Regards sur la 52ème édition des Rencontres Arles 2021 : Séquence « Identités/Fluidités »


Bref retour sur les Rencontres d’Arles 2021 après la semaine d’ouverture… Impressions en demi-teinte pour une édition un peu terne, une programmation artistique en transition.

C’est sans toute la séquence «Identités/Fluidités » qui offrait les expositions les plus intéressantes, même si cette programmation donne le sentiment d’avoir un caractère un peu « obligé ».

The New Black Vanguard aux Rencontres Arles 2021
The New Black Vanguard aux Rencontres Arles 2021

Parmi celles-ci, « The New Black Vanguard », sous-titrée « Photographie entre art et mode » est certainement la proposition la plus séduisante, la plus éclatante et, malgré un aspect parfois un peu clinquant, la plus aboutie et la plus captivante. Autour des « notions de race et de beauté, de genre et de pouvoir », Antwaun Sargent a construit une exposition dont le propos très cohérent occupe magistralement l’espace de l’Église Sainte-Anne. Il a su jouer avec des perspectives audacieuses et une lumière souvent difficile à maîtriser pour offrir un accrochage qui valorise parfaitement les photographies exposées…

Avec : Campbell Addy (1993), Arielle Bobb-Willis (1994), Micaiah Carter (1995), Awol Erizku (1988), Nadine Ijewere (1992), Liz Johnson Artur (1964), Quil Lemons (1997), Namsa Leuba (1982), Renell Medrano (1992), Tyler Mitchell (1995), Jamal Nxedlana (1985), Daniel Obasi (1994), Ruth Ossai (1991), Adrienne Raquel (1990), Dana Scruggs, Stephen Tayo (1994)

Avec « Puisqu’il fallait tout repenser – Le pouvoir de l’art en période d’isolement », Andrea Giunta propose une des expositions les plus intéressantes des Rencontres Arles 2021, malgré une scénographie inexistante et un accrochage sans surprise…

Puisqu’il fallait tout repenser - Le pouvoir de l’art en période d’isolement aux Rencontres Arles 2021 - Vue de l'exposition
Puisqu’il fallait tout repenser – Le pouvoir de l’art en période d’isolement aux Rencontres Arles 2021 – Vue de l’exposition

Organisé en six chapitres (Corps et politique, Formes régissant le corps, Affects, Mémoires au présent, Symboles urbains, Corps et nature) le parcours est construit sur une remarquable sélection d’œuvres dont les dialogues et les confrontations construisent un discours passionnant.

Avec : María José Arjona (1973), Ananké Asseff (1971), Colectivo Nosotras Proponemos (2017), Nicola Costantino (1964), Milagros De La Torre (1965), Vivian Galban (1969), María Teresa Hincapié (1956–2008), Adriana Lestido (1955), Florencia Levy (1979), Marcos López (1958), Liliana Maresca (1951–1994), Joiri Minaya (1990), Marta Minujín (1943), Aline Motta (1974), Rodrigo Orrantia (1975), Jackie Parisier (1968), Cristina Piffer (1953), Santiago Porter (1971), Dalila Puzzovio (1942), José Alejandro Restrepo (1959), Silvia Rivas (1957), Celeste Rojas Mugica (1987), Graciela Sacco (1956 – 2017), Juan Travnik (1950).

Dans la séquence «Identités/Fluidités », «Désidération (Anamanda Sîn) » est sans doute le projet le plus perturbant, l’expérience la plus déstabilisante que présentent les Rencontres Arles 2021.

Désidération (Anamanda Sîn) - Rencontres Arles 2021
Désidération (Anamanda Sîn) – Rencontres Arles 2021

Avec la figure d’Anamanda Sîn, dans l’espace au-dessus du Monoprix, l’exposition joue sur un trouble « qui oscille entre le regret de la perte des étoiles (de-sideris) et le désir de leur retour, la désidération désigne à la fois une proposition de diagnostic et de remédiation au désastre contemporain, au capitalisme tardif, à l’anthropocène terrifiant »…

L’exposition arlésienne est une des « disséminations » d’un projet à géométrie variable, fondé par l’artiste Smith, l’écrivain Lucien Raphmaj, le studio Diplomates, l’astrophysicien Jean-Philippe Uzan.

À voir en début de journée à Arles, sans avoir l’œil « rincé » par les visites de multiples expos. Dès l’arrivée à l’étage du Monp, il faut tourner immédiatement à droite pour entrer dans «Désidération (Anamanda Sîn) ».
Certes, on peut vivre «Désidération (Anamanda Sîn) » comme un vagabondage, comme une expérience immersive dans « l’espace que structurent les ruines futuristes, reliefs énigmatiques du vaisseau d’Anamanda. Toutefois, pendant cette déambulation, un dispositif numérique pour accéder aux informations sur les images et les objets de l’exposition ne serait pas superflu… Le retour au début du parcours pour lire difficilement dans la pénombre ces quelques lignes rebute malheureusement plus d’un visiteur surtout ceux qui sont venus voir avant tout l’expo consacrée à Charlotte Perriand. On regrette l’improbable cohabitation entre ces deux expositions qui ont peu en commun…

Les trois expositions accueillies par Luma Arles à la Mécanique Générale au Parc des ateliers souffrent de leur enchaînement qui présente un ensemble pléthorique d’œuvres proche de l’overdose où on ne distingue plus rien.

Clarisse Hahn - Les Princes de la rue - Rencontres d'Arles
Clarisse Hahn – Les Princes de la rue – Rencontres d’Arles

Le parcours commence par Les Princes de la rue, une intéressante proposition de Clarisse Hahn. Nombre de ses images sont malencontreusement pénalisées par des reflets multiples et des effets de miroir… Aucun dispositif d’éclairage ne peut corriger le choix inopportun des tirages et de l’encadrement fait pour ce lieu d’exposition…

Clarisse Hahn - Les Princes de la rue - Rencontres d'Arles
Clarisse Hahn – Les Princes de la rue – Rencontres d’Arles

N’ayant pas pris le temps de le regarder, on ne dira rien de Garçons Sensibles, le montage d’archives sur la représentation de l’homosexualité masculine à la télévision française, réalisé par Sébastien Lifshitz, à partir d’images de l’INA.

Masculinités - La libération par la photographie à la Mécanique générale - Rencontres d’Arles 2021
Masculinités – La libération par la photographie à la Mécanique générale – Rencontres d’Arles 2021

Masculinités – La libération par la photographie est l’exposition majeure présentée à la Mécanique Générale. Le propos est passionnant, engagé, sans être pour autant militant. Les photos sont remarquables. Malheureusement, l’ensemble est desservi par un accrochage souvent trop dense, parfois sans imagination, un éclairage quelquefois déficient et la présence troublante de poteaux “au milieu” de certaines séries. Le parcours labyrinthique multiplie les engorgements et propose à l’occasion quelques culs-de-sac…

Avec : Bas Jan Ader (1945-1975), Laurie Anderson (1947), Kenneth Anger (1927), Knut Åsdam (1968), Richard Avedon (1923-2004), Aneta Bartos, Richard Billingham (1970), Cassils (1975), Sam Contis (1982), John Coplans (1920-2003), Rineke Dijkstra (1959), George Dureau (1930-2014), Thomas Dworzak (1972), Hans Eijkelboom (1949), Fouad Elkoury (1952), Rotimi Fani-Kayode (1955-1989), Hal Fischer (1950), Samuel Fosso (1962), Anna Fox (1961), Masahisa Fukase (1934-2012), Sunil Gupta (1953), Peter Hujar (1934-1987), Liz Johnson Artur (1964), Isaac Julien (1960), Kiluanji Kia Henda (1979), Karen Knorr (1954), Deana Lawson (1979), Hilary Lloyd (1964), Robert Mapplethorpe (1946-1989), Peter Marlow (1952-2016), Ana Mendieta (1948-1985), Annette Messager (1943), Duane Michals (1932), Tracey Moffatt (1960), Andrew Moisey (1979), Richard Mosse (1980), Adi Nes (1966), Catherine Opie (1961), Elle Pérez (1989), Herb Ritts (1952-2002), Kalen Na’il Roach (1992), Collier Schorr (1963), Paul Mpagi Sepuya (1982), Clare Strand (1973), Mikhael Subotzky (1981), Larry Sultan (1946-2009), Hank Willis Thomas (1976), Wolfgang Tillmans (1968), Piotr Uklański (1968), Karlheinz Weinberger (1921-2006), Marianne Wex (1937-2020), David Wojnarowicz (1954-1992), Akram Zaatari (1966).
Commissariat : Alona Pardo.

En savoir plus :
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