Réouverture du [mac] musée d’art contemporain de Marseille


Après 4 ans de travaux, le [mac] musée d’art contemporain de Marseille a enfin réouvert ses portes le 7 avril dernier. L’important programme de rénovation conçu par Maxime Repaux et Frédéric Roustan, architectes associés du Bureau Architecture Méditerranée, a connu sérieux retards avec la détection d’amiante dans un premier temps, puis la défaillance d’une entreprise de gros œuvre.

  • Rénovation [mac] musée d'art contemporain de Marseille . Photo Bureau Architecture Méditerranée
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Dans un entretien avec l’hebdomadaire TPBM, Maxime Repaux rappelle que «le projet portait à l’origine sur la remise aux normes, la conservation des œuvres et le contrôle hydrothermique. À cela s’est greffée la réfection du hall d’entrée ».

Celui-ci a été entièrement reconstruit. Deux fois plus haut, il offre une nouvelle identité au [mac] musée d’art contemporain de Marseille. Il autorise ainsi l’exposition de grandes œuvres et offre une liaison plus évidente avec le jardin de sculptures contemporaines de Bonneveine. Les 300 m² du toit-terrasse, accessibles par une coursive, permettront d’accueillir régulièrement des événements.

Un nouveau système de climatisation ainsi que d’indispensables rénovations énergétiques et muséographiques pour les 2 700 m² de salles d’exposition assure des conditions de conservation des œuvres conformes aux normes « musée de France ». L’éclairage a été entièrement reconsidéré avec un contrôle parfait de l’ensoleillement au travers des verrières de la toiture. Ce dispositif permet de jouer sur les lumières artificielles ou naturelles et d’enrichir les propositions scénographiques.

Rénovation [mac] musée d'art contemporain de Marseille. Photo Ville de Marseille
Rénovation [mac] musée d’art contemporain de Marseille. Photo Ville de Marseille

Pour sa réouverture, le [mac] musée d’art contemporain de Marseille propose « Parade », un accrochage des collections contemporaines des Musées de la Ville de Marseille avec des œuvres de Jean-Michel Basquiat, Niki de Saint Phalle, César, Annette Messager, Robert Rauschenberg, Richard Baquié, Daniel Buren, Yves Klein…

Celles-ci sont enrichies avec des dépôts et prêts du Centre Georges Pompidou (Musée National d’Art Moderne), du Cnap (Centre National des Arts Plastiques), du Cirva (Centre international de recherche sur le verre et les arts plastiques), du Frac Sud. À cet ensemble s’ajoutent des invitations en direction d’artistes émergents.

Construit à partir d’un essai du critique d’art italien Germano Celant (1968 : Towards a Global Diversity, 1999), le parcours s’articule en six chapitres passionnants. Ils affirment la volonté de « dissoudre toute hiérarchie entre les pratiques créatives pour mettre en valeur l’esprit de liberté des artistes d’avant-garde ». « Parade » est sans conteste une exceptionnelle réussite avec un magistral accrochage qui illustre la richesse remarquable du fonds conservé par les institutions marseillaises.

On suivra avec beaucoup d’intérêt l’évolution du projet curatorial qui exprime l’ambition de «  nourrir une réflexion à forte dimension pédagogique »…

Une chronique sur « Parade » sera publiée dans les prochains jours.

Le [mac] musée d’art contemporain de Marseille invite également l’artiste italienne Paola Pivi pour « It’s not my job, it’s your job / Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail ».

Après sa monumentale installation « 25 000 Covid Jokes (It’s not a joke) » dans la Chapelle de la Vieille Charité en 2021, qui nous avait modérément convaincus, Paola Pivi a su nous surprendre avec ce projet joyeux parfaitement adapté à une réouverture festive en direction du grand public et des plus jeunes.

Plusieurs pièces iconiques de son répertoire sont présentes et notamment ses célèbres ours en plumes, tableaux de perle, roues de bicyclette à plumes, colonnes d’aiguilles suspendues emblématiques de son approche singulière des problématiques environnementales.

Paola Pivi résente une nouvelle œuvre participative (Free Land Scape, 2023), créée spécialement pour l’espace architectural du [mac] musée d’art contemporain de Marseille. Elle reprend dans une dimension beaucoup plus large l’installation présentée l’été dernier dans un un solo show à la galerie Perrotin de New York.

Cette réouverture du [mac] musée d’art contemporain de Marseille est l’occasion de saluer le travail essentiel et remarquable de Thierry Ollat qui dirigeait le musée depuis 2006. Il sera remplacé par Stéphanie Airaud à partir du 1er juillet.

Paola Pivi - Free Land Scape, 2022 - It’s not my job, it’s your job - Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail au [mac] musée d’art contemporain de Marseille - Photo Hugo Glendinning
Paola Pivi – Free Land Scape, 2022 – It’s not my job, it’s your job – Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail au [mac] musée d’art contemporain de Marseille – Photo Hugo Glendinning

À la suite de « It’s not my job, it’s your job / Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail » qui s’achèvera le 6 aout, le[mac] musée d’art contemporain de Marseille annonce « Le sentiment du dessin » du 31 août au 26 novembre 2023, une proposition de Chiara Paris, Jean de Loisy et Gérard Traquandi en partenariat avec Paréidolie – Salon international du dessin contemporain à Marseille. Le [mac] musée d’art contemporain de Marseille devrait ensuite accueillir une cinquantaine d’œuvres de Marc Desgrandchamps réalisées ces dix dernières années pour une exposition dont le commissariat sera assuré par Pauline Nobécourt.

À lire, ci-dessous, la présentation par le [mac] musée d’art contemporain de Marseille de  « It’s not my job, it’s your job / Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail ».

En savoir plus :
Sur le site du [mac]
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Consulter les collections du [mac] en ligne
Sur le site de Paola Pivi et sur Instagram
Paola Pivi sur le site de la Galerie Perrotin

Paola Pivi« It’s not my job, it’s your job / Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail » : Texte de présentation du projet au [mac] musée d’art contemporain de Marseille

Adresse joyeuse et délicate aux visiteurs du musée, perceptible depuis l’extérieur, des roues de bicyclette couronnées de plumes sont installées dans le nouveau hall d’entrée du [mac], comme pour révéler tout le potentiel de cet espace rénové désormais dédié aux projets monumentaux. Bigger than my eyes (2016),It was my choice (2017), I don’t have a name (2016), Very nice ride (2016), Red means stop, actually (2016) : les titres donnés à chacune d’entre elles apparaissent comme des réflexions qui semblent les personnifier, écho probable aux pensées intimes de Paola Pivi elle-même. Leur mouvement perpétuel, à l’image du flux quotidien de nos idées, déstabilise la perception des espaces du musée, à la fois familiers et profondément transformés au gré de leur rénovation.

Free Land Scape (2023), imaginée pour l’espace architectural du [mac], prolonge cette étonnante redécouverte. Première œuvre visible dans les nouveaux espaces du musée, entre installation et sculpture, elle prend la forme d’un parcours en forme de passerelle suspendue réalisée en toile de « jean » que le visiteur est invité à parcourir individuellement. La vulnérabilité de la membrane porteuse, le défi qu’elle pose à l’équilibre, l’incertitude du déplacement, la désorientation, l’immersion dans le bleu du Denim sont autant de sensations surprenantes qui renvoient à ce qu’expérimente un enfant lorsqu’il pose pour la première fois le pied sur une barque. La disparition de la certitude de l’appui terrestre au profit de l’instabilité d’un canot évoque, comme une métaphore, l’expérience que chacun d’entre nous fait de la création artistique : véritable alerte sensorielle, elle dessine de nouveaux horizons et invite à revenir sur nos certitudes.


Paola Pivi n’a pas choisi la toile Denim par hasard. Son nom résulte d’une circulation en forme de va-et-vient entre l’Europe et les États-Unis. En effet, la toile des solides pantalons de travail – les  « jeans » que nous connaissons sous ce nom en provenance des USA – fut d’abord désignée sous le termes de « bleu de Nîmes ». Devenue toile « Denim » au moment de son appropriation américaine dans les années 1950 elle apparaît comme le symbole du lien entre l’espace méditerranéen et le monde. Echo aux innombrables échanges culturels et à la diversité des langues sur le territoire marseillais, ce choix évoque habilement les échanges du commerce globalisé, dont le jean est une icône internationale, pour désigner aussi le monde ultra-connecté dans lequel nous cheminons. Il ancre discrètement ce projet inédit de Paola Pivi dans son contexte de production et de présentation aux publics. Les mouvements diffus du Denim au cœur de Free Land Scape, de même que sa couleur, participent de cet ancrage en remémorant habilement l’élément maritime, le flux et le reflux des vagues. 

E (2001) évoque quant à elle l’élément aérien. Structure au format cylindrique et vertical, composée de plusieurs colonnes d’aiguilles suspendues à des filins, cette œuvre fonctionne sur le mode de l’interaction avec son espace d’exposition et les visiteurs qui l’observent. Les aiguilles qui la composent répondent en effet aux présences qui les approchent en s’animant d’une vibration délicate et ambiguë, aussi agressive visuellement qu’inoffensive dans son mouvement. Suggérant un au-delà de l’espace tangible de l’œuvre en présence de laquelle nous évoluons, E paraît ainsi retracer le souffle des vents, leur direction et leur force, sur les cartes de météo marine. Son fonctionnement distille la sensation d’une présence mystérieuse et poétique dans le musée.

D’autres œuvres choisies par Paola Pivi pour Marseille évoquent tantôt l’air ou la mer, tantôt le règne animal, dans un très large spectre d’espèces alliant mammifères, invertébrés ou oiseaux. Deux œuvres respectivement intitulées Take me home et Finally I got a home (2006) sont ainsi constituées de segments du tronc d’un arbre échoué sur la rive du lac Malawi en Afrique, inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO pour la richesse exceptionnelle de sa faune aquatique. Sur ces deux troncs, l’artiste a fixé des coquillages glanés en Alaska, des luminaires bon marché rassemblés en Chine et des répliques miniatures des sièges de designers célèbres de la collection du Vitra museum of design en Suisse. Renouvelant la tradition du collage dans l’art dans une perspective « high and low » d’un monde globalisé voué à la dérive comme les troncs eux-mêmes, ces deux œuvres interrogent le lien entre création naturelle, production manufacturée et invention artistique. 

D’autres coquillages sont constitutifs de deux œuvres intitulées Call me anything you want (2013). Accumulation de lignes de perles, ces tableaux déclinent un nuancier de couleurs allant de l’ivoire au noir dont les déclinaisons de teintes célèbrent les différentes couleurs de la peau. Pour les réaliser, Pivi s’est approprié le résultat du « travail » d’une multitude d’huîtres. Elle s’est également saisie de la similitude entre le travail par touches d’un peintre sur une toile et l’action d’une huître qui dépose couche après couche la nacre sur la perle. Créant de subtiles propositions d’équivalences, la proposition de l’artiste résonne comme une bravade que soutient également le titre « Call me anything you want II », à la forte tonalité féministe. 

Point d’achèvement du parcours de l’exposition, invitant le visiteur à redécouvrir les collections permanentes du [mac], les célèbres ours de Paola Pivi déploient leurs couleurs chatoyantes. Œuvres iconiques de l’artiste, dont le pelage de plumes fait écho aux roues de bicyclettes présentées dans le hall du musée, ils déploient un anthropomorphisme attachant. Leurs positions choisies avec une infinie précision alternent danse, cirque ou yoga, dans des expressions de joie juvénile contrastant volontairement avec ce que l’on sait du devenir des ours polaires désormais à la dérive dans la débâcle du continent blanc. Les titres attribués à chacun des ours de Paola Pivi suggèrent ainsi une forme de mélancolie en leur conférant aussi une dimension autobiographique : I and I (must stand for the art) (2014), I never danced before (2013),That’s a good question(2020) ou I did it again (2018).

L’exposition It’s not my job, it’s your job / Ce n’est pas mon travail, c’est votre travail renoue avec l’ambitieuse programmation du [mac] depuis sa création, au contact des personnalités parmi les plus remarquables de l’art contemporaine et notamment incarnée par les projets Time Capsules de Warhol (2015), Hip Hop un âge d’or(2017), Sophie Calle. 5 (2019) et jusqu’à Erwin Wurm (2019) présentés hors-les-murs, grâce la complicité amicale de l’ensemble du réseau des Musées de Marseille et plus particulièrement du musée des Beaux-Arts, du musée Cantini, du muséum d’Histoire naturelle, du musée Grobet-Labadié et du Centre de la Vieille Charité. Avec ce nouveau projet, et à l’occasion heureuse de sa réouverture, le [mac] souhaite offrir au public un condensé de plaisir visuel, expérimental, physique et spirituel qui ne renie en rien les préoccupations de l’époque. Offrande fertile pour l’esprit en éveil de celles et ceux qui décident de ne pas être immobiles face à la catastrophe annoncée, cette exposition rend manifeste le choix du [mac] et de l’ensemble des Musées de Marseille de prendre leur part dans un engagement indéniablement nécessaire aujourd’hui.

Note : Les titres des œuvres de Pivi ont été créés Karma Culture Brothers.

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