Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés à l’Hôtel de Caumont – Aix


Jusqu’au 8 octobre 2023, l’Hôtel de Caumont présente « Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés », avec l’ambition de revenir « sur les traces de ce génie créateur en tant que personnalité libre et singulière, et met notamment à l’honneur le lien étroit qu’il entretenait avec la nature, le jeu, la magie et la liberté ».

Avec un peu plus de 120 œuvres, ce projet tente d’offrir un éclairage inédit sur un artiste majeur du XXe siècle, assez mal du grand public.

Les deux commissaires (Martina Mazzotta et Jürgen Pech) ont imaginé un parcours construit autour des thèmes dominants dans l’œuvre de Max Ernst. Il devrait s’articuler en cinq séquences intitulées :

Au-delà de la peinture,
Éros et métamorphoses,
Un philosophe qui joue,
Mythologies et littérature,
Les quatre éléments : eau, air, terre, feu.

« Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés » bénéficie de prêts d’institutions telles que le Centre Pompidou, la Tate, le Guggenheim de Venise, le Musée Cantini, le Max Ernst Museum de Brühl et de nombreuses collections particulières.

Parmi les les œuvres majeures, sont présentées Pietà ou la Révolution la Nuit (1923), Oedipus Rex (1922), Monument aux oiseaux (1927), Le Roi jouant avec la Reine (été 1944/2001), Sedona I (1951), Le Jardin de la France (1962)… mais aussi des pièces plus rarement montrées comme Aux antipodes du paysage (1936) ou le captivant Épiphanie (1940).

La scénographie, toujours irréprochable, est une nouvelle fois signée par Hubert le Gall.

Un catalogue de 192 pages publié par Hazan réunit l’ensemble des œuvres présentées à l’Hôtel de Caumont et des textes inédits des commissaires de l’exposition.

Le commissariat est assuré par Martina Mazzotta et Jürgen Pech qui ont très récemment organisé une importante rétrospective Max Ernst au Palazzo Reale à Milan du 4 octobre 2022 au 26 février 2023 qui rassemblait plus de 400 œuvres entre les toiles, dessins, livres et documents.
Comme pour la rétrospective milanaise, l’exposition à l’Hôtel de Caumont est produite en collaboration avec Madeinart.

À lire, ci-dessous, une conversation avec les deux commissaires autour de « Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés », une présentation du parcours de l’exposition et quelques repères biographiques à propos de Max Ernst. L’ensemble de ces documents sont extraits du dossier de presse.

Chronique et compte rendu de visite à suivre.

En savoir plus :
Sur le site de l’Hôtel de Caumont-Centre d’art
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Conversation avec les deux commissaires autour de « Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés »

Pour la première fois, l’Hôtel de Caumont consacre une exposition à Max Ernst dont vous êtes les commissaires. Quand a commencé votre intérêt pour Max Ernst ? Est-ce votre première collaboration ensemble ?

Martina Mazzotta : J’ai commencé à m’intéresser à l’œuvre de Max Ernst au début des années 2000, lors de mes études en licence et en doctorat sur les relations entre la philosophie, l’art et la science en Allemagne qui couvrent la période de 1890 à 1940, puis à l’Institut Warburg à Londres. J’ai une sensibilité particulière pour le génie de Max Ernst qui est, selon moi, l’incarnation idéale de l’artiste humaniste du XXe siècle.

Jürgen Pech : De mon côté, j’ai commencé à étudier l’œuvre de Max Ernst en 1980, lors de mes études à l’université de Bonn en Allemagne, où Max Ernst avait également étudié avant le début de la Première Guerre mondiale. À l’époque, mon professeur était Eduard Trier, historien de l’art, qui a connu personnellement Max Ernst. Il a, par ailleurs, prononcé en 1972 le discours pour la remise du titre de docteur honoris causa à Max Ernst par l’université de Bonn.

Rétrospective Max Ernst au Palais Royal de Milan - Photo Art511mag.com
Rétrospective Max Ernst au Palais Royal de Milan – Photo Art511mag.com

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : Nous avons collaboré ces dernières années pour organiser la toute première rétrospective de Max Ernst en Italie au Palazzo Reale à Milan en 2022. Elle a été, par ailleurs, la première grande rétrospective organisée depuis dix ans, qui comprenait plus de 400 œuvres de l’artiste. Cette rétrospective a été très bien accueillie, tant par la critique que par le public.

Quel rôle a joué Max Ernst dans le développement du surréalisme et, plus généralement, dans l’histoire de l’art ?

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : Dans le Dictionnaire abrégé du surréalisme de 1938, Max Ernst est déjà décrit comme le « peintre, poète et théoricien surréaliste des origines du Mouvement à ce jour ». Il a accompagné le développement du surréalisme avec des œuvres emblématiques. Par exemple, le motif de l’œil coupé que l’on retrouve dans le célèbre film de Luis Buñuel et Salvador Dalí, Un chien andalou est déjà présent dans l’œuvre de Max Ernst dès 1922. Max Ernst a également donné l’impulsion à la préoccupation des surréalistes pour de nouveaux mythes lors de sa période d’exil en Amérique. Avec sa technique d’oscillation indirecte, par laquelle il laisse s’écouler sur la toile de la peinture à partir d’un pot percé, il a inspiré la fameuse technique du dripping de Jackson Pollock.

Max Ernst Jeunes gens piétinant leur mère 1927Courtesy of Christie’s © Adagp Paris 2023
Jeunes gens piétinant leur mère 1927 – huile sur toile, 46 x 55 cm, Collection particulière. Courtesy of Christie’s © Adagp Paris 2023



Avec ses collages, Max Ernst peut être considéré comme l’un des pionniers de l’art du recyclage. Il attache également une grande importance au traitement de la nature. Enfin, lorsqu’il s’installe en France en 1953, il apporte avec lui ses connaissances approfondies en philosophie, psychologie, art et littérature allemande, qui constituent un apport considérable aux recherches du futur groupe surréaliste. En bref, il construit un pont entre les traditions de la culture allemande et française, qui devient un arrière-plan théorique fondamental pour le premier Manifeste surréaliste publié en 1924.

Max Ernst a créé de nombreux procédés tels que le collage et le frottage. En quoi consistent ces techniques ?

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : Le collage et le frottage sont des techniques indirectes pour, selon les mots de Max Ernst, « se débarrasser de sa cécité ». Avec le collage, les images existantes sont réassemblées et combinées ; avec le frottage, les structures sont frottées et interprétées. Mais pour créer des mondes libérés et magiques, il faut aussi qu’il y ait, comme le disait Max Ernst, « l’étincelle de la poésie ».

Max Ernst, Un tissu de mensonges, 1959 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais _ Jean-Claude Planchet © Adagp, Paris 2023
Un tissu de mensonges, 1959. huile sur toile, 200 x 300 cm, 203 x 303 cm avec cadre. © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais _ Jean-Claude Planchet © Adagp, Paris 2023

À travers près de 130 œuvres, cette exposition s’attache à montrer les mondes imaginés par Max Ernst. Quels sont les thèmes dominants dans son œuvre ?

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : Les thèmes correspondants au parcours de notre exposition sont un bel aperçu d’une sélection de thèmes dominants dans son œuvre : les techniques de l’inspiration (section intitulée « Au-delà de la peinture »), « Éros et métamorphoses », le jeu et les constellations (section intitulée « Un philosophe qui joue »), « Mythologies et littérature » et « Les quatre éléments : eau, air, terre, feu ».

Quelles sont les œuvres majeures de l’exposition ? Pouvez-vous nous présenter une œuvre en particulier dans l’exposition ?

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : L’exposition présente plusieurs chefs-d’œuvre de Max Ernst notamment Pietà ou la Révolution la Nuit (1923), Oedipus Rex (1922), Monument aux oiseaux (1927), Le Roi jouant avec la Reine (été 1944/2001), Sedona I (1951), Le Jardin de la France (1962), etc… mais aussi Aux antipodes du paysage (1936) (thème dont il n’existe que trois versions et dont nous sommes heureux de montrer la plus grande). Le public pourra découvrir Épiphanie (1940), qui est rarement exposée et qui fait référence à la pièce de Shakespeare Le Songe d’une nuit d’été, à la littérature et à la magie.

Max Ernst Epiphanie 1940 Robert Bayer, Bildpunkt CH-4142 Münchenstein © Adagp, Paris 2023
Epiphanie 1940, huile sur toile, 54 x 65 cm, Collection Esther Grether Family. Robert Bayer, Bildpunkt CH-4142 Münchenstein © Adagp, Paris 2023

Quelle fut votre principale découverte lors de votre travail sur ce projet ?

Martina Mazzotta et Jürgen Pech : Nous avons travaillé à partir des thèmes principaux de l’œuvre de Max Ernst pour soulever l’importance des « mondes » imaginaires. Pour ce projet d’exposition, nous avons tracé une véritable cosmologie, qui nous a permis d’identifier des motifs, des thèmes et des règles qui réapparaissent constamment au cours des sept décennies de sa carrière artistique. De plus, en nous concentrant sur son œuvre tardive et sa relation avec la France dans les années 1950, nous avons réussi à explorer davantage sa position unique au sein de la scène artistique de l’après-guerre. Durant les dernières années de sa vie, à Seillans dans l’arrière-pays varois, Max Ernst célèbre dans ses toiles l’harmonie, les couleurs et les aspects festifs de la vie : plus il vieillit, plus il devient jeune et joyeux.

« Max Ernst – Mondes magiques, mondes libérés » : Parcours de l’exposition

Au-delà de la peinture

Max Ernst Oedipus Rex 1922 droits réservés © Adagp, Paris 2023
Oedipus Rex 19221922, huile sur toile, 93 cm x 102 cm, Collection particulière, Suisse, droits réservés © Adagp, Paris 2023

Cette première section invite le visiteur dans les mondes créatifs de Max Ernst en illustrant les diverses techniques plastiques inventées ou perfectionnées par l’artiste. Après la Première Guerre mondiale et la découverte fondamentale de la peinture métaphysique de Giorgio de Chirico et de Carlo Carrà, Max Ernst initie une révolution artistique en important le mouvement Dada à Cologne. Les séquelles de la guerre laissent une Europe en ruine qui inspire aux artistes une esthétique fragmentaire de l’absurde. Max Ernst s’affranchit peu à peu de la tradition picturale en questionnant les formes établies de la création tout en repoussant les limites alors connues de la matière. Grâce à une profonde connaissance de l’histoire de l’art et une sincère admiration pour les grands maîtres, en tant que véritable explorateur, il expérimente de nouvelles manières de transposer une image sur un support, ce qui lui vaut d’être aujourd’hui considéré comme un innovateur plastique de génie, à l’origine de techniques encore utilisées par les artistes contemporains.

Max Ernst Initiale D 1948 Collection particulière, © Adagp, Paris 2023
Max Ernst Initiale D 19481948, collage et encre de Chine sur papier, 10,8 x 6,9 cm, Collection particulière, Collection particulière, © Adagp, Paris 2023

En ce début de XXe siècle où les avant-gardes se succèdent, les artistes interrogent le concept de réalité et tentent de révolutionner sa représentation. Collage, frottage, grattage, décalcomanie, toutes ces techniques sont clairement identifiées dans cette première section afin de permettre au visiteur d’acquérir des clefs de lecture pour le reste de l’exposition.

Eros et métamorphoses

Le thème de l’Éros est une constante de l’histoire de l’art et dans le monde surréaliste, la femme et l’expérience amoureuse jouent un rôle absolument central. Cette section permettra de souligner le rôle du monde magique et libre d’Éros dans l’œuvre de Max Ernst, et notamment la métamorphose que l’Amour a exercée sur lui, en le rendant capable de transformer son propre univers artistique.

Max Ernst, Deux jeunes filles en de belles poses, v. 1924 Courtesy of Christie’s © Adagp, Paris, 2023
Max Ernst, Deux jeunes filles en de belles poses, v. 1924huile sur toile, 100 x 73 cm, Collection particulière, Courtesy of Christie’s © Adagp, Paris, 2023

Au cours de sa longue et aventureuse existence, Max Ernst a aimé des femmes extraordinaires, à la personnalité hors du commun, qui ont toutes joué un rôle primordial dans son œuvre, en l’influençant, en la nourrissant et en s’en inspirant réciproquement. L’étreinte entre les corps est récurrente chez Max Ernst, qui sublime ces instants de volupté à travers les métamorphoses des protagonistes. Les corps entrelacés se muent en d’étranges créatures, que l’on peut souvent apparenter à des oiseaux, qui étaient pour Max Ernst un symbole obsessionnel de liberté. Ces métamorphoses, plus ou moins définissables et palpables, évoquent des images issues d’un imaginaire débridé cher aux surréalistes. Les corps féminins représentés par l’artiste sont principalement des formes à la sensualité affirmée, qui s’hybrident avec la dimension du mythe, celle du cosmos, ainsi qu’avec le règne végétal, minéral et animal que l’on retrouvera plus loin dans l’exposition.

Max Ernst, Le Baiser, 1927 Collezione Peggy Guggenheim, Venezia (Fondazione Salomon R. Guggenheim, New York) © Adagp, Paris, 2023
Le Baiser, 19271927, huile sur toile, 129 x 161,2 cm, Peggy Guggenheim Collection, Venice (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York), Collezione Peggy Guggenheim, Venezia (Fondazione Salomon R. Guggenheim, New York) © Adagp, Paris, 2023

Un philosophe qui joue

Cette section de l’exposition évoque la facétie de l’œuvre de Max Ernst, qui considérait le jeu comme une puissante source d’inspiration. En effet, selon les principes surréalistes, le jeu permet de débarrasser la pensée de toute préoccupation morale, lui donnant ainsi la liberté nécessaire pour engendrer des associations d’idées qui échappent au contrôle de la raison.

Max Ernst, Le Roi jouant avec la Reine, été 1944 _ 2001 © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais _ image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Adagp, Paris, 2023
Le Roi jouant avec la Reine, été 1944 / 2001, bronze, 103 x 53,8 x 88 cm, © Centre Pompidou, MNAM-CCI, Dist. RMN-Grand Palais _ image Centre Pompidou, MNAM-CCI © Adagp, Paris, 2023

Max Ernst accordait une importance capitale à l’aspect ludique de la création, et fut d’ailleurs qualifié en 1959 par l’écrivain français Georges Bataille de « philosophe qui joue ». Passionné par le jeu d’échecs, tout comme d’autres protagonistes du mouvement surréaliste, il en sculpta des pièces qui sont aujourd’hui des chefs-d’œuvre de la sculpture, et que le visiteur retrouve dans cette salle. Cette section est ainsi peuplée de créatures aux mines réjouies qui affleurent à la surface des œuvres et guident avec malice le regard du spectateur vers un monde propice aux découvertes, un monde magique et libéré.

Mythologies et littérature

Les œuvres exposées dans cette section évoquent les différentes influences littéraires, mythologiques et culturelles qu’a connues Max Ernst au cours de sa vie. Né allemand puis naturalisé américain en 1948 et français dix ans plus tard en 1958, ce surréaliste cosmopolite s’est beaucoup intéressé aux cultures qu’il a pu côtoyer durant son aventureuse existence, infusant ainsi ses créations d’une puissante polysémie. Artiste érudit et écrivain, Max Ernst n’a de cesse de puiser dans ses sources littéraires pour adapter et créer.

Max Ernst Sedona I 1951 © Max Ernst Museum Brühl des LVR © Adagp Paris 2023
Sedona I 19511951, bronze et patine, 81,7 x 324,5 x 7 cm, Max Ernst Museum Brühl des LVR, Kreissparkasse Köln, © Max Ernst Museum Brühl des LVR © Adagp Paris 2023

Les grands récits grecs antiques et l’iconographie égyptienne sont évoqués dans ses œuvres aux côtés d’anciennes légendes de la culture amérindienne, à travers un florilège de références artistiques et littéraires. En 1934, Max Ernst séjourne dans l’atelier suisse d’Alberto Giacometti, s’initiant ainsi à la sculpture avec passion. La sculpture surréaliste est ici mise à l’honneur et illustre l’intérêt de Max Ernst pour les créatures qui peuplent les grands récits culturels qui ont forgé les civilisations.

Max Ernst et la nature : le recours aux quatre éléments

Max Ernst La Forêt 1927-1928 Collezione Peggy Guggenheim Venezia Fondazione Salomon R Guggenheim New York © Adagp Paris 2023
La Forêt 1927-1928huile sur toile, 96,3 x 129,5 cm, Peggy Guggenheim Collection, Venice (Solomon R. Guggenheim Foundation, New York), Photo : Collezione Peggy Guggenheim, Venezia (Fondazione Salomon R. Guggenheim, New York) © Adagp Paris 2023

La Création du monde est une source d’inspiration importante pour les surréalistes. Que ce soit à partir de grands récits ou de traités scientifiques, ces artistes font le lien entre la genèse universelle et la création artistique. Max Ernst était le membre du groupe le plus sensible à ce vivier de formes et d’images offert par le monde végétal, animal et minéral. Ainsi, le choix des commissaires de présenter les œuvres de cette section en suivant la catégorisation des quatre éléments permet de rendre un hommage à l’attachement de Max Ernst à la nature, et en particulier à sa passion pour l’alchimie. La terre a inspiré à Max Ernst ses mystérieuses forêts d’inspiration romantique, pour lesquelles il fait usage de spectaculaires innovations plastiques. L’eau comme source de vie, fertile en potentialités, lui a inspiré des œuvres qui accueillent corps, animaux et objets.

Max Ernst, Monument aux oiseaux, 1927 © Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais _ Benjamin Soligny _ Raphaël Chipault © Adagp, Paris, 2023
Monument aux oiseaux, 19271927, huile sur toile, 162 x 130 cm, Musée Cantini, Marseille, Photo: © Ville de Marseille, Dist. RMN-Grand Palais / Benjamin Soligny / Raphaël Chipault © Adagp, Paris, 2023

L’air, pour son évocation des oiseaux et de leur liberté poétique, est une constante dans le travail de l’artiste. Enfin, le feu, comme élément alchimique à haut potentiel esthétique, est savamment rendu par Max Ernst, notamment à travers la technique de la décalcomanie, dans des œuvres d’une grande préciosité.

Max Ernst Volcano II 1946 Collection particulière, © Adagp, Paris 2023
Volcano II 1946-47, gouache sur carton, 12,5 x 9,5 cm, Collection particulière, © Adagp, Paris 2023

Max Ernst : Repères biographiques

1891 2 avril : naissance de Max Ernst à Brühl, près de Cologne. Il est le deuxième d’une fratrie de neuf enfants. Le jeune Max occupe son temps libre en pratiquant la peinture.
1914 Rencontre Hans Arp à Cologne, ce qui marque le début d’une longue amitié et annonce les prémices du ralliement de Max Ernst au futur mouvement Dada. Lorsqu’éclate la Première Guerre mondiale, il est mobilisé.
1918 7 octobre : il épouse à Cologne la doctorante en histoire de l’art Luise Straus.
1919 À l’occasion d’une exposition de la Sécession à Cologne, Max Ernst, Hans Arp et Alfred Ferdinand Gruenwald exposent leurs propres oeuvres dans la mouvance Dada.
1920 Publication de son recueil Fiat modes pereat ars, détournement et collages des années dada. 24 juin : naissance d’Ulrich (Jimmy) Ernst, l’unique enfant de l’artiste.
1923 Les Eluard et Max Ernst s’installent dans une maison à Eaubonne (région parisienne), où Max Ernst s’essaie à la technique de la fresque.
1924 15 octobre : André Breton publie le Manifeste du surréalisme.
1925 10 août : il expérimente les possibilités du frottage. Novembre : première exposition d’art surréaliste présentée à la galerie Pierre, Paris.
1926 Mars : il expose à la galerie Van Leer, Paris, plusieurs peintures exécutées selon la technique du grattage.
1927 Fin avril : il épouse Marie-Berthe Aurenche, de quinze ans sa cadette.
1929 André Breton publie son Second manifeste du surréalisme. Publication du premier roman collage de Max Ernst, La Femme 100 têtes, qui peut également être considéré comme le premier manifeste proprement visuel du surréalisme.
1930 Publication de son deuxième roman-collage, Rêve d’une petite fille qui voulut entrer au Carmel.
1932 Première exposition monographique à New York, à la galerie Julien Levy.
1934 Exécute ses premières sculptures en plâtre, pour lesquelles il utilise des pots de fleurs et des objets trouvés.
1935 Septembre : il séjourne avec Alberto Giacometti à Maloja. Il travaille au burin ou à la peinture la pierre collectée dans la moraine du glacier de Forno.
1937 Les Cahiers d’art consacrent un numéro spécial à Max Ernst, où figure son texte théorique le plus important, « Au-delà de la peinture ». La Belle Jardinière ainsi qu’une oeuvre de la série des fleurs de coquillages figurent dans l’exposition « Entartete Kunst », qui s’en prend à l’art qualifié de « dégénéré ».
1938 Avril : il divorce de Marie-Berthe Aurenche et déménage avec Leonora Carrington à Saint-Martin-d’Ardèche.
1939 Découvre les possibilités de la décalcomanie. Septembre : lorsque éclate la Seconde Guerre mondiale, il est interné à la prison de Largentière, puis au camp des Milles près d’Aix-en-Provence. Grâce à l’intervention de Paul Eluard auprès du ministre de l’Intérieur Albert Sarraut, il est libéré à Noël.
1940 29 juillet : après avoir été de nouveau interné, Max Ernst est libéré et retourne à Saint-Martin-d’Ardèche.
1941 Février : il obtient son visa pour les États-Unis avant de rejoindre Peggy Guggenheim à New York qu’il épousera cette année-là.
1942 Il explore la technique de l’oscillation, dont Jackson Pollock s’était servi comme déclencheur de ses drippings. À la fin de l’année, il rencontre la peintre américaine Dorothea Tanning, dont il tombe amoureux.
1946 24 octobre : Max Ernst et Dorothea Tanning se marient à Beverly Hills et déménagent en Arizona, à proximité de la réserve amérindienne de Sedona.
1948 9 novembre : il obtient la nationalité américaine.
1951 19 décembre : il est nommé membre du Collège de pataphysique. Le groupe se structure autour de l’oeuvre d’Alfred Jarry et cherche à associer sciences exactes et imagination transcendantale.
1953 Au début de l’année, le couple déménage définitivement en France.
1954 Juin : il reçoit le Grand prix de peinture à la 17e Biennale de Venise.
1958 15 novembre : il reçoit la nationalité française.
1961 Rétrospective de l’oeuvre de l’artiste au Museum of Modern Art.
1970 L’ensemble des écrits de Max Ernst sur près de cinq décennies est publié chez Gallimard sous le titre Écritures.
1975 Le Grand Palais inaugure à Paris la dernière grande rétrospective organisée de son vivant. Après un accident vasculaire cérébral, l’artiste reste alité à Paris durant onze mois.
1976 1er avril : Max Ernst meurt à Paris.

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