Jusqu’au 6 octobre 2018, avec « Bad Girls go to hell » de John Deneuve, art-cade, Galerie des grands bains douches présente sans aucun doute une des expositions les plus marquantes de la Rentrée de l’Art Contemporain à Marseille.
Avec ce solo show, John Deneuve s’approprie avec brio les espaces singuliers, mais parfois compliqués des anciens bains douches de La Plaine.
Elle y développe plusieurs installations étonnantes et construit un accrochage particulièrement inspiré d’œuvres produites cet été pour « Bad Girls go to hell ».
Loin des discours parfois lourds et pesants de certaines expositions un tantinet moralistes sur la question de la féminité et du genre, John Deneuve s’amuse avec « Bad Girls go to hell » à déstabiliser et à provoquer son visiteur.
Toujours avec humour et fantaisie, elle le bouscule et le trouble avec un univers quelquefois absurde et grinçant, souvent exubérant. Entre queer et trash, pour cette exposition « consacrée aux femmes », l’artiste multiplie les références au cinéma érotico-pornographique et à la culture underground.
Exposition inévitable !!!
À lire, ci-dessous, quelques impressions de visite. Elles sont suivies du texte de présentation et de 03
extraits du dossier de presse.
En savoir plus :
Sur le site de art-cade, Galerie des grands bains douches
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Sur le site de John Deneuve
Ceux qui connaissent mal le travail décapant de John Deneuve pourront regarder avec intérêt le portait que lui consacre L’atelier A – Arte Creative :
L’affiche et le titre le l’exposition, renvoient au film Bad Girls Go To Hell, réalisé en 1965 par Doris Wishman…
« Adoration de la terre »
Le parcours commence par une vaste installation qui occupe l’intégralité de la première galerie le long du patio. « Adoration de la terre » fait référence au Sacre du Printemps de Stravinski où il est question du sacrifice d’une jeune fille lors d’un rituel païen en Russie. Conçue comme une critique de l’Église sur ses ambiguïtés à propos de la sexualité, John Deneuve rassemble six « autels ».
Une collection d’objets, dont les formes et les usages potentiels pourraient être équivoques, sont éparpillés parmi ce qui semble être des laisses de mer (bois flottés et galets) et de curieux chapeaux de sorcières en dentelle. Ils sont placés avec soin et précision devant un papier peint noir et dont les motifs dorés sont eux sans ambiguïté…
De « Chacha Hells » à « Bijoux »…
La deuxième galerie baigne dans une ambiance lumineuse qui passe imperceptiblement du rouge au mauve.
L’évocation des fêtes de Noël que suggère « Chacha Hells » fait très vite place à des festivités plus érotiques avec « Multiple Orgasm », un ensemble de supports de pâtisserie dorés et un peu kitch où John Deneuve a soigneusement découpé des scènes inspirées du premier film lesbien de Barbara Hammer.
Après un miroir XIXe couvert partiellement couvert par des formes graphiques caractéristiques du travail de l’artiste, une série de dessins aux motifs et aux cadres dorés et un cheval à bascule transformé en licorne, John Deneuve présente une sculpture suspendue.
Deux plumeaux reposent sur une balançoire dont les chaînes sont envahies par les feuillages en plastique… Faut-il y voir une référence aux « Hasards heureux de l’escarpolette » ?
Rien n’est moins sûr, si on en croit le titre « Punks, get off the grass »… Il renvoie clairement à la chanson d’Edith Massey, actrice édentée connue pour ses apparitions dans les films de John Waters et notamment comme mère de Jésus dans Multiple Maniacs ou Mama Edie dans Pink Flamingo…
Plus loin, dans une lumière mauve, on découvre un ensemble de « Bijoux », présentés sur des socles dorés…
« Pedilove » et après…
La troisième galerie commence par un « Pedilove » qui conduit à une salle de projection où l’on peut voir deux installations vidéo réalisées en collaboration avec Scott Sinclair (No more lolely nights et No more lonely balls)…
Artiste multipluridisciplinaire, John Deneuve vit et travaille à Marseille, célibataire.
Cette exposition consacrée aux femmes sera l’occasion pour elle de faire de multiples rencontres.
« ..Notre problème, c’est que nous sommes complètements seuls dans la plus cruelle des sociétés cruelles, avec personne à nos côtés pour nous donner amour et confiance absolus. Tout ce dont nous avons besoin, c’est de pain, d’eau, d’amour, d’un travail qui nous passionne et pour lequel nous sommes doués, d’une foi non entamée, de confiance en nous-même, de liberté et de dignité. Tout cela est pratiquement gratuit, alors pourquoi est-ce si difficile à obtenir ?
Comment se fait-il que tous ces trouducs, ces “professionnels”, amis comme ennemis, famille comme parfaits inconnus, essaient toujours de nous convaincre de suivre leurs règles débiles, d’arrêter de bosser pour devenir leurs clients, d’abandonner notre liberté pour accroître leur pouvoir et leur contrôle?… »
Lettre de Gordon Stevenson à Cookie Mueller
Traversée en eau claire dans une piscine peinte en noir, 2017 – Edition Finitude
John Deneuve développe un univers plastique protéiforme, installations, vidéos, objets, peintures et dessins. Son travail opère par déplacement dans une tentative de désacralisation, ou de sacralisation absurde ce qui revient au même. Le spectateur est invité à trouver une issue à un spectacle qui l’intranquilise et crée un espace désorienté, proche de l’absurde.
Par l’intermédiaire de l’exposition à la frontière de différents genres et catégories esthétiques, exploitant justement de nombreux codes de genre, elle questionne les pièges de la pensée unique qui, à la faveur de l’ignorance, gagnent encore beaucoup de terrain.
Dans l’exposition, Bad Girls Go To Hell, John Deneuve emprunte de multiples références au cinéma érotico-pornographique et à la culture underground pour sensibiliser à la question des droits humains et des libertés fondamentales en matière d’orientation sexuelle et d’identité de genre.
L’installation Adoration de la terre est une référence au Sacre du Printemps de Stravinsky et une critique directe de l’Eglise sur son positionnement ambigu à propos de la sexualité.
L’artiste s’inspire des images esthétisantes romantico-baroques de plusieurs films tel que ceux de John Waters (Female Trouble), Barbara Hammer (Multiple Orgasm) ou encore James Bidgood (Pink Narcissus) et Wakefield Poole (Bijoux) qui ont également inspiré Jean-Paul Gaultier ou Pierre &Gilles.
John décline un univers entre romantisme bon gout et trash, entre féminisme pro-sexe et amour à la papa, entre Jean Genet et un roman Harlequin pour mieux questionner l’image de la femme dans les médias, l’évolution des moeurs et de la condition féminine à travers le siècle, la remise en cause du droit des femmes et la pression pour se conformer à la norme.
John Deneuve, née en 1976,
vit et travaille à Marseille.
EXPOSITIONS PERSONNELLES
2017 « Unplugged » Galerie Meyer Marseille
2015 « Spectre normal » Galerie du 5ème Galeries Lafayette Marseille
2014 Show room Tchikebe Marseille
2013 Carte Blanche Tchikebe Marseille
2011 « Christstollen » Galerie La Tangente Marseille
« Parade Nuptiale » Fotokino Marseille
2007 « Merci Monsieur » Galerie Porte Avion Marseille
2006 « Catherine Deneuve » Galerie Porte Avion Marseille
EXPOSITIONS COLLECTIVES
2017 Fashionistas Galerie Hors-les-murs Marseille, Art-cade Galerie des Bains Douches Marseille
2016 Erratum Galerie Berlin/ Bring something Pink Espace Despalles Paris
Ici et maintenant Frac Paca Mougins
2015 Recto Verso Fondation Louis Vuitton Paris / DesignXport Hamburg
Espace à Vendre Nice /Bienal de Jafre Espagne/ Documents d’artistes Marseille/ Formats Raisin Cornillon-Confoux
2014 Galeries Lafayette Vitrine du MAC Marseille/ Festival des Arts Éphémère Marseille/ Château de Servières Marseille
2013 IZI FRAC Languedoc-Roussillon/ Showroom Artorama Marseille
Animal Paradise Centre d’Art Contemporain Istres/ Voyons voir Trets
Semaine du son CAIRN Digne les Bains/ Bureau d’Art et de Recherche Roubaix
2012 Supervues Hotel Burrhus sur l’invitation du FRAC PACA Vaison la Romaine
2011 La nuit résonance Bibliothèque Municipale de Lyon/ X vidéos pour X artistes Galerie La Tangente Marseille/ BYOB Marseille Galerie des grands bains-douches ART-CADE Marseille
2010 Traversée d’Art Château de Saint-Ouen
2009 Hair du temps Galerie du Conseil Général Aix-en-Provence
2008 Slick contemporary art fair – Galerie Porte avion Au 104 Paris
Astérides – multiples d’artistes Générale en Manufacture Sèvres
Astérides Galerie de la Friche de la belle de Mai Marseille
2007 Musée d’Art Contemporain Marseille – Marseille Artistes Associés 77-07
Résonance Biennale de Lyon 6 Picoles Cycliques
2006 Galerie Sei-un-do Zurich/Galerie Space-Bandée Corée/ Espace d’art contemporain Camille Lambert Juvisy
2005 Galerie Porte Avion Marseille
2003 Ecole des Beaux Arts de Prague
2002 Galerie International 3 Manchester/Galerie Vesturport Reykjavik
2000 Ancienne usine de lait Lactina Kehl
COLLECTIONS PUBLIQUES ET PRIVÉES
2014 FRAC PACA
2014 Fond communal d’art contemporain Marseille
RÉSIDENCES
2015 Grim Montevideo Marseille
2013-16 Résidence Databitme Arles
2013 Grim Montevideo Marseille
2008 Astérides Marseille
PRINCIPALES PUBLICATIONS
2015 Insolation n°1 Éditions Nicole Crême
2014 John Deneuve Botte Blonde, Edition P
Astérides Vingt ans après
2012 Pictoplasma Characters Compendium
2011 John Deneuve Parade Nuptiale, Images en Manoeuvres édition
2009 Hair du temps, Hair, p. 91, SilvanaEditoriale
2006 John John, dessins, édition agence immobile / Galerie Porte Avion
EDITIONS
2017 Sérigraphies numérotées et signées, éditions Look&listen
2015 Sérigraphies numérotées et signées, série Barbapapa, éditions Tchikebe
2014 Sérigraphies numérotées et signées, Sans titre, éditions Tchikebe
2013-14 Affiches risographies A3, numérotées et signées, imprimées à Fotokino
2013 Sérigraphies en quadrichromie 60x40cm, numérotées et signées, éditions Tchikebe
FORMATION
2004 Ecole de Journalisme de Marseille – D U de Multimédia et Internet
2001 Ecole des Arts Décoratifs, Strasbourg – DNSEP Art
1999 Ecole des Arts Décoratifs, Strasbourg – DNAP Art