Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs – LUMA Arles

Du 20 octobre 2017 au printemps 2018, la Fondation LUMA présente « Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs » à Arles.

Produite en collaboration avec la Galerie Patrick Seguin, l’exposition rassemble douze architectures démontables créées entre 1939 et 1969 par Jean Prouvé. Avec la récente exposition à Londres, il s’agit de la plus importante présentation en un même lieu de ces systèmes de construction préfabriqués et démontables.

Dans une présentation de l’architecte, la Galerie Patrick Seguin souligne avec pertinence :

« Considérant qu’il n’y a pas de différence entre la construction d’un meuble et d’un immeuble, Jean Prouvé développe une “pensée constructive” basée sur une logique de fabrication et de fonctionnalité qui génère une esthétique épurée de tout artifice ».

La communication de la Fondation LUMA rappelle la pratique socialement engagée en tant que constructeur de Prouvé et précise ainsi une des intentions de l’exposition :
« revisiter l’aspect fonctionnel de son architecture, une approche plus pertinente que jamais au vu de la crise du logement et des flux migratoires actuels ».

Jean Prouvé, Maison démontable Ferembal, 1948 - Photo Manuel Bougot.
Jean Prouvé, Maison démontable Ferembal, 1948 – Photo Manuel Bougot.

La confrontation des maisons de Jean Prouvé avec la tour imaginée par Frank Ghery pour LUMA Arles a quelque chose d’étrange et de déconcertant qui conduit inévitablement à interroger le rôle social de l’architecte…

Quarte structures sont installées dans le Parc des Ateliers depuis le mois de mai dernier.

À pied de la tour Ghéry et de l’Atelier des Forges, un ensemble regroupe l’adaptation par l’architecte Jean Nouvel de la Maison démontable Ferembal, 1948 et une Baraque Militaire démontable 4×4, conçue en 1939 et qui servit de guérite d’entrée pour l’usine Ferembal de Nancy.

Entre l’Atelier de la Mécanique et la Grande Halle, l’élégante École provisoire Villejuif de 1957 précède le Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville. Crée en 1948 en réponse à une commande comme prototype pour la reconstruction, la maison ne connaîtra pas le succès escompté…

Installées en extérieur, ces structures sont bien documentées avec leurs historiques, des plans et des photographies.

Jean Prouvé - Architecte des jours meilleurs - LUMA Arles - Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville, 1948 -02
Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs – LUMA Arles – Bureau d’études des Ateliers Jean Prouvé à Maxéville, 1948 -02

La Grande Halle présente d’autres structures démontables de Jean Prouvé accompagnées d’une abondante et passionnante documentation.

Jean Prouvé - Architecte des jours meilleurs - LUMA Arles - Photo LUMA Arles
Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs – LUMA Arles – Photo LUMA Arles

Parmi les architectures exposées, l’École de Bouqueval (1949) est un des deux prototypes qui répond au concours lancé en 1949 par le ministère de l’Éducation nationale, pour « une école rurale industrialisable à une classe avec logement d’instituteur » : les bâtiments devaient pouvoir être fabriqués en grande série, facilement et rapidement montés sur n’importe quel site. La structure exposée est une adaptation demandée aux ateliers Jean Nouvel / HW architecture par la Galerie Patrick Seguin.

La Maison des jours meilleurs (1956) a été commandée par l’abbé Pierre, fondateur des Compagnons d’Emmaüs. Si elle illustre la façon dont Prouvé s’est engagé à mettre l’architecture au service d’un besoin social, elle montre aussi son « échec »… Le site de la Galerie Patrick Seguin en rapporte l’histoire.
Le projet de Jean Prouvé enthousiasme les architectes et le public. Le Corbusier après sa visite du prototype déclare :
« Jean Prouvé a élevé sur le quai Alexandre III la plus belle maison que je connaisse : le plus parfait moyen d’habitation, la plus étincelante chose construite. Et tout cela est en vrai, bâti, réalisé, conclusion d’une vie de recherches. Et c’est l’abbé Pierre qui la lui a commandée ! »

Malheureusement, cette maison de 57m2, montée en sept heures, est trop révolutionnaire pour son époque. Elle n’obtient pas les homologations officielles pour une production en série. Les fonctionnaires refusent qu’une salle d’eau soit installée au cœur de l’habitation. Ce refus entraîne l’arrêt définitif du projet et sa production industrielle. Seuls quelques exemplaires sont réalisés.

L’exposition est accompagnée d’une publication produite par la Fondation LUMA en collaboration avec Phaidon Press. L’ouvrage contient deux essais inédits, l’un du professeur Mark Wigley, architecte, critique, théoricien et doyen émérite de la Graduate School of Architecture, Planning and Preservation de l’université Columbia ; l’autre de Philippe Trétiack, auteur et critique d’architecture vivant à Paris. On y trouve également une riche documentation historique et iconographique sur les douze constructions exposées à LUMA Arles, et sur l’œuvre de Prouvé en général.

À lire, ci-dessous, le texte de présentation par la Fondation LUMA de « Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs » et quelques lignes sur la Galerie Patrick Seguin.

Conférence de presse et la visite de l’exposition « Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs », en présence de Maja Hoffmann, Patrick Seguin, Matthieu Humery et Mark Wigley (Facebook Live)

En savoir plus :
Sur le site de LUMA Arles
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Sur le site de la Galerie Patrick Seguin
La Galerie Patrick Seguin présente de nombreuses vidéos du montage des maisons de Jean Prouvé sur Viméo.

« Jean Prouvé – Architecte des jours meilleurs »

Dans le cadre de son programme associé la Fondation LUMA, en collaboration avec la galerie parisienne Patrick Seguin, a le plaisir d’annoncer l’exposition « JEAN PROUVÉ : Architecte des jours meilleurs » consacrée à l’un des architectes et designers français les plus novateurs du XXe siècle. Réunissant douze structures préfabriquées créées entre 1939 et 1969, cette exposition présente le plus grand nombre de systèmes de construction démontables de Prouvé jamais rassemblés en un même lieu, et vise à revisiter l’aspect fonctionnel de son architecture, une approche plus pertinente que jamais au vu de la crise du logement et des flux migratoires actuels.

Après une première installation de quatre bâtiments dans le Parc des Ateliers d’Arles au mois de mai dernier, l’exposition complète ouvrira le 20 octobre 2017 et se poursuivra jusqu’au printemps 2018. Le fait que ces structures soient installées à l’intérieur et à proximité immédiate de la Grande Halle – un espace d’exposition aménagé dans une fonderie du XIXe siècle – est un hommage approprié à Prouvé, qui avait fait ses débuts dans la ferronnerie d’art.

Considéré aujourd’hui comme l’une des personnalités les plus marquantes du design au XXe siècle, Jean Prouvé (1901-1984) abordait de la même manière la construction d’un meuble et celle d’un immeuble. Pour décrire cet équilibre entre authenticité des matériaux, construction innovante et peu coûteuse et design minimaliste, Le Corbusier qualifiait Prouvé de constructeur. Recouvrant à la fois les fonctions d’architecte et d’ingénieur, le terme traduit bien la singularité de l’approche élégante de Prouvé ainsi que sa profonde motivation sociale qui l’a amené à proposer des « solutions brillantes » aux besoins les plus urgents de son époque. Bien que Prouvé soit aujourd’hui étroitement associé aux ossatures en tôle d’acier plié de son mobilier désormais emblématique, ses contributions à l’architecture moderne et sa pratique socialement engagée en tant que constructeur – touchant à la fois à l’industrie, à l’architecture, à l’ingénierie et au design – méritent bien plus d’attention que celle qu’on leur a accordée jusqu’ici.

La conscience sociale de Prouvé dans son activité de designer s’est forgée dès sa jeunesse. Elle est étroitement liée à la manière dont il concevait et produisait ses pièces d’artisanat d’art. Par la suite, au cours des cinq décennies de sa carrière, il a toujours privilégié la collaboration, le respect de l’authenticité des matériaux et les applications éthiques des technologies industrielles. Très vite, son utilisation expérimentale des matériaux (notamment de l’acier, et plus tard de l’aluminium) attire l’attention de Mallet-Stevens, qui lui passe plusieurs commandes. En 1929, Jean Prouvé sera, aux côtés de Pierre Jeanneret, Le Corbusier et Charlotte Perriand, l’un des fondateurs de l’Union des artistes modernes (UAM).

Possédant une conscience aigue des changements qui affectent le paysage social et politique de son temps, Prouvé adapte son système de construction aux exigences du moment historique dans lequel il évolue. Utilisant des matériaux peu coûteux mais durables, ses bâtiments peuvent être facilement assemblés, démontés, déplacés et modifiés. A la fin des
années 1930, Prouvé commence à créer des prototypes et à déposer des brevets de systèmes de construction transportables, ou « maisons démontables ».

Les différentes versions présentées dans l’exposition « JEAN PROUVÉ : Architecte des jours meilleurs » – notamment la petite série de maisons transportables que Prouvé produisit à la fin des années 1930, les baraques militaires préfabriquées en bois et acier embouti, les hébergements provisoires pour réfugiés, et son ultime prototype démontable créé pour Ferembal, une entreprise industrielle d’emballage installée près de Nancy (1948) – attestent chacune du développement et de la modification des structures conçues par Prouvé en fonction des exigences de l’époque.

Adaptant ses systèmes préfabriqués à un usage tour à tour civil ou militaire, Prouvé fut applaudi durant la Seconde Guerre mondiale pour ses conceptions audacieuses, ses techniques de construction innovantes, son utilisation de matériaux économiques mais de qualité, et pour son approche du design mêlant principes scientifiques et humanisme. Pour avoir apporté son soutien à la Résistance durant la guerre, Prouvé fut nommé maire intérimaire de Nancy en 1944, avant de recevoir en 1947 la Médaille d’or de la Reconstruction et de l’Urbanisme pour ses contributions aux efforts de reconstruction.

En cette même année 1947, Prouvé installe son atelier à Maxéville, une commune limitrophe de Nancy, et se lance dans la production de masse d’unités d’habitation préfabriquées. Souhaitant également répondre aux besoins criants qui se manifestent dans certains domaines sociaux après la guerre, il participe notamment à l’amélioration des logements, des écoles et d’autres infrastructures nationales. C’est sans doute la sobre harmonie et le noyau structurel de la Maison des jours meilleurs (1956), que lui a commandée l’abbé Pierre, le fondateur des Compagnons d’Emmaüs, qui illustre le mieux la façon dont Prouvé s’est efforcé toute sa vie de mettre l’architecture industrialisée au service d’un besoin social.

Si l’intention de Prouvé était de produire des maisons aussi vite que Citroën produisait des voitures, la plupart de ses prototypes de bâtiments préfabriqués n’ont pas été adoptés de son vivant. Pourtant l’exposition témoigne de l’influence durable qu’ont eu les systèmes architecturaux de Prouvé sur les générations d’architectes qui l’ont suivi.

À Propos de la Galerie Patrick Seguin

Depuis son ouverture en 1989, la Galerie Patrick Seguin mène un travail rigoureux pour faire connaître et revaloriser les maisons démontables de Jean Prouvé. La galerie détient aujourd’hui la plus importante collection d’architectures de Prouvé avec 19 structures allant de 16 à 190 m2 et a entrepris un travail rigoureux pour faire connaître ces architectures à travers des expositions d’envergure dans des institutions internationales telles que le MoMa à New York, Design Miami/Basel, la Biennale de Venise et la Pinacoteca Giovanni e Marella Agnelli à Turin.
En parallèle, la galerie a développé une ligne éditoriale d’ouvrages monographiques qui accompagnent les expositions. En 2015, la Galerie Patrick Seguin publie une série de 3 coffrets comprenant 5 monographies, dédiées chacune à une architecture démontable de Jean Prouvé.

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