La Relève III – « Habiter » à art-cade* – Marseille


Jusqu’au 27 mars 2021, Art-Cade Galerie Bains Douches accueille une des expositions de La Relève III – « Habiter », un projet qui s’inscrit dans le cadre de la 11ème édition de Parallèle – Festival international des pratiques émergentes.

C’est la troisième année que Parallèle s’associe avec plusieurs lieux d’exposition marseillais pour montrer le travail d’artistes en phase de professionnalisation. Autour de la thématique « Habiter », 25 projets ont été retenus par le jury sur la centaine qui lui ont été soumis.

Gael Sillère – Elément de la série Des tongs et du monoî , 2020 © Gael Sillère

La Relève III est présentée dans plusieurs lieux : à art-cade*, Coco Velten (en partenariat avec La compagnie – lieu de création), Le Château de Servières et Le Centre Photographique Marseille (avec le soutien du studio AZA).

Art-Cade galerie des grands bains douches de la Plaine expose les propositions de six artistes : Quentin Dupuy Sarah Netter Silina Syan Léa Laforest Fabienne Guilbert Burgoa Arnaud Arini.

Il faut un peu d’attention pour remarquer la sobre intervention de Quentin Dupuy avec laquelle débute le parcours de l’exposition. En effet, son Adventice qui appartient à une série commencée en 2016 s’est installée au pied de la cimaise de la première galerie…

Quentin Dupuy – Adventices, 2016. Chewing-gum, dimensions variables, série en cours – La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille – Photo © Raphael Arnaud

Avec un peu de curiosité (ou en lisant la fiche de salle), on peut découvrir qu’elle est réalisée, comme toute la série, en utilisant la technique du pastillage avec du chewing-gum…

À l’inverse, Sarah Netter est loin de faire dans la discrétion. En effet, ses Scrunchies (2020) envahissent de façon tonitruante tout l’espace de la première galerie d’art-cade*avec leurs foisonnements de tissus, foufounes, papiers toilettes et papiers cadeaux, plastiques, bois, ballons, toiles cirées…

Sarah NetterScrunchies, 2020. Tissus, foufounes, papiers toilettes, plastiques, bois, ballons, toiles cirées, papiers cadeaux, dimensions variables La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

Dans le texte qui accompagne son installation, après avoir rappeler les origines des Scrunchies ou « comment se mettre en valeur, se parer en textures et couleurs de restes du quotidien, un peu gêné·e, mais toujours sapé·e », Sarah Netter affirme : « Ma pratique artistique se nourrit beaucoup des motifs et hétéroglossies qui m’entourent »…
On lira avec intérêt son entretien récent avec Soizic Pineau dans Manifesto XXI.

Diplômée de la Villa Arson comme les deux artistes précédents, Silina Syan présente Welcome (2020), une installation composée d’un papier peint, d’un meuble peint à la laque automobile et Zebu (2019), une vidéo d’un peu plus de trois minutes.

Silina Syan - Welcome, 2020 - La Relève III - « Habiter » - art-cade - Marseille
Silina Syan – Welcome, 2020. Installation, papier peint, meuble peint à la laque automobile – La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

L’installation est, dit-elle, « inspirée d’une boutique à Nice, qui vend des tenues et des bijoux indiens, et qui communique avec un institut de beauté, qui fait des épilations au fil. Ces commerces sont tenus par des personnes issues de la diaspora indienne, et constituent un des rares lieux où cette communauté habite l’espace public en France, et devient visible ».

Dans le texte de salle, comme dans son interview pour Manifesto XXI, Silina Syan confie sa volonté de rendre visible la diaspora indienne, du Sri Lanka, du Pakistan ou du Bangladesh, dont elle est issue, en s’intéressant à la « notion d’habiter l’espace public »…

Silina Syan - Zebu, 2019 - La Relève III - « Habiter » - art-cade - Marseille
Silina Syan – Zebu, 2019. Vidéo, 3 minutes 28 secondes – La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

Le conte raconté par son père à propos de l’histoire de son grand-père et sa fascination pour les ongles évoquent « l’idée d’habiter une identité, culturelle et hyper féminisée, dans une revendication féministe, en lien avec des figures (…) comme la sorcière, la cagole ou la rappeuse américaine »…

Au début de la seconde galerie, Léa Laforest présente avec Vivre pour le meilleur (2020) une installation particulièrement dérangeante qui renvoie, au moins en partie, au quotidien de nombres d’entre-nous…

Léa Laforest – Vivre pour le meilleur, 2020. Installation, porcelaine émaillée, plâtre, silicone, objets divers La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

« Chaque matin, le café coule. Le circuit est infini, il se consomme autant qu’il se remplit.
Chaque semaine, une feuille A4 soigneusement préparée par la même personne depuis des années. Le repas est complet, le vin et le café sont compris. Cinq jours sur sept. De douze heures à treize heures. Sous la forme d’une collection en construction, les objets du quotidien sont exposés, transposés et magnifiés. Rappelant la répétition et le rythme cyclique générés par les codes du salariat, l’installation est pourtant vue comme un dispositif fragmentaire, laissant place au vide et invitant chacun·e à se les approprier pour continuer d’exister. »

Un peu plus loin, Fabienne Guilbert Burgoa présente Noeuds sur fikir (2019), une tapisserie réalisée au cours d’une résidence en Éthiopie et Lloverá mi voz (2020), une installation textile et sonore.

Fabienne Guilbert BurgoaNoeuds sur fikir, 2019. Tapisserie réalisée au cours de la résidence Versant Sud, Addis Abeba, Éthiopie et Lloverá mi voz, 2020. Installation textile et sonore – La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

Actuellement en résidence aux Ateliers Blancarde à Marseille, elle précise, sur le site de cette structure, la nature de sa démarche artistique :

« Guidée par les atmosphères qui découlent de l’oralité, je joue avec des expériences qui plongent le spectateur dans un contexte onirique.
Le processus de création, qu’il s’agisse d’installations ou de pièces textiles, peut être réuni au travers du mouvement et ponctué par des actions.
Ma ligne de recherche questionne le processus d’archivage du patrimoine des latitudes Sud.
Je me penche sur les courants populaires contemporains, cherche à connaître leur passé et à dessiner une version de leur futur dans une dynamique d’échange avec diverses cultures et territoires ».

L’exposition se termine avec une installation d’Arnaud Arini, quatrième diplômé de la Villa Arson. Dans l’espace noir d’art-cade*, il propose Bedroom (2021), une œuvre produite en partenariat avec @undatedclothing, qu’il présente ainsi :

« Bedroom est une installation qui propose une vision de l’adolescence à travers son espace de prédilection et d’intimité, dans lequel est visible cette transition entre l’enfance et l’âge adulte : la chambre. Un lieu habité où se fomente un grand départ. Simultanément inhérent et étranger au foyer. Un environnement aujourd’hui de plus en plus “connecté”.
L’installation est animée par cette présence domotique et virtuelle s’insinuant jusque dans le sanctuaire nubile. »

Arnaud AriniBedroom, 2021. Bois, matelas, organza, miroir, programmation arduino, moteurs, lumières, webcam, filtres Instagram, dimensions variables La Relève III – « Habiter » – art-cade – Marseille

Chroniques à suivre après un éventuel passage par Coco Velten , le Château de Servières et le Centre Photographique Marseille…

Pour le moment visites uniquement sur rendez-vous à prendre ici : réservation obligatoire.

En savoir plus :
Sur le site d’art-cade*
Suivre l’actualité d’art-cade* sur Facebook, Twitter et Instagram
Sur le site de Parallèle – Pôle de production international pour les pratiques émergentes
Liens vers les sites ou les comptes Instagram des artistes dans la chronique.

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer