Jusqu’au 27 septembre 2020, Adrien Vescovi présente au Studio Fotokino plusieurs pièces récentes sous le titre « Slow Down Abstractions ».
La brièveté de cette exposition (2 semaines) fait que cette chronique sera mise en ligne au moment de sa clôture. Toutefois, la parution d’une publication à l’occasion du finissage justifie l’édition de ce billet.

Dans l’espace principal, deux œuvres au sol dessinent une aire de jeu, un paysage de couleurs que le visiteur est invité à parcourir en chaussettes. Une imposante, mais accueillante tenture est suspendue dans la diagonale, sous le puits de lumière. Avec harmonie, elle trouble un peu le regard qui, au moins du côté de l’entrée, peut se perdre et hésiter entre les motifs horizontaux et verticaux…

La superposition des couches de couleur dans l’épaisseur du tissu, les assemblages de morceaux de draps anciens ornés de monogrammes brodés, tout incite à une sereine et méditative contemplation entre mystère, songe et poésie…



L’installation que propose Adrien Vescovi convie irrésistiblement le visiteur à l’abandon, l’invite à s’allonger dans ses paysages abstraits aux couleurs douces, suaves et légèrement fanées…

À l’entrée du Studio Fotokino, la libraire expose un livre à feuilleter. Chaque double page peut se transformer en œuvre autonome.
Pour le finissage de « Slow Down Abstractions », le Studio Fotokino présente une publication inédite réalisée pour l’occasion. Imprimées avec beaucoup de soin, les cinq doubles pages reproduisent d’un côté des fragments et de l’autre la totalité de la pièce Land VIII (2019) exposée au sol.



Ces feuillets prolongent avec raffinement les sensations éprouvées parmi les morceaux de draps teints avec de la terre de Sienne des Ardennes, des ocres du Vaucluse, de la Nièvre ou d’Italie, du rouge Ercolano et vénitien, de la terre verte, du noir de Rome et de la terre d’ombre de Chypre…
Jusqu’au 25 octobre, Adrien Vescovi présente au 3e et 5e étage de la tour Panorama à la Friche la Belle de Mai, une superbe installation (Invisibles Forces, 2020) qui construit avec souplesse et discrétion la scénographie de « Sur pierres brûlantes ». Ce projet rassemble une sélection d’œuvres produite par les artistes qui occupaient les ateliers de la ville de Marseille depuis 2 ans.

Adrien Vescovi travaillait dans un de ces ateliers, sur le cours Lieutaud, en contrebas de la rue d’Aubagne. Celles et ceux qui arpentent régulièrement ce quartier ont sans doute aperçu les draps teints qui séchaient à la lumière du soleil ou de la lune, à l’épreuve des intempéries et de la pollution…



Ces derniers mois, ses œuvres ont été particulièrement remarquées dans l’espace public comme dans les expositions de la région.
On se souvient notamment des amples tentures (Un paysage aléatoire, 2019) installées à l’entrée de la Chapelle de la Vieille Charité pour « Par hasard » l’hiver dernier.

Pour l’introduction du volet de cette exposition à la Friche, Adrien Vescovi avait judicieusement aligné, sous les fac-similés du poème de Mallarmé Un coup de dés jamais n’abolira le hasard, des bocaux en verre où des tissus s’imprégnaient lentement de teintures naturelles…

Au printemps et à l’été, dans « La mesure du monde » au MRAC (Musée régional d’art contemporain Occitanie/Pyrénées-Méditerranée), Adrien Vescovi exposait pour la première fois des tentures au sol avec Land VI, VII et VIII (2019) produites pour l’exposition et dont on retrouve une pièces ici…

À lire, ci-dessous, le texte extrait de la fiche de salle et quelques repères biographiques.
En savoir plus :
Sur le site du Studio Fotokino
Suivre l’actualité du Studio Fotokino sur Facebook et Instagram
Adrien Vescovi sur documentsdartistes.org
Le tumblr de Adrien Vescovi
Adrien Vescovi sur le site de la Galerie Ceysson-Benetiere
Adrien Vescovi – Slow Down Abstractions : Fiche de salle
À l’occasion du Printemps de l’Art contemporain 2020, Adrien Vescovi présente au Studio Fotokino plusieurs pièces récentes. Dans la librairie, un livre à feuilleter, dont chaque double page peut se transformer en oeuvre autonome. Dans l’espace principal, les deux oeuvres assemblées au sol dessinent une aire de jeu, un paysage de couleurs que nous sommes invités à arpenter (en chaussettes) tels des géants. Et pour clôre cette exposition de rentrée, nous vous invitons à nous rejoindre le samedi 26 septembre à 18h pour le lancement d’une publication inédite réalisée pour l’occasion.

La peinture, dans la superposition des couches de couleur, donne à voir le geste de l’artiste à la surface de la toile. La teinture, elle, garde dans l’épaisseur de la matière textile, la mémoire d’un labeur, une « vérité des profondeurs » * : coloration, imprégnation, cuisson, séchage. Chez Adrien Vescovi, les traces du pinceau sont celles, plus aléatoires, des plis, des bains, de l’absorption des pigments, de l’usure (au contact d’autres matériaux, de la pollution ou des intempéries) ou de l’exposition (au Soleil, à la Lune). Mais une fois le travail de coloriste effectué, n’en demeurent pas moins des manières de peintre : avec sa paire de ciseaux et sa machine à coudre, il compose des tableaux. La plupart du temps, il les pense et les construit en fonction de l’espace dans lequel ils seront montrés, ou tout du moins – comme ici – considère leur disposition et leur mode d’accrochage en fonction de l’architecture du lieu ou de leur environnement.

Le textile ainsi transformé révèle le processus technique et sensible de l’artiste, mélange de savoir-faire et de hasard, il s’en fait la mémoire. Et témoigne également d’un passé plus ancien encore, celui des matériaux employés : Adrien Vescovi travaille essentiellement à partir de draps récupérés, chinés. Ornés de leurs broderies et monogrammes, ils sont eux-mêmes les témoins d’une histoire, que l’on ne peut qu’imaginer, celle de leurs anciens propriétaires. Et qui sera prolongée par l’histoire de leur monstration : sous vos pieds, ces textiles s’offrent un nouveau chapitre, innattendu, au roman de leur vie.

Coloration et décoloration, assemblages et composition, mémoire des gestes et des matériaux, réemploi, usure : en les parcourant par la marche et le regard, on perçoit ainsi les étapes successives qui constituent ces oeuvres et qui font du temps le véritable sujet de ces paysages de couleur.
* Gaston Bachelard, La Terre et les rêveries du repos, José Corti, 1948.

Adrien Vescovi est né en 1981.
Diplômé de l’École supérieure d’art de l’agglomération d’Annecy, son travail a été présenté aux Pays-Bas, en Belgique, au Danemark, au Mexique.
En 2017, il a bénéficié d’une résidence et exposition au Cyclop à Milly-en-Forêt.
En 2019, son travail a été présenté à la Galerie des Ponchettes avec le MAMAC de Nice, à la Villa Noailles pour le Festival international de la mode et accessoire ainsi qu’au Palais de Tokyo pour l’exposition « Futur, ancien, fugitif », à la Vieille Charité à Marseille et au Musée Régional d’Art Contemporain Occitanie à Sérignan.
Ses œuvres sont notamment dans les collections du Centre National des Arts Plastiques, du Musée d’Art Moderne et d’Art Contemporain de Nice, du Musée des Beaux-Arts de Nantes, du Frac Provence Alpes Côtes d’Azur et du Fond Communal d’Art Contemporain de la Ville de Marseille.
Adrien Vescovi vit et travaille à Marseille depuis 2017, après une longue pratique installée dans les montagnes de Haute-Savoie. Il est actuellement artiste résidant des ateliers de la ville de Marseille jusque fin 2020.
