Providence. Fracas psychédélique en Nouvelle-Angleterre

Pour fêter ses 15 ans, le MIAM (Musée International des Arts Modestes) invite les  artistes de la ville de Providence,  Rhode Island (USA), jusqu’au 22 mai 2016 à Sète.

Providence. Fracas psychédélique en Nouvelle-Angleterre au MIAM, Sète
Providence. Fracas psychédélique en Nouvelle-Angleterre au MIAM, Sète

Après la découverte des univers artistiques de Winnipeg,  avec Guy Maddin et Noam Gonik (2011-2012), puis de Manille, avec Manuel Ocampo (2013) et de Séville, avec Curro González (2014), le MIAM invite l’artiste commissaire Jonas Delaborde pour explorer les Fracas psychédélique de Providence, en Nouvelle-Angleterre.

L’exposition « Providence. Fracas psychédélique en Nouvelle-Angleterre » propose de partager  l’énergie de Providence  et de comprendre les connexions multiples et les collaborations entre différents  artistes tels que  Mat Brinkman, Melissa Brown, Brian Chippendale, Jessica Ciocci, Jim Drain, Philippe Druillet, C.F.,  Leif Goldberg, Jungil Hong, Ben Jones, Marie Lorenz, Takeshi Murata, Ara Peterson, Francine Spiegel… (résumé biographique à la fin de ce billet).

Les œuvres présentées sont récentes, certaines ont été réalisées spécifiquement pour l’exposition.
À lire ci-dessous la présentation du projet par Jonas Delaborde et l’invitation d’Hervé Di Rosa.

Retrouvera-t-on décors et ambiances des nouvelles d’H. P. Lovecraft, le Reclus de Providence ?
Réponse au MIAM à Sète, jusqu’au 22 mai 2016…

Vernissage de l’exposition le lundi 7 décembre à 18h30

En savoir plus :
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Présentation de l’exposition par Jonas Delaborde

Providence est une petite ville dont le paysage urbain est presque banal pour une cité du nord-est des USA, au point qu’il sert de toile de fond récurrente aux comédies grand public des frères Farrelly. C’est aussi une des premières colonies de la Nouvelle Angleterre, fondée en 1636. L’imaginaire qu’on lui associe reste coloré par le passage d’Edgar Allan Poe, au cours du XIXe siècle. Mais c’est celui, plus durable puisqu’il y passera presque toute sa vie, d’Howard Philip Lovecraft, qui le marque le plus profondément.
Cet écrivain malade et visionnaire composera au début du XXe siècle, à travers quelques nouvelles et un seul roman, une mythologie de dieux anciens et malfaisants, aux noms imprononçables, dont le sommeil souterrain (ou sous-marin) menace régulièrement d’être interrompu. Il choisira de situer ses récits fictifs dans les régions qui entourent Providence, ou dans le Massachusetts voisin, tressant une topographie à la réalité incertaine.

On retrouve des démons grandioses et débiles, des cauchemars mutants et quelques rumeurs invérifiables lorsque dans les années 90, plusieurs jeunes artistes ont organisé des concerts cacophoniques et des combats de catch dans un squat nommé le Fort tonnerre (Fort Thunder). La légende raconte que la chaîne d’information CNN, s’est appuyée sur l’anecdote d’un concert sauvage organisé en 1993 par Mat Brinkman et Brian Chippendale, dans un tunnel ferroviaire à l’est de la ville, pour soutenir l’existence à Providence d’un culte satanique persistant. Mais c’est surtout une certaine texture psychotrope des images et des objets inventés par ces artistes, fracas psychédélique ou assemblages de rebuts, qui permet de convoquer une Couleur tombée du ciel et des Montagnes hallucinées.

Si certains rapprochements artistiques visibles dans l’exposition Providence sont délibérément arbitraires, et si l’intitulé géographique peut sembler disposer les œuvres dans une perspective qui manquerait d’amplitude, les connexions sont multiples, concrètes et solides, entre les pratiques des artistes invités qui se connaissent et travaillent parfois ensemble.
Pour autant, des parcours qui se croisent ne suffisent pas à tisser l’intimité qui existe entre les différentes œuvres. Et si plusieurs artistes empruntent à des registres fantastiques, il ne s’agit pas non plus d’une homogénéité thématique. Les échelles de production, parfois très éloignées les unes des autres, de l’installation monumentale au dessin délicat, ne plaident pas, là encore, pour une méthode unique, ni pour une manière dont on pourrait déceler les variations de l’un à l’autre.

S’il y a bien une familiarité qui existe entre tous, elle est d’abord faite d’énergie : celle du tonnerre qui donne son nom au lieu pionnier cité plus haut et qui a hébergé plusieurs d’entre eux, celle de la foudre ou du champ de force – des énergies primordiales qui donnent naissances aux mythes et aux forces infernales. Le fracas est présent, et de façon intense, dans la plupart des créations musicales de ces artistes. La stridence et la saturation composent un territoire accidenté, parcouru par des figures à cornes, ou équipées d’armes futuristes.
Les processus de transformations, par fusions et par explosions, constituent un deuxième circuit d’énergie à l’œuvre, une énergie vivace, qui génère, disperse et rassemble. Plusieurs œuvres montrent le monde qui se fragmente en facettes, en surfaces biseautées ou ondulées, en points de lumière ou de couleurs. D’autres sont des collages, des agglomérats de morceaux de papier déchirés, des regroupements d’objets échoués au bord de l’eau, ou des broderies minutieuses cousues de fils brillants.

Enfin, une politique active de collaborations dessine un dernier réseau de circulation énergétique. Les influences sont partagées, et souvent réciproques. Les plus jeunes ont lu les fanzines édités par les plus anciens. La présence de Philippe Druillet est d’ailleurs voulue comme un indicateur de ces généalogies partagées, puisque plusieurs artistes sont aussi auteurs de comics, voire parfois collectionneurs. D’une autre façon, la présence de Paper Rodeo, fanzine historique, et de Mother News, édité par Jacob Khepler, deux publications collectives, permet de rendre accessibles au public la fureur et la délicatesse, l’inventivité et la poésie d’un Providence imprimé.
Si les premiers gestes de ces artistes ont eu lieu dans années 90, la puissance de leur nature, dynamique et en perpétuelle mutation, rend caduque l’idée d’une exposition tournée vers une origine mythifiée et refroidie par le temps. Celle-ci est évoquée, mais les œuvres présentées sont récentes, et même, pour certaines, réalisées spécifiquement pour l’exposition au MIAM. Il s’est agi de donner la place à cette énergie intense, qui après avoir parcouru quelques tunnels et usines désaffectées du Rhode Island, continue de produire des déflagrations visuelles, dont l’après coup génère vibrations optiques et hallucinations.

Jonas Delaborde, commissaire invité.

Le Miam fête ses 15 ans à Providence par Hervé Di Rosa

15 ans de découvertes et de recherches pour ouvrir les horizons de l’art contemporain.
15 ans d’expositions pour changer notre regard et faire tomber les frontières.
15 ans à l’affut de créateurs inclassables et d’oeuvres rebelles à la taxinomie.

Hervé Di Rosa devant la tombe d’H.P. Lovecraft, au cimetière Swan Point à Providence, mai 2014
Hervé Di Rosa devant la tombe d’H.P. Lovecraft, au cimetière Swan Point à Providence, mai 2014

Depuis quelques années, le MIAM a prêté ses clés (ainsi que ses équipes et ses modestes budgets) à des artistes qui nous ont dévoilé leurs influences et ont partagé leur biotope artistique avec le public. Que ce soit les cinéastes mythiques canadiens Guy Maddin et Noam Gonik qui nous plongèrent dans les longues nuits d’hiver prolifiques de Winnipeg, le peintre expressionniste philippin Manuel Ocampo qui transporta à Sète les rues de Manille et ses artistes ou le peintre, Sévillan depuis des générations, Curro González qui leva le voile sur une scène sévillane contemporaine bouillonnante depuis les années 80. Ces différentes immersions dans les univers visuels de ces villes-monde ont démontré combien les artistes sont des capteurs et témoins privilégiés de tous les débordements esthétiques qui marquent un lieu et lui donnent son identité.

En 2015, l’exploration continue sous la houlette de l’artiste-commissaire Jonas Delaborde, jeune pousse des années 90, rompu à une pratique de l’art collective qui lui a permis en particulier de tresser des liens transatlantiques avec des dessinateurs et artistes de la ville de Providence aux Etats-Unis.

L’année dernière, j’ai visité cette ville, capitale de l’État de Rhode Island, une des plus anciennes des Etats- Unis, jamais vraiment remise de son déclin industriel à partir des années 20. J’y allais sur la piste de l’écrivain Lovecraft (1890-1937), le « reclus de Providence » qui y était né, y avait passé le plus clair de son temps et était devenu l’écrivain mythique qu’on redécouvre aujourd’hui. La mémoire de l’écrivain est discrète dans cette petite ville de province où un café Starbucks occupe sa maison natale. En revanche son héritage est bien présent, vivant dans les oeuvres des artistes que j’ai eu la chance de rencontrer et que Jonas Delaborde nous convie à découvrir dans l’exposition Providence. Fracas psychédélique en Nouvelle-Angleterre.

Hervé Di Rosa, président de l’association de l’art modeste

Notes biographiques des artistes invités :

Mat Brinkman

est né en 1973 au Texas. Il vit et travaille dans le Colorado. De 1991 à 1996, et de façon discontinue, il fut un élève à la RISD1, dont il n’a pas obtenu de diplôme. A l’origine de plusieurs des premières initiatives collectives underground de Providence à la fin des années 2000, il fait notamment partie du collectif Forcefield, aux côtés de Leif Goldberg, Jim Drain et Ara Peterson. Avec Brian Chippendale, il fonde également Fort Thunder en 1995, squat situé à Olneyville jusqu’à sa démolition en 2001. Enfin, avec Leif Goldberg, il crée et co-édite Paper Rodeo, un fanzine imprimé en sérigraphie sur papier journal. Son activité souterraine, sa production de comics, de musique bruitiste (sous le nom de Mindflayer), et ses innombrables dessins fantastiques pour des flyers et des posters, en ont fait une figure particulièrement influente.

Mat Brinkman
Mat Brinkman

Melissa Brown

Né en 1977 à Pittsburgh, vit et travaille à Brooklyn, NYC. Diplomée en 1996 de la RISD, puis en 1999 de l’Université de Yale (New Haven, Connecticut), elle a suivi un cursus académique consacré à la peinture et aux techniques d’impression. Sa pratique picturale en est fortement marquée, elle qui manipule les pochoirs autant que les pinceaux et qui continue d’enrichir un ensemble de gravures sur linoleum commencé il y a presque dix ans.

Melissa Brown, New York Aquarium, 2013. gravure linoleum 61 x 45,7 cm
Melissa Brown, New York Aquarium, 2013. gravure linoleum
61 x 45,7 cm

Brian Chippendale

est un artiste, musicien et auteur de comics né en 1973 à New York. Il vit et travaille à Providence, occupant avec Jungil Hong le dernier étage d’un bâtiment industriel à l’abandon rebaptisé The Hilarious Attic (le Grenier Hilarant). Il est sorti diplômé de la RISD en 1996. Un des fondateurs de Fort Thunder, squat et collectif historique, il est également la moitié du duo de rock bruitiste Lightning Bolt. Il se produit en solo sous le nom de Black Pus. Dans son travail d’auteur de comics, il associe un trait versatile à une narration fragmentée. De la même manière, son travail de peintre se présente souvent sous la forme d’ensembles composites, constellations abstraites et lambeaux figuratifs, regroupés par collage, de façon saturée.

Brian Chippendale
Brian Chippendale

Jessica Ciocci

née en 1976, vit et travaille entre la Caroline du Nord et New York. Elle utilise une large palette de techniques et de supports, qui va du dessin à la conception de projets numériques en ligne, en passant par la broderie et la performance. Elle a publié plusieurs fanzines ainsi que des comics auto-édités, dans lesquels elle développe un paysage iconographique faussement ingénu, souvent grotesque et acide. Elle est également un des membres fondateurs du groupe Paperad, avec son frère Jacob Ciocci et leur ami Ben Jones. Créé en 2000, celui-ci a mis en scène, à travers des dispositifs multimédias ludiques et absurdes, une culture hétéroclite en auto-digestion perpétuelle.

Jessica Ciocci, untitled, 2014. tricot. 386 x 81,28 cm
Jessica Ciocci, untitled, 2014. tricot. 386 x 81,28 cm

Jim Drain

né en 1975, vit et travaille à Miami, en Floride. Son travail personnel se situe aux frontières de la sculpture, à travers des objets hybrides, qui associent mobilier et photographies, collages et tricots, installations et vêtements. Les questions propres au tissu (le tressage, la trame, le motif, l’impression) sont souvent à la source, aussi bien technique que conceptuelle, de ses oeuvres colorées. Diplômé de la RISD en 1998, il a régulièrement collaboré avec d’autres artistes, comme lorsqu’il participe à la fondation en 1996 du collectif Forcefield. Son travail est entré dans les collections du MOMA, à New York.

Jim Drain, LFSVR, 2004. Sculpture. tissus sur acier et armature de bois. 190.5 x 104.1 x 63.5 cm
Jim Drain, LFSVR, 2004. Sculpture. tissus sur acier et armature de bois. 190.5 x 104.1 x 63.5 cm

Philippe Druillet

est un auteur de bandes dessinées, designer et artiste français. Créateur du personnage de Lone Sloane, un rebelle « néo-terrien » qui évolue dans un cosmos violent et dangereux, il s’intéresse dès ses débuts aux mythologies monstrueuses forgées par Howard Philip Lovecraft. Il illustrera notamment sa propre version du fameux Nécronomicon. Fondateur en 1975 avec Jean Giraud (Moebius) et Jean-Pierre Dionnet de la revue Métal 1 Rhode Island School of Design, école d’art de Providence Hurlant, il est un des pionniers de la science-fiction psychédélique et adulte en bandes dessinées.

Philippe Druillet
Philippe Druillet

C.F.

(ou CF) est le pseudonyme de Christopher Forgues, artiste, auteur de comics, musicien, né en 1979 dans l’Etat du Massachusetts. Il est diplômé du Massachusetts College of Arts and Design et vit et à Providence. Dans ses publications, il met son dessin élégant, un trait au crayon tout en arabesques précises, au service de récits opaques, où la monstruosité de situations parfois pornographiques se mêle au merveilleux et à des hallucinations fantastiques. Ses différents projets musicaux, sous plusieurs intitulés et pseudonymes (Kites, Daily Life, Mark Lord, etc.), empruntent un ensemble de voies similaires, qui voient se superposer performances noises brutales et paysages synthétiques abstraits.

C.F.
C.F.

Leif Goldberg

né en 1975, vit et travaille à Hardwick, dans l’Etat du Vermont. Diplômé en 1997 de la RISD, avec une spécialisation en film et animation, son travail se déploie à travers des approches multiples : conception de calendriers imprimés en sérigraphie, édition de revues, dessins animés, sculptures en papier mâché. Impliqué dans un grand nombre d’initiatives collectives (il fut un membre de Fort Thunder et de Forcefield), il est le coéditeur, avec Mat Brinkman, de Paper Rodeo, une publication qui fera école. Ses propres dessins jouissent d’une liberté étendue : parfois loufoques, d’autres fois abstraits et psychédéliques.

Leif Goldberg, The Way Life Should Be #2. monotype. 33 x 48,26 cm
Leif Goldberg, The Way Life Should Be #2. monotype. 33 x 48,26 cm

Jungil Hong

est née en 1976 à Séoul, en Corée du Sud. Elle vit et travaille à Providence, dans le squat the Hilarious Attic, qu’elle partage avec Brian Chippendale. Elle a été diplômée en 1999 de la RISD, avec une spécialisation en céramique. Tendant vers une abstraction géométrique, jouant notamment des superpositions de trames propres à l’impression par sérigraphie, elle développe aujourd’hui une recherche spécifiquement orientée vers le travail du textile. Les tissages complexes qu’elle produit explorent les variations possibles autour de différents rapports d’échelle, de combinaisons de textures et de matériaux, et de leur usure délibérée. Ces recherches plus récentes se sont inscrites dans un cursus académique, conclu en 2015 par un MFA (Master of Fine Arts), toujours à la RISD.

Jungil Hong, Vue d’ensemble jacquard tissé. Coton, monofilament, polyester
Jungil Hong, Vue d’ensemble jacquard tissé. Coton, monofilament, polyester

Ben Jones

Né en 1977 à Pittsburgh, vit et travaille à Los Angeles. Il est diplômé du Massachusetts College of Art où il a rencontré et collaboré avec C.F. à la réalisation de fanzines sous le nom Paperradio. En 2000, il fonde avec Jacob et Jessica Ciocci, Paperad, collectif artistique créant comics, fanzines, vidéos, enregistrements sonores et oeuvres multimédias aux intonations humoristiques et extravagantes puisant leur inspiration dans les icônes pop et la culture geek. Ben Jones décrit sa compréhension du monde « comme un New Dark Age » – soit la vision optimiste du New Age mêlée à la dimension dépressive des « Ages Sombres ». Ses oeuvres transposent l’esthétique colorée de son travail multimédia à travers des dessins, peintures, des vidéos et des sculptures dont l’iconographie renvoie aux comics, séries télévisées, jeux vidéos, mais aussi « aux châteaux, ghettos ». Il est également concepteur de dessins animés (The Problem Solverz, ou Stone Quackers, série satyrique pour adultes) et de vidéoclips.

Marie Lorenz

Née en 1973, vit et travaille à New York. Diplômée en 1995 de la RISD et en 2002 de l’Université de Yale (Master of Fine Arts), elle étudie et documente depuis 2002 les voies navigables de New York. Sur des bateaux qu’elle conçoit et fabrique, elle invite des passagers à explorer des lieux reculés et des îles secrètes des bords de mer de la métropole. Elle peut aussi partir seule pour d’autres investigations qu’elle enregistre à l’aide d’une caméra vidéo. Au cours de ses dérives, l’artiste collecte parfois des matériaux et objets apportés dans le port par les tempêtes et les marées. Ils sont ensuite enregistrés, imprimés ou encore filmés comme autant de traces de ses mystérieuses découvertes et chasses au trésor.

Marie Lorenz, Macrame VIII (Barren Island), 2014 Fonte, fer trouvé, verre de mer, fils tressés 129,6 x 5 x 61 cm
Marie Lorenz, Macrame VIII (Barren Island), 2014
Fonte, fer trouvé, verre de mer, fils tressés
129,6 x 5 x 61 cm

Takeshi Murata

est né en 1974 à Chicago. Diplômé en 1997 de la RISD, il vit et travaille à Saugerties, dans l’Etat de New York. Ses oeuvres sont principalement réalisées à partir de la vidéo ou de l’animation assistée par ordinateur. Elles reposent pour la plupart sur une « mise à l’épreuve » de son médium : accentuation visuelle de bugs techniques ; distorsion, pixellisation, liquéfaction et abstraction de l’image ; désordre sonore ; narration illogique ou perturbée. Ce dérèglement volontaire des outils technologiques engendre finalement la nécessité d’un retour aux pratiques historiques de l’animation de l’image pour l’artiste – du flipbook au zoetrope, en passant par les études du mouvement par Eadweard Muybridge.

Ara Peterson

né à Boston en 1973, vit et travaille à Providence. Diplômé en 1997 de la RISD, dans la section Film/Vidéo/ Animation, il fut un des membres du collectif Forcefield, exposé à New York en 2002 lors de la Whitney Biennal. Son travail personnel est issu d’une pratique originale qui mêle technologies contemporaines et savoir-faire manuel. Ses recherches d’effets optiques peuvent se déployer sur des impressions numériques, dans des vidéos, des peintures ou des installations multimédias, mais elles trouvent une résonance particulière dans ses sculptures en bois peint. Son travail fait aujourd’hui partie des collections du MOMA et de celles du New Museum de New York.

Ara Peterson, Forced Spiral Two, 2012. Acrylique sur bois. 147 x 71 x 10 cm
Ara Peterson, Forced Spiral Two, 2012. Acrylique sur bois. 147 x 71 x 10 cm

Francine Spiegel

a été diplômée en 1997 de la RISD. Le plus souvent, ses grands tableaux à l’acrylique « tirent le portrait » de figures féminines tantôt distordues, psychédéliques ou horrifiques et toujours énigmatiques. Ses représentations de visages et corps à demi-nus recouverts de liquides dégoulinants et de matières visqueuses suggèrent au regardeur la pré-existence d’une action, d’un rituel ou d’un cérémoniel mystérieux et inconnu qui engendre pauses maniérées – tout à la fois sensuelles et malfaisantes – et éruption massive de couleurs. Née en 1975 à Miami, elle vit et travaille à Saugerties, Etat de New York.

Francine Spiegel, The Watcher, 2010. Acrylique et aérographe sur toile. 147.5 x 112 cm
Francine Spiegel, The Watcher, 2010. Acrylique et aérographe sur toile. 147.5 x 112 cm

Paper Rodeo

Leif Goldberg et Mat Brinkman ont créé Paper Rodeo en 2001. Publication collective à la parution irrégulière, son dernier numéro, le 19e, a paru en 2006. Des dessins, des collages et des comics sont rassemblés et imprimés en sérigraphie sur un papier journal bon marché. La mise en page et l’usage innovant, flexible et chaotique, du grand format tabloïd, les choix graphiques de saturation visuelle et le télescopage de registres artistiques multiples en ont fait une revue pionnière et qui a inspiré un grand nombre d’artistes et d’éditeurs aux USA comme à l’étranger (Kuti Kuti en Finlande, Smoke Signal à NYC, par exemple). Les artistes et les auteurs conviés à participer à chaque numéro étaient issus, pour la plupart, de Fort Thunder ou de la scène underground de Providence (Brian Chippendale, CF, Ben Jones, Matthew Thurber, Cybelle Collins, ou Noah Lyons, parmi d’autres).

Mother News

est une publication mensuelle fondée en 2010 à Providence par Jacob Khepler. Après 41 numéros, elle s’est officiellement arrêtée en septembre 2015. Imprimée au format tabloïd sur papier journal, elle propose sur 8 pages, parfois 12, des articles à l’approche et au ton très personnels : miscellanées poétiques, critiques de concerts locaux, puzzles et informations inattendues. Chaque numéro est également l’occasion de suivre plusieurs comics exclusifs, écrits et dessinés par des auteurs tels que Brian Chippendale, CF, Mickey Zacchili, Michael DeForge, etc. La cohérence esthétique de la direction éditoriale, la bizarrerie assumée des sujets abordés et les invités réguliers en ont rapidement fait une publication emblématique de la scène artistique de Providence.

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