Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide
au 3 bis f -Aix-en-Provence


Jusqu’au 5 juin 2021, le 3 bis f présente « Plaisir Solide », une proposition imaginée par Hélène Bellenger et Charlotte Perrin sur une invitation de Diane Pigeau, commissaire de l’exposition et directrice artistique du centre d’art.

Initialement programmé au printemps dernier, ce projet fait suite à la rencontre des deux artistes, lors de leurs résidences respectives en 2019-2020.

Pour la commissaire, « Plaisir Solide » ne doit pas être vu comme un duo show :

« Positif, rigide ou lustré. Mesure, confort ou succès.
À l’image du protocole imaginé par les artistes pour le titre de l’exposition, Plaisir Solide est la rencontre de deux pratiques distinctes, celles d’Hélène Bellenger et Charlotte Perrin, le temps d’une exposition duelle »
.

Si l’on perçoit beaucoup de complicité et de connivence entre les deux femmes, aucune pièce n’est réalisée à quatre mains. Les œuvres jouent un « contrepoint formel tout en partageant un enjeu commun, celui du corps et de son économie ».

Les enjeux du projet comme les démarches et les pratiques artistiques d’Hélène Bellenger et Charlotte Perrin sont largement explicités dans la conversation des deux plasticiennes avec Hélène Soumaré et Diane Pigeau enregistrée lors de l’ouverture de « Plaisir Solide » :

On renvoie également aux textes extraits du dossier de presse qui sont reproduits ci-dessous.

L’injonction au bonheur est une des interrogations majeures sur laquelle repose « Plaisir Solide ».

Cette problématique est évidente dans le travail de recherche d’Hélène Bellenger que ce soit à travers l’exploration du flux Instagram, dans sa collecte et son analyse des publicités pour antidépresseurs et anxiolytiques retrouvées dans le fonds documentaire du centre hospitalier, mais aussi dans ses interrogations sur l’industrie du parfum…

Ce questionnement autour d’une culture « happycratique » est moins appuyé chez Charlotte Perrin dont la recherche sur l’habitat ausculte l’ambivalence du lieu à soi qui « abrite, protège… enferme ».
Dans le contexte de l’hôpital Montperrin, avec l’aide de plusieurs services (menuiserie, blanchisserie), elle a imaginé des formes élémentaires qui proposent au visiteur un jeu subtil et ludique avec l’espace du 3 bis f. Ses dispositifs interrogent les fonctions du bâtiment, lieu de contrainte et d’enfermement devenu centre de recherche et de création… Avec malice et humour, ses installations s’amusent avec les limites de l’espace d’exposition, questionnent son appropriation par les œuvres et engagent le corps du visiteur et pas seulement son regard à expérimenter des interactions inattendues…

Le parcours très fluide est construit sans véritable narration. Il laisse au visiteur le loisir d’expérimenter, de s’engager dans un rapport physique aux œuvres, de solliciter ses sens et de sortir de sa position de regardeur. Le jeu est partout présent : avec les mots et les odeurs dans Sans titre (compositions positives), avec les motifs décoratifs dans Arcade, avec le mobilier dans Formes mobiles, avec la vue, le toucher et l’odorat dans #happinessisachoice.

Hélène Bellenger et Charlotte PerrinPlaisir Solide au 3 bis f Photo ©jcLett

La grande salle apparaît comme un condensé de l’exposition, un vaste espace ludique où les perspectives se démultiplient. La vue et l’odorat se troublent avec Sans titre (Lo-fi) et Pharmakon. Comment résister à la manipulation des modules d’Aménagement domestique variable pour reconfigurer l’espace, pour voir autrement ? Toutefois quelques œuvres interpellent et invitent à reconsidérer quelques injonctions au bonheur (Schnittformen (Kleidung) / Formes de coupe (vêtements), Sans titre (gamme)…). La fresque murale paraît offrir une clé de lecture aux pièces de Charlotte Perrin…

Hélène Bellenger et Charlotte PerrinPlaisir Solide au 3 bis f Photo ©jcLett

La mezzanine suggère un retour à la réflexion avec la bibliographie et la filmographie qui accompagnent toute exposition au 3 bis f. Avec la publication « Plaisir Solide » dont les versos difficilement lisibles sont déployés sur un mur, elles offrent un regard sur le « hors champ » des recherches conduites pour ce projet.

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f - Mezzanine
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f – Mezzanine

Un passage au 3 bis f s’impose évidement avant le 5 juin prochain.

Reporté en raison de la crise sanitaire en 2020, « Plaisir Solide » avait réussi à prendre forme par des collages et des correspondances auxquels Hélène Bellenger et Charlotte Perrin avaient invité Hélène Soumaré. Ces dialogues à travers un partage numérique se sont matérialisés avec une publication aux éditions Poursuite.

Photos ©Hélène Bellenger

L’exposition et la publication ont été réalisées avec le concours de la Région Sud Provence-Alpes-Côte d’Azur et le partenariat de Emosens, PassionNez, SCAP (société de création en arômes et parfums), Virginie Armand Fragrance Artist, Mod’Verre et le lycée Vauvenargues à Aix-en-Provence.

À lire, ci-dessous, les textes de la fiche de salle. On reproduit également la présentation de « Plaisir Solide » et une brève présentation du travail d’Hélène Bellenger et Charlotte Perrin. Ces documents sont extraits du dossier de presse.

En savoir plus :
Sur le site du 3 bis f
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Sur les sites d’Hélène Bellenger et Charlotte Perrin

« Plaisir Solide » : Parcours de l’exposition

Dans le hall d’accueil du 3 bis f

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f ©jcLett
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f ©jcLett

Charlotte PerrinArcade, 2021

Arcade joue avec la polysémie de son titre. Il renvoie aussi bien à l’élément architectural sur lequel le papier peint est apposé qu’aux jeux d’arcade. Reprenant les proportions des carreaux qui ornent les murs des lieux, l’artiste s’est adonnée à une sorte de « Tetris ». Les carrés noirs, assemblés, juxtaposés ou légèrement décalés créent de nouvelles formes géométriques. En creux, les fines lignes de démarcations blanches opèrent comme des indices pour retrouver la place de chaque carré et créent une rythmique dans la composition d’ensemble.

Hélène BellengerSans titre (gradient n°018056839), 2021

Le 29 avril 2019, lnstagram a déposé la demande d’enregistrement n° 018056839 auprès de l’Office de l’Union européenne revendiquant la propriété intellectuelle de son dégradé arc-en-ciel à titre de marque. Malgré le refus de l’EQUIPO, ce dégradé de couleur fait indéniablement appel à notre imaginaire collectif marqué par ce réseau social suivi par des milliards d’utilisateurs.
Une entrée en matière qui évoque les intentions d’Hélène Bellenger aux prémices de sa résidence de recherche au 3 bis f, interrogeant la capacité du fameux réseau à convoquer l’émotion par l’image.

Hélène BellengerSans titre (compositions positives), 2021

Hélène Bellenger - Sans titre (gradient n°018056839), 2021 et Sans titre (compositions positives), 2021 ©jcLett
Hélène Bellenger – Sans titre (gradient n°018056839), 2021 et Sans titre (compositions positives), 2021 ©jcLett

Six fioles exhalant des fragrances aux évocations positives.
Chaque fiole contient une note de parfum isolée qui stimule une mémoire émotionnelle génératrices d’images mentales.

Ce processus est utilisé aussi bien en marketing olfactif que dans le cadre de recherches sur la dépression en psychiatrie.
Les senteurs choisies, fraîches et sucrées convoquent un vocabulaire photographique fantasmé et stéréotypé de cartes postales ou de social wall estival.

Dans les deux cellule d’isolement

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f - Cellules
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f – Cellules

Charlotte PerrinFormes mobiles, 2021

Charlotte Perrin - Formes mobiles, 2021 ©jcLett
Charlotte Perrin – Formes mobiles, 2021 ©jcLett

D’apparence simple, cette pièce composée de cinq formes géométriques en bois s’active par la manipulation du visiteur. Tour à tour, nous sommes invités à nous asseoir sur le petit tabouret que peuvent créer ces Formes mobiles dotées de pieds, à trouver de nouvelles combinaisons en les manipulant ou à les assembler dans leur cadre à la manière d’un puzzle géant.

Charlotte Perrin - Formes mobiles, 2021 ©jcLett
Charlotte Perrin – Formes mobiles, 2021 ©jcLett

Hélène Bellenger#happinessisachoice, 2021

Hélène Bellenger - #happinessisachoice, 2021 ©jcLett
Hélène Bellenger – #happinessisachoice, 2021 ©jcLett

La cellule capitonnée fait écho aux pratiques asilaires qui s’exerçaient dans ce même espace il y a quelques décennies : la pièce contient le corps, le capitonnage enferme le son.
Chargée émotionnellement, la pièce invite pourtant à un certain repos. Le sol matelassé permet de s’y asseoir et propose de vivre une expérience sensorielle stimulant la vue, le toucher et l’odorat. Le matelassage holographique revêt la pièce d’un aspect psychédélique.
L’un des murs est saturé par une imagerie imprimée qui reproduit une sorte d’écran de smartphone géant. Ces images sont extraites aléatoirement du flux de photographies répondant au hashtag #hapinnessisachoice.

Dans la grande salle d’exposition

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f ©jcLett
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f ©jcLett

Charlotte PerrinAménagement domestique variable, 2021

Charlotte Perrin - Aménagement domestique variable, 2021 ©jcLett
Charlotte Perrin – Aménagement domestique variable, 2021 ©jcLett

Aménagement domestique variable est un ensemble de quatre sculptures-objets. Individuellement, chaque élément évoque le paravent, la cloison, la séparation.
Réunis, ils créent un espace clos, intime.
Disposés sur des roulettes, ils sont mobiles et aisément manipulables. Dans l’espace d’exposition ils peuvent se déployer isolément ou en groupe ou bien se juxtaposer afin de libérer l’espace. Chaque pièce dispose de percées laissant passer le regard et offrant des jeux de perspectives.
Aménagement domestique variable, s’inscrit pleinement dans la réflexion de Charlotte Perrin sur la question de l’habitat et du « chez-soi ».

Charlotte PerrinSchnittformen (Kleidung) / Formes de coupe (vêtements), 2020

Charlotte Perrin - Schnittformen (Kleidung) Formes de coupe (vêtements), 2020 ©jcLett
Charlotte Perrin – Schnittformen (Kleidung) Formes de coupe (vêtements), 2020 ©jcLett

Ce lais de tissu est confectionné à partir de tenues de travail usagées et récoltées à la blanchisserie du Centre Hospitalier. Chaque fonction a sa couleur : le rose pour la puériculture et la petite enfance, le vert foncé pour la chirurgie, le blanc pour les médecins et les infirmier.e.s… Ici, c’est le vert pâle des soignant.e.s. que l’artiste a choisi. Les patrons des blouses et des pantalons réunis, reconnaissables, font corps. Fixée à une pièce de métal épousant la même courbe qu’Aménagement domestique variable, dans un angle ouvert de l’espace, l’œuvre joue sur la transparence, l’envers et l’endroit.

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f - Grande salle
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f – Grande salle

Charlotte PerrinGabarit / Quart de cercle / Motif / Variation 1, 2021

Charlotte Perrin - Gabarit -Quart de cercle -Motif Variation 1, 2021 et Charlotte Perrin - Schnittformen (Kleidung) Formes de coupe (vêtements), 2020 ©jcLett
Charlotte Perrin – Gabarit -Quart de cercle -Motif Variation 1, 2021 et Charlotte Perrin – Schnittformen (Kleidung) Formes de coupe (vêtements), 2020 ©jcLett

Pour la réalisation de cette fresque murale, l’artiste s’est inspirée des techniques traditionnelles de confection de papiers peints par apposition de pièces de bois gravé, empreintes de couleur puis pressées contre le tissu. Le motif choisi reprend le contour de la forme qui a guidé les découpes de l’œuvre Formes mobiles.
Le motif orange et arrondi fait quant à lui écho aux carreaux de mosaïque du singulier couloir du 3 bis f et à la courbe induite par l’œuvre Formes de coupe.

Hélène Bellenger Sans titre (gamme), 2021

Hélène Bellenger - Sans titre (gamme), 2021 ©jcLett
Hélène Bellenger – Sans titre (gamme), 2021 ©jcLett

Après la découverte hasardeuse d’une publicité pour Prozac au centre de documentation de l’Hôpital Montperrin, l’artiste initie une collecte de publicités pour anxiolytiques et antidépresseurs issues de revues spécialisées (1970 – 2000). Interdites à la diffusion en 2002, ces publicités teintées des codes marketing souvent genrés de l’époque semblent obsolètes. Elles témoignent pourtant des ressorts iconographiques de la représentation médiatique du bonheur dont certains vérifient encore leur pleine actualité notamment sur les réseaux sociaux : les mille nuances d’un coucher de soleil, par exemple.

Hélène BellengerSans titre (Lo-fi) et Pharmakon, 2021

Hélène Bellenger - Sans titre (gamme), 2021 et Sans titre (Lo-fi), 2021 ©jcLett
Hélène Bellenger – Sans titre (gamme), 2021 et Sans titre (Lo-fi), 2021 ©jcLett

Sans titre (Lo-fi) offre une expérience multi-sensorielle déstabilisante. Recouvert de filtres dichroïques semi – miroitants et semi-transparents, ce volume bi-dimentionnel altère notre perception de l’espace et de notre reflet, érigé en hologramme. Sublimes et pervers, les filtres modifient notre perception de la réalité à l’instar des filtres Instagram.

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin - Plaisir Solide au 3 bis f
Hélène Bellenger et Charlotte Perrin – Plaisir Solide au 3 bis f

À l’intérieur, un diffuseur issu des technologies de marketing olfactif instille en continu un parfum créé par l’artiste accompagnée de professionnelles de la parfumerie. Mi-positif, mi-négatif, ce parfum subversif crée de nouvelles images mentales, dans un espace tout aussi enfermant qu’accueillant.

« Plaisir Solide » – Hélène Bellenger et Charlotte Perrin : Présentation

Positif, rigide ou lustré. Mesure, confort, ou succès. À l’image du protocole imaginé par les artistes pour le titre de l’exposition, Plaisir Solide est la rencontre de deux pratiques distinctes, celles d’Hélène Bellenger et Charlotte Perrin, le temps d’une exposition duelle.

Hélène Bellenger et Charlotte Perrin ont été respectivement accueillies en résidences au 3 bis f durant la saison 2019-2020. À la croisée des recherches fondamentales et plastiques de chacune, dans l’espace partagé de l’atelier, le projet d’exposition et de publication Plaisir Solide est né. Initialement programmée au printemps 2020 et reportée en raison de la crise sanitaire, l’exposition a emprunté des chemins de traverse durant ce temps dilaté. Par le collage, dans un dialogue entre Marseille et Wuppertal, les sources visuelles de recherches des artistes se sont déployées sur les réseaux sociaux avant d’être réunies dans un ouvrage réalisé avec les éditions Poursuite. Dans l’espace d’exposition, les œuvres, quant à elles, jouent le contrepoint formel tout en partageant un enjeu commun, celui du corps et de son économie.

L’être humain évolue dans des architectures, réelles ou virtuelles, qui ont une autorité et participent d’une norme sociale. À partir de formes élémentaires, sérielles, modulaires, Charlotte Perrin propose un ensemble d’oeuvres où la frontière entre l’objet d’art et le mobilier, entre l’habitat et l’architecture est en premier lieu une expérience d’usage en évolution perpétuelle. Hélène Bellenger, quant à elle, questionne la normativité des affects à travers une collection d’images issues des archives du Centre hospitalier Montperrin et par le biais d’installations faisant appel à l’odorat, sens directement lié aux émotions.

Elle souligne ainsi les nuances du concept de bonheur depuis nos usages des réseaux sociaux, l’iconographie de publicités pour antidépresseurs des années 1970-2000 jusqu’au pouvoir du marketing olfactif.

Plaisir Solide, c’est une combinaison montée de toutes pièces qui s’éprouve physiquement dans l’espace de l’exposition.

À propos d’Hélène Bellenger

Hélène Bellenger ©Yves-Lanoe
Hélène Bellenger ©Yves-Lanoe

Le 13 janvier 2019, la photographie d’un œuf a détrôné la première photo du bébé de Kylie Jenner, récoltant 25 millions de mentions « j’aime ». C’est par cette porte d’entrée de l’absurde qu’Hélène Bellenger s’est intéressée aux iconographies que l’on retrouve en flux sur Instagram. Lors de sa résidence de recherche de six mois au 3 bis f, l’artiste a mené un travail de collecte et de détournement d’images, glanées sur les réseaux sociaux, notamment lors de sessions avec les usagers des lieux.

Suivant le fil de ses recherches sur l’évolution au cours de l’histoire de la représentation du bonheur, Hélène Bellenger prélève dans le fonds documentaire du centre hospitalier une série de publicités pour antidépresseurs et anxiolytiques, datées des années 1970 à 2000. Interpellée par les iconographies joyeuses et saturées de ces publicités, faisant écho aux postures que l’on retrouve parfois sur les réseaux sociaux, l’artiste constitue avec méthode une collection sur papier glacé : « Revivre l’émotion » avec Anafril, « Visez l’efficacité » avec Vivalan 100, ou encore « Mieux vivre » avec Dogmatil. Aujourd’hui, la consommation de palliatifs médicamenteux se banalise, tandis que la mode du développement personnel et de la psychologie positive entretient paradoxalement cette pression au contrôle et à la « rectification » du soi. C’est ainsi, qu’au-delà du caractère pop, néo-libéral mais aussi genré des images et des slogans des publicités, Hélène Bellenger ouvre ses investigations à la question plus large de la mesure et de la normativité des affects dans nos sociétés occidentales contemporaines. Qu’est-ce-que l’injonction au « mieux-être » ? Sur quelle norme « l’amélioration du soi » est-elle indexée ?

De par sa proximité avec l’hippocampe, qui crée et fixe les souvenirs, l’odorat est le sens directement lié aux émotions. Ce fait scientifique, exploité par le marketing olfactif, amène Hélène Bellenger à composer un parfum sur mesure avec des parfumeurs·ses grassois·e·s. Ces différentes nuances olfactives, tout à la fois alléchantes et dérangeantes, sucrées et artificielles, s’expriment en continu dans un espace clos pénétrable. Entre les reflets dichroïques du « cube d’olfaction », les voûtes aux dégradés arc-en-ciel du hall d’entrée et la cellule ouatée et capitonnée couleur « rose-gold » avec surimpression d’images Instagram, Hélène Bellenger propose un cheminement olfactif et visuel au sein de notre culture « happycratique ». Dans la continuité de la pratique des « artiste-iconographes » l’artiste explore dans ses installations le potentiel de l’odorat comme agent révélateur de nos relations aux images et aborde la question de l’affect comme moteur de nos interactions avec elles.

Hélène Bellenger est une photographe plasticienne installée à Marseille. Par le vocabulaire de la collection et du détournement, l’artiste mène des investigations au sein de la culture visuelle de notre temps et déconstruit l’espace intermédiaire du « re » de représentation. Depuis 2017, ses travaux ont été présentés par Agnès B, le 62e Salon de Montrouge, les galeries Binôme et Younique, la Fondation Luma, le Festival Circulation(s), le Centre de la Photographie de Genève, la Galerie Soma du Caire et la Galerie Fonderia 20.9 de Vérone.

www.helenebellenger.com

À propos de Charlotte Perrin

Charlotte Perrin ©Marie-Ilse-Bourlanges
Charlotte Perrin ©Marie-Ilse-Bourlanges

La recherche sur l’habitat initiée en 2020 par Charlotte Perrin au 3 bis f met en jeu les notions de lieu à soi, intégrant toute son ambivalence. Il abrite, protège… enferme. À partir d’un travail sur le vocabulaire domestique, sur l’histoire de nos ameublements, l’artiste s’est attachée à la corrélation entre l’évolution des techniques et celle des formes à travers les modes de production, les styles et les usages du mobilier.

De par son inscription dans le contexte spécifique du Centre Hospitalier Montperrin, espace de protection autant que d’isolement des personnes et après un temps passé aux archives de Marseille, ses investigations sur l’architecture asilaire l’ont amenée à renouveler son approche sur l’architecture. C’est ainsi que partant de la fonction originelle du bâtiment datant du milieu du XIXe siècle et en prenant en compte ses usages actuels, elle joue avec l’espace, se le réapproprie et le révèle, dans un véritable aller-retour entre passé et présent. Sa proposition se présente comme le trait d’union entre deux temporalités, entre deux usages d’une même architecture et par son intervention artistique la modifie de nouveau.

Pour ce faire, Charlotte Perrin part de formes élémentaires, mobilisant tour à tour le fragment, la répétition, la recomposition.
La création passe par le protocole, la règle du jeu, le puzzle. Le caractère formel incorpore une dimension ludique, presque espiègle. À même le bâti ou « meublant » l’espace, les oeuvres opèrent comme des modules à déplacer, aligner, agencer…

À la métrique du corps humain que l’on retrouve dans le lais de tissu confectionné à partir de tenues de soignant·e·s et qui épouse un angle de l’espace répond, avec une courbe identique, celle de quatre sculptures mobiles. Selon que l’on se trouve à l’intérieur ou à l’extérieur de l’installation, de la combinaison ouverte ou fermée qu’on lui donne, le jeu de variations possibles réunit, par l’interaction physique, l’oeuvre, l’objet, le meuble et le décor.

Que Charlotte Perrin intervienne de manière sculpturale ou graphique, demeure cette attention artistique à l’évolution sociale des architectures dans lesquelles nous évoluons et que nous faisons évoluer par notre simple usage. Elle prolonge en ce point les réflexions de l’architecte, designer et théoricien autrichien Frederick Kiesler qui répondit à l’adage de l’architecture fonctionnaliste de Louis Sullivan « Form follows function » (la forme suit la fonction) par « Function Follows Vision, Vision Follows Reality » (la fonction suit la vision, la vision suit la réalité).

Charlotte Perrin s’intéresse aux processus de fabrication des objets, leur matérialité et leurs usages.
Elle vit et travaille en Allemagne où son travail est régulièrement présenté au sein d’institutions telles que la Galerie Weisser Elefant à Berlin, le Kunstpalast à Düsseldorf, la Von der Heydt-Kunsthalle à Wuppertal, la Motorenhalle à Dresde, le Hamburger Bahnhof Museum de Berlin, la Galerie Eichenmüllerhaus à Lemgo et la Künstlerhaus à Dortmund.

www.charlotteperrin.com

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