Rétrospective Raoul Reynolds à la Friche la Belle de Mai

Jusqu’au 30 octobre 2016, Tank Art Space et Francesca Zappia présentent « Raoul Reynolds : une rétrospective », à la Friche la Belle de Mai.

Cette exposition remarquable permet de découvrir avec le personnage fictionnel de Raoul Reynolds, « l’œuvre d’une écriture collective et collaborative menée par onze artistes, un poète et une commissaire. (…) Ensemble, ils ont collaboré et signé leurs œuvres sous un même nom, celui de Raoul Reynolds ».

Installée au troisième étage de la Tour-Panorama « Raoul Reynolds : une rétrospective » présente une trentaine de sculptures et d’installations, accompagnées d’une dizaine d’œuvres graphiques et photographiques.

La mise en espace est particulièrement réussie. L’éclairage souvent difficile à maîtriser dans les espaces de la Tour-Panorama met ici notamment en valeur les œuvres exposées.

Sculptures et installations occupent l’ensemble du plateau, ouvert sans cimaise ni séparation.
En conséquence, le parcours de visite n’est pas très évident.
Il faut impérativement lire les trois textes de salle (reproduit ci-dessous) pour en comprendre l’organisation.
Rédigés avec élégance et simplicité, ils permettent de suivre la vie et l’itinéraire artistique de Raoul Reynolds. Reproduits dans un document mis à la disposition des visiteurs, ils sont accompagnés d’un plan de salle et de la reproduction des cartels.

Le parcours chronologique s’articule en trois grandes étapes :

Du Glasgow Style au Bauhaus, un éloge du motif et des savoirs-faire

Cette première partie évoque la production artistique de Reynolds de la fin du XIXe siècle jusqu’à la fin des années 1920.

Une période de troubles et d’isolement

L’exposition s’intéresse ensuite aux relations de l’artiste avec le surréalisme, puis à sa « Période cabane » pendant son exil au Vermont, après ses activités d’espionnage industriel au service du Special Operations Executive américain, pendant la Seconde Guerre mondiale.

Des matériaux innovants, vers une approche du Minimalisme

Le parcours se termine avec un ensemble d’œuvres produite depuis l’après-guerre jusqu’à sa disparition, en octobre 1969. Y sont évoquée l’importance pour Reynolds du Black Mountain College et de l’Institute of Design de Chicago alors dirigé par Moholy Nagy, son intérêt pour le Minimalisme et les influences de Brancusi ou Henry Moore…

Les trois périodes de cette rétrospective sont introduites par une dizaine de dessins et d’expérimentations photographiques.

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Une vaste fresque chronologique qui met en parallèle la vie de Reynolds et les principaux courants artistiques de la modernité.

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Par sa forme narrative et par la qualité des œuvres présentées, « Raoul Reynolds : une rétrospective » permet une confrontation réussie et très intéressante des scènes artistiques émergentes de Glasgow et Marseille.

Il faut donc souligner la réussite du travail curatorial et de l’écriture collective et collaborative menés par Amandine Guruceaga et Francesca Zappia, commissaires de l’exposition avec les artistes Stéphanie Cherpin, Guillaume Gattier, Amandine Guruceaga, Helen de Main, Benjamin Marianne, James McLardy, Douglas Morland, Philippe Murphy, Sandro Della Noce, Emilie Perotto, Alys Owen.

Sans doute, certains feront remarquer la proximité de certaines œuvres avec des modèles célèbres… On pense en particulier à l’araignée autour de laquelle la mise en espace semble s’organiser…
Mais qui prétend que Raoul Reynolds était un artiste d’une grande originalité ou que cette rétrospective met en lumière un maître ignoré ?
Ne faut-il pas considérer ce travail d’abord comme une tentative innovante d’écriture collective à propos de l’exposition, de l’histoire de l’art et de la critique ?
Ce projet ne doit-il pas être vu comme une interrogation des discours de l’histoire de l’art et de ses constructions parfois imaginaires de la vie des artistes ? Ne peut-on comprendre cette exposition comme une contribution à de nouvelles formes de narration de la création moderniste ?
« Raoul Reynolds : une rétrospective » n’est-elle pas l’occasion de s’interroger sur la découverte régulière, par les historiens, la critique ou le marché, d’artistes oubliés ? N’est-elle pas aussi une opportunité de se poser des questions sur les prismes qui existent dans la reconnaissance des artistes ?

À lire, ci-dessous, les éléments biographiques de Raoul Reynolds, une présentation du projet extrait du dossier de presse et une reproduction des textes de salles.

« Raoul Reynolds : une rétrospective » a été précédemment présentée lors du festival Glasgow International, à la Scotland Street School Museum, du 9 au 24 avril 2016.

Le résultat réussi de cette expérience collaborative « menée par onze artistes, un poète et une commissaire » mérite un passage par la Friche avant la fin octobre.
Un regret : la vie inexistante de Raoul Reynolds sur Facebook et Twitter…

Commissariat : Amandine Guruceaga et Francesca Zappia
Production: TANK art space et Francesca Zappia
Coproduction: Friche la Belle de Mai

En savoir plus :
Sur le site de La Friche
Sur la page Facebook de La Friche
Sur le site de Tank Art Space
Sur la page Facebook de Tank Art Space
Suivre Raoul Reynolds sur Facebook et Twitter

Raoul Reynolds
Éléments biographiques extraits du dossier de presse

Né à Glasgow en 1882 – fils d’un armateur écossais et d’une mère marseillaise, artiste – Raoul Reynolds grandit au milieu d’ingénieurs et artistes réunis dans le salon de ses parents. Nourri par ces premières relations, son éducation à la Glasgow School of Art et l’influence de figures telles que Francis Newbery ou Charles Rennie Mackintosh, son œuvre du début du XXème siècle développe une forte orientation Arts&Craft.
Dans les années 1920, à Paris, Reynolds se laisse inspirer par ses amitiés surréalistes. S’intéressant à l’inconscient et à l’occultisme, il expérimente avec la caméra et produit des photographies et des vidéos.
La fin des années 1930 voit plusieurs Surréalistes s’embarquer pour les Etats Unis, fuyant l’occupation allemande. Reynolds reste en France et s’enrôle au service du Special Operations Executive britannique dans une mission qui se termine avec le vol de documents industriels en Allemagne.
La réussite de la mission amène Reynolds à s’exiler dans la campagne reculée et solitaire du Vermont, aux Etats-Unis. Ici, il simplifie son geste artistique, sculptant le bois avec des outils de la vie quotidienne.
Au lendemain de la guerre, il réintègre la communauté artistique. Marqué par ses précédentes tribulations et inspirations artistiques, le travail de Reynolds – jusqu’à sa mort en 1969 – alliera l’expérimentation de nouveaux matériaux – résine, fibre de verre, plexiglas – avec un geste sculptural et des techniques plus simples.

« Raoul Reynolds : une rétrospective »
(Présentation extraite du dossier de presse)

« L’Art, cette profonde passion qui a été une couverture pendant tant d’années, fût l’Etoile du Nord de toute ma vie ». Raoul Reynolds
Cette première rétrospective dédiée à Raoul Reynolds (1882-1969) propose une traversée inédite dans l’œuvre d’un personnage singulier dont le travail et la vie reflètent une période d’importants changements historiques et sociaux. Les œuvres exposées sont révélatrices des diverses inspirations et influences des mouvements artistiques du XXe siècle et témoignent à la fois d’une création très personnelle façonnée par la romanesque vie (fictive) de Raoul Reynolds.

Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l'exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett
Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l’exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett

Cette exposition est un aller-retour entre les deux ports d’origine de Raoul Reynolds, Glasgow et Marseille. Ainsi, l’exposition, précédemment présentée lors du festival Glasgow International, est montrée à Marseille à l’occasion du Salon international d’art contemporain ART-O-RAMA. Elles célèbrent ainsi le dixième anniversaire du jumelage entre ces deux villes.
L’exposition Raoul Reynolds : Une rétrospective est l’œuvre d’une écriture collective et collaborative menée par onze artistes, un poète et une commissaire. Cette initiative indépendante qui associe TANK art space Marseille et Francesca Zappia, commissaire d’exposition basée à Glasgow, s’inscrit dans une volonté de développer les échanges culturels au sein de l’accord de coopération et de jumelage qui lie ces deux villes.
Ainsi, ces artistes, Stéphanie Cherpin, Guillaume Gattier, Amandine Guruceaga, Helen de Main, Benjamin Marianne, James McLardy, Douglas Morland, Philippe Murphy, Sandro Della Noce, Emilie Perotto, Alys Owen, représentent les scènes artistiques émergentes et tout particulièrement sculpturales de ces deux villes. Ensemble, ils ont collaboré et signé leurs œuvres sous un même nom, celui de Raoul Reynolds.

Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l'exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett
Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l’exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett

La conception de l’exposition par le biais de l’écriture collaborative est née de la volonté d’interroger la notion motrice du projet, l’échange – échange entre les deux villes et leurs scènes artistiques, échange entre les participants, leurs pratiques et réflexions –, de façon à circonscrire un espace critique et de création permettant aux artistes de produire dans un dialogue de rapprochement et/ou de confrontation entre eux.
Dans ce projet, se télescopent et s’interpénètrent deux esthétiques caractérisées par deux approches différentes au geste artistique – celle de Marseille donnant libre cours à un geste spontané, brut et toujours visible dans l’œuvre, et celle de Glasgow lissant le geste dans des surfaces polies et des compositions harmonieuses – mais révélant toutefois une démarche théorique commune, empreinte d’éléments propres aux avant-gardes et aux mouvements artistiques du XXème siècle.

Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l'exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett
Raoul Reynolds : une rétrospective, Vue de l’exposition à la Friche la Belle de Mai. Photo Jean-Christophe Lett

Le personnage de Reynolds embrasse et mêle ces références aux mouvements passés qui sont propres aux artistes présentés dans l’exposition. En puisant aux sources de leurs pratiques, les artistes apportent une contribution personnelle à l’écriture de la fiction de Reynolds, tout en concourant aussi, par leurs propres investigations, à l’élaboration d’une possible nouvelle narration historique et historico-artistique moderniste. L’œuvre et la biographie de Raoul Reynolds délimitent ainsi un cadre expérimental et créatif où les disciplines de l’histoire et de l’histoire de l’art, quoique en contribuant à une certaine véracité fictionnelle, sont utilisées comme matière première dans la conception de l’exposition, et sont donc ici appelées à être repensées et rejouées.
À une époque où la recherche prend une place de plus en plus importante dans la pratique curatoriale, la biographie et l’œuvre de Raoul Reynolds viennent dévoiler les rouages du processus artistique et rendent manifeste la partie théorique normalement implicite à l’œuvre d’art. Le parti pris d’une co-signature de cette exposition a permis aux artistes de défier les contours habituels de leurs pratiques en se glissant dans la peau d’une personnalité nouvelle, née de l’élaboration de leurs propres altérités.

Raoul Reynolds : une rétrospective – Textes de salle :

Les premiers témoignages de l’histoire de Raoul Reynolds remontent au début des années 2000, lorsque Henry Reynolds, petit-fils du frère de Raoul, hérite d’une maison de famille dans le Vermont un cottage dans la forêt dominant la surface, grise et scintillante, du Lake Whitingham. Cette demeure isolée était encombrée d’excentriques assemblages de matériaux recyclés qui contrastaient avec des objets raffinés d’inspiration Art Nouveau ou Art Déco ; et nombre photographies, esquisses, céramiques, sculptures en bois et pellicules de film, résistant à leur manière à l’humidité de la maison. Aidé par un groupe d’historiens de l’art européens et américains, d’histoires de familles et d’amis, de correspondances et recherches dans les archives, Henry put reconstruire les grandes lignes de l’histoire de son grand-oncle, et repositionner dans l’échelle du temps les objets de sa découverte. Cette rétrospective consacrée à Raoul Reynolds présente l’œuvre de cet artiste singulier pour la première fois au public.

Du Glasgow Style au Bauhaus, un éloge du motif et des savoirs-faire

Raoul Reynolds naît en 1882 à Glasgow de Joshua Reynolds, constructeur de navires écossais et fervent adhérent des principes de l’Arts and Crafts, et de la marseillaise Henriette Aliès Reynolds, artiste et militante pour les droits des femmes.

En grandissant au sein du milieu artistique il est, depuis sa jeunesse, introduit au Glasgow Style et en 1897 s’inscrit aux cours de la Glasgow School of Art. Bien que des œuvres plus tardives, telles que Ceci n’est pas un arbre, gardent des motifs et des formes s’inspirant de cette époque, le seul objet à nous être parvenu est Without Real Work There is No Real Leisure. Créé en hommage à sa mère récemment disparue, Reynolds tend un de ses derniers tissus imprimés sur une structure en bois, et produit un paravent qui fait écho aux préoccupations maternelles sur la place des femmes dans l’art à la fin du XlXème siècle.

En 1905, il interrompt sa pratique pour se former aux affaires de la société familiale et suivre son père dans une série de voyages à travers le monde. Il la reprend en 1911 lorsque, lors d’un séjour à Paris, Serge Diaghilev lui propose de concevoir un décor pour les ballets russes, dont il ne reste que Column 2.

Alys Owen Column 2, 2016 Résine, bois, chaîne Resin, wood, chain 240 x 60 cm - Douglas Morland Objects from Untitled Film (c.192830), 2016 Technique mixte / Mixed media Dimensions variables
Alys Owen Column 2, 2016 Résine, bois, chaîne Resin, wood, chain 240 x 60 cm.
Douglas Morland Objects from Untitled Film (c.192830), 2016 Technique mixte / Mixed media Dimensions variables

Cette année parisienne se révèle riche d’inspirations diverses, impulsées par des artistes tels que Brancusi ou Duchamp, et c’est donc à Paris qu’il s’installe à la fin de la Première guerre mondiale, suite à la mort de son père et à la vente de l’entreprise. Pendant plusieurs années il noue des liens étroits avec le Bauhaus et dans les années 1920 il crée Take the Chair et The Spill, des objets, recouverts de motifs en losange et posés sur des socles, qui remettent en question la différence entre œuvre d’art et objet d’artisanat.

Philippe Murphy Take the Chair, 2016 Chaise, paille, bois Chair, straw, wood 140 x 93 x 93 cm et The Spill, 2016 Escabeau, paille, bois Ladder, straw, wood 180 x 148 (diam.) cm
Philippe Murphy, Take the Chair, 2016. Chaise, paille, bois Chair, straw, wood 140 x 93 x 93 cm et The Spill, 2016. Escabeau, paille, bois Ladder, straw, wood 180 x 148 (diam.) cm

À la fin des années 1920, Reynolds se rapproche de Dada et du Surréalisme. La vidéo expérimentale Untitled Film s’inspire des rituels des cultures qu’il avait observés pendant ses voyages. Les objets utilisés dans la vidéo, Objects from Untitled Film, montrent le passage graduel entre les formes du Bauhaus et celles du Surréalisme.

Une période de troubles et d’isolement

Dans les années 1930, Reynolds embrasse le Surréalisme. Il adopte un symbolisme associé au monde naturel (l’araignée, la pieuvre), mais aussi à une dimension onirique et étrange souvent rendue à travers l’association d’objets. Œuvre emblématique, L’ascension du haut mal : Dante let it bring you clown !, superpose dans les huit cadres de sa structure une série de symboles qui relient l’imaginaire de Raoul au voyage de Dante dans les cercles de l’Enfer, aux readymade de Duchamp et au symbolisme sexuel du Surréalisme.

Benjamin Marianne L'ascension du haut mal: Dante let it bring you down!, 2016 Métal, bois, céramique, verre Metal, wood, ceramics, glass 250 x 130 x 130 cm
Benjamin Marianne, L’ascension du haut mal: Dante let it bring you down!, 2016. Métal, bois, céramique, verre Metal, wood, ceramics, glass 250 x 130 x 130 cm

Invité par Suzanne Ramié en 1938 à expérimenter la céramique dans son atelier à Vallauris, il y voit l’occasion de fuir Paris et l’atmosphère oppressante de l’approche de la guerre. Ayant appris depuis son enfance à canaliser les sentiments négatifs par la pratique de la boxe, il les épuise à cette occasion en créant Une réalité rugueuse à étreindre, une colonne en grès portant les traces de ses coups de poing.

Guillaume Gattier Une réalité rugueuse à étreindre, 2014 Grès chamotté Chamotte stoneware 170 x38 cm
Guillaume Gattier, Une réalité rugueuse à étreindre, 2014. Grès chamotté Chamotte stoneware 170 x38 cm

À l’arrivée de la Seconde guerre mondiale, après quelques mois passés à Marseille en compagnie des Surréalistes qui y attendaient de pouvoir s’embarquer pour les ÉtatsUnis, il s’enrôle en mars 1941 dans le Special Operations Executive. Il prend part à des activités d’espionnage industriel qui aboutissent avec le vol de documents aux allemands et s’exile alors au Vermont, dans les ÉtatsUnis. Commence ici la « Période cabane ». Isolé dans la forêt, Reynolds utilise les instruments et matériaux de sa survie quotidienne (haches, scies, bois, métal, os) pour façonner des nouvelles pièces, telles que Turquoise Boy, réalisée à partir d’une scie, ou Blue Blood #1 et Blue Blood #2 qui réutilisent des cages à homard. Aménageant son quotidien dans la peur d’être découvert, il déguise sa cabane selon les principes de camouflage inspirés par les formes cubistes et développés pendant la première guerre mondiale par son ami André Mare. L’œuvre Birth By the Feet fait écho à cette période et aux principes du camouflage.

Des matériaux innovants, vers une approche du Minimalisme.

À la fin de la guerre, Reynolds renoue avec la communauté artistique et est invité à tenir des conférences au Black Mountain College et à l’Institute of Design de Chicago alors dirigé par Làszlo Moholy-Nagy. À la mort de ce dernier en 1946, Raoul rend hommage à ses expérimentations avec les photogrammes et produit la série Off the Grid. Rappelant les motifs des tissus écossais, ils font aussi écho aux grilles urbanistiques et aux architectures modernistes.

Amandine Guruceaga It used to be a cube, 2016 Acier, tissu, résine, teinture, plâtre Steel, fabric, dyeing, plaster Dimensions variables / Dimensions vary
Amandine Guruceaga, It used to be a cube, 2016. Acier, tissu, résine, teinture, plâtre Steel, fabric, dyeing, plaster Dimensions variables / Dimensions vary

En renouant avec ces écoles qui poursuivaient les valeurs du Bauhaus d’une union entre art, artisanat et technologie, Reynolds introduit dans sa pratique des matériaux issus de l’industrie, tels que la résine et le plexiglas. Dans les années 1950, il s’installe à New York. Les architectures Art Déco, tel que l’Empire State Building, lui rappellent l’insouciance des Années folles. Il produit donc un deuxième paravent, Take the Path You Haven’t Taken Before, qu’il décore de motifs géométriques de l’époque et qu’il enduit de cire turquoise.

Raoul Reynolds : une rétrospective, "Des matériaux innovants, vers une approche du Minimalisme " Vue de l'exposition à la Friche la Belle de Mai.
Raoul Reynolds : une rétrospective, « Des matériaux innovants, vers une approche du Minimalisme  » Vue de l’exposition à la Friche la Belle de Mai.

Les dernières années de Reynolds sont marquées par un double mouvement. S’il embrasse le Minimalisme, il s’oppose à son abstraction pure pour lui associer des références à ses œuvres et relations du passé. Ainsi, It used to be a cube déstructure la forme du cube pour l’ouvrir à celle du paravent et réutilise les tissus tartans, mais en les marquant de symboles surréalistes. Sulfurlemon Teardrop, Mutual Distance (Litmus), Son absence m’efface du monde et Mes creux sauvent tes pleins évoquent les formes des sculptures de Brancusi ou Henry Moore, bien qu’elles soient produites avec des matériaux innovants, comme l’acrylique ou l’aluminium.

Quelques semaines avant sa mort, en octobre 1969, Raoul réagit à l’actualité liée à la deuxième vague du féminisme en réalisant Relation of Incidents et In the Shadow. Ces structures géométriques en acier inoxydable supportent des plaques de plexiglas sur lesquelles des images liées à l’histoire du féminisme et à la place de la femme dans l’art ont été sérigraphiées.

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