Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ? au Château de Servières – Marseille


Du 13 au 21 octobre 2021, le Château de Servières accueillait « Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ? », une remarquable exposition collective qui rassemblait pour une semaine seulement dix femmes, artistes plasticiennes, qui se sont rencontrées lors d’une formation CFPI (Certificat de Formation pour Plasticien·ne Intervenant·e) organisée par les Beaux-Arts de Marseille.

Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?
Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?

Avec une étonnante justesse du ton, un accrochage sensible et créatif et une scénographie inspirée, « Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ? » présentait des travaux de Léa Casacci, Leïla Chaix, Camille Jacoby et Clara Levieuge, Margaux Lourdin, Lou Nicollet, Renata Pires‑Sola, Morgana Planchais, Suni Prisco, Agathe Rousseau et Fanny Vierne.

Au delà du clin d’œil au lieu qui accueille l’exposition, le titre évoque comme le souligne la fiche de salle « les interstices, les écotones, les espaces-entre qui délimitent, séparent, distinguent et maintiennent à distance les gens de l’espace des institutions. En tant que travailleuses de l’art et intervenantes artistiques, nous nous sommes posé la question : Est-ce qu’on peut nager dans les douves ? Qu’est-ce qu’on fait des institutions ? Ici nos travaux co-habitent, existent ensemble à un moment donné. Vous êtes dans ce moment donné ».

Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?
Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?

Utilisant avec imagination une partie des cimaises laissées en place par Pareidolie, le parcours s’organise autour d’une huile sur toile Dante mélancolique (1896) de Henri Brémont, empruntée au FCAC (Fonds communal d’art contemporain). Le texte de salle précise les raisons de cette présence : « L’une d’entre nous a trouvé que son attitude de mage paumé (les yeux dans le vague mais concentré) était, somme toute, intéressante ».

Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?
Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?

En déambulant dans l’espace d’exposition on perçoit des complicités, des confrontations, des communs, mais aussi « des traces de leurs ateliers collectifs ou de leurs rencontres avec des personnes » comme le souligne le texte de présentation de l’exposition dans le dossier de presse ( à lire ci-dessous).

Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?
Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ?

L’espace consacré au dessin vidéographique lors de Paréidolie est utilisé pour la projection de films réalisés en collaboration avec des personnes détenues aux Baumettes et l’association Lieux Fictifs. Ce projet initié par Caroline Caccavale et Arnaud Théval a été conduit en partenariat avec les Beaux-Arts de Marseille, INSEAMM, dans le cadre de la formation CFPI, en juin 2021.

Films réalisés en collaboration avec des personnes détenues au centre pénitencaire des Baumettes et l’association Lieux Fictifs

Un salon de lecture rassemble une sélection d’ouvrages et de documents utilisés par les artistes pour construire « Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ? » On a particulièrement apprécié cette initiative qui est à l’image de la volonté de partage que dégage cette exposition.

Sur un cube lumineux, on découvre un texte/manifeste « De la société des prestataires à la danse des travailleuses » réflexions d’un probable collectif des travailleuses de l’art rassemblées ici.

« De la société des prestataires à la danse des travailleuses »
« De la société des prestataires à la danse des travailleuses »

Merci à Margaux Lourdin pour la gentillesse de son accueil lors de notre passage au Château de Servières.

A lire, ci-dessous, le texte de présentation et quelques regards photographiques accompagnés des éléments de la fiche de salle et des repères biographiques extraits du dossier de presse.

Les châteaux peuvent-ils se passer de douves ? : Texte de présentation extrait du dossier de presse

Son titre évoque les fossés qui protégeaient les habitants des châteaux des intrusions ennemies, séparant le familier de l’inconnu, l’entre-soi de l’être autre.
En tant qu’artistes et en tant qu’intervenantes elles se posent la question: que se passe-t-il quand cette limite vient tout à coup à manquer? Quand, en ouvrant une grande brèche à la contamination réciproque, l’on se passe des douves? Quand ces lieux interstitiels deviennent non plus barrière mais habitation, lieu de rencontre, de mixité, de superposition inter-espèce?

Ces mêmes lieux qui délimitent souvent le corps des gens de celui des institutions, ces artistes veulent les penser autrement.
Par leur pratiques elles les transforment en lisières, changeant les milieux clos en bordures, et les bordures en jardins.

Ces zones critiques qui clôturent, enferment et retiennent, comme des peaux supplémentaires, comme des frontières, ce sont pour elles des réserves, des sillons, des sources d’irrigation.

Ne voulant pas trop définir où elles se trouvent, elles restent nomades et ouvertes à la métamorphose, elles nagent entre interventions, contrats, bourses…
Elles se reconnaissent travailleuses de l’art. Elles proposent des “ateliers” à des “publics”. Elles font des choses avec des gens et arpentent les douves de notre monde.

Dans l’exposition nous retrouvons parfois des traces de leurs ateliers collectifs ou de leurs rencontres avec des personnes. De ces temps passés et de ces partages sensibles émergent des créations en commun. Parfois nous nous confrontons à l’imprévu, à l’éphémère, à l’événement. Nous faisons face à des paysages d’ailleurs et à d’autres très proches, à des visages qui racontent l’individu dans sa pluralité, nous pénétrons des mondes petits, des mondes grands et des mondes fous. Nous y retrouvons aussi les trous, les brèches et les liens fragiles qui relient leurs pratiques à leurs interventions, ce sont des passages à double sens entre l’art et le vivant, ce sont des places pour se retrouver.

Dans l’espace les travaux de chacune se mettent en résonance, se disputent, s’ignorent ou se complètent. Ce qui est sûr c’est qu’ils existent ensemble, à un moment donné. Vous êtes dans ce moment donné.

Regards sur l’exposition :

Agathe Rousseau

Agathe Rousseau, La drache, 2021 - Les châteaux peuvent-ils se passer de douves  au Château de Servières – Marseille

Agathe Rousseau, La drache, 2021, terre sèche, peinture sur tissu, bois, dimensions variables.
Une drache née d’une année passée au soleil, en suspens, à l’arrêt : une année à attendre la pluie, à rêver de boue et de flaques. Guetter le ciel, attendre qu’enfin les nuages viennent et éclatent, se déversent. Goutte à goutte même, tant que ça tombe; la paix et le silence après la drache !

Dessinatrice, plasticienne
Née en 1996, vit et travaille à Marseille
https://www.instagram.com/agatherousseau_/

Agathe Rousseau est née à Martigues, puis a grandi en Martinique et en Normandie, toujours près de l’eau. Après des études en design graphique et narration, et quelques déambulations dans le grand Est, elle s’est installée à Marseille pour travailler.

Agathe Rousseau est autrice, et emploie le dessin pour raconter des histoires. Elle opte pour une ligne claire, un trait noir sur un fond blanc. Dans l’ensemble de ses projets elle déstabilise le lecteur, elle lui propose des formats incongrus en laissant de la place au jeu. Il est loin de sa position habituelle assise, passive avec un seul objet entre les mains. Elle nous propose plutôt que la lecture soit une expérience vécue, qui engage aussi le corps. Elle aime aborder des sujets de manière grinçante, décalée ou absurde. Ses personnages sont maladroits, mal à l’aise. Ses objets sont démesurés, inutiles, au mauvais endroit. Ses animaux sont colériques, dépités. Elle aime aussi jouer des tensions et du hors-champ pour créer des images mystérieuses, qui laissent l’interprétation possible.

Margaux Lourdin

Margaux Lourdin, Décloison, 2021, installation in situ, boucle vidéo.
Décloisonner, verbe transitif, sens 1: enlever la ou les cloisons, sens 2: supprimer ce qui empêche de communiquer. Un parasite s’attaque aux murs de l’espace d’exposition pour laisser circuler le regard, les corps, les désirs, pour voir plus loin. Une réflexion, humaine, urbaine, politique.
À coups de masse.

Plasticienne et réalisatrice
Née en 1994, vit et travaille à Marseille et Paris
www.margauxlourdin.wixsite.com/artpage
https://www.instagram.com/margauxlourdin/

J’ai beaucoup travaillé autour de la banlieue, comme espace urbain, architectural mais également en tant qu’espace habité. Je me suis intéressée au différents lieux d’enfermements. Pour dépassé l’aspect sinistre et stéréotypé qu’induisent ces espaces dans nos représentations mentales collectives, je me suis attaché aux expériences vécus, à l’habité, à la mémoires de ces lieux par ses habitants.
DNSEP Beaux-Arts de Dijon, Master 2 cinéma documentaire Image et Société, formation d’artiste Intervenante aux Beaux art de Marseille
Artiste c’est quoi ?
Pas grand chose pour moi, trop signifiant pour certains. Ça veut tout et rien dire.

Moi, j’ai une formation de «créatrice», c’est à dire qu’on m’a apprit à créer. C’est mon job, mon savoir-faire, ma compétence.
Qu’est ce que je peux faire avec des gens qui ont d’autres formations, d’autres savoir-faire ?
Qu’est ce qu’on fait ensemble, qu’est ce qu’on créé ensemble ?
J’ai beaucoup travaillé à travers une pratique documentaire, c’est à dire une pratique de récolte de témoignages, de récit de vie, de recherche de l’autre pour créer mes pièces vidéos. Aujourd’hui je ne veux plus que l’autre soit un «sujet», un personnage, un acteur. J’aimerai expérimenter un travail plus collaboratif, plus égalitaire, où l’autre serait créateur au même titre que moi, différemment bien-sûr, de par nos appétences et savoir faire propre. Je rêve d’horizontalité, de complémentarité.

Camille Jacoby et Clara Levieuge

Camille Jacoby et Clara Levieuge, Parade Perdue, 2021

Camille Jacoby et Clara Levieuge, Parade Perdue, 2021, satin, coton et céramique composent ce collier surdimensionné, 4 mètres.
Il faut forcer pour l’enfiler, rouillé, verrouillé, il traîne. Il fait partie de ces objets qui n’appartiennent à personne bien longtemps. C’est comme ça qu’il se déplace de cou en cou. Depuis toujours, on le perd, on le trouve et bientôt il sera emprunté par les enfants de Belsunce, le temps d’une semaine.


Camille Jacoby

Artiste plasticienne
Née en 1990, vit et travaille à Lyon
https://www.instagram.com/camillemathildajacoby/

Camille Jacoby vit à Lyon. Elle obtient en 2014 son DNAP aux Beaux-Arts de Nancy, puis en 2017 son DNSEP design graphique aux Beaux-arts de Lyon.
Les récurrences dans son travail sont la manipulation d’images en employant comme médium prioritaire le dessin, puis l’édition de ces images dans différents dispositifs. Intéressée par les images préexistantes, elles sont souvent le point de départ d’une recherche formelle.

Le travail de Camille Jacoby est intrinsèquement lié aux images : celles gardées d’un voyage, d’un lieu admiré, croisé ou parcouru.
Elle fait cohabiter des images, des points de vue et des temporalités, nous menant à questionner notre rapport au souvenir.
Que garde-t-on? Des objets, des images chéris et examinés maintes fois pour garder une trace.
Partant de l’observation d’objets existants, elle les manipule comme pour les voir autrement, et les fixer à sa manière.

Clara Levieuge
Artiste plasticienne, designer
Née en 1990, vit et travaille à Montreuil
https://claralevieuge.tumblr.com/

Après des études en architecture et design, Clara Levieuge quitte les Beaux-Arts de Lyon enthousiasmée par le pouvoir symbolique des objets ; selon elle ces derniers témoignent d’un rôle déterminant dans notre rapport à l’environnement formel et intellectuel. Elle vit et travaille aujourd’hui à Montreuil et fait partie de l’atelier Fiasco.

Clara Levieuge, travaille la forme, l’objet et sa matière au gré de ses envies, de ses humeurs et ses rencontres.
L’objet comme langage, raconte alors un peu d’elle. L’occasion de jouer avec les représentations, les images et les statuts de certaines formes pour, si ça fonctionne, toucher au rapport sensible que les individus ont à leur environnement formel.
Clara tente d’associer une pratique personnelle à des résidences en milieu scolaire. Endroit qui lui permet d’utiliser d’autres médiums, en faisant intervenir la vidéo vrégulièrement. L’occasion aussi pour elle de faire intervenir la fiction dans le processus de travail systématiquement.
Le sociologue français Michel Maffesoli explique que «les objets qui nous entourent constamment ont une fonction homéopathique: ils nous accoutument à l’étrangeté de la nature».

Suni Prisco

Suni Prisco, Mother mashup, 2021, installation, mixed media, l’installation comprend : If I were a tent I would not fear the time passing by, tente deux places, matelas, coussins, impression 3D sur satin, 200 x 130 cm.
Notes (juin 2020 — octobre 2021), vidéo 3D et son sur tablette numérique.
Conversation with Anna Zoria, vidéo instagram et son sur téléphone portable.
Elle a dit: ménager une place à mon ambiguïté, pâte à sel, gonds laiton.
À la fin de juin 2021 je découvre que je ne serai jamais plus seule, un être m’habite, je suis devenue un contenant. Dans un corps devenu tente je dévoile des fragments qui n’étaient pas destinés à la publication. Des textes, des visuels 3D et des conversations privées accumulés dans mon téléphone entre juin 2020 et octobre 2021.

Artiste plasticienne et écrivaine
Vit et travaille entre Marseille, Rome et Paris
https://www.instagram.com/suniprisco/

Suni Prisco naît sur l’île d’Elbe et grandit à Rome. Diplômée de l’École nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris en 2017, son travail hybride oscille entre installation, cinéma et écriture. Elle expose notamment à la galerie Olivier Robert (2015), à la Galleria Continua (2016), à la Villa Belleville en 2019 et à La Galerie du Crous de Paris (solo show, 2020). Elle collabore avec le réalisateur Ugo Arsac sur les films Neuf cordes (2015), Jouons à la guerre (2017) et En contrebas (2019). Elle est accueillie en résidence et expose avec The small houses of Mexico au Mexique septentrional (2014), à Mains d’OEuvres à Saint-Ouen (2018) et au Hidden Institute de Berlin en 2019.

Dans mon travail j’utilise le corps comme véhicule d’expression de la fragilité et de l’ambiguïté. Ce contenant aussi intime que social est mon unité de mesure, je l’évoque tantôt par des objets naturels ou manufacturés tantôt par des architectures. Je m’intéresse à la notion d’habitat, considérant l’espace et le corps comme des notions indivisibles grâce auxquelles les énergies et les émotions peuvent se déplacer. Je crée des parallèles et des cheminements entre les constructions individuelles, émotionnelles et formelles. Ce déplacement me permet de les mettre en conversation avec le subconscient et de déclencher des mécanismes psychologiques qui flirtent avec l’intimité. J’utilise les vidéos et le texte pour capturer des courts laps de vie éphémères et triviaux. Dernièrement, je me suis concentrée sur l’observation de la grossesse comme un état dans lequel le corps et le temps sont étroitement liés. Au fur et à mesure que l’état physique du corps change, la pensée elle même se métamorphose.

Lou Nicollet

Lou Nicollet, Nous marchons dans la vase, 2021, photographie argentique, 75 x 60 cm, sérigraphies sur mousseline fine, 65 x 50 cm, sérigraphies sur papier, 45 x 60 cm.
Une histoire en noir et blanc, pleine d’eau, de lacs asséchés, de vent. Quelqu’un se penche sur la rivière, un bâton à la main, la terre, craquelée et humide, nous rappelle la texture des nuages. Ce sont des fragments, des bouts de quelque chose dont on ne connaît pas la fin.

Née en 1990, vit et travaille entre Le Limousin et Marseille.
https://www.instagram.com/lou.nicollet/

Lou Nicollet étudie la théorie du Cinéma et de l’image animée à l’université puis passe son DNSEP aux Beaux-Arts de Marseille, en 2016.

Du paysage. Partout. Photographié, filmé, sérigraphié, mis en abîme.
L’artiste arpente les montagnes, photographie les lieux qu’elle traverse et en restitue les traces. Au départ, Lou Nicolet s’empare de la sérigraphie pour profiter d’une économie de moyens que la photographie argentique ne lui permet pas. Cette diversion pourtant finit par exprimer une cohérence très forte avec son processus créatif. Dans ses tirages uniques on remarque la même texture des arpentages en milieu naturel dont sont issues les prises de vue.
Les superpositions mises en place nous projettent dans un lieu hybride à l’intérieur duquel coexistent plusieurs espaces-temps. Dans ces surfaces imprimées, deux images rentrent en contact simultanés et mettent en place une relation onirique entre l’œil et ce qui est vu.

Morgana Planchais

Morgana Planchais, Afrique de Toulon, 2019-2021, 3 vidéos HD sur écrans, couleur, son stéréo, (durées: 07’21’’, 14’26’’, 06’37’’); casques audio; argile sèche, argile cuite, invité: Christophe, son sur casque, 2’44’’, boucle.
Ces pièces ont été réalisées avec des jeunes en situation d’exil. Assis autour d’une table, nous fabriquons des figures en argile, sans consigne. L’objet collectif apparaît. Peu à peu nos pièces s’influencent et se fabriquent en complémentarité. Puis chacun∙e d’entre nous se les approprie dans un récit collectif qui raconte ces usages, réels ou fictionnés.

Artiste plasticienne et réalisatrice
Née en 1985, vit et travaille à Toulon
www.planchaismorgana.wixsite.com/artist

Suite à une reprise d’études à l’École supérieure d’art de Toulon, j’obtiens un DNSEP – option art – en 2018. En 2019 j’effectue une résidence à la Fabrique des écritures – Centre Norbert Elias, EHESS Marseille (Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales) au sein de l’atelier cinéma (coordination Jeff Silva – Eliane De Latour). C’est dans ce cadre que je réalise mon premier film « Just words and sounds » (ex « Comment on va dire ? »), un court métrage, dans une approche documentaire subjective, sélectionné dans plusieurs festivals internationaux de film documentaire dont « Cinéma du réel / Première fenêtre » en 2020.

Mes projets s’élaborent dans la relation à l’autre. Ils naissent de rencontres et se fabriquent en coopération avec des personnes que j’implique, depuis leur histoire individuelle et leurs singularités. Par une approche documentaire et participative je mets en place avec elles des actes de création partagée.
De nos temps de rencontre successifs, au fur et à mesure que se construit la relation, naissent alors des récits que nous fabriquons et qui prennent corps avec la vidéo, le film, l’installation dans l’espace et le dessin.
Depuis 2015, j’ancre ma recherche sur l’exil et ce qu’il fait à ceux qui le vivent, ce qu’il modifie dans les rapports au monde et aux autres.

Léa Casacci

Léa Casacci, Écho crépusculaire, 2021, plaque de cuivre oxydée, 30 x 40 cm, verre synthétique enduit de graisse, 25 x 50 cm, bois flottés glanés, suspension lumineuse chinée, corde en jute, poussière du lieu.
Écho crépusculaire propose un espace où nous sommes amené∙e∙s à se recueillir autour de fragments retraçant l’état d’esprit vaporeux d’un être qui questionne sa fragilité et celle du monde qui l’entoure. Comme sortis des eaux troubles, ces corps racontent que même dans les conditions les plus sombres, la vie trouve toujours où s’abriter.

Artiste plasticienne
Née en 1990, vit et travaille entre Grenoble et Marseille
https://leacasacci.wixsite.com/book
https://www.instagram.com/lea.casacci/

Léa Casacci est née à Grenoble. Elle a obtenu son DNSEP en 2018 aux Beaux-Arts de Montpellier (MO.CO.ESBA) et s’est formée cette année au CFPI des Beaux-arts de Marseille (ESADMM).
Ses dernières expositions se sont déroulées au Festival international Traverse à Toulouse «HORS-CHAMP – HORS-CADRE : QUI REGARDE ?» (2020) et au Centre d’Art La Panacée à Montpellier «KERMESSE» (2018). En 2018, elle a écrit «Images en apnée» – un scénario qu’elle a détourné dans le but d’en faire émerger diverses formes plastiques.

La manière dont je travaille passe souvent par l’observation d’un phénomène fugace que je tente par la suite de déclencher et d’immortaliser par diverses manipulations. J’aime considérer le phénomène d’abord comme un outil mais aussi comme une entité vivante qui m’inspire et m’accompagne dans mon expression plastique.
Je tente d’illustrer la dimension fragile, latente et magique du vivant à travers des images et récits accumulé.e.s, répété.e.s, altéré.e.s, incomplèt.e.s. Ma pratique est plurielle ; des résonances s’établissent entre diverses formes d’expressions telles que les arts visuels, l’écriture, la performance et l’installation.
J’invite ensuite à faire l’état d’un dialogue, d’une transformation temporelle et matérielle, à distinguer ce qui est curieux, perceptible ou manquant. Le spectateur est souvent amené à déchiffrer, scruter, contempler, songer…

Fanny Vierne

Fanny Vierne, Un ciel, une roche, 2021 - Les châteaux peuvent-ils se passer de douves  au Château de Servières – Marseille

Fanny Vierne, Un ciel, une roche, 2021, terre, deux formats de 46 x 70 cm.
Ces images posées au sol ont été réalisées à partir d’une photographie de nuages et d’une masse rocheuse rencontrés au détour d’une marche dans la montagne. En les réalisant avec de la terre et sans liant, ces photographies deviennent éphémères. Elles sont vouées à s’altérer avec le temps, mais aussi par notre passage dans cet espace.

Artiste plasticienne
Née en 1995, vit et travaille à Saint-Hippolyte-du-fort dans le Gard
www.fannyvierne.com

Fanny Vierne est née à Sèvres en région parisienne, mais déménage plusieurs fois durant sa jeunesse. Son lieu de repère, c’est la région de ses grands-parents ; les Cévennes. Après ses études à l’ESAD Valence puis une année de voyage sur les routes d’Europe, elle décide de retrouver ce territoire cévenol. Depuis un ans, elle a choisi de s’y installer et d’y travailler.

Au cours de ses études aux beaux-arts, Fanny se rapproche du mouvement Fluxus ce qui l’amène à expérimenter des formes artistiques souvent participatives vouées à s’infiltrer et à se diffuser dans notre environnement proche via le marché, la rue et les boîtes aux lettres de ses voisin.e.s. Cette pratique artistique lui permet d’explorer notre environnement, souvent familier, pour le détourner en des lieux de création et de rencontres souvent fortuites. Principalement basée sur l’interaction et l’échange, sa pratique tente d’impliquer le public et valorise ainsi une expérience collaborative et participative de l’art. Depuis son installation dans les Cévennes, la géologie et le paysage nourrissent une réelle réflexion sur la manière dont on perçoit le quotidien et sa temporalité. Elle souhaite partager la possibilité que notre rapport au temps puisse s’effriter un instant.

Leïla Chaix

Leïla Chaix, CO-NAÎTRE, 2021 - Les châteaux peuvent-ils se passer de douves  au Château de Servières – Marseille

Leïla Chaix, CO-NAÎTRE, 2021, bic, peinture, crayon blanc, encre de chine, dix formats A4 et une toile contrecollée sur bois.
CO-NAÎTRE est un rhizome, un assemblage de visages, une sorte de collectif. Ce sont les 10 femmes rencontrées lors de la formation professionnelle qui nous réunit toutes ici, les 10 personnes avec qui j’expose, qui tournent et flottent autour de moi, cet autoportrait que je gratte depuis + de 2 ans…

Artiste-auteure, dessinatrice et éditrice
Née en 1993, vit et travaille entre Vence, Marseille et Paris
www.leilachaix.fr
https://www.instagram.com/leila.chaix/

Formée en Image Imprimée aux Arts Décoratifs Paris, Leïla y fera beaucoup de dessin et passe beaucoup de temps en atelier gravure. Au moment de partir en échange, elle trouve les squats et reste en France, y compose un premier essai sur le thème de la divagation et ne cessa plus d’écrire depuis.

L. lance des revues collectives, fait des fanzines, organise des expositions, et continue de pratiquer conjointement le dessin, l’écriture, l’auto-édition, l’édition. Aujourd’hui en + de tout cela, L. fait aussi de la peinture et organise des ateliers. Ses aventures entre institutions et lieux de vie sont régulièrement racontées dans ses articles, publiés sur lundimatin.

Renata Pires-Sola

Renata Pires-Sola, Fenêtre, 2021, photographie argentique tirée numériquement sur papier magistra whiteback 150g, 148 x 229 cm, miroirs, étagères en bois de bateau.
Fenêtre est une installation qui cherche à ouvrir le regard sur l’image d’un paysage. La photographie est prise dans la forêt atlantique sur la côte nord-est du Brésil. Est-ce le bout de forêt que tous les propriétaires de châteaux ont la chance d’avoir? La fenêtre en face de vous est un moment suspendu entre ce qui est à l’intérieur et à l’extérieur du bâtiment.

Renata Pires-Sola, Fenêtre, 2021 - Les châteaux peuvent-ils se passer de douves  au Château de Servières – Marseille

Artiste photographe
Née en 1988 à Brasília, Brésil, vit et travaille à Marseille
www.renatapires.com
https://www.instagram.com/renatapiress/

Après avoir exercé le métier de photographe professionnelle durant cinq années (2011-2015) au Brésil, son pays natal, elle rejoint la France et intègre le Programme de Résidence de Recherche et Création de l’ENSP Arles, où elle reste deux ans (2015-2017). En 2019 elle obtient un DNSEP axé sur les pratiques d’exposition à l’École Supérieure des Beaux-Arts de Nîmes, et en 2021, un post diplôme de plasticienne intervenante à l’ESADMM Marseille.

Dans sa pratique, l’artiste travaille sur des sujets liés à ses questionnements identitaires, de manière collective. À partir de la rencontre avec des personnes de son entourage, en grande majorité des femmes, elle réalise des projets qui prennent la forme d’autoportraits communs, décomposés et hétérogènes. L’artiste s’intéresse à construire l’image de soi et de l’autre dans un croisement de récits et de regards. Ayant la photographie comme médium principal, d’autres pratiques comme la vidéo, la performance et l’écriture s’ajoutent au processus en fonction des situations.
Actuellement, elle travaille sur la notion d’exil auprès d’une communauté brésilienne en France.

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