Le monde tel qu’il va ! au J1 à Marseille

Du 1er novembre au 7 janvier 2018, Marseille accueille l’exposition « Le monde tel qu’il va ! » organisée par l’association MJ1 et les Rencontres d’Arles.
Dans une scénographie annoncée comme inédite, on retrouve 8 des 40 expositions présentées cet été à Arles. En entrée libre, « Le monde tel qu’il va ! » a pour ambition de proposer à ses visiteurs « une plongée radicale au cœur d’une géopolitique complexe et bouillonnante»…

J1 Panorama ©AkramBELAID
J1 Panorama ©AkramBELAID

Les 400 m² du J1 présentent donc de voir ou de revoir les expositions de :

« Le monde tel qu’il va ! » propose également trois expositions collectives :

MP 2013 avait révélé la singularité et la puissance des espaces du J1. Les différentes expositions organisées en 2013 avaient aussi montré les exigences du lieu et la difficulté à y maîtriser la lumière.

Le monde tel qu’il va ! au J1 à Marseille – Photo Rija Andrianina pour MJ1

On attendait donc avec curiosité la scénographie inédite annoncée pour « Le monde tel qu’il va ! » et l’accrochage de ses projets. Si les présentations de certaines de ces expositions nous avaient semblé plutôt réussies dans leurs versions arlésiennes, d’autres nous avaient laissés dubitatifs et parfois même agacés…

« Le monde tel qu’il va ! » marque la réouverture du J1, lieu unique à Marseille, ouvert sur le port et la Méditerrannée, entre MuCEM et le FRAC PACA et que l’association MJ1 voit comme une « incarnation de l’ADN de Marseille… »
Après « Le monde tel qu’il va ! », MJ1 accueillera plusieurs expositions de « MP2018, Quel Amour ! », à partir du 8 mars avec deux cartes blanches à JR et à Korakrit Arunanondchai.
En 2018, Art-O-Rama, Salon international d’art contemporain de Marseille se déroulera au J1 à la fin du mois d’août. Suivront ensuite « Nés quelque part vous propose » une exposition immersive et participative, puis « Marseille autrement », un projet à partir de photos prises au Smartphone par des Instagramers et « Metropolis » une proposition de Soon, collectif de photographes marseillais.

À lire, ci-dessous, la présentation de « Le monde tel qu’il va ! » par Sam Stourdzé, Directeur des Rencontres d’Arles et des projets photographiques extraits du dossier de presse.

En savoir plus :
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« Le monde tel qu’il va ! » par Sam Stourdzé, Directeur des Rencontres d’Arles

« Le MJ1 et les Rencontres d’Arles prolongent l’été avec huit expositions en entrée libre au J1 à Marseille du 1er novembre 2017 au 7 janvier 2018.

Plus nous pensons les pays fermés, enfoncés dans des crises politiques ou économiques, et plus les photographes sont là. Ils révèlent, racontent, témoignent, inventent, réparent, reconstruisent, avec leur propre langage, celui de l’image. Ils sont les décodeurs des signes annonciateurs des sociétés en plein bouleversement.

Venez partager ce goût de l’ailleurs et retrouvez les grandes expositions qui, cet été, ont marqué les Rencontres d’Arles avec 40 photographes qui s’interrogent sur l’état du monde.

Le monde tel qu’il va ! vous propose un voyage des rives du Bosphore aux zones frontalières subsahariennes, du territoire divisé de Chypre à la Libye déchirée entre la guerre et les réfugiés. En apnée, vous plongerez dans le monde qui se noie de Gideon Mendel ; de la crise climatique à la crise alimentaire, vous réfléchirez avec Mathieu Asselin au cas Monsanto ; de l’utopie pavillonnaire à l’urbanisation galopante d’Ankara, l’architecture ne sera pas en reste ; du local au global, La Vuelta vous guidera au coeur de la scène colombienne, lorsque l’espoir revient après soixante ans de luttes armées.

Le monde tel qu’il va ! est une plongée radicale au cœur d’une géopolitique complexe et bouillonnante ».

Mathieu Asselin, « Monsanto : une enquête photographique »

Parmi les sites américains qui ont priorité auprès de l’Agence de protection de l’environnement des États-Unis en raison de leur haut niveau de contamination, des dizaines ont été pollués par le seul géant Monsanto. Ces sites pollués affectent plusieurs centaines de communautés et leur environnement, et ont un impact désastreux sur la santé et l’écologie. Monsanto a conservé des liens étroits avec le gouvernement américain, en particulier avec la FDA (l’Agence des produits alimentaires et médicamenteux), mais pas seulement : l’entreprise a pour alliés bien d’autres acteurs politiques et économiques dans le monde entier. Il lui est reproché de se livrer à des campagnes de désinformation et de poursuivre toute institution ou personne – chercheurs, agriculteurs et activistes – qui oserait révéler ces agissements. Et tandis que Monsanto poursuit l’expansion de nouvelles technologies et de nouveaux produits, des scientifiques, des organisations environnementales et de défense des droits de l’homme tirent la sonnette d’alarme, préoccupés par la santé publique, la sécurité de l’alimentation et la durabilité écologique, autant d’enjeux déterminants pour notre avenir sur cette planète. La situation est particulièrement préoccupante depuis que Monsanto a créé et commercialisé il y a maintenant vingt ans les OGM au mépris de notre environnement. Explorant le passé et le présent, cette enquête s’emploie à donner un visage à ce que pourrait bien être le futur aux côtés de Monsanto.

Norman Behrendt, « Brave New Turkey »

Brave New Turkey est une enquête photographique sur les mosquées récemment construites dans les paysages urbains de Turquie. Depuis 2014, Norman Behrendt visite les banlieues tentaculaires d’Ankara et d’Istanbul. Le développement permanent et extrêmement rapide de projets de gratte-ciel dans ces banlieues est l’une des manifestations du boom économique et démographique qu’a connu récemment la Turquie. Ces chantiers gigantesques de construction d’habitations se sont accompagnés d’un second projet tout aussi gigantesque : la construction de mosquées. Les photographies de Norman Behrendt constituent un projet documentaire rendant compte de ce phénomène en tant que symbole d’un changement et d’un pouvoir qui dépassent les frontières géographiques du pays.

Monique Deregibus, « La maison Chypre »

Monique Deregibus, extrait de La Maison Chypre, 2009-2013
Monique Deregibus, extrait de La Maison Chypre, 2009-2013

Chacune des séries photographiques de Monique Deregibus, héritière d’une histoire du paysage conceptuel, est consacrée à des territoires spécifiques, tantôt proches ou lointains, manifestant toujours un fort intérêt pour les réminiscences inconscientes contenues dans le plan ainsi que pour les notions d’architecture et de territoire
urbain. Ces espaces la plupart du temps consignés dans un travail éditorial, peuvent se lire comme formant le décor abandonné des tragédies humaines.

L’exposition La maison Chypre présente, à l’occasion de la sortie du livre éponyme, une version fac-similé de celui-ci, tel un ouvrage indéfiniment voué à sa propre reproductibilité. Au coeur de la répétition arrive la question de la découverte archéologique. Centrale dans le livre, à travers la présence blafarde de ces ossements que l’on exhume du passé, la recherche archéologique est apparue comme un point paradigmatique de l’histoire de l’île
de Chypre, en miroir avec Pompéi et sa lente coulée de lave, et par extension avec tous les lieux de charniers du monde.

La première photographie du livre entre en porte-à-faux avec la loi et sa présence témoigne de l’interdit et de la confiscation quasi généralisée sur l’île. Il s’est agi de mettre à nu un dispositif de captation à travers lequel percevoir demeure toujours un acte voilé, interstitiel et lacunaire. Car le cadre de la photographie est étroit et limité, il étreint l’image, annulant du même coup un ensemble de formes et de causes dialectiques. Ainsi on ne cesse de regarder à travers, à travers des murs, des grilles, des meurtrières, des barbelés, on regarde en même temps que l’inertie des images l’impossibilité photographique de narrer l’Histoire. Et pourtant, le livre existe dans le fouillis des branches enchevêtrées, dans l’entropie de la nature qui force les portes, éventre les murs en un déferlement d’herbes et de cactées qui se multiplient sans cesse. Ici, l’absurdité de la guerre a bien eu lieu, mais il y a longtemps.

Elle a passé emportant dans son sillon le moindre souffle de vie, laissant les hommes aux prises avec une situation kafkaïenne de mur et de division.

1974 : l’image rend compte désormais d’un espace impossible à réveiller, caramélisé et insonore, c’est l’espace d’après et qui dure jusqu’à aujourd’hui. Seul peut-être l’enfant de dos en tee-shirt orange nous représente. Ses mains sont élégantes, voraces et nerveuses sur le clavier de l’ordinateur. L’enfant dont le corps est tendu demeure seul devant la lumière de l’écran. Il joue à la guerre par machine interposée. Nous le regardons à son insu, de dos, concentré, et à travers lui nous regardons l’écran et son image.

C’est ainsi désormais que l’on apprend à faire la guerre.

Philippe Dudouit, « The Dynamics of Dust »

À partir d’un travail de recherche, de documentation et d’analyse approfondi sur le plan historique, géopolitique et cartographique, Philippe Dudouit propose une étude photographique à long terme sur l’évolution sociopolitique de la zone sahélo-saharienne depuis 2008. Il documente les relations nouvelles que les nomades autochtones historiques de la région ont forgées dans un territoire sur lequel ils ne peuvent désormais plus se déplacer en sécurité.

Samuel Gratacap, « Fifty-Fifty (Libye) »

Samuel Gratacap, Centre de détention pour migrants de Zaouia, 2014
Samuel Gratacap, Centre de détention pour migrants de Zaouia, 2014

J’arrive en Libye pour la première fois en décembre 2014. Ras-Jedir, à la frontière tunisienne, puis la ville de Zuwara, connue pour les départs et naufrages des bateaux de migrants qui partent pour l’Italie. Ceux qui vivent le fifty-fifty : la mort ou la vie. À Zuwara je rencontre Younes, 26 ans, ingénieur en télécommunication, devenu fixeur pour journalistes. Lors de notre première rencontre, Younes me pose une question à la fois bouleversante et pertinente : « Tu es là pour les migrants ou pour la guerre ? » Bouleversante car elle démontre les intentions des medias et l’intérêt qu’ils portent à l’égard de son pays. Pertinente, directe et sans détour car elle pose le contexte : une dissociation est-elle possible entre la guerre et le sort des migrants ? Construite comme une installation, cette exposition conduit le spectateur dans un récit où se rejouent les rapports de visibilité et d’invisibilité entre des personnes qui cohabitent et se rencontrent pour le meilleur et pour le pire.
Samuel Gratacap

Gideon Mendel, « Un monde qui se noie »

Un monde qui se noie explore la dimension humaine du changement climatique en se concentrant sur les inondations par-delà les frontières géographiques et culturelles. Plutôt que d’entreprendre une description littérale des zones sinistrées, Gideon Mendel se concentre sur l’impact personnel que peuvent avoir les inondations afin d’évoquer notre vulnérabilité commune face au réchauffement climatique. Depuis 2007, Mendel a documenté des inondations dans treize pays. La série Portraits submergés est constituée de portraits intimes des victimes des inondations. Si leurs poses peuvent sembler conventionnelles, le contexte est celui de la catastrophe et le trouble de leurs regards suffit à nous interpeller profondément. Ligne de crue s’intéresse aux marques laissées par les eaux, surtout dans les espaces domestiques, qui présentent ce paradoxe d’une impression d’ordre et de calme au beau milieu du chaos. Traces d’eau, enfin, consiste en des agrandissements de clichés personnels abîmés par les inondations, qu’il s’agisse de photographies anonymes pêchées dans l’eau ou bien données par leurs propriétaires.

« La Vuelta » 

Andrea Acosta (1981), Liliana Angulo (1974), Jaime Ávila (1968), Alberto Baraya (1968), Karen Paulina Biswell (1983), Johanna Calle (1965), María Fernanda Cardoso (1963), Carolina Caycedo (1978), Nicolás Consuegra (1976), Wilson Díaz (1963), Juan Manuel Echavarría (1947), Clemencia Echeverri (1950), Juan Pablo Echeverri (1978), Maria Elvira Escallón (1954), Santiago Forero (1979), Beatriz González (1938), Juan Fernando Herrán (1963), Paulo Licona (1977), Rosario López (1970), Oscar Muñoz (1951), Diego Muñoz (1981) & Mauricio Hurtado (1971), Juan Obando (1980), Andres Felipe Orjuela (1985), Juan Sebastian Peláez (1982), José Alejandro Restrepo (1959), Miguel Ángel Rojas (1946), Ana María Rueda (1954), Edwin Sánchez (1976)

La Vuelta présente le travail de vingt-huit artistes de différentes générations. Appartenant aussi bien à des genres traditionnels de la photographie qu’à des pratiques expérimentales fondées sur la recherche, les projets sélectionnés explorent les mutations du paysage culturel, social et politique des identités, des valeurs et des croyances, et interrogent les notions de classe, d’identité, de survie économique, ainsi que l’histoire du conflit armé qui a duré soixante ans et qui a alimenté le trafic de drogue.

L’exposition s’articule autour de quatre axes conceptuels : histoire/mémoire, lieu/territoire, nature/culture et identité/représentation, regroupés en quatre sections. Souvenirs subjectifs aborde l’expérience du conflit armé qui n’a fait que perpétuer une culture de la violence politique en Colombie au cours des six dernières décennies. Cartographies urbaines explore le dialogue entre les artistes et la mobilité urbaine, de la mémoire des lieux aux paysages socio-économiques des villes latino-américaines d’aujourd’hui. Nouvelles cultures de la nature interroge la division entre nature et culture à travers les enquêtes historiques et la recherche scientifique. Enfin, Nouvelles cultures de l’image se penche sur la construction sociale des identités et des représentations culturelles à travers la réponse critique des artistes à la manière dont les médias et les réseaux sociaux influencent la perception des identités raciales, sexuelles et de genre.

Le titre de l’exposition, La Vuelta, est emprunté à une œuvre de Juan Fernando Herrán. Dans son travail, le terme vuelta, tiré de l’argot colombien, renvoie à une activité illégale : vol, meurtre, trafic de stupéfiants ou d’armes. Dans le cyclisme et d’autres sports, la vuelta est une course par étapes qui fait le tour d’un pays ; l’exposition est ainsi présentée comme la visite d’un pays au prisme de sa production artistique. Enfin, le terme vuelta suggère un retour, un come-back, au moment où la Colombie entre dans une nouvelle ère après la conclusion d’un accord de paix avec le groupe insurgé des FARC. Vuelta exprime donc autant la tension de l’attente que la possibilité d’un renouveau – un mot riche de sens, et particulièrement pertinent pour tous les thèmes abordés.
Carolina Ponce de León

« Levitt France, une utopie pavillonnaire »

Avec les photographies de Julie Balagué , Vincent Fillon , Bruno Fontana , Jean Noviel et Camille Richer.

Levitt France, une utopie pavillonnaire revient sur un projet ambitieux mené au début des années 1970 avec la construction de villages à l’américaine en Île-de-France. Cette entreprise peu connue, qui a contribué au modelage de la banlieue francilienne sous l’égide de la société Levitt France – du nom du fondateur de la suburb américaine William Levitt –, était porteuse d’une idée qui allait révolutionner la construction : la fabrication en série de maisons standardisées. Par la recherche architecturale qu’impliquait la nouvelle technique de construction, le village Levitt est un modèle d’utopie, que chacun des cinq photographes abordent sous différents angles. L’aventure Levitt représente-t-elle alors la quintessence ou l’angoisse de « l’entre-soi » et de « l’américanisme » exploités notamment dans les clips et les films ? Une simple bulle de temps accrochée au passé ? Le résultat d’une modernité non conforme à l’esprit français ?
Béatrice Andrieux

« Oh ¡ Latina ! – Histoires colombiennes »

Karen Paulina Biswell, Nama Bu, Hotel Dorantes, Radio Macondo
Leslie Moquin, Hasta Abajo
Luis Molina-Pantin, Narco-architecture
Luca Zanetti, On the brink of paradise
Fernell Franco, Color popular
Guadalupe Ruiz, Nada es eterno
Jorge Silva, Hippies
David Medina, Diagrams of a weird science (7th ave., Bogota)
Federico Rios, Pacific ocean surfers

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