La Joconde, exposition immersive à Marseille


Jusqu’au 21 août 2022, le Palais de la Bourse accueille La Joconde, exposition immersive, une expérience numérique définie comme « multi sensorielle ». Coproduit par le Grand Palais Immersif (une filiale de la Rmn – Grand Palais) et par le Musée du Louvre, ce projet particulièrement ambitieux devrait marquer le printemps et l’été à Marseille et dans le Midi.

Les spectacles « immersifs » organisés par Culturespaces, et notamment ceux consacrés à de grands noms de l’histoire de l’art aux Carrières de Lumières depuis 2012, nous ont toujours laissés très dubitatifs et songeurs. Indépendamment de leurs indéniables qualités techniques, ces shows numériques manquent de contenus, de mise en contexte et ils « trahissent » souvent les œuvres et les intentions de leurs auteurs. On attendait donc avec une certaine curiosité et un peu de méfiance la découverte de cette proposition.

Incontestablement, une visite de La Joconde, exposition immersive permet de lever tous les doutes et interrogations. La remarquable qualité de la production, la richesse des contenus et la pertinence de leur présentation se combinent parfaitement avec une approche sensible et poétique de l’œuvre de Léonard.

La Joconde, exposition immersive atteint avec brio son ambition de « permettre aux visiteurs d’accéder à une compréhension d’une part du mythe et surtout de l’œuvre en elle-même, au-delà des faux mystères et des clichés ».

L’exposition propose une redécouverte du chef-d’œuvre de Léonard de Vinci à travers plusieurs expériences.

Après une saisissante plongée dans le regard de la Joconde depuis la salle des États où elle est exposée au Louvre, le visiteur pénètre dans un vaste espace enveloppé d’une « peau-paysage ». Immergés dans un panorama inspiré d’œuvres de Léonard de Vinci et de son atelier (La Joconde, mais aussi La Vierge à l’Enfant avec Sainte-Anne, La Vierge aux fuseaux, La Madone à l’œillet et la Vierge aux rochers), les spectateurs déambulent dans une atmosphère mystérieuse et poétique. L’enchaînement des séquences restitue de manière sensible les multiples recherches de Léonard pour comprendre la nature des paysages.

Dans une ambiance sonore discrète, le monde léonardesque s’anime avec sobriété… Un passage d’oiseaux, un tourbillon de feuilles qui s’envolent, l’orage, la pluie se succèdent sans jamais donner le sentiment d’exagération outrancière ou de démonstration technique…

Celles et ceux qui s’approchent des murs remarquent que leur présence et leurs mouvements génèrent une légère perturbation vaporeuse du paysage pour une évocation sensible du Sfumato cher à Léonard…

Au centre de l’espace, six récits visuels racontent l’histoire exceptionnelle de ce tableau dont l’expérience au Louvre est souvent perçue comme décevante. Avec concision et limpidité, ils répondent très clairement aux questions suivantes : Pourquoi La Joconde est l’œuvre d’art la plus célèbre au monde ? Pourquoi ce portrait de femme peint il y a cinq cents ans attire encore autant ? En quoi est-il plus remarquable que d’autres peintures ?

Ces six films très bien construits sont complétés par des dispositifs interactifs. Ils évoquent « la polysémie de l’œuvre de Léonard de Vinci » à travers les séquences suivantes :

Destinée au grand public, La Joconde, exposition immersive est à la hauteur d’ambitions qui affirmaient notamment l’objectif de « renouveler le rapport de chacun à cette œuvre emblématique et d’articuler innovation esthétique, narrative et technologique, tout en étant vigilant à l’accessibilité et l’implication du public ».

La Joconde, exposition immersive bénéficie d’un engagement important de plusieurs équipes du Musée du Louvre. Vincent Delieuvin, conservateur en chef de la peinture italienne du XVIe siècle au Musée du Louvre, en est le conseiller scientifique.

La coordination numérique et narrative du projet mobilise au sein du Louvre : Dominique de Font-Réaulx, conservateur général, directrice de la Médiation et de la Programmation culturelle ; Maïté Labat, cheffe du service Audiovisuel et Numérique ; Maryam Josheni et Estelle Savariaux, chargées de projet audiovisuel.

La scénographe est confiée à l’atelier Sylvain Roca.
Artisans d’idées a pris en charge la production numérique et assure la direction d’exploitation du projet. Sabir Studio a assuré la conception graphique et Aura la conception lumière. La musique est composée par Rone et le design sonore est conçu par Elias Arias / Mardi8.

Un catalogue coédité par la Réunion des musées nationaux – Grand Palais et le Musée du Louvre accompagnera l’événement. Des essais de Vincent Delieuvin, Vincent Pomarède, Jérôme Coignard, Michel Menu et Giuseppe Pallanti seront associés à plusieurs entretiens avec notamment Mercedes Erra, Invader, Jean-Charles de Castelbajac, Yan Pei-Ming, Bettina Rheims, Vik Muniz, Cinzia Pasquali, Stéphane Levallois, Okuda

Si La Joconde, exposition immersive est avant tout orientée vers le grand public, elle permet aussi aux amateurs plus avertis de (re)découvrir quelques épisodes de l’histoire de ce chef-d’œuvre. Les dispositifs offrent parfois des éclairages que ni un passage par la Salle des États ni la consultation de catalogues et d’ouvrages spécialisés n’autorisent. Pour ne citer qu’un seul exemple, la projection sur un écran de La Joconde en taille réelle à la hauteur du visiteur, entourée d’autres portraits contemporains peints par des artistes flamands est particulièrement édifiante.

Après l’expérience marseillaise, La Joconde, exposition immersive devrait très certainement connaître des étapes ailleurs en Europe et dans le Monde. L’enjeu est d’importance pour le Grand Palais Immersif mais aussi pour le Musée du Louvre qui a connu ces dernières années une chute spectaculaire de fréquentation et singulièrement de ces visiteurs étrangers. Les récents événements internationaux pourraient malheureusement prolonger cette situation.

À lire, ci-dessous, une description des principales séquences du parcours avec des commentaires de Vincent Delieuvin. Présentation dela scénographie imaginée par l’atelier Sylvain Roca et des dispositifs numériques interactifs conçus par Artisans d’idées.

En savoir plus :
Sur le site de Grand Palais Immersif
Suivre l’actualité de Grand Palais Immersif sur Facebook et Instagram

« Léonard se mit à faire, pour Francesco del Giocondo, le
portrait de Monna Lisa, sa femme […] on peut dire qu’elle fut
peinte d’une manière à faire trembler et craindre tout grand
artiste, quel qu’il soit. […] Il y avait un sourire si agréable
que c’était chose plus divine qu’humaine à voir, et elle était
tenue pour une chose merveilleuse, sans différence d’avec la vie »
.

Giorgio Vasari, Vie de Léonard de Vinci, 1550

La Joconde, exposition immersive : Les principales séquences du parcours

Vincent Delieuvin à propos du Prologue et des enjeux de La Joconde, exposition immersive à Marseille

​Peau-paysage

La « peau-paysage » qui enveloppe l’ensemble de l’espace d’exposition immerge les visiteurs dans un lieu inspiré des œuvres de Léonard de Vinci comme La Joconde, La Vierge à l’Enfant avec Sainte Anne, La Vierge aux fuseaux, La Madone à l’œillet et la Vierge aux rochers. Les paysages issus de ces œuvres se composent et interagissent pour créer un univers panoramique animant l’espace.

Vincent Delieuvin à propos de La peau-paysageLa Joconde, exposition immersive à Marseille

​L’origine du mythe

Au cours de sa vie, Léonard de Vinci a réalisé plusieurs portraits. Au sommet de sa gloire, a 48 ans, il se voit confier la commande du portrait d’une jeune femme, Lisa Gherardini que l’on appelle la Joconde. Dans ses dessins, ses carnets ou sa peinture, il a cherché à comprendre comment représenter, dans toute sa complexité, la vie. Peinte à taille réelle, la Joconde semble être pour son créateur la représentation la plus fidèle de sa quête. Léonard de Vinci n’a jamais remis à son commanditaire, Francesco del Giocondo, le portrait de sa femme, il l’a gardé précieusement près de lui jusqu’à sa mort le perfectionnant sans cesse. C’est à ce prix qu’il a su rendre la vie sur un panneau de peuplier, au point de faire « trembler » ses contemporains devant ce miracle.

Vincent Delieuvin à propos de L’origine du mytheLa Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : Découvre ce qui se cache derrière ce sourire

​Un portrait vivant

Comme d’autres peintres avant lui, Léonard de Vinci place son personnage devant un paysage. Si la tradition italienne privilégie jusqu’alors la position de profil, dans celle venue d’Europe du Nord la vue privilégiée est le trois quart et le regard se tourne vers le visiteur. Le cadrage offre la vue des mains qui prennent vie. Le maître choisit surtout de peindre Monna Lisa avec une expression que peu d’artistes avant lui avaient osé représenter : le sourire. Léonard de Vinci s’est donc inspiré d’autres traditions picturales, en particulier la peinture flamande. Mais parce qu’il a su rendre la vie de son modèle comme nul autre auparavant, il a créé un chef-d’œuvre qui nous fascine encore cinq siècles plus tard.

Vincent Delieuvin à propos de Un portrait vivantLa Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : Compose ton portrait comme à la Renaissance

​Sous observation

Chaque année, conservateurs, restaurateurs et scientifiques contrôlent l’état de l’œuvre par des examens visuels et de l’imagerie de laboratoire très sophistiquée. Ainsi on comprend mieux la technique picturale virtuose de Léonard de Vinci, et notamment son célèbre effet de « sfumato » qui donne l’impression de réalité extraordinaire émanant de la Joconde. En estompant les lignes de contours, l’ensemble des éléments du tableau semblent ne faire qu’un seul corps. Pour lui, les ombres et les lumières doivent se fondre les unes dans les autres et se perdre « comme de la fumée ». L’invention de cet effet pictural est pour l’artiste l’aboutissement de son travail de recherche et de son observation scientifique du monde.

Vincent Delieuvin à propos de Sous observationLa Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : Participe à l’analyse du tableau

​Obsession Joconde

De très nombreux peintres rendent hommage à la composition de Léonard de Vinci. Dès sa création, la Joconde fut copiée et imitée. Le tableau n’était pas achevé que le jeune Raphaël trouvait dans la Joconde une puissante source d’inspiration pour ses propres œuvres. Elle le fut ensuite pour de très nombreux portraits de femmes et d’hommes de toute l’Europe jusqu’au XIXe siècle puis au XXe siècle les artistes tentent de déconstruire et détourner ce modèle tout en renforçant davantage encore le mythe.

Vincent Delieuvin à propos de Obsession JocondeLa Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : Dévoile une icône pop

​On a volé la Joconde !

Ou comment le tableau le plus célèbre du monde a été volé puis retrouvé à Florence avant d’être restitué au musée du Louvre après une tournée d’adieux en Italie. Cette affaire qui a passionné la presse du monde entier a popularisé l’image de Monna Lisa et renforcé davantage encore son mythe.

Vincent Delieuvin à propos de On a volé la Joconde !La Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : Qui est le voleur ? Mène l’enquête

​Jocondomania

Depuis le vol de la Joconde en 1911, l’image du tableau n’a cessé de se répandre à travers le monde. Son succès grandit continuellement à partir de la seconde moitié du XXe siècle et le visage de la Joconde continue à inspirer les artistes mais également le monde de la publicité. Son image comme son nom se retrouvent déclinés pour des usages aussi nombreux que variés.

Vincent Delieuvin à propos de JocondomaniaLa Joconde, exposition immersive à Marseille

Dispositif interactif : A ton tour ! Crée ta Joconde

La Joconde, exposition immersive : projet scénographique

La scénographie imaginée pour La Joconde, exposition immersive relève autant du rêve que du jeu. À la frustration de glisser à la surface de l’œuvre quelques secondes en Salle des États, au Louvre, elle propose d’en traverser le cadre et de la découvrir en quatre dimensions. Le premier contact est une grande boîte noire énigmatique enchâssée entre les arcades du Palais de la Bourse. Un portique ouvre sur un sas obscur, au fond une nébuleuse aspire le visiteur : un zoom infini sur la Joconde, hypnotique, entourée des œuvres voisines qu’elle plonge progressivement dans l’ombre, jusqu’à pénétrer la prunelle de ses yeux. L’œuvre transcendée livre au détour de ce prologue un paysage inattendu, suspendu entre un sol bleu nuit et une voûte de pierre. Un horizon vibrant et changeant y nimbe d’une lumière irréelle un plateau de jeu central : cinq micro-architectures colorées à explorer, focus spatiaux-temporels fluides qui ouvrent chacun sur un aspect thématique et une période de vie spécifiques de la Joconde. Il s’agit de fouiller minutieusement les moindres recoins de ce paysage, parfois collectivement, d’autres fois individuellement.

Chacune de ses facettes transmet des connaissances et recèle des indices à activer, tant sur l’œuvre elle-même, sa nature, son histoire, ses aventures, ses mystères, que sur son statut iconique unique. Soudainement, la Joconde, immense, en vampirise toutes les surfaces et nous dévisage, en même temps qu’elle se livre dans ses moindres détails. Accompagnant tout du long ce voyage dans l’espace et dans le temps, le panorama, qui se métamorphose lui aussi quand on s’en approche, conduit à un dernier espace bouillonnant. Incarnant notre époque contemporaine, submergée d’insatiables interprétations et récupérations de la Joconde, il nous propulse de nouveau dans le présent et sur la Canebière.

À propos de l’atelier Sylvain Roca

Après les mises en scène au Grand Palais des expositions Sites Éternels (2016) et Pompéi (2020) l’atelier Sylvain Roca poursuit avec la Joconde, exposition immersive un dialogue sensible et spectaculaire entre œuvres réelles et environnements digitaux avec la scénographie de cette exposition 100% digitale.

Les défis relevés par l’atelier Sylvain Roca engagent des concepts scénographiques toujours sur-mesure et empreints de poésie, qui reflètent curiosité, implication et appétence à s’immerger dans un nouvel univers et le rêver, stimulant de façon incessante son enthousiasme à imaginer et concrétiser.
http://www.sylvainroca.com/fr/

La Joconde, exposition immersive : dispositifs numériques interactifs

Les dispositifs digitaux collectifs de grand format et interactifs ludiques, ont été conçus par l’agence internationale Artisans d’idées.

Enveloppé dans une « peau-paysage » de soixante-dix mètres de long, véritable décor mouvant et interactif qui sera l’écrin de l’expérience proposée par l’exposition, le visiteur est immergé dans les paysages léonardesques de près de six mètres de haut. Cette composition virtuelle et numérique projetée sur les murs de l’exposition a été créée en mêlant des paysages de différents tableaux de Léonard de Vinci. On y découvre notamment ceux de La Joconde, de La Vierge aux rochers (1483- 1486, Paris, musée du Louvre) ou encore de Sainte Anne, la Vierge et l’Enfant Jésus jouant avec un agneau. Cet environnement s’anime et interagit avec le visiteur. L’immersion invite à une promenade dans un univers à la fois mystérieux et méditatif inspiré par le peintre. Ces reconstitutions d’une exceptionnelle qualité offrent un moment de contemplation hors du temps, au cœur des détails les plus infimes de ces œuvres. La «peau-paysage» est ainsi la création d’une esthétique nouvelle.

À l’intérieur de cet espace, la scénographie compte cinq modules de projection courbes de cinq mètres de large par trois mètres de haut, offrant de visualiser des films collectivement. Parallèlement, une trentaine d’écrans interactifs permet de s’approprier individuellement, comprendre et explorer le contenu de l’exposition.

Avec des techniques de numérisation et de projection en très haute définition et l’utilisation du Matte Painting, le grain et les moindres fragments des œuvres sont enfin visibles à l’œil nu. Le Matte Painting, ou peinture sur cache, est une technique utilisée dans le cinéma principalement pour conceptualiser de grands décors qui fourmillent de détails. Ainsi, de véritables environnements numériques ont été recréés à partir des tableaux du maître. Les images sont ensuite projetées dans une résolution très haute définition de 25 000 pixels. Enfin, un maillage de caméras 3D détecte les visiteurs et permet de rendre les médias réactifs à leurs faits et gestes.

À propos de Artisans d’idées

Grand Palais Immersif a confié la direction d’exploitation de l’exposition La Joconde, exposition immersive à Marseille à Artisans d’Idées, qui en assure également la production numérique.

Artisans d’Idées anime un écosystème de cinq filiales spécialisées, dans les domaines allant de la conception numérique et de la production audiovisuelle et multimedia, à l’installation d’équipements numériques.

Nourri par l’énergie et la vitalité du monde numérique et du cinéma français, Artisans d’Idées est aguerri aux chantiers culturels d’envergure et à la médiation scientifique et culturelle. Basée à Marseille, l’entreprise a tout naturellement été choisie pour assurer la direction d’exploitation et a souhaité installer l’exposition dans les locaux magnifiques du Palais de la Bourse, au cœur de Marseille.
http://www.artisansdidees.com/fr

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer