Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

Avec : Alexandre Duboc-Simoes, Marie Féménias, Ane Hjort Guttu, Nuria Mokhtar, Melika Sadeghzadeh, Clothilde Venot et Oriana de la Patellière.


Jusqu’au 7 janvier 2023, Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers présente « Ghost in the Machine », une remarquable et indispensable proposition, résultat d’un projet collectif qui s’est élaboré à partir du film Manifesto (2020) d’Ane Hjort Guttu.

Guilhem Monceaux, commissaire de l’exposition, résume ainsi les étapes de construction de « Ghost in the Machine » :

« L’automne dernier, j’ai invité Ane à montrer son film Manifesto (2020) à Mécènes du Sud et je lui ai également proposé d’animer une série d’ateliers avec un groupe d’étudiant·e·s des Beaux-Arts de Montpellier (MO.CO. Esba). Tou·te·s ensemble, nous avons cherché un modèle équitable de collaboration et avons discuté d’initiatives étudiantes en écoles d’art, de la répartition de pouvoir entre les structures pédagogiques et ses usagers et usagères, et de la situation spécifique de Montpellier en regard de ces questions.
Ces discussions devaient aboutir à l’exposition que vous découvrez aujourd’hui. Nous avons donc dû
considérer des questions pratiques en plus de la théorie qui nourrissait nos échanges. Quelle place occupe chaque artiste ? Comment collaborer au sein de certaines des œuvres produites dans ce cadre ? Comment faire apparaître nos questionnements dans une forme exposée ? »

Ane Hjort GuttuManifesto, 2020. 4K Video, 27 minutes

La découverte du film d’Ane Hjort Guttu impose à elle seule un passage par la rue des balances. Il est sans doute préférable de commencer la visite par la projection de Manifesto au premier étage en compagnie des monstres imaginés par Oriana de la Patellière qui semblent s’être échappés de l’école d’art pirate, installée clandestinement dans l’université de Bergen, en Norvège.…

Oriana de la PatellièreSpectators, 2022. Sculpture, matériaux mixtes. – Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

La lecture du roman-photo satirique de Alexandre Duboc-Simoes, disponible à l’entrée de l’exposition, est une autre manière d’aborder la genèse de ce projet et d’avoir quelques informations sur les acteur·trice·s de « Ghost in the Machine »…

Alexandre Duboc-SimoesGhost in the Machine, 2022. Installation et roman-photo en libre service – Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

Toutefois, rien n’interdit de déambuler directement dans les salles du rez-de-chaussée en compagnie ou non de la médiatrice qui vous accueille.

Le parcours commence par les sculptures en fil métallique de Melika Sadeghzadeh (LEGO, 2022). Conçue comme des fragments mystérieux d’un puzzle (ou du squelette) de l’école des beaux-arts de Montpellier, cette installation pourrait faire écho à la cuisine de Manifesto. Le commissaire suggère que ce lego pourrait être « un outil dont les parties peuvent être manipulées et utilisées selon les besoins des gens qui s’en emparent »…

Melika SadeghzadehLEGO, 2022. sculpture, fil de fer. – Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

Sur les murs des trois salles se développent un étonnant Cadavre exquis (2022) et quelques Dessins divinatoires de Nuria Mokhtar et Clothilde Venot. Leurs chimères et leurs monstres fantasmagoriques s’entremêlent avec les poèmes Marie Féménias

Nuria Mokhtar et Clothilde VenotCadavre exquis, 2022. Dessins muraux, crayons, crayons aquarelle, feutres. et Marie FéméniasShareons ensemther, 2022. Poèmes muraux, stickers. – Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

Pour Guilhem Monceaux, « ces notes manuscrites et ces dessins presque automatiques suggèrent un journal intime, un espace privé révélé au public qui nous projette dans des mondes imaginaires et fantastiques »…

Nuria Mokhtar et Clothilde VenotDessins divinatoires, 2022 – Marie FéméniasLa sueur du doute et Creatures from other worlds, 2022. Poèmes, encre de chine – Ghost in the Machine – Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers

Assez curieusement, et de manière complètement fortuite, ce projet collectif entre en résonance avec « Amitiés, créativité collective », une exposition conçue et organisée par le Mucem en partenariat avec le Kunstmuseum Wolfsburg. Jusqu’au 13 février 2023, 120 œuvres, depuis la Commune jusqu’à aujourd’hui en passant par Dada, le surréalisme et Fluxus, montrent comment des plasticiens, des philosophes, des écrivains, des musiciens, et des cinéastes «ont produit des œuvres collectives expérimentales qui, par leur singularité même, mettent en jeu et en question l’échelle des “valeurs marchandes” et les codes esthétiques dominants ».

À l’heure où la rentrée de l’art contemporain à Montpellier est largement dominée par Après l’école, la deuxième biennale artpress des jeunes artistes, cette exposition interroge avec vigueur et pertinence cet événement et pose la question suivante : « comment est-il possible d’utiliser les institutions publiques pour mener ses propres initiatives, individuelles ou collectives ? »

En marge de « Ghost in the Machine », Trash Press, l’édition des refusant·e·x·s a été présenté le 12 octobre dernier. Cette publication initiée par des étudiantes du MO.CO. Esba veut donner un espace aux artistes qui ont refusé de participer à la biennale organisée par artpress…

En contrepoint des expositions qui cet automne sont présentées à Montpellier sous le parapluie de « Après l’école », il est absolument indispensable de voir « Ghost in the Machine » !

À lire, ci-dessous, la note d’intention de Guilhem Monceaux, lauréat 2021 de l’appel à projets de commissariat d’exposition Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers.

En savoir plus :
Sur le site de Mécènes du Sud
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Sur le site de Ane Hjort Guttu
Sur les comptes Instagram de Alexandre Duboc-Simoes, Marie Féménias, Ane Hjort Guttu, Nuria Mokhtar, Melika Sadeghzadeh, Clothilde Venot et Oriana de la Patellière.

Ghost in the Machine – Note d’intention de Guilhem Monceaux

Ghost in the Machine présente un processus de travail d’un an, et l’évolution du groupe qui a collaboré dans ce contexte. Initialement pensée comme une invitation à exposer le travail de l’artiste Ane Hjort Guttu, l’exposition présentée cet automne à Mécènes du Sud Montpellier-Sète-Béziers est un projet collectif qui comprend également les propositions d’Alexandre Duboc-Simoes, Marie Féménias, Nuria Mokhtar, Melika Sadeghzadeh, Clothilde Venot et Oriana de la Patellière. Manifesto (2020) est un film d’Ane Hjort Guttu – une fiction sous les traits d’un documentaire – qui révèle le fonctionnement d’une école d’art pirate infiltrée dans un campus universitaire à Bergen, en Norvège. Cette oeuvre souligne l’autonomie potentielle des étudiantes et des étudiants au sein de leur cadre d’apprentissage et les efforts d’organisation qu’elle requiert. Manifesto est le point de départ de l’exposition, que nous avons prolongé en invitant l’artiste à intervenir auprès d’un groupe d’étudiant·e·s du MO.CO. Esba (École Supérieure des Beaux-Arts Montpellier Contemporain).

Au fur et à mesure de ces rencontres, nous avons pu discuter ensemble des conditions de travail à l’école et les mettre en regard de contextes théoriques et pratiques lié·e·s à l’histoire et l’actualité des pédagogies critiques. Nous avons discuté des pratiques artistiques des membres du groupe, et avons commencé à imaginer comment ces discussions pouvaient s’inscrire dans des formes exposées sans se figer à un seul niveau symbolique. La fiction s’est imposée au collectif, et de multiples stratégies ont été mises en place pour exister en dedans et en dehors du cadre initial de la rue des Balances.

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