Destination Mars, au 7ème PAC, à Marseille

Pour cette édition 2015 du PAC (Printemps de l’Art Contemporain), Marseille Expos invite Caroline Hancock,commissaire indépendante à construire la programmation du festival autour d’un sujet commun : la carte postale photographique, inventée à Marseille par Dominique Piazza, un immigré italien, chef d’entreprise à Marseille en 1891.
L’homme était aussi un « excursionniste », le PAC a donc proposé pour le week-end d’ouverture de « Destination Mars », après une soirée de lancement mémorable à la Friche Belle de Mai, quatre parcours pour découvrir les multiples expositions proposées par les 34 membres du réseau Marseille expos (musées, galeries, résidences, associations…). Chacun a interprété la thématique, selon leurs spécificités et leurs recherches.
Ces parcours ont aussi été l’occasion de découvrir ou de redécouvrir « le tissu urbain et son patrimoine ancien et actuel, artisanal et industriel, les clichés touristiques et populaires, les points de vue et des sites insolites et habituellement hors-champs  (…) mis en valeur et interrogés pour l’occasion au travers des regards aiguisés des artistes et des acteurs culturels ». On lira avec intérêt l’intégralité du texte d’intention de Caroline Hancock, reproduit ci-dessous.

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John Deneuve, Illustration pour «Destination Mars». Printemps de l’art contemporain, Marseille, 2015 © John Deneuve

 

Ce long week-end de l’Ascension a été d’une abondance et d’une diversité étonnante.
De nombreux efforts de communication ont été déployés pour informer et accompagner le public qui a été souvent au rendez-vous.  On a apprécié l’humour, l’autodérision et la facétie des illustrations de John Deneuve, inspirées des clichés de la cagole marseillaise, que le PAC a retenu pour sa communication.
Il est impossible de rendre compte de la multiplicité des propositions artistiques. On reviendra  dans de prochains billets sur plusieurs de ces expositions, plusieurs sont remarquables et tout particulièrement FOMO, présenté par Sextant &+ à le Friche.

Performance d'Elisa Pône, Alliance Caustique, l’écho des spectres, en collaboration avec le compositeur Eric Arletti - FOMO Friche Belle de mai. photo Caroline Dutrey
Performance d’Elisa Pône, Alliance Caustique, l’écho des spectres, en collaboration avec le compositeur Eric Arletti – FOMO Friche Belle de mai. photo Caroline Dutrey

Le festival se prolonge jusqu’à la fin du mois de mai avec cycle de rencontres professionnelles et tables rondes (programme ici).

Les expositions sont visibles pendant plusieurs semaines. Rien de perdu pour ceux qui n’étaient pas à Marseille pendant ces quatre jours… exception faite des performances !

Il faut souligner l’extraordinaire vitalité de la scène artistique contemporaine marseillaise. En dehors des grandes capitales, peu de ville offrent actuellement une programmation d’une telle richesse et une telle diversité. Les esprits chagrins qui assuraient qu’il n’y aurait pas de lendemains à Marseille Provence 2013 sont, à l’évidence, démentis par un tel dynamisme.

Le Printemps de l’art contemporain, en mai-juin,  puis ART-O-RAMA, Paréidolie et la nuit des Galeries, fin août, sont devenus des rendez-vous incontournables…

La démarche engagée par Marseille Expos, depuis sa création en 2007, pourrait certainement inspirer les acteurs des arts visuels de plusieurs villes et métropoles, en particulier celles où l’on a pu voir récemment des « politiques » aux contours incertains…

Rappelons que Marseille Expos rassemble actuellement 34 structures très diverses :  lieux associatifs, galeries privées, lieux de production et de diffusion, institutions telles que le MuCEM, le FRAC Provence-alpes-Côte d’azur, le [mac] Musée d’Art Contemporain de Marseille et l’École Supérieure d’art et de Design Marseille-Méditerranée (ESADMM).

En savoir plus :
Sur le site du PAC (Printemps de l’Art Contemporain)
Sur la page Facebook du PAC (Printemps de l’Art Contemporain)
Suivre le PAC sur Twitter et sur Instagram
Sur le site de Marseille-Expos

Destination Mars, par Caroline Hancock

Passante et commerçante comme la décrivait Albert Londres en 1926 dans Marseille. Porte du Sud, l’expérience de cette ville et de sa culture est au coeur de « Destination Mars » dans une réflexion active sur l’après Marseille-Provence, Capitale européenne de la Culture en 2013, dans un contexte de développement de l’Euro-Méditerranée.

Marseille vous convie au lancement du Printemps de l’art Contemporain (le PaC) durant le weekend de l’ascension. La 7e édition, « Destination Mars », a pour fil conducteur l’invention de la carte postale photographique par Dominique Piazza, un immigré italien devenu chef d’entreprise à Marseille en 1891. Du grandiose au banal, ce mode concis d’expression accompagné d’images, accessible à tous, se démultiplie dans les technologies numériques où l’ouverture publique de la carte postale envoyée sans enveloppe pose aujourd’hui des questions sociétales majeures sur les réseaux tels que Facebook ou Instagram.

Non brevetée et dans l’air du temps, la carte postale prend instantanément un rayonnement planétaire pour communiquer nos déplacements, localisations, émotions, instants de vie, mémoires et projections, à un ou des destinataire(s). Cet outil de connectivité a le mérite d’être économique et à grande capacité de diffusion.

« Destination Mars » présente une sélection de propositions réalisées par des artistes d’ici, établis et émergents, comme par exemple Julien Blaine, Vincent Bonnet, John Deneuve, Chourouk Hriech, et Michèle Sylvander. Le projet accueille et se propulse aussi vers des ailleurs, internationalement, dans la mouvance de l’art conceptuel et du situationnisme, pour ouvrir le prisme et élargir le propos. De Jonas Mekas à Franz Erhard Walther, de Tacita Dean à Francis Alÿs, à la scène tunisienne au MuCEM, le sujet se déploie dans la ville. Des chineurs des marchés aux puces aux présentoirs des boutiques de souvenirs, les amateurs ou cartophiles sont encore nombreux. Et particulièrement les artistes qui s’en sont emparés pour leurs envois, collections, typologies, détournements, bases d’images, documents historiques et d’innombrables autres pratiques passionnantes. Le « Mail art » des années 1960/70 et ses correspondances tous azimuts font maintenant partie des moments fondamentaux dans l’histoire de l’art.

Les 34 membres du réseau Marseille expos (musées, galeries, résidences, associations etc.) interprètent ce sujet, chacun distinctement selon leurs affinités et leurs recherches. L’objet même de la carte postale et la photographie trouvent une place de choix évidente, mais les approches incluent tout autant l’installation, le dessin, la sculpture, l’image en mouvement, le son et les nouveaux médias, la performance.

La marche à pied est également à l’honneur en hommage à Piazza qui était lui-même « excursionniste » ou « buveur d’air ». révélant les pratiques ancrées de promenades urbanoartistiques de la région, le PAC propose des parcours de santé culturels dans la ville durant 4 jours. Le tissu urbain et son patrimoine ancien et actuel, artisanal et industriel, les clichés touristiques et populaires, les points de vue et des sites insolites et habituellement hors-champs seront tout autant mis en valeur et interrogés pour l’occasion au travers des regards aiguisés des artistes et des acteurs culturels.

Destination Mars permet aussi de découvrir ou de re-découvrir le Musée des Beaux-Arts, le Musée Cantini, le Musée d’histoire de Marseille, le Fonds communal d’art contemporain (FCAC), qui s’inscrivent dans le projet avec force et inventivité. Les commandes de 1% artistiques souvent inconnues sont signalées. La Galerie Detaille et ses archives d’importance capitale par rapport à la représentation de cette ville participe également. La navigation entre l’histoire et l’actualité ouvre de nouveaux dialogues passionnants.

Une nouveauté dans la programmation officielle du PAC est cette année une quatrième journée officielle. En effet, le dimanche est dédié aux Quartiers nord et à la Corniche Kennedy permettant deux perspectives panoramiques diamétralement opposées sur Marseille. Des hauteurs du Centre Richebois, en passant par les cités de La Castellane et de La Bricarde, entre autres, la déambulation se terminera ensuite entre l’American Gallery et le Théâtre Silvain (autre lieu de prédilection de Piazza puisqu’il en était l’un des fondateurs). Mars évoque une association lointaine et remplie de potentialités, rendue populaire par le groupe de hip hop marseillais IAM. Le paysage minéral fait rêver, tout autant que Venice Beach en Californie, et l’Argentine où Piazza envoyait ses premières missives.

« Le 16 pistes est prêt afin de pouvoir enregistrer
en fait pour abréger nous allons déclencher
Une énorme offensive de la cité de Phocée
Tout le monde crie, tout le monde trace
Devant l’attaque des poètes venus de la planète
Mars…..eille »

IAM, De la Planète Mars, 1991

 

Les membres du réseau Marseille Expos

Institutions / Musées
FRAC Provence Alpes Cote d’Azur
MuCEM
[mac] Musée d’art contemporain de Marseille
Ecole Supérieure d’art et de Design Marseille-Méditerranée

Galeries
Galerie Polysémie
Galerie Gourvennec Ogor
Galerie Association d’Idées
Galerie Meyer
Galerie Béa-Ba
American Gallery
Straat Galerie
Galerie Karima Celestin
Galerie Porte Avion
OÙ Galerie Paradis
La GAD – Galerie Arnaud Deschin

Structures nomades
Rond Point Projects
Hydrib
voyons voir | art contemporain et territoire

Lieux de production-diffusion
Artothèque Antonin Artaud
Les Ateliers de l’Image
Grains de Lumière
Vidéochroniques
La Compagnie – lieu de création
Cellule 516
Vol de Nuits
Art-Cade – Galerie des Grand Bains Douches de la Plaine
Galerie libairie HO
Galerie Territoires Partagés
OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel
OÙ et L’Aventure
Diagonales 61
Château de Servières
Atelier Tchikebe
Studio Fotokino
Astérides
Sextant et Plus
Triangle France
HLM/Hors-Les-Murs
Galerie du 5ème

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