Retour sur Art-o-rama 2021 (1) 
Du côté des galeries…


Après une 14e édition du salon physique annulée et l’expérimentation de formats inédits en 2020, c’est avec beaucoup de plaisir que l’on a retrouvé Art-o-rama 2021 les espaces de la Cartonnerie à la Friche la Belle de Mai.

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Précédé la veille par un mémorable banquet qui a réunit plus de 500 personnes sur le toit terrasse autour d’une proposition culinaire de Georgiana Viou et Emeka Ogboh, dans le cadre de « Stirring the Pot », cet incontournable salon international d’art contemporain qui marque la Rentrée à Marseille s’est déroulé du 27 août au 29 août. L’exposition se prolonge jusqu’au 12 septembre sans les galeristes, mais avec des médiateur.rice.s.

Sans Titre(2016) et Sector One - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sans Titre(2016) et Sector One – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

On ne reviendra pas sur les conditions remarquables d’exposition et le confort de visite qu’offrent les locaux rénovés de la Cartonnerie. Saluons une nouvelle fois l’équipe de Fræme, productrice d’Art-o-rama, pour son organisation sans faille et son accueil très professionnels aux exposants, aux artistes, aux collectionneurs et aux visiteurs. Art-o-rama 2021 s’impose à nouveau comme un événement majeur au niveau national et international tout en conservant son caractère particulier et sa convivialité.

Art-o-rama 2021 réunit une sélection réduite et exigeante avec 44 galeries et maisons d’édition venus de 11 pays qui présentent une centaine d’artistes.

L’organisation séparait clairement les galeries et mountaincutters (artiste invité) qui occupaient la Cartonnerie et les éditeurs accompagnés des projets associés qui étaient installés dans des salles annexes du Grand Plateau. Les quatre jeunes artistes du Show Room (Néphéli Barbas, Julien Bourgain, Louise Mervelet et Flore Saunois) qui concouraient pour le Prix Région Sud, gethan&myles après une résidence très singulière de la Compagnie Fruitière et les Mécènes du sud disposaient d’un espace un peu à l’écart dans le Studio.

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Une revue détaillée des propositions artistiques de cette édition 2021 est impossible et serait probablement indigeste. Les impressions de visite qui suivent se limitent aux projets curatoriaux des galeries et des éditeurs qui ont retenu notre attention.

Un regard particulier sera accordé à l’artiste invité, aux quatre jeunes artistes du Show Room et à certains projets associés dans de prochaines chroniques.

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Un des caractères de ce salon est d’offrir aux galeries sélectionnées la possibilité de concevoir un espace original en fonction des artistes et des œuvres qu’ils ont choisi d’exposer. Pour cela, chacun dispose du même nombre de mètres linéaires de cimaises. Ce choix a souvent permis de voir à Art-o-rama des scénographies et des accrochages audacieux et singuliers, parfois provocateurs qui illustraient avec force la ligne artistique des galeristes.

En 2019, on avait noté un certain retour au classique stand avec deux ou trois cimaises, ouvert sur son allée. Une tendance qui se confirme pour Art-o-rama 2021.

Exo Exo - Gaspar Willmann - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Exo Exo – Gaspar Willmann – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Rares sont les galeries qui ont fait preuve de témérité avec des scénographies moins conventionnelles. Parmi ces dernières, on peut citer Exo Exo (Paris) dont le stand conçu par Gaspar Willmannq remporte à juste titre le Prix Roger Pailhas, mais aussi Goswell Road (Paris), Grant Wahlquist (Portland), The Film gallery (Paris) ou encore Ciaccia Levi (Paris), Sector 1 (Bucarest), Bonbon (Barcelone) et NVS (Lisbonne)

Le net retour de la peinture et du dessin et parfois de la figuration qui marquait l’édition précédente se confirme de manière évidente. Installations, sculptures et vidéos se font plus discrètes. En 2019, on avait qualifié le salon de plus raisonnable. Cela reste le cas pour Art-o-rama 2021.

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Cependant, l’organisation spatiale dans la Cartonerie, les perspectives et les regards qu’elles autorisent, les respirations et les confrontations que suggère le parcours sont toujours remarquables. Cette édition d’Art-o-rama est excellente et elle procure une fois encore beaucoup de plaisir aux galeristes, aux artistes, aux collectionneurs et au public.

​Parmi les galeristes…

Les impressions qui suivent ne sont en aucun cas des regards critiques sur le travail des artistes. Ces commentaires s’intéressent à la manière dont les œuvres sont exposées, à la pertinence de leur accrochage, à l’originalité de la scénographie et à la cohérence entre la présentation et le discours des galeristes. Les projets qui ne sont pas évoqués ici peuvent montrer des pièces remarquables sans que leur mise en espace ait attiré mon attention, peut-être par distraction…

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Au cœur du plateau de la Cartonnerie, après un dialogue réussi de Double V (Marseille) & Fran Reus (Palma de Mallorca) plusieurs propositions remarquables s’enchaînent avec succès :

Sans Titre(2016) et Sector One - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sans Titre(2016) et Sector One – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

​Sans titre (2016), Paris

Sans titre (2016) présente un duo très bien construit qui réunit l’artiste allemand Robert Brambora et le malgache Jessy Razafimandimby.

Sans Titre(2016) - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sans Titre(2016) – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Au centre du stand, tel un totem, un accrochage audacieux de dessins chimériques de Razafimandimby s’intègre dans une installation textile, blanche et soyeuse qui drape la cimaise…

Autour, deux déroutantes peintures à l’huile sur bois encadrées de cuivre de Robert Brambora accompagnent un autre ensemble de Jessy Razafimandimby. Les deux propositions plastiques dialoguent avec beaucoup de finesse, une conversation habilement servie par une scénographie discrète qui suggère au visiteur de s’infiltrer dans une troublante intimité.

Sans Titre(2016) - Robert Brambora - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sans Titre(2016) – Robert Brambora – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Chez Brambora, les tableaux « prennent la forme de la silhouette d’une étreinte qui met en valeur les perspectives intérieures et fait référence à la tradition de la nature morte. Les images évoquent différents moments et sentiments liés aux relations, notamment amoureuses, entre individus : parfois douloureuses, sombres, lumineuses, scandaleuses… Elles créent un sentiment entre attirance et répulsion. Ces allégories font naître des ambiguïtés qui génèrent un malaise », comme le souligne très justement le texte de la galerie.

​Sector One, Bucharest

Sector One - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sector One – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Un peu plus loin, avec un stand très ouvert, la Sector One propose un dialogue improvisé entre les œuvres de Arantxa Etchverria, Norbert Filep, Olah Gyarfas et Lucian Popăilă, avec l’ambition de présenter « des idées qui communiquent au travers de comportements formels et conceptuels fortement liés à l’environnement d’une culture est-européenne »…

Si l’ensemble est clairement dominé par l’installation « Crocote and Leucrocote » de Olah Gyarfas et si les pratiques semblent toutes diverger, le stand de Sector One réussit un improbable équilibre qui fascine et sait faire place à chacun des quatre artistes exposés !

Sector One - Arantxa Etcheverria - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Sector One – Arantxa Etcheverria – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

​The Film Gallery, Paris

The Film Gallery - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
The Film Gallery – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

En face, The Film Gallery présente une proposition inattendue et certainement une des plus originales du salon, par les œuvres exposées comme par leur mise en espace…

Présente en 2008 pour la 2e édition d’Art-o-rama, The Film Gallery revient douze ans plus tard avec trois artistes, François Delagnes, Marie Losier et Silvi Simon « qui partagent une approche similaire entre l’art plastique et le cinéma expérimental ». Dans son texte d’intention, la galerie souligne que leurs œuvres « empruntent – tout en les détournant – les éléments et les techniques des deux dimensions. Les créations sont loufoques, libérées des contraintes du cinéma traditionnel. Les œuvres sont influencées par toutes les dimensions sensorielles : films à toucher, à montrer comme des tableaux, écrans conçus à partir de nourriture… »

Malgré quelques fragilités, les trois installations sont particulièrement réussies et captivantes. Sculptant avec adresse la lumière, François Delagnes, Marie Losier et Silvi Simon jouent avec invention et humour avec la matière du film, avec les appareils de projection et avec des écrans divers et inattendus.

The Film Gallery - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
The Film Gallery – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Un seul regret : A l’origine, le cabinet de curiosité imaginé par The Film Gallery devait être plongé dans l’obscurité, ce qui n’est malheureusement pas le cas.

​Bombon, Barcelone

Invitée par Art Barcelona, Bombon mérite une remarque pour les pièces d’Anna Dot qui prolonge les installations de The Film Gallery.

Bombon - Anna Dot - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Bombon – Anna Dot – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Pour Giving space to confusion, hommage à une action de The Collective Actions Group en 1977 à Moscou, Anna Dot présente une bannière avec un message en russe dont la traduction laisse dubitatif : « Je ne me plains de rien et j’aime ce texte, même si je n’ai jamais lu ces mots auparavant et que je n’ai pas la moindre idée de ce qu’ils signifient »… On comprend le sens de son titre et que l’accrochage de cette banderole puisse créer « un petit moment de confusion » pour celles et ceux qui lisent le russe.

De l’autre coté de la cimaise, dans ce qui apparaît comme un carrefour d’Art-o-rama, le reste de l’accrochage est pour le moins confus, même si l’on a bien compris que le langage est au centre des pratiques pour les deux artistes représentés (Anna Dot et Josep Maynou).

Le Prix d’acquisition Because of Many Suns de la Collezione Taurisano a été attribué à Anna Dot par un jury composé de Sveva Taurisano et de la conservatrice indépendante Carolina Ciuti .

​Exo Exo, Paris

Exo Exo - Gaspar Willmann - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Exo Exo – Gaspar Willmann – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Lauréate du Prix Roger Pailhas, la galerie Exo Exo a confié son stand à Gaspar Willmann qui propose une maison dont les murs découpés rappellent celles construites par les Sims.

Trois grands tableaux de même format accompagnent un canapé sous lequel se cachent quelques détritus. Les motifs des toiles évoquent des images génériques telles que celles que l’on trouve chez Ikea…

Exo Exo - Gaspar Willmann - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Exo Exo – Gaspar Willmann – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Dans un texte pour la revue Numéro Art d’octobre 2020, Ingrid Luquet Gad décrit ainsi le protocole de Gaspar Willmann : « (…)sur Photoshop, il réalise un photomontage mélangeant deux registres d’images, les siennes, prises au flash avec son portable, et d’autres, trouvées au hasard des banques d’images. Au sein d’un même fichier, il les assemble et avec l’outil pinceau, vient les retoucher et en mélanger les couleurs, veillant notamment à rendre les bords coulants comme les bords de l’aquarelle. L’image est imprimée sur la toile et à nouveau retouchée, à la peinture à l’huile cette fois-ci »… Elle termine son article à propos de son exposition chez Exo Exo avec cette remarque : « Willmann présente des peintures et des vidéos qui nous propulsent dans la texture dysphorique des affects standardisés ».

Exo Exo - Gaspar Willmann - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai Photo © Margot Montigny
Exo Exo – Gaspar Willmann – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai Photo © Margot Montigny

Face au canapé, une fenêtre ouvre sur un jardin de publicité. Faut-il y voir un clin d’œil à celles de Duchamp (La Bagarre d’Austerlitz, 1921 et Fresh Widow, 1920/1964) ?

​Ciaccia Levi, Paris

Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Au centre du carrefour où débouche l’allée centrale, Chalisée Naamani a installé sa Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020… « un corps augmenté/exacerbé, comme un corps habillé qui s’exprimerait de façon unique. La tente marque l’inclusion et l’exclusion, le dedans et le dehors. Elle symbolise les négociations perpétuelles qu’il faut engager entre le moi et le milieu culturel dans lequel on évolue, les mutations personnelles et spatiales, et cette présence quasi fantomatique de l’univers virtuel. L’échelle de lecture, qui est celle d’un enfant, est là pour signifier cette ambivalence », écrit-elle dans le texte qu’elle signe pour Ciaccia Levi.

Ciaccia Levi - Chalisée Naamani, Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Ciaccia Levi – Chalisée Naamani, Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Cette installation a remporté le Prix de l’Acquisition créer cette année par le collectionneur Benoît Doche de Laquintane (Bordeaux) pour une œuvre « en lien avec la poésie et le temps présent »…

Ciaccia Levi - Chalisée Naamani, Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Ciaccia Levi – Chalisée Naamani, Maison sac à dos ou Habit(acle), 2020 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Dans les allées périphériques du salon, quelques exposants ont choisi de construire des stands repliés sur eux même. Certain cachent quelques belles surprises…

​Nendo, Marseille

C’est notamment le cas pour la galerie Nendo qui présente, dans un espace caché au fond du salon, Koud (2019), une remarquable proposition de Julia Borderie et Éloïse Le Gallo.

Nendo - Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Nendo – Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Ce projet trouve son origine dans la rencontre avec Mohamed Akaskous, chercheur dans le patrimoine hydraulique au Maroc. De celles-ci naît un récit autour de l’organisation sociale de sa maison et des besoins en eau qui y sont liés. Cette histoire fait écho aux systèmes en place depuis des générations au Maroc : séguias, khettaras, hejaras, canalisation urbaine en céramique.
Les dessins des canalisations hydrauliques faits par Mohamed sont complétés par une série de schémas récoltes auprès de plusieurs habitants de la région du désert d’Agafay pendant la résidence des deux artistes à La Pause au Maroc, en 2019.

Les images de ces réseaux sont transposées dans une série de gaufrages sur papier dont trois sont accrochés ici…

Nendo - Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Nendo – Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Au centre de l’espace, on découvre un ensemble de céramique dont on comprend le sens à la lecture de la présentation qu’en font Julia Borderie et Eloïse Le Gallo :

« Chaque histoire marque des pauses, des ponctuations créant des découpes et des directions dans le dessin. Les marqueurs entre chaque étape prennent la forme d’embranchements de diverses tailles et formes (suggérant des directions). Ils sont traduits en volume en collaboration avec les potiers du village Drawa dans la région du désert d’Agafay.

Nendo - Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Nendo – Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Afin de cuire ces sculptures réalisées en céramique, matière symbolique utilisée pour la circulation, la réserve, la purification et la transmission de l’eau dans les traditions marocaines, nous construisons un four en pisé en collaboration avec Idris Zammour, potier et maçon du village Drawa. L’argile pour fabriquer le four et les céramiques est prélevée directement dans le paysage environnant. Le four reste installé in situ. C’est pour nous à la fois l’objet-témoin qui réunit les différentes histoires, rencontres et collaboration, et un objet de transmission : sur place, il fonctionne comme un fantôme-matrice du projet réutilisable par d’autres ».

Nendo - Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Nendo – Julia Borderie et Éloïse Le Gallo, Koud, 2019 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Une vidéo réalisée pendant leur résidence documente la création de céramiques et du four en pisé conçus autour de l’imaginaire de réseaux hydrauliques domestiques dans le désert d’Agafay…

​Rodriguez, Poznan

Dans un autre espace un peu dissimulé, on découvre le travail de l’artiste Sreshta Rit Premnath présenté par Rodriguez Gallery. Il y montre un ensemble de pièces qui fait référence au kettling ou Nasse, une tactique controversée de la police qui consiste à encercler et à contrôler les manifestants.

L’accrochage s’articule autour d’une étrange installation construite à partir de barrières métalliques, semblables à celles utilisées par les forces de l’ordre. Elles soutiennent et piègent des sculptures en mousse et en plâtre qui évoquent des formes humaines…

Rodriguez - Sreshta Rit Premnath, Kettling, 2021 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Rodriguez – Sreshta Rit Premnath, Kettling, 2021 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Autour de cette installation, on découvre une série de peintures à l’encre de Chine, The Pot Calls The Kettle Black. Pour ces œuvres, Premnath s’est inspiré de diagrammes extraits d’un manuel de police qui illustre l’affrontement entre les forces de l’ordre et les manifestants.

Rodriguez - Sreshta Rit Premnath, Kettling, 2021 - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Rodriguez – Sreshta Rit Premnath, Kettling, 2021 – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

D’autres propositions ont retenu mon attention. C’est notamment le cas de Salle Principale (Paris) qui propose une intéressante confrontation entre l’artiste hongrois Endre Tót et des œuvres plus récentes du français Matthieu Saladin et du brésilien Icaro Lira. Le stand très classique s’organise autour d’un carton d’Amazon et de deux chaises de Stéphane Barbier Bouvet.

Salle Principale - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Salle Principale – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

À côté, Meessen De Clercq (Bruxelles) présente un accrochage sobre, mais très pertinent pour un solo show de Benoît Platéus.

Meessen De Clercq - Benoît Platéus - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Meessen De Clercq – Benoît Platéus – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Grant Wahlquist (Portland) montre un passionnant projet de Christie Neptune pour sa première exposition hors des États-Unis. L’ensemble est remarquable, même si on regrette les reflets et effets de miroirs sur les grands tirages photographiques qui composent en partie son installation Unpacking Sameness.

Grant Wahlquist - Christie Neptune - Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie - Friche la belle de Mai
Grant Wahlquist – Christie Neptune – Art-o-rama 2021 à la Cartonnerie – Friche la belle de Mai

Grant Wahlquist et Christie Neptune remportent le Prix Médéos pour « son travail autour des notions de la mémoire, de l’histoire individuelle et/ou collective, de la transmission »…

À noter aussi les présentations de NVS (Lisbonne) avec une exposition collective très cohérente de trois artistes argentins (Ramiro Quesada Pons, Laura Ojeda Bär et Matías Ercole), Philipp von Rosen (Cologne) avec Les Mains de Anna Malagrida, une superbe série sur des parieurs au PMU malheureusement desservie par quelques reflets ou encore Goswell Road (Paris) qui présente avec pertinence Zero Kama, un étonnant projet de musique expérimentale créé par Zoe DeWitt en 1983 et dont certains morceaux ont été re-samplés en 2021.

Chroniques à suivre à propos de mountaincutters, artiste invité 2021, des quatre jeunes artistes du Show Room (Néphéli Barbas, Julien Bourgain, Louise Mervelet et Flore Saunois) et de certains projets associés et notamment à gethan&myles pour The Want Machine et la publication de 1956 Il a fait beau.

Exposition ouverte au public du 1er au 12 septembre 2021 de 14 h-19 h à partir du mercredi.

Art-o-rama est produit par Fræme, association résidente de La Friche la Belle de Mai.

En savoir plus :
Sur le site Art-o-rama
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Galeries présentes pour Art-o-rama 2021 :

31 project, Paris • ADN, Barcelone • Berthold Pott, Cologne • Bosse & Baum, Londres • Catinca Tabacaru, Bucarest, New York, Harare • Ceysson & Bénétière, Paris • Ciaccia Levi, Paris • Crèvecoeur, Paris • Emmanuel Hervé, Paris, Marseille • Exo Exo, Paris • Grant Wahlquist, Portland (ME) • Hubert Winter, Vienne • In Situ – fabienne leclerc, Romainville • Meessen De Clercq, Bruxelles • Nicoletti, Londres • Nir Altman, Munich • NVS, Lisbonne • Osnova, Moscou • Philipp von Rosen Galerie, Cologne • Rodriguez, Poznan • Salle Principale, Paris • Sans titre (2016), Paris • Sector 1, Bucarest • Sorry We’re Closed, Bruxelles • Suprainfinit, Bucarest • The Film gallery, Paris

Maison d’éditions sélectionnées :

Atelier vis à vis, Marseille • Dumont gallery, Los Angeles (CA) • Familia Editions, Madrid • GDM, Paris • Loodd, Waregrem • More Project, Saint-Ouen • Tchikebe, Marseille

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