Pour son exposition inaugurale, le centre d’art de l’Hôtel de Caumont présente, jusqu’au 13 septembre, « Canaletto, Rome – Londres – Venise, Le triomphe de la lumière ». Prolongation jusqu’au 20 septembre.
Une cinquantaine de tableaux et dessins provenant de collections publiques et privées internationales proposent un regard sur les différentes étapes de la carrière artistique du célèbre védutiste, depuis ses débuts à Rome, son séjour en Angleterre et, bien entendu, les multiples vues produites à Venise.
L’exposition montre également une attention particulière au processus de création et au traitement de la lumière dans la peinture d’Antonio Canal.
Un esprit chagrin ne manquerait pas de souligner qu’une nouvelle exposition sur l’œuvre du célèbre maître vénitien n’est pas d’une folle originalité… Il rappellerait que Culturespaces, qui gère aussi le musée Jacquemard-André, avait proposé un « Canaletto-Guardi, les deux maîtres de Venise », en 2012-2013. Enfin, il pourrait avoir la perfidie de suggérer qu’avec une telle proposition pour son exposition inaugurale, le centre d’art de l’Hôtel de Caumont s’assure un succès évident…
Ne boudons pas le plaisir de voir dans la région une telle exposition, ordinairement réservée aux grandes métropoles !
L’exposition, dont le commissariat est assuré par Bożena Anna Kowalczyk, spécialiste reconnue de Canaletto et Bellotto, est une réussite qui intéressera le grand public comme l’amateur averti.
Plusieurs tableaux sont présentés pour la première fois au public. « Canaletto, Rome – Londres – Venise, Le triomphe de la lumière » bénéficie de prêt de plusieurs collections prestigieuses, avec entre autres l’Alte Pinakothek, Munich ; la Collection du Prince de Liechtenstein, Vienne ; le MET, New York, le Szépmüvészeti Muzeum, Budapest ; la Galerie des Offices, Florence ; la Galerie de l’Académie, Venise ; la Royal Collection et la National Gallery, Londres ; le Musée Pouchkine, Moscou…
Quatre toiles récemment attribuées à Canaletto par la commissaire sont présentées dans l’exposition : Caprice avec ruines romaines (vers 1720-1721, collection particulière), Venise, San Pietro di Castello et Venise, le Grand Canal avec l’église San Geremia, le palais Labia et l’accès au Cannaregio (1736-1738, The National Gallery, Londres), et Caprice avec une église sur une colline (1755-1760, collection particulière).
Le parcours, à la fois chronologique et thématique, comme le choix des œuvres montrent clairement l’évolution de Canaletto. L’accrochage et l’enchaînement des neuf salles d’exposition rythment la visite de façon agréable. L’attention du regardeur est régulièrement relancée, sans nuire au plaisir de la contemplation des toiles et des dessins. Le parcours d’exposition est entrecoupé de quelques respirations plutôt bienvenues (évocation des fastes de Venise à l’époque de Canaletto, secrets de la camera obscura, installation multimédia Capriccio Veneziano, réalisée par l’artiste vénitien Gianfranco Iannuzzi).
La scénographie proposée par Hubert Le Gall, assisté de Laurie Cousseau, est sobre. Les couleurs des cimaises soulignent discrètement les séquences du parcours et assurent, avec l’éclairage signé de Vyara Stéfanova, une mise en valeur réussie des peintures comme des dessins. Toutefois, le wallpaper de la salle « 1744-1746 Villes rêvées, les Caprices » nous est apparu comme une surcharge qui apporte peu à la lecture des toiles. On peut également s’interroger sur la rupture de la chronologie de cette salle par rapport à la suivante (« Venise, 1729-1740 La splendeur de Venise, la Sérénissime »).
Les textes de salles proposent une introduction pour chaque séquence et un commentaire pour les œuvres majeures.
Un livret propose un accompagnement (en français et en anglais) avec une chronologie, le cartel des œuvres exposées et un bref commentaire pour un à trois tableaux ou dessins pour chaque salle. On pourra lui préférer un audio guide ou une application pour smartphone et tablette qui commente une peu plus d’une quinzaine d’ œuvres.
Le catalogue aux éditions Fonds Mercator est très complet. Introduit par deux articles de Bożena Anna Kowalczyk, il présente un commentaire scientifique complet et une notice détaillée pour chaque œuvre. La qualité des reproductions est très satisfaisante. De nombreuses toiles ou dessins en relation avec les œuvres exposées sont également illustrées. Une telle publication devient de plus en plus rare…
La visite de cette exposition s’impose sans aucun doute. Elle sera l’occasion de découvrir le centre d’art de l’Hôtel de Caumont, ce nouveau lieu de culture à Aix-en-Provence et d’en apprécier la qualité du travail de restauration.
Attention, le succès est prévisible ; les salles d’exposition ne sont pas très vastes. On conseille donc de ne pas attendre la probable cohue de Juillet-Août pour programmer une visite…
En savoir plus :
Sur le site de l’exposition Canaletto
Sur le site de Caumont – Centre d’Art
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