Marilyn Minter et Betty Tompkins au MOCO Panacée


Jusqu’au 5 septembre 2021, le MOCO Panacée présente avec Marilyn Minter et Betty Tompkins deux regards décapants, audacieux et forts sur la représentation du corps et du sexe…

Exposées pour la première fois dans une institution française deux artistes américaines proposent un ensemble d’œuvres puissantes, étourdissantes parfois malicieuses et ironiques. Avec les grands formats de « All Wett », Marilyn Minter ruine le regard masculin sur le corps féminin et interroge sa représentation dans l’histoire de l’art. Dans les séries rassemblées pour « Raw Material », Betty Tompkins affirme, avec des gros plans sans équivoque, une réappropriation du rapport au sexe qui vient faire écho aux mouvements de la société depuis #MeToo…

Nicolas Bourriaud, Marilyn Minter et Anya Harrison dans l'exposition de Marilyn Minter - All Wet au MOCO Panacée
Nicolas Bourriaud, Marilyn Minter et Anya Harrison dans l’exposition de Marilyn Minter – All Wet au MOCO Panacée
Nicolas Bourriaud à propos de Marilyn Minter et Betty Tompkins

Ces expositions de Marilyn Minter et Betty Tompkins sont absolument incontournables. Elles marqueront sans aucun doute la saison estivale dans le Midi.

« All Wett » et « Raw Material » sont accompagnées par une imposante frise chronologique qui met en perspective le travail de Marilyn Minter et Betty Tompkins dans l’histoire complexe des relations entre art, féminisme, pornographie et censure depuis 1969. Il faut saluer ce remarquable travail documentaire produit par l’équipe du MOCO, présenté sous la forme d’affiches placardée dans les coursives de la Panacée. Le graphisme de l’ensemble a été conçu par Johanna Himmelsbach et Kai Udema. Le texte est téléchargeable depuis le site du MOCO.

Deux livrets sont à la disposition des visiteurs. On y trouve une brève présentation pour chaque exposition, des repères biographiques et des extraits des entretiens avec les artistes conduits par Anya Harrison pour les catalogues. En salle, chaque série est introduite par une citation et un court texte qui proposent des repères utiles.

Les deux catalogues sont édités par JBE Books. Nicolas Bourriaud et Jennifer Higgie signent les textes à propos de Marilyn Minter. Alison M. Gingeras et Géraldine Gourbe sont avec Nicolas Bourriaud, les auteur·e·s des essais sur Betty Tompkins.
Les deux publications rassemblent également des conversations éclairantes des artistes avec Anya Harrison.

Une superbe sculpture de Elsa Sahal est installée dans la fontaine du patio de la Panacée. Cette Vénus polymathe jouissante résonne parfaitement avec les œuvres de Marilyn Minter et Betty Tompkins.

Ce que l’on peut voir cet été à la Panacée illustre une fois de plus la cohérence et l’engagement d’une programmation artistique qui malheureusement s’achèvera dans les prochains mois. On remercie Nicolas Bourriaud qui achevait son mandat de directeur général du MOCO avec l’ouverture des expositions estivales à la Panacée et à l’Hôtel des collections.

Commissariat : Vincent Honoré, directeur des expositions — Anya Harrison, curator — Rahmouna Boutayeb, chargée de projets. Assisté. e. s de Justine Vic, Fanny Hugot-Conte et Emma Ribeyre.

L’exposition de Marilyn Minter est réalisée avec le soutien de Salon 94, New York, et Regen Projects, Los Angeles. Celle de Betty Tompkins est soutenue par P·P·O·W, New York.

À lire, ci-dessous, un compte rendu de visite de « All Wett » et « Raw Material », accompagné des textes de salle. Sont également reproduits des repères biographiques à propos de Marilyn Minter et Betty Tompkins et de quelques lignes sur la pièce de Elsa Sahal. Ces informations sont extraites des communiqués de presse.

En savoir plus :
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​Marilyn Minter – All Wet : Regards sur l’exposition

Salle 1 et 2 : Bathers [Baigneuses]

Marilyn Minter - Série Les Baigneuses - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bathers [Baigneuses] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Le parcours de « All Wet » commence avec huit grands formats de la série des Bathers [Baigneuses] qui occupent les deux premières salles de la Panacée. Le même accrochage très sobre et particulièrement efficace y est reproduit.

Marilyn Minter - Série Les Baigneuses - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bathers [Baigneuses] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Dans chaque espace, deux tableaux sont placés face à face sur les petits côtés. Au centre du grand mur, face au patio, deux autres portraits, de format identique, sont rapprochés comme des diptyques.

Marilyn Minter - Washout [Délavée], 2019-2020 et Star Tattoo [Tatouage étoilé], 2020-2021 - Série Les Baigneuses - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Washout [Délavée], 2019-2020 et Star Tattoo [Tatouage étoilé], 2020-2021 – Série Bathers [Baigneuses] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Ce dispositif met le visiteur au milieu d’étonnants dialogues entre les monumentales baigneuses de Minter. Un éclairage parfait offre les conditions idéales pour s’égarer dans les remarquables compositions de l’artiste, et divaguer face à une matière qui semble se dérober dans l’humide…

Marilyn Minter - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bathers [Baigneuses] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Certains méditeront sur les représentations de la « baigneuse » l’histoire de l’art occidental. D’autres laisseront leur regard flâner avec plaisir dans l’épaisseur de ces images à la sensualité troublante, entre figuration et abstraction…

Marilyn Minter - Série Bathers [Baigneuses] - Vue de l'exposition All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bathers [Baigneuses] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

« Le pouvoir de l’imagerie sexuelle a toujours été dans les mains du patriarcat. Les femmes ne l’ont jamais détenu. Les femmes ont rarement peint des baigneuses – nous avons toujours été le sujet. » Marilyn Minter

Marilyn MinterJasmine, 2020-2021 ; Nebulous [Nébuleuse], 2018 ; Vapor [Vapeur], 2016 ; Red Flare [Flamboiement rouge], 2018-2019 et Lilith, 2018-2020 ; One Last Drop [Une dernière goutte], 2019. Peinture-émail sur métal – Série Bathers [Baigneuses] – Vues de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Marilyn Minter entame la série des Baigneuses en 2016. Elle s’inspire de l’iconographie de la femme à la toilette, sujet populaire dans l’histoire de l’art presque exclusivement traité par des hommes.

Pour constituer ces portraits quasi-oniriques, Minter fait d’abord appel à des modèles dont elle apprécie la pose naturelle. Puis, elle assemble des éléments de différentes photographies sur Photoshop : une goutte, une bouche, un bras. La composition photographique est la référence de chaque peinture. L’artiste met plusieurs couches de peinture-émail sur le support métallique, qu’elle travaille avec ses doigts et les paumes de ses mains. Elle atteint ainsi une réalisation entre opacité et transparence. Parfois, la composition évolue et change drastiquement sur plusieurs années. (texte de salle)

Marilyn Minter à propos de son travail dans l'exposition de Marilyn Minter - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter à propos de son travail dans l’exposition de Marilyn Minter – All Wet au MOCO Panacée

Salle 3 : Bush Paintings [Peintures de toisons pubiennes]

Marilyn Minter - Série Bush Paintings - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bush Paintings [Peintures de toisons pubiennes]Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Trois tableaux sont accrochés dans la salle suivante. Ils appartiennent à une série un peu plus ancienne construite autour d’une réflexion sur la quasi-absence des poils pubiens dans l’histoire de l’art comme dans la pornographie contemporaine… La sulfureuse Origine du Monde ne continue-t-elle pas de troubler nombre de regardeurs et jusqu’à peu d’embarrasser quelques algorithmes ?
Minter interroge aussi l’injonction imposée aux femmes de se raser ou de s’épiler la vulve…

Marilyn Minter - Cornucopia [Corne d'abondance], 2018 - Série Bush Paintings - All Wet au MOCO Panacée

Marilyn MinterCornucopia [Corne d’abondance], 2018 ; Big Breath [Grande inspiration], 2016 ; Two Green Lights [Deux lueurs vertes], 2015. Peinture-émail sur métal – Série Bush Paintings [Peintures de toisons pubiennes] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Au centre de la salle, Cornucopia, 2018 s’affirme avec une jubilatoire présence. Elle est flanquée à sa gauche de deux doigts caressants et étrangement fluorescents (Two Green Lights, 2015) et à sa droite d’une respiration suggestive (Big Breath, 2016) qui fait écho à la bouche entrouverte (Nebulous, 2018) avec laquelle débute l’exposition…

«Ici, pas de place pour la honte. Celle-ci a été déjouée et magnifiée, remplacée par une grande joie », écrit avec enthousiasme Jennifer Higgie dans son essai pour le catalogue.

Marilyn Minter - Série Bush Paintings - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Série Bush Paintings [Peintures de toisons pubiennes] – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

La série Bush Paintings précède directement la série Bathers (Baigneuses). Elle a été réalisée dans la continuité d’une série de photographies pour le magazine Playboy, rejetée par ce dernier, qui détourne les codes pornographiques et publicitaires.
Avec ces peintures, l’artiste souhaite remettre en valeur la toison pubienne et critiquer les critères de beauté, de la mode et l’injonction à s’épiler. À l’inverse de l’abjection et du dégoût que peuvent provoquer l’image d’un corps féminin non-épilé, Minter prône la liberté de disposer de son propre corps. (Texte de salle)

Salle 4 : Mon corps, mes idées, mes droits

Mon corps, mes idées, mes droits © Marc Domage
Mon corps, mes idées, mes droits © Marc Domage

Cette petite salle qui termine la première coursive est consacrée aux engagements politiques de Marilyn Minter. Trois courtes vidéos sont diffusées sur un moniteur.

Elles témoignent de son action contre Trump ( MY VOTE, 2020 et Unite/Resist, 2017) et de son soutien à des associations comme Planned Parenthood…

Marilyn Minter - Unite-Resist [S'unir-Résister] 2017 - All Wet au MOCO Panacée

Marilyn MinterUnite/Resist [S’unir/Résister], 2017. Vidéo – 30 sec. Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée

Dans cette vidéo, Marilyn Minter appelle à une forme de résistance, soulignant la fragilité de la démocratie sous le mandat de Donald Trump et sa contestation des droits acquis. (Texte de salle)

Au-dessus de la Panacée, un drapeau incite à résister.

RESIST FLAG, 2017 © Marc Domage

Marilyn MinterResist Flag, 2017. Photo © Marc Domage

Le travail activiste de Marilyn Minter prend différents formats, tels que ces vidéos ou des éditions. Un drapeau qu’elle avait produit pour Creative Time, organisme de commande publique basé à New York, est également visible sur le toit du MO.CO. Panacée. (Texte de salle)

Salle 5 : Green Pink Caviar

Marilyn Minter - Green Pink Caviar [Caviar vert rose], 2009 - All Wet au MOCO Panacée

Marilyn MinterGreen Pink Caviar [Caviar vert rose], 2009. Vidéo HD – 7’45 » – Vue de l’exposition All Wet au MOCO Panacée.

La vidéo Green Pink Caviar [Caviar vert rose] fut originellement montrée sur des écrans géants publicitaires sur le Sunset Boulevard à Los Angeles et à Times Square à New York.
Cette vidéo aux couleurs saturées offre un moment de contemplation par le foisonnement de détails (des bouches, des langues, de la salive) et les gros plans. L’écran est rendu autant palpable qu’inaccessible par la langue qui semble le lécher. (texte de salle)

Dans son entretien pour le catalogue, Marilyn Minter précise à propos de cette étonnante vidéo  :

« Certaines personnes ont eu des haut-le-cœur en regardant Green Pink Caviar ! Je ne vois pas cela comme un malaise, mais comme quelque chose que l’on ne montre pas, pour lequel il n’y a pas d’image, mais qui n’en est pas moins réel. Le vrai problème, c’est que tout ce qui est humain est filmé avec ses imperfections. Notre culture essaie en permanence d’effacer ces imperfections et cela nous rend malades. Cela ne nous rapproche pas de la perfection, au contraire, cela nous rend en moins bonne santé, et nous dégoûte de nous même ».

Salle 6 : Marilyn Minter et Betty Tompkins

Marilyn Minter - All Wet et Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée
Marilyn Minter – All Wet et Betty Tompkins – Raw Material au MOCO Panacée

Avec Ginger, 2016 de sa série Bush Paintings, Marilyn Minter passe naturellement le relais aux Pussy Paintings de Betty Tompkins

Marilyn Minter - Ginger [Rousse], 2016 - All Wet au MOCO Panacée
Marilyn Minter – Ginger [Rousse], 2016 – All Wet au MOCO Panacée
Betty Tompkins - Pussy Paintings, 2012-2017 - Raw Materials au MOCO Panacée
Betty Tompkins – Pussy Paintings, 2012-2017 – Vue de l’exposition Raw Materials au MOCO Panacée

Marilyn Minter se souvient avoir rencontré Betty Tompkins en 1976 dans le loft new-yorkais où elle habitera avec son premier mari. Cependant, ce ne sera que des années plus tard qu’elles découvrent le travail l’une de l’autre, autour des thèmes qui les réunissent.

Mettre en dialogue leurs œuvres, pour la première fois, permet une rencontre inédite de deux pratiques artistiques et de leurs points de convergence sur la représentation des corps féminins et l’iconographie sexuelle. (texte de salle)

​Betty Tompkins – Raw Material : Regards sur l’exposition

Salle 1 : Fuck et Cunt Paintings

Deux claustras positionnés à l’entrée et à la sortie de la grande salle qui ouvre sur la droite du patio et les ouvertures occultées depuis « Posédé·e·s » interdisent les regards sur l’exposition de Betty Tompkins depuis la coursive. Un panneau averti du caractère pornographique des œuvres présentées.

Dans ce vaste espace, l’accrochage s’organisent autour d’une percutante sélection de sept grands formats de la série Fuck Paintings peints entre 2012 et 2019 et auxquels s’ajoutent deux Cunt Paintings de 2011 et 2018 (#16 et #31).

Betty TompkinsFuck Painting #47, 2012 ; Fuck Painting #50, 2014 ; Cunt Painting #31, 2018 ; Fuck Painting #59, 2017- Vues de l’exposition Raw Material au MOCO Panacée

L’artiste débute les Fuck Paintings en 1969 pour proposer autre chose que l’art établi de son époque – le pop art et l’expressionnisme abstrait. Son idée lui est venue grâce à la série de photographies pornographiques collectionnée illégalement par son premier mari. Tompkins les sélectionne et les recadre pour ne laisser apparaître que l’acte sexuel. L’artiste s’intéresse autant au sujet provocateur qu’à la composition picturale.

Ces toiles aux titres crus – « peintures de baise » – et au rendu quasi-photographique ne reçoivent que l’indifférence du monde de l’art et la désapprobation des féministes qui lui reprochent l’utilisation de sources pornographiques. (Texte de salle)

Vincent Honoré - Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée
Vincent Honoré – à propos de l’exposition Betty Tompkins – Raw Material au MOCO Panacée
Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée

Betty TompkinsPussy Paintings #34, 2017 ; Grid Paintings #6, 2016 ; Fuck Painting #53, 2015 ; Fuck Painting #50, 2014 – Vue de l’exposition Raw Material au MOCO Panacée

Un tableau des Pussy Paintings (#34, 2017) et un dessin des Grid Paintings (#6, 2016) complètent cet ensemble.

Vincent Honoré et Anya Harrison - Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée
Vincent Honoré et Anya Harrison à propos de Betty Tompkins – Raw Material au MOCO Panacée

Une toile (Censored Painting #2, Paris 1973 – Instagram 2019) évoque les actes de censures à laquelle l’artiste a été confrontée.

Betty Tompkins - Censored Painting #2, 2013-2019 - Raw Material au MOCO Panacée

Betty TompkinsCensored Painting #2, 2013-2019 – Vue de l’exposition Raw Material au MOCO Panacée.

« En somme, ce que je disais c’était, oh, vous croyez pouvoir me censurer ?, eh bien je peux le faire mieux que vous. Je me disais qu’en me censurant moi-même cela aurait plus de légitimité. » Betty Tompkins

En 1973, invitée à participer à une exposition à l’Espace Cardin à Paris, Tompkins est confrontée à une censure sévère par la douane française qui refuse l’entrée de ses toiles en France. Parmi les œuvres interdites pour violation des lois sur l’obscénité, figure Fuck Painting #1 (1969) dont elle reprend la composition et les mêmes dimensions monumentales dans Censored Painting #2.

Cette peinture fait partie d’une nouvelle série commencée en 2019 à partir de publications supprimées par le réseau social Instagram. Tompkins reprend l’idée de se censurer elle-même qu’elle avait déjà développée dès 1974 dans une série de dessins, les Censured Grids and Drawings. Le mot « censored » [« censuré »], inscrit de nombreuses fois, rend compte des tensions encore actuelles autour des questions de liberté d’expression et de visibilité sexuelle. (Texte de salle)

Salle 2 : Collage, Grid et Photo Drawings

Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée
Betty Tompkins – Collage, Grid et Photo Drawings – Vue de l’exposition Raw Material au MOCO Panacée

Au centre de la grande salle, deux galeries s’enchaînent et exposent un ensemble de travaux préparatoires aux grands tableaux peints à l’aérographe par Betty Tompkins.

Betty TompkinsCollage #3, 1970 – Courtesy de l’artiste, P•P•O•W, New York et rodolphe janssen, Bruxelles © Betty Tompkins. De gauche à droite : Photo Drawing #8, 2013 ; Fuck Grid #53, 2017 ; Photo Drawing #7, 2013 ; Fuck Grid #55, 2017 ; Fuck Grid #56, 2017 ; Fuck Grid #57, 2017 – Photo © Marc Domage. De gauche à droite : Photo Drawing #8, 2013 ; Fuck Grid #53, 2017 ; Photo Drawing #7, 2013 – Photo © Marc Domage. Cunt Painting #29, 2017 – Raw Material au MOCO Panacée

A priori, ils permettent d’observer comment la méthode de travail de l’artiste a évolué depuis des Collages des années 1970 jusqu’au Photo Drawings et les Grid Drawings and Paintings de la dernière décennie.
Mais à la lecture du catalogue, on apprend que certaines de ces œuvres ont une vie autonome et sont parfois postérieures à la peinture…

Salle 3 : Insults and Laments [Insultes et plaintes]

Betty Tompkins - Raw Material au MOCO Panacée
Betty Tompkins – Série Insults and Laments – Vue de l’exposition Raw Material au MOCO Panacée

La dernière salle rassemble une dizaine d’œuvres de la série Insults and Laments commencée en 2002. L’idée de Betty Tompkins était de travailler autour du langage à propos des femmes. Une première série intitulée WOMEN Words, Phrases and Stories a été exposée dans plusieurs galeries où un mur était réservé pour que les visiteurs s’expriment. Les fiches étaient ensuite envoyées à l’artiste.
Dans l’entretien avec Anya Harrison, Betty Tompkins raconte :

« Je ne les ai pas ouvertes pendant longtemps, mais quand je l’ai fait, je suis tombée des nues. Elles étaient plus surprenantes et choquantes que les originales : “Je vais Jackson Pollocker sur ton visage”, ou “J’ai tout lâché sur son visage, mais ce n’est pas grave, c’était une traînée”. Il fallait que je les utilise, et j’ai donc décidé de faire des peintures à partir d’images de chattes. J’en ai terminé trois ou quatre avant de réaliser qu’il s’agissait toujours d’insultes ou de plaintes, et ce qui a donné son nom à cette série, sur laquelle je travaille encore. »

Cette série reprend les mots, phrases et histoires que Betty Tompkins a reçu à la suite de plusieurs demandes par mail à tous ses contacts. Elle effectue la même requête auprès de ses visiteurs en 2016 lors de ses expositions : proposer des mots, phrases ou anecdotes pour décrire une femme. Finalement, ces expressions révèlent la violence envers les femmes et la misogynie enracinées dans la société et provoquent davantage de choc que les images du sexe féminin. (Texte de salle)

​Marilyn Minter – Repères biographiques

Née en 1948 à Shreveport, Louisiane, Etats-Unis.
Vit et travaille à New York depuis 1976.

Dans ses peintures, vidéos et photos, depuis la fin des années 1960, l’artiste américaine Marilyn Minter explore l’intersection du désir, du féminisme et des modes de représentation. Outre les campagnes de mode qu’elle a réalisées pour Tom Ford, Jimmy Choo et MAC, ce sont des figures iconiques de la culture pop contemporaines, telles que Lady Gaga, Miley Cyrus ou Pamela Anderson, qui comptent parmi les modèles photographiés par Minter. Activiste pour la défense des droits civiques, elle participe aux actions d’ONG comme Downtown for Democracy et Planned Parenthood.

Minter a eu des expositions personnelles à White Columns (New York, NY), San Francisco Museum of Modern Art (San Francisco, Californie) et Museum of Modern Art (New York, NY), parmi d’autres, et son travail a été présenté dans des expositions de groupe au Louisiana Museum of Modern Art (Humlaebek), à La Triennale (Milan), Schirn Kunsthalle (Francfort), Guggenheim Museum (Bilbao), Kunsthaus Zurich, Whitney Biennial (New York) et aux Rencontres d’Arles. Sa rétrospective Pretty/Dirty a été présentée en 2016 au Contemporary Arts Museum Houston, MCA Denver (Colorado), Orange County Museum of Art (Californie) et au Brooklyn Museum à New York.

​Betty Tompkins – Repères biographiques

Née en 1945 à Washington, D.C., Etats-Unis.
Vit et travaille entre New York et Mt. Pleasant, Pennsylvanie.

Depuis la fin des années 1960, Betty Tompkins travaille une iconographie explicitement sexuelle. Deux tableaux de sa première série Fuck Paintings (1969-1974) se sont vu refuser leur entrée en France en 1973, arrêtés en douane et confisqués à cause de leur contenu jugé pornographique. Les Fuck Paintings ne seront plus montrées jusqu’en 2002, l’année où Tompkins produit sa première exposition personnelle chez Mitchell Algus, le galeriste new-yorkais qui l’a (re)découverte. Les oeuvres de Tompkins sont finalement montrées en France en 2003 à la Biennale de Lyon, et Fuck Painting #1 rejoint la collection permanente du Centre Pompidou à Paris l’année suivante.

Son travail a été présenté à Kunstraum Innsbruck, FLAG Art Foundation (New York), Confort Moderne (Poitiers), Villa Arson (Nice), Dallas Contemporary (Texas) et au Centre Pompidou, Musée d’art moderne (Paris), entre autres.

​Elsa Sahal – Vénus polymathe jouissante, 2019

Elsa Sahal - Vénus polymathe, 2019 - MOCO Panacée
Elsa Sahal – Vénus polymathe jouissante, 2019 – MOCO Panacée

[Texte extrait du communiqué de presse]
Elsa Sahal présente sa fontaine Vénus polymathe jouissante (2019) dans le patio de la Panacée. Elsa Sahal est connue pour ses sculptures et installations en céramique. Ses œuvres sont organiques et témoignent d’une grande virtuosité technique tant dans le modelage, l’assemblage que dans l’émaillage. Son travail engagé déconstruit la représentation du genre et de la sexualité. Vénus, la déesse romaine de l’amour et de la beauté, devient avec cette fontaine un hymne à l’anatomie féminine.

La figure de la déesse romaine de l’amour et de la beauté féminine, Vénus, est associée dans la fontaine en céramique d’Elsa Sahal au savoir, polymathe donc, et au plaisir de la jouissance. L’assemblage de ces attributs indiqués dans le titre de la sculpture émaillée évoque des registres différents de charmes. La séduction opère également au niveau des formes et des couleurs de ce totem. Il est dégoulinant d’une glaçure rose, blanc, paillette et composé à la fois de nombreux seins généreux dont les tétons apparaissent comme les yeux multiples, ainsi que d’une vulve abondante, écrin d’un clitoris doré. Pourrions-nous considérer alors cette sculpture comme objet magique, c’est-à-dire protecteur des individus appartenant à un groupe ? Quoi qu’il en soit, la sculpture rayonne de l’énergie de l’empowerment et de l’autoguérissons par l’évocation de l’expérience intime du corps féminin.

La fontaine s’inscrit dans la série de nombreuses sculptures représentant les seins ou la figure de Vénus même dans le corpus d’œuvres de l’artiste (pour ne citer que quelques-unes : Vénus, 2014, Galerie Papillon, Paris ; L’Alanguie, 2019, FIAC, Paris ; Vénus au mûr, 2020, The Pill, Istanbul ; Nichonesque 1-4, 2020, The Pill, Istanbul).

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