Antoine Espinasseau – Au quatrième mur à Marseille

« Au quatrième mur » est une double exposition qu’Antoine Espinasseau a proposée sur le stand de Mécènes du sud Aix-Marseille à Art-O-Rama et au Studio Littledancer, du 30 août au 1er septembre 2019.

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

Soutien d’Art-O-Rama depuis sa création, Mécènes du sud Aix-Marseille présente depuis 7 ans, des expositions personnelles d’artistes parmi ses anciens lauréats, leur offrant ainsi une visibilité auprès des professionnels et des collectionneurs. Cette invitation repose sur la production d’œuvres nouvelles.

Antoine Espinasseau qui vit et travaille à Bruxelles a été lauréat Mécènes du sud Aix-Marseille en 2014 pour le projet « Une île ».

« Au quatrième mur » est coproduit par Mécènes du sud Aix-Marseille, Isabelle et Roland Carta.

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

Au Studio Littledancer, son installation était construite autour d’un imposant « podium » assemblage soigneux d’un plancher verni d’où émergeaient çà et là de discrètes sculptures couleur ivoire dont on ne sait trop si ce sont des erreurs ou si elles évoquent des pétales de tulipe…

À la fois scène de théâtre, parquet de danse, architecture éphémère, « jardin » suspendu, cette sculpture troublait les visiteurs embarrassés qui ne savaient pas trop quel comportement adopter. Pouvait-on monter sur cette structure qui apparaissait un peu fragile, fallait-il se contenter d’en faire le tour et de regarder sans trop de recul les cinq œuvres dont les cadres chantournées semblaient reproduire le motif de cette sculpture ?

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l'expo !

Sur le mur du fond du studio, deux photographies « en miroir » représentaient des fragments de jardin où les plantes sont flétries. La troisième paraissait être orpheline de son pendant. Dans une forme qui évoquait vaguement la lettre « J », une visiteuse dont on voit partiellement le corps regarde avec attention une toile où est représentée une femme nue allongée sur un lit couvert de satin…

Une fois sur « scène », tout semblait prendre une autre dimension : les visiteurs qui sont restés en bas, comme les œuvres accrochées au mur.

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

Sur le stand de Mécènes du sud Aix-Marseille à Art-O-Rama, Antoine Espinasseau présentait une version inversée du dispositif montré à Littledancer. Au centre de l’espace était installée une fragile maquette de la structure exposée dans le studio de danse. Au mur, les cinq « images » paraissaient dominer ce modèle réduit.

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

On retrouvait deux diptyques en miroir : un jardin dont la végétation est florissante et un gros plan sur des os dans doute photographié dans un muséum. La dernière image montrait une vue partielle d’un tableau d’un polyptyque de la Renaissance italienne exposé dans un musée. La dissymétrie de cette image d’une image donne la singulière impression qu’elle a elle aussi perdu son pendant…

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Art-O-Rama à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

À l’évidence, Antoine Espinasseau joue malicieusement avec le regardeur et avec la kinesthésie de l’exposition. Il oblige le visiteur à s’interroger sur sa présence physique dans l’espace en troublant son expérience de visite, en agissant sur les rapports d’échelle, en renversant sur les points de vue et en manipulant subtilement les mises en abîme… Du grand art ! Une belle manière de questionner ce qu’exposer veut dire !

Antoine Espinasseau - Au quatrième mur - Mécènes du sud Aix-Marseille - Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l'expo !
Antoine Espinasseau – Au quatrième mur – Mécènes du sud Aix-Marseille – Studio Littledancer à Marseille. Photo En revenant de l’expo !

Sans aucun doute, « Au quatrième mur » a été une des propositions artistiques les plus captivantes et plus dérangeantes d’Art-o-rama et de cette rentrée de l’art contemporain à Marseille.

À lire, ci-dessous, le texte de présentation du projet par Bénédicte Chevallier, Directrice de Mécènes du sud Aix-Marseille

En savoir plus :
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Les notions de lieu et de contexte tiennent une place importante dans le travail d’Antoine Espinasseau, plasticien, architecte de formation. Il mobilise notre attention sur ce qui conditionne notre manière de regarder, au-delà du sujet. Pour exacerber ce rapport d’influence, il met en jeu le modèle de la scène, archétype de la représentation, condition d’apparition du spectaculaire et architecture culturelle par excellence. Il s’intéresse également au jardin, comme forme de domestication culturelle de l’homme sur le vivant, dont il fait une lecture critique.
Tout se passe comme si l’élévation d’un plancher contenait la promesse d’un événement extraordinaire, imminent. Un plancher lisse, une structure qui le supporte, une attente, fabriquent un contexte de représentation singulier. La matérialité est sublimée, elle se fait oublier, au profit de ce qui s’y passe. Cette architecture de l’attente devient sculpture. Arpentée, elle change de nature. C’est alors le contexte qui devient oeuvre, renversant le point de vue.
Le titre de l’exposition fait allusion à la cloison invisible entre acteurs et spectateurs, une convention qui assigne à l’imaginaire sa place côté scène, et au réel, côté salle. Au quatrième mur fonctionne comme un indice, évoquant le double mouvement d’un espace et d’un temps, qui ne sont dès lors pas situés.
Antoine Espinasseau exerce notre agilité. Il démultiplie les points de vue, nous faisant passer par différentes échelles, en explorant chaque fois un nouveau champ-contrechamp. Nous percevons ce paysage différemment selon la conscience avec laquelle nous l’accostons, laissant ressentir alternativement notre influence et nos influences.

Bénédicte Chevallier,
Directrice de Mécènes du sud Aix-Marseille

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