Ugo Schiavi – Gargareôn au Musée Réattu – Arles


Jusqu’au 15 mai 2022, Ugo Schiavi présente « Gargareôn » un projet séduisant construit à partir d’une vingtaine œuvres dont plusieurs ont été produites après une résidence au Musée Réattu.

Avec une scénographie sectaculaire et un éclairage habile, le parcours se développe dans l’ancien Grand Prieuré des chevaliers de Malte. La mise en espace multiplie avec adresse les correspondances et les dialogues entre les sculptures d’Ugo Schiavi, quelques toiles choisies dans les réserves, les bâtiments et la forte présence du Rhône…

Fidèle à sa pratique, Ugo Schiavi continue de questionner la place et le futur du patrimoine dans l’espace public et dans les institutions. Avec « Gargareôn », il confronte de façon plus vigoureuse ses interrogations au devenir du patrimoine naturel et industriel…

Voyage dystopique dans l’espace arlésien, depuis les vestiges du Pont aux lions, jusqu’à l’embouchure du Rhône et au-delà, vers les complexes industriels de Lavera et Martigues, « Gargareôn » est pensé comme une installation où les séquences s’enchaînent dans une boucle…

Ugo SchiaviGargareôn Navigator, 2021 – Gargareôn au Musée Réattu – Arles. Photo © Ugo Schiavi

Tout commence dans la pénombre avec un inquiétant Gargareôn-Navigator. Ce tirage en résine acrylique d’un moulage sur une gargouille médiévale en dépôt au Musée Réattu vomit de glauques entrailles en mousse polyuréthane. Le parcours se termine face à la courbe du grand Rhône avec Main-Stream-Memory, un court-métrage en images de synthèse réalisé avec Jonathan Pêpe. Dans la dernière séquence de ce film, on retrouve ce Gargareôn-Navigator qui gît dans les eaux troubles au fond du Rhône ou de la méditerranée…

Ugo Schiavi et Jonathan PêpeMain-Stream-Memory, 2021 – Gargareôn au Musée Réattu – Arles

Entre temps, Ugo Schiavi propose une rencontre entre une tête de lion qui n’est pas arlésienne et un tableau MNR du XVIIe siècle, suivie par la mise en scène de Gorgones produites à partir d’empreintes de rochers « dévorés par des organismes lithophages et collecté des matériaux rejetés par la mer, comme le plastiglomérat »… Sur la tribune de la chapelle, des gargouilles à tête de chien commentent en bavant une copie XIXe siècle du Saint Michel terrassant le dragon de Raphaël. Elles surplombent un buste de Neptune venu depuis la Loire s’échouer en contrebas. Dans la salle des archives, un imposant Léviathan, bricolé à partir de fragments de sculptures et de moulages des gargouilles du Grand Prieuré, attend que des eaux sombres lui donnent une patine…

Les eaux du Rhône et les multiples légendes qui les accompagnent sont partout présentes. Elles s’entremêlent avec de multiples flux qui ne sont pas toujours métaphoriques… Parfois, on semble réentendre le Drac qui sommeillait dans les tréfonds du Réattu !

On attendait avec impatience et curiosité la découverte de ce « Gargareôn »… Cette séduisante exposition mérite sans doute un passage par le Musée Réattu dans les prochains mois.

Après un échange avec Ugo Schiavi, les vues d’exposition qui accompagnaient initialement ce billet ont été supprimées. En effet, celui-ci ne souhaite pas que son projet soit « spoilé ».

En conséquence, le compte rendu de visite se limite pour le moment à ces premières impressions.

Une chronique suivra éventuellement au deuxième trimestre de l’année 2022, quelques semaines avant le finissage de « Gargareôn ».

Le commissariat est assuré par Andy Neyrotti, responsable du Pôle conservation du musée Réattu.

Les éditions Analogues devraient éditer à l’occasion de l’exposition un numéro de la revue Semaine consacré à « Gargareôn ».

En savoir plus :
Sur le site du Musée Réattu
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Ugo Schiavi - Gargareôn au Musée Réattu - Arles

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