée des Confluences de Lyon en 2017, du Musée de Grenoble en 2023, ou encore du Centre Pompidou, du château d’Oiron et du musée des Beaux-Arts de Lyon.
Sa collection, constituée sur plusieurs décennies avec une rare liberté de regard et un art particulier du décloisonnement, transmet l’intérêt de son propriétaire pour le monde et ses mystères ainsi que les différentes approches des hommes pour les percer: l’histoire, la mort, la spiritualité, la science, le corps, le rêve, l’imagination… Affranchie des conventions institutionnelles, de caractère volontairement éclectique, avec un accent particulier porté sur l’art brut ainsi que sur l’art ethnologique et populaire, elle met en lumière des artistes aussi bien de re-nommée internationale que de notoriété plus confidentielle, et octroie une large place à la jeune création.
