Berdaguer & Péjus – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai

Jusqu’au 21 octobre 2018, Art+ et La Friche la Belle de Mai présente « Communautés Invisibles » une proposition de Berdaguer & Péjus qui occupe le plateau du 4ème étage et le Panorama à la Friche.

Pour leur première exposition personnelle à Marseille, Berdaguer & Péjus nous offre un des projets les plus puissants que l’on peut voir cet été… À ne pas manquer !

Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

Une scénographie particulièrement soignée sait mettre en valeur les différentes pièces sélectionnées par les artistes et la commissaire. La mise en espace est millimétrée et l’éclairage parfait.

Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

Plusieurs œuvres ont été produites pour « Communautés Invisibles ».

« Sculpture Care » est une installation spectaculaire qui intrigue et trouble singulièrement la perception des couleurs. Sa production a bénéficié du soutien de la Fondation Nationale des Arts Graphiques et Plastiques.

Berdaguer & Péjus,  Sculpture Care, 2018 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus,  Sculpture Care, 2018 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

« Mémoires de feu » est un étonnant ensemble peintures sur papier, réalisées à partir de suie prélevée par une entreprise de nettoyage et transformée selon un savoir-faire ancestral, la fabrication du bistre. Ce projet a été réalisé lors d’une résidence chez A2C Services dans le cadre des Ateliers Quel Amour ! en partenariat avec MP2018, Mécènes du sud et Pébéo.

Berdaguer & Péjus,  - Mémoires de feu, 2018 et Disparaître ici Mémoires de feu , 2012 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus,  – Mémoires de feu, 2018 et Disparaître ici Mémoires de feu , 2012 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

« Alien Theory » rassemble un virus géant qui a survécu à un sommeil glaciaire de 30 000 ans et la météorite Sikhote Alin, découverts en Sibérie.

Berdaguer & Péjus,  Alien Theory, 2018 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus,  Alien Theory, 2018 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

Plusieurs autres pièces de Berdaguer & Péjus apparaissent dans de nouvelles versions produites pour l’exposition :

« Zone Temps » est paysage en mouvement composé de sable noir et de sable blanc qui accueille le visiteur. Cette pièce, créée en 2009, réinterprète la métaphore que Robert Smithson a utilisée pour expliquer le principe de l’entropie.

Berdaguer & Péjus,, Zone Temps, 2009-2018 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus,, Zone Temps, 2009-2018 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

« With Sarah » est une version « démembrée » d’une construction réticulaire imaginée à partir du projet de « maison sans fin » de Sarah Winchester et des ouijas, les outils utilisés pour faire dessiner les esprits…

Berdaguer & Péjus,  With Sarah, 2018 -Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus,  With Sarah, 2018 -Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

« Carte Solide » est une carte imprimée en impression 3D qui montre des fragments de parcours et de couloirs de la médina de Tetouan où les artistes ont été en résidence avec Sextant et plus.

Berdaguer & Péjus, Carte Solide, 2015-2018 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus, Carte Solide, 2015-2018 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

« Kilda III » occupe magnifiquement le Panorama où l’installation en suspension propose une balade étonnante perchée dans un paysage aérien et sonore. C’est une nouvelle version parfaitement adaptée à cet espace exigeant…

Berdaguer & Péjus, Kilda III , 2018 - Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus, Kilda III , 2018 – Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

On retrouve avec intérêt d’autres pièces telle que les fascinantes « Paroles martiennes », l’étrange construction « Disparaître ici », une des « Psychoarchitectures », la sérigraphie moléculaire d’un buvard de LSD (« Sans titre »), ou encore une des « Bulles de confiance » avec son son diffuseur d’ocytocine. Enfin, l’exposition est « protégée » par les 15 chaises de « Communautés Invisibles » qui donne son nom à l’exposition.

« Chroniques », un ouvrage aux éditions Manuella accompagne l’exposition. Il rassemble de nombreuses œuvres de Berdaguer & Péjus qu’ils commentent. On peut également y lire « Utopies déprimées » un essai de Sandra Adam-Couralet et « Le dessin de l’art », une analyse d’Emanuele Coccia.

« Communautés Invisibles » est une remarquable production de Art+ et La Friche la Belle de Mai.

Le commissariat est assuré par Sandra Adam-Couralet qui entretient depuis 2014 un protocole d’échanges avec les artistes. Dans le texte de présentation de l’exposition, elle évoque :

« Un paysage gris et mou m’accueille et se dérobe sous mes pieds… le sol en sable, balayé par mes pas, dessine et redessine indéfiniment la topographie du lieu… l’exposition s’imprime au passage de chaque visiteur, … tout autour des abeilles de verre produisent des sons stridents … scénographier des connexions synaptiques … Le sentiment d’être entré dans un paysage intérieur…, vivre dans une exposition comme dans une psychoarchitecture… Je me lève et je déambule à présent sous un réseau métallique… L’agencement est émotif, il est le fruit des humeurs de ses concepteurs puis de ses habitants. … une architecture de relations … des contagions et des coexistences … Les objets exposés sont eux-mêmes des “enregistreurs”, ils sont “chargés” de sens, de mémoires ».

Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai - Marseille
Berdaguer & Péjus, Communautés Invisibles à la Friche la Belle de Mai – Marseille

Un peu plus loin, Sandra Adam-Couralet ajoute :

« Christophe Berdaguer et Marie Péjus se sont souvent attachés à tester les utopies architecturales, à les déprimer pourrait-on dire, contre toute forme d’autoritarisme. Selon un principe contaminant, l’architecture de l’exposition se voit à son tour exposée aux virus et devient elle-même un objet faillible, dégradable et malade. Les murs évoluent de l’intérieur. Tels des organismes vivants, ils sont habités de bactéries, d’histoires et de récits. Au cœur des réactions métabolistes, s’érigent des formes, tentant parfois de cartographier, d’établir des plans, parfois de contenir ou de prendre soin. Or on ne peut anesthésier un objet ou lui imposer une fonction fixe. Tout résonne de plasticité. Une exposition abîmée donc, stressée de traumas passés et à venir mais signes de possibles, parfois même de beauté, et surtout de vivacité. Plus encore, les opérations conceptuelles se laissent cette fois-ci déborder volontairement par l’élan du paysage qu’il ne s’agit plus de maîtriser mais de laisser advenir, dans l’acception d’un déploiement souvent incontrôlable : il s’agissait désormais de sortir du déterminé pour laisser l’espace choisir lui-même ce qui lui convient, à un moment donné. »

Si ces propos aiguisaient la curiosité, on peut affirmer que celle-ci est sans conteste largement satisfaite !

À lire, ci-dessous, de brèves présentations de Berdaguer & Péjus et de Sandra Adam-Couralet extraites du dossier de presse.

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Christophe Berdaguer (né en 1968) et Marie Péjus (née en 1969) vivent et travaillent à Marseille. Ils réalisent en duo depuis les années 90 une œuvre plastique qui explore les rapports psychologiques et physiques entre l’être humain, l’architecture et l’environnement.
Utilisant des médiums variés (vidéo, installation, sculpture), ils proposent une relecture du monde dans sa relation à l’homme au filtre de savoirs scientifiques comme la psychiatrie, la chimie ou la sociologie.
Une œuvre qui, tout en revendiquant ouvertement ses références aux avant-gardes utopistes et aux expériences d’architecture radicale des années 1970, se joue des classements et des catégories.

Luminothérapie, Arbre à désirs, Traumathèque, Chants épileptiques, Double aveugle, Faux self, Neurodomotique, Ville hormonale, Psychoarchitecture, Paysages chimiques, Vegetal Transfer, Morphine Landscape, Jardin psychologique, Eye Shut Sensitivity, Habitat olfactif, Sculpture anesthésiante, Paroles martiennes, Rosabelle believe… Autant de titres explicites qui témoignent du jeu associatif permanent auquel se livrent Berdaguer & Péjus.

Si leur travail a été présenté dans de nombreuses expositions personnelles et collectives, en France et à l’étranger, 2018 sera l’année de leur première exposition d’envergure à Marseille.

Actuellement curatrice au Palais de Tokyo (expositions Wilfrid Almendra, Daiga Grantina, le « Toguna » ou « Encore un jour banane pour le poisson-rêve » pour la prochaine Saison Enfance qui ouvre en juin 2018), elle a d’abord travaillé comme commissaire d’exposition indépendante (commissaire associée des « Maîtres du désordre » au Musée du Quai Branly (2012) et de l’exposition « Formes simples » (2014, centre Pompidou-Metz) avec Jean de Loisy ; commissaire, avec Alain Berland, de l’exposition « Judith Scott. Objets secrets » au Collège des Bernardins (2011) et co-commissaire de l’exposition «Simples Gestes» qui inaugure un nouveau projet curatorial de la Fondation d’entreprise Hermès au musée du cristal Saint-Louis (septembre 2014-mars 2015).

En 2016, elle est commissaire associée de la Nuit Blanche, confiée à Jean de Loisy et au Palais de Tokyo.

Entre 2013 et 2017, Sandra Adam-Couralet est co-coproductrice de l’émission hebdomadaire « Les Regardeurs » sur France Culture. Depuis 2016, elle intervient dans l’émission La Dispute par Arnaud Laporte.

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