Opéra Noir de Berdaguer & Péjus, place Lulli à Marseille

Inauguration le vendredi 10 janvier 2014 à 11 h 30, place Lulli à Marseille de l’Opéra Noir une œuvre architecturale et sonore de Berdaguer & Péjus.

Opéra noir est une sculpture sonore accessible au public, éclairée la nuit. L’oeuvre diffusera 24h sur 24h et en direct du son en provenance de l’Opéra situé à proximité.
Il s’agit de capter l’activité de l’Opéra dans son ensemble, c’est-à-dire aussi bien le montage des décors que la fabrication des costumes, les répétitions, les spectacles, la présence du public lors des entractes, les bruits de portes, de voix, de machines etc.
L’ensemble de ces sons sera soumis à une série des distorsions puis remixé grâce à un programme informatique qui crée une oeuvre sonore, originale, aléatoire et éphémère.

Communiqué de presse :                                                              

En 2011, la place Lulli, située dans le centre de la ville, a fait l’objet d’une réhabilitation par la Communauté urbaine Marseille Provence Métropole. Cet aménagement a notamment permis de réduire le nombre de places de stationnement, de libérer l’espace central de la place et de créer une station de vélos en libre-service. Il avait par ailleurs comme objectif de préserver la diversité des commerces en limitant l’extension des terrasses de café.

01-placeLulliNue
La place Lulli avant l’installation de l’oeuvre. Au fond,l’arrière de l’Opéra de Marseille.

Marseille Centre, Fédération des commerces du centre-ville, a souhaité participer à la requalification de cet espace urbain et apporter une dimension poétique symbolique à la place Lulli, aujourd’hui en quête d’identité et d’usages. Pour réaliser ce projet, des commerçants ont fait appel à l’action Nouveaux commanditaires qui leur a permis de solliciter les artistes Berdaguer & Péjus pour imaginer une oeuvre en relation avec l’Opéra situé à proximité.

Leur proposition, à la fois architecturale et sonore, est formulée à partir d’une logique de distorsion. Berdaguer & Péjus se sont inspirés du kiosque à musique situé en haut de la Canebière auquel ils ont appliqué une série de transformations pour créer une micro-architecture aux traits fluides et dansants. Du côté sonore, les sons et bruits provenant de l’intérieur de l’Opéra (voix, machines, bribes musicales, etc.) sont filtrés, distordus, « remixés », puis retransmis en temps réel au kiosque, diffusant ainsi une composition originale aléatoire et éphémère.

Par cette étonnante ventriloquie, les artistes matérialisent un autre «espace» dans l’espace. Opéra noir, à la fois mirage et écho de deux lieux repères de la ville, se propose comme une interface ouverte et poreuse entre l’espace public et l’imaginaire.

Commanditaires : des membres de Marseille-Centre, Fédération des commerces du centre-ville
Partenaires : Fondation de France – action Nouveaux commanditaires, Fondation Daniel et Nina Carasso, Fondation Le Valdon, Marseille-Provence 2013, Marseille Provence Métropole, Ville de Marseille

Matériaux acier, aluminium, résine, haut-parleurs et système d’éclairage intégrés
Modélisation 3D : Guillaume Hugonnet
Conception informatique musicale : Charles Bascou, GMEM, Centre National de création musicale à Marseille
Captation et transmission sonores / éclairage Jérôme Decque, GMEM, Centre National de création musicale à Marseille TEXEN, Aix-en-Provence Le Bras Communication, Marseille
Fabrication parties en métal ART PROJECT, Millery parties en résine CHD production, Montpellier
Électrification sur site Christophe Girati, Eléctricité Provence Méditerranée
Médiation et suivi de production Anastassia Makridou-Bretonneau et Frédéric Stordeur, Eternal Network Sud, Marseille
Coordination institutionnelle Marianne Tiberghien et Nadine Venko, Marseille Centre

En savoir plus :
Sur le site de Marseille-Provence 2013
Sur le site des Nouveaux Commanditaires
Sur le site de C.D-H Art Production
Sur le site de Ethernal Network
Sur le site de Berdaguer & Péjus

Opéra noir, extraits de la note d’intention des artistes

Une architecture fantôme
Notre projet dessine une architecture, une architecture fantôme sur la place Lulli qui se situe à l’arrière de l’Opéra et pourrait être perçue comme son négatif, son double, son empreinte en creux. Notre proposition se construit à partir de deux phénomènes de transposition, deux déterritorialisations d’espace, deux ventriloquies, l’une sonore, par la captation et le transfert en temps réel sur la place des sons provenant de l’intérieur de l’Opéra, et l’autre spatiale, par la création d’un espace de diffusion, un “salon d’écoute” qui lui est une réinterprétation d’un autre lieu situé dans Marseille : le kiosque à musique situé en haut de la Canebière.

Une interface ouverte et poreuse
Notre proposition n’est pas une construction fermée sur elle-même mais au contraire une interface ouverte et poreuse, elle joue le rôle de passeur, de transmetteur entre l’Opéra, avec tous les sons qu’il génère (sons, machines, voix, bribes musicales qui seront distordus par l’application de filtres) et la ville.

Pour concevoir l’espace d’écoute sur la place, nous avons souhaité à la fois matérialiser le travail sonore élaboré dans l’Opéra et permettre une condition d’écoute adaptée et juste par rapport à la façon dont nous avons capté et transformé le son. Nous avons donc travaillé l’espace sonore et sculptural avec la même logique : nous avons remodélisé en 3D le kiosque à musique de la Canebière et nous lui avons appliqué une série de distorsions et transformations autant sur le plan de la forme que de la taille. Ces transformations ont généré une construction donnant l’impression d’une mollesse, d’une matière qui fond, proche d’une sculpture en cire. Les distorsions opérées sur le son se trouvent retranscrites dans l’architecture, un peu comme si celle-ci avait subi les mêmes filtres, étirement, gonflement. La couleur noire bleutée (rappelant le papier carbone) donne à la construction une présence étrange et volontairement tranchante avec l’environnement. Le dispositif sculptural, architectural et sonore s’inscrit sur le site dans une logique de rupture, rupture stylistique, temporelle, spatiale.

De jour comme de nuit
L’usage de cette micro-architecture sera permanent de jour comme de nuit, les captations et déformations étant sans interruption, le kiosque “jouera” l’Opéra pour des utilisateurs très différents selon l’heure. Le dispositif prendra une autre visibilité à la nuit tombée par le biais d’un éclairage présent dans la coupole du kiosque mais aussi dans le socle, matérialisant ainsi une zone d’écoute, un dispositif scénique.

Le kiosque de la place Lulli est donc le fantôme de deux espaces, de deux lieux dans la ville, une hétérotopie au sens où l’entend Michel Foucault, des espaces concrets qui hébergent l’imaginaire, une cabane d’enfant, un théatre ou un Opéra…

À propos de Christophe Berdaguer et Marie Péjus,
Nés respectivement en 1968 et 1969, vivent et travaillent à Marseille et Paris.
Depuis 1994, ce duo d’artistes interroge les utopies architecturales et sociales du XXe siècle pour les réactiver ou en proposer une relecture critique. Leur œuvre polymorphe met en avant l’inconscient et l’imaginaire.

Berdaguer & Péjus ont été pensionnaires de la villa Medicis en 2008. Leur travail, récompensé par le prix de la Fondation Ricard en 2007, a fait l’objet de nombreuses expositions en France et à l’étranger.

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer