André Blondel, Au nom du père à l’espace Bagouet, Montpellier

affiche_1Ceux qui se souviennent de Blonder/Blondel, la rétrospective André Blondel présentée, en 2009, par le musée Paul Valéry à Sète, attendent avec intérêt le projet Au nom du père monté par Numa Hambursin à l’espace Bagouet du 7 février – 13 avril 2014.

Ceux qui ne connaissent pas l’œuvre de cet artiste peuvent patienter en consultant le site internet Blonder Blondel que propose son fils Marc Blondel.

Bien entendu,  nous reviendrons sur cette nouvelle proposition de l’espace Bagouet dans cette série d’expositions consacrées aux  figures artistiques régionales des XIXe et XXe siècles, après avoir une prochaine visite.

Vernissage le jeudi 6 février 2014
Du mardi au dimanche : 0h – 13h et de 14h – 18h

En savoir plus :
Sur le site de la ville de Montpellier
Sur le site Blonder/Blondel

Communiqué :

Le rapport qu’entretient notre région avec André Blondel est passionnant car atypique. Le Languedoc l’a adopté, l’a reconnu comme l’un de ses enfants, alors même qu’il n’y aura vécu que huit ans. Shaye (ou Sasza) Blonder est né le 27 mai 1909 à Czortkow, ville autrefois polonaise désormais ukrainienne, d’une famille juive de commerçants issue d’une lignée de rabbins. C’est en 1926, à l’âge de dix-sept ans, qu’il effectue son premier séjour à Paris. Une expérience déterminante qui le conduit à revenir quatre ans plus tard et à s’inscrire à l’Ecole des beaux-arts en section d’architecture. En 1932, retour en Pologne. Il entre à l’Académie des beaux-arts de Cracovie et se rapproche du parti communiste. Blonder rejoint le « Groupe de Cracovie », composé entre autres de Maria Jerema, Leopold Lewicki, Stanislas Osostowicz et Henryk Wicinski. Une bourse d’étude lui permet de s’installer à nouveau à Paris en 1937. Il y fréquente assidument la communauté russe et rencontre Chaïm Soutine. Quand la guerre éclate, Blonder ne sait pas qu’il ne remettra plus jamais les pieds en Pologne.

Engagé dans l’armée polonaise en France, démobilisé en juin 1940 à Toulouse, il parvient à se réfugier à Aix-en-Provence où la lumière du Midi lui est révélée. En novembre 1942, il quitte Aix pour le domaine des Escoussols, près de Carcassonne, où il travaille comme bûcheron. Le 5 juillet 1943, il épouse Louise Bonfils, surnommée Lisou. Ils auront deux enfants, Hélène en 1944, Marc un an plus tard. Shaye Blonder, grâce à de nouveaux papiers, devient André Blondel. Enfin la France est libérée. La petite famille s’installe à Carcassonne. Commence pour Blondel une période de création inouïe et de fréquentation des cercles artistiques et littéraires. Il peint plusieurs portraits de Joë Bousquet et se lie d’amitié avec François Desnoyer, Gabriel Couderc et Camille Descossy. Sète, où il se rend souvent, lui inspire ses plus belles toiles, des marines ou des vues du Mont Saint-Clair gestuelles et généreuses, gorgées de couleurs et de matière. André Blondel est alors incontestablement à l’apogée de son talent. La violence de sa peinture contraste avec l’apaisement de ses sujets, paysages et scènes de famille. Elle crée une œuvre qu’il faut un temps pour appréhender, moins flatteuse que portée par un sentiment d’urgence et de nécessité. Au printemps 1949, le couple quitte le Midi et s’installe à Paris. Le 14 juin de la même année, André Blondel tombe du deuxième étage d’un appartement qu’il aidait à rénover.

Hélène est née à Salinelles, dans le Gard, en 1944. Cinq ans plus tard, elle perdait son père. Il devenait un fantôme, une ombre qui allait peser de tout son poids sur sa vie. L’immense difficulté pour le descendant d’un artiste qui souhaite perpétuer l’oeuvre de son aïeul réside dans une nécessaire lucidité, dans la capacité à séparer l’homme du créateur. Ce dernier doit être regardé comme un être in abstracto, sans affect, comme extérieur à celui qui vous prenait par la main et vous caressait les cheveux. L’exercice est parfois impossible. Avant cette expérience je ne l’aurais pas dit, mais après tout tant mieux. Il y a dans cette toile où Hélène joue aux cubes avec son frère quelque chose qui va au-delà de l’histoire de l’art. Il y a dans cette exposition quelque chose qui va au-delà de la peinture.

Commissariat : Numa Hambursin

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