Muriel Bordier – Les Thermes à la galerie Annie Gabrielli

Jusqu’au 18 mars 2017, la galerie Annie Gabrielli présente « Les Thermes », une série récente de la photographe Muriel Bordier qui enchaîne les situations burlesques pleines d’humour et de dérision.
Nous avons eu le plaisir de découvrir ces images dans « Muriel amuse la galerie », une exposition que présentait l’Espace d’Art Contemporain André Malraux, cet automne, à Colmar.

Cette série, qui a reçu le Prix Eurazéo 2015, fait suite à « Open Space » qui s’intéressait à l’univers de l’entreprise et à « Espaces muséaux » qu’Annie Gabrielli avait montré à l’automne 2012. L’artiste était également présentée par la galerie lors de la dernière édition de fotofever.

C’est avec beaucoup de plaisir que l’on a replongé dans « Les Thermes » ! On conseille vivement la découverte de l’univers très particulier de Muriel Bordier qui mêle avec verve l’humour et l’absurde. Une brève sélection d’images d’« Open Space » accompagne ces photographies des « Thermes ».
On a apprécié la présentation des tirages contrecollés sur Dibond, éliminant ainsi tout reflet désagréable.

Si nous ne chroniquons pas toujours les expositions montrées par Annie Gabrielli, il faut souligner la cohérence de sa programmation, son engagement et la fidélité dont elle fait preuve à l’égard des photographes qu’elle expose, et bien sur la gentillesse et la chaleur de son accueil.

Vernissage le samedi 28 janvier de 18h30 à 20h00

Interview de Muriel Bordier à l’occasion de « Muriel amuse la galerie » à Colmar

A lire, ci-dessous, un texte de la photographe publié sur le site de l’Œil de la Photographie à l’occasion du Prix Eurazéo et une biographie extraite du dossier de presse qui accompagnait son exposition à Colmar.

En savoir plus :
Sur le site de Muriel Bordier
« Muriel Bordier : la foule solitaire » une chronique du Chapeau noir.

Un reportage de TV7 à propos de « Muriel amuse la galerie » à Colmar

Propos de Muriel Bordier

« Photographe et vidéaste, j’aborde le plus souvent mes sujets avec un goût certain pour la dérision et l’humour. En faisant apparaître des réalités différentes, je révèle toute l’incongruité de notre perception « habituelle », je reconstruis le réel.

Mon choix s’oriente systématiquement vers le plan large, pour une photo de grand format où viennent prendre place les détails. Avec des scènes qui cohabitent dans la scène, le détail prend toute son importance. Sans gros plan, je ne dicte rien au spectateur, une composition élaborée permettant à l’œil de circuler et de créer sa propre hiérarchie des éléments, d’éveiller le regard. En l’invitant à s’investir dans la découverte des détails glissés dans mes photographies, je cherche à créer une complicité avec le spectateur.

Je n’invente rien, je force juste le trait. Tout est là, autour de moi, il suffit de regarder un peu de biais. À l’aide de prises de vue, de maquettes et de compositions numériques, je livre mes réalités.

Depuis le début de mon travail j’ai abordé les thèmes de l’habitat, du tourisme, de l’histoire de France, du musée d’art contemporain, des entreprises. Je tente de dévoiler dans mes photographies un regard amusé et satirique sur le monde. Je choisis des éléments appartenant à notre mémoire collective, aux codes culturels de notre société, objets, monuments, paysages, personnages, je les juxtapose, je les mets en scène, je les photographie en jouant du décalage que produit leur image avec leur représentation dans l’esprit du spectateur. Pour évoquer le quotidien, mais aussi satiriser les codes culturels de la société occidentale, l’humour et le burlesque sont mes armes de prédilection.

Dans un premier temps chaque personnage est photographié dans les postures théâtrales qui serviront ensuite à la réalisation des saynètes. Le temps des prises de vue, j’endosse le costume de metteur en scène et mes modèles deviennent mes comédiens. Ils sont ensuite intégrés de façon individuelle dans le décor que j’ai créé. A la manière d’un architecte, je construis numériquement le bâtiment en 3D, puis c’est mon oeil de photographe qui choisit le point de vue du décor que je vais utiliser. Vient alors le travail de la lumière que je conçois comme dans un studio de prise de vue.

Chaque acteur du tableau photographique que je constitue a un rôle bien défini, qu’il soit un personnage, un élément du décor ou bien encore la lumière qui donne toujours la tonalité de l’image.

La série « Les Thermes » explore l’univers des piscines en y intégrant ses pratiques sportives (cours de natation, plongeon), les différents lieux (bassins, plongeoir, douches) et ce, à différents moments du jour et de la nuit.

Après avoir interprété l’univers des musées d’art contemporain, puis celui des grandes entreprises, la série « Les Thermes » s’inscrit dans la continuité d’un projet plus global visant à créer une ville toute entière. »

Muriel Bordier
« Muriel Bordier, lauréate du Prix Eurazéo » in l’Œil de la Photographie

Biographie de Muriel Bordier

Muriel Bordier est née à Rennes en 1965. À l’école des Beaux-Arts de Reims elle travaille la photographie et obtient le DNSEP en 1990. Elle travaille à l’élaboration des Empreintes, une série de vastes photogrammes dont les plus conséquents atteignent dix mètres de longueur. Elle présente ces images lors d’une exposition personnelle à l’Imagerie de Lannion en 1992, puis au Château d’Eau à Toulouse, à la galerie Vrais Rêves à Lyon et au Musée Schneider dans l’Oregon aux USA.

Parallèlement, elle développe les Locataires. Ce travail critique et humoristique révèle l’absurdité des petits habitats « pavillonnaires » destinés aux cochons en soulignant leur similitude avec les maisons de lotissement. Ces images sont exposées au Triangle à Rennes en 1995 et font l’objet d’une édition préfacée par Jean-Marc Huitorel. Quatre photographies de ce travail vont ainsi intégrer la collection du FRAC Bretagne. Par ailleurs, Bernard Lamarche Vadel choisit une image de cette série pour illustrer son livre Entretien, Texte et Critiques paru aux éditions Méréal.

De 2002 à aujourd’hui, l’artiste voyage dans une vingtaine de pays différents afin d’enrichir sa collection de détournement de « dépliants touristiques ». Elle fait la navette de capitale en capitale où elle se fait photographier devant les monuments. Bons Baisers, un ouvrage sur son travail photographique paraîtra en 2008 aux Editions Filigranes.

En 2007, elle entreprend de filmer « une performance touristique » à travers l’Europe. L’artiste frôle du pied sept capitales en moins de dix jours (le lecteur est prié de se munir d’une carte pour mieux apprécier la fabuleuse incohérence de ces étapes : Paris, Prague, Amsterdam, Varsovie, Berlin, Bruxelles, Munich, Bucarest, Paris). Son but est bien compréhensible : rentabiliser son Pass Eurolignes. Ce court-métrage de douze minutes nommé Tourista n’est qu’un début puisqu’en 2006, elle repart en Egypte pour un nouveau tournage.

Tourista II, une croisière sur le Nil est une joyeuse et énergique satyre du comportement touristique, réalisé en collaboration avec Emmanuel Reuzé. Viendront ensuite Tourista III en camp de vacances, qui lève le voile sur les arcanes de la mythique cité de Saint-Tropez et ses villages vacances à proximité, puis Les pionniers. Une édition DVD regroupant l’ensemble des épisodes paraît en 2014 à l’initiative de L’Aparté, Lieu d’art contemporain.

Après avoir voyagé dans l’espace, elle voyage dans le temps. Cette fois, avec il y avait autrefois, ce sont les manuels scolaires de l’histoire de France qu’elle dissèque avec le scalpel de son esprit critique. Dans L’Extrême contemporain paru aux Editions Du Regard, Dominique Baqué évoque le travail de la plasticienne.

Espaces Muséaux un regard critique, ironique et humoristique sur l’espace de la galerie et du musée, et tout particulièrement ceux destinés à l’art contemporain. L’artiste évoque ces musées que l’on appelle White cube : une architecture épurée, aseptisée faite d’espaces immenses dans lesquels le public est volontairement réduit, rendant ces lieux presque inhumains. L’art n’est plus l’œuvre exposée, mais le lieu de l’accrochage lui-même et son architecture.

Pour Open Space elle fait évoluer sa technique en travaillant les décors avec un logiciel 3D. Elle garde le principe d’insertion de ses personnages de façon individuelle, pour créer ses scènes dans les différents endroits de l’entreprise (hall d’entrée, salle de réunion, bureaux, etc.)

La série Les Thermes explore l’univers des piscines en y intégrant ses pratiques sportives (cours de natation, plongeon), les différents lieux (bassins, plongeoir, douches) et ce, à différents moments du jour et de la nuit. Après Espaces Muséaux et Open Space, la série les Thermes s’inscrit dans la continuité d’un projet plus global visant à créer une ville toute entière.

Dans les éléments marquants de son parcours artistique, on relèvera le Prix Eurazéo 2015 et le Prix Archimboldo en 2010. Avec ce travail, elle entre dans la collection de la Maison Européenne de la Photographie à Paris. Depuis 2013, elle postule régulièrement aux
1% artistiques, et obtient le projet du centre aquatique de Monfort Communauté en Ile-et-Vilaine et celui du Cente culturel de Lannion en 2016.
Elle est présélectionnée dans de nombreux concours comme le Prix PMU Le Bal, et appels d’offres : l’Ecole de Santé de Toulouse, la médiathèque de Frontignan…
Active également dans le cadre de résidences d’artiste (notamment à la Corderie Royale à Rochefort, Manosque…), elle travaille souvent auprès de la population qu’elle intègre dans ses projets.

Toujours curieuse de découvrir d’autres techniques photographiques, elle a participé à une résidence d’artiste aux côtés d’Israël Ariño, sur la technique du collodion humide. Une exposition des travaux des artistes sélectionnés a eu lieu à Rennes, Niort (Villa Pérochon), Beauvais (Les Photomnales) et Barcelone (Institut Français).

Elle est représentée à Paris par la Galerie Basia Embiricos depuis 2010, à Rennes par Caroline Resmond depuis 2013 et la Galerie Annie Gabrielli à Montpellier.

Expositions personnelles  (Sélection)

2016 Espace Dupon Image, Paris
2014 Chateau Coquelle, Dunkerque
Galerie Nouvelles Images, Hotel Scribe, Paris
L’Aparté, Lieu d’art contemporain, Iffendic.
2013 Corderie Royale, Rochefort/mer
Galerie Hylo, Rennes
2012 Fondation Swiss Life, Paris
Galerie Annie Gabrielli, Montpellier
Carré Amelot. La Rochelle
2011 Galerie Basia Embiricos, Paris
Galerie Max Jacob, Médiathèque et galerie Aktinos. Quimper
2010 Festival de la Photographie. Institut Français d’Athènes.
Galerie Confluence. Nantes
Orangerie du Thabor. Rennes
Galerie Bailly. Paris
2008 Centre Culturel le Colombier. Rennes
2005 Festival Les Sévignales .Vitré.
2002 Galerie Le Grand Cordel. Rennes
Galerie “Vrais Rêves” Lyon
2000 Galerie Municipale de Valparaíso, Chili
1995 Galerie “Vrais Rêves” Lyon
Galerie du Triangle. Rennes
Galerie du Chai. Saint Brieuc
1992 L’Imagerie. Lannion

Expositions collectives (Sélection)

2015 Les Photaumnales, Beauvais
Rencontres photographiques Solignac.
Territoires d’Expériences, Institut Français, Barcelone.
2014 Villa Pérochon. Niort
2013 Territoires d’Expériences, Galerie du Carré d’Art à Chartres de Bretagne,
2011 Exposition collective Galerie Basia Embiricos, Paris
Art Athinas. Athènes
2010 Salon de la photographie Photo Off. La Bellevilloise. Paris
2008 Musée Warmie Mazurie. Olsztyn, Pologne
Festival de l’Image. Le Mans
2007 Itinéraires des photographes voyageurs. Musée des Arts Décoratifs. Bordeaux
2006 Mai Photographie. Quimper.
2005 Artothèque. Vitré.

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