Laurane Fahrni – Récoltes à La Cartine, Marseille


Jusqu’au 26 juin 2023, Isabelle et Roland Carta accueillent Laurane Fahrni à La Cartine, au 27 de la rue Saint-Jacques à Marseille. Cette jeune artiste présente avec « Récoltes » une très intéressante sélection de ses sculptures et deux dessins auxquelles elle greffe une nouvelle production réalisée pour cette exposition (Racines, 2023).

Laurane Fahrni - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

Avec clarté et concision, elle résume ses intentions en quelques lignes :

« Dans notre paysage urbain, la végétation de résistance et les ruines au sens large sont comme autant de richesses insoupçonnées pour mon terrain d’exploration et de recherche. L’empreinte du temps, son façonnage sur les matériaux, le recyclage d’éléments oubliés, invisibles à l’œil du passant, nourrissent mon travail. Inspirée par nos paysages, je récupère des matériaux abandonnés qui m’interpellent. Je les assemble et les contrarie afin de composer différents fragments d’architecture ou de nature qui s’articulent et communiquent, révélant ainsi une autre forme de vie. Je construis, dé-construis, compose une histoire et exprime ainsi, une nouvelle forme de poésie urbaine. »

Habile et accompli, son accrochage met en valeur les pièces qu’elle a choisi d’exposer avec élégance.

Laurane Fahrni - Fil conducteur, 2022. Néon, Céramique. 60x14x16cm - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – Fil conducteur, 2022. Néon, Céramique. 60x14x16cm – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

Face à l’entrée de La Cartine, visible depuis la rue, Laurane Fahrni accueille les visiteurs avec Fil conducteur (2022), un tube de néon bleu qui s’enroule avec souplesse sur un isolateur en céramique.

Laurane Fahrni – « Récoltes » à La Cartine, Marseille. Photo Laurane Fahrni

Sur le mur de droite, elle présente un ensemble de sept petites sculptures de sa série « Lignes-fantômes » (2022-2023 ).

« Ces petites pièces sont des Témoignages de nos villes », écrit Laurane Fahrni. Puis elle précise « Je récolte des morceaux d’informations que je me réapproprie et reconstitue des études d’images, qui composent notre environnement. Afin de révéler le visible et l’invisible, j’ai réalisé ces flux faits de cuivre et de verre qui apparaissent et disparaissent dans notre environnement. Différents plans mêlent plusieurs situations reproduisant des réalités, ou les détournant et révélant ainsi la poésie qui habite les murs de nos villes ».

Laurane Fahrni - 27 Garederose de la série « Lignes-fantômes », 2022-2023 - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – 27 Garederose de la série « Lignes-fantômes », 2022-2023 – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

Parmi cet ensemble, on a particulièrement apprécié les pièces intitulées PTT-E4, Prise potentiel, 67 bis, ou encore 27 Garederose… Au milieu, la vasque d’un lave-mains est cachée dans une mosaïque d’éclats de carreaux en faïence (Fontaine, 2022) ; deux petits plants de lierre en émergent avec témérité.

Laurane Fahrni - Fontaine, 2022 - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – Fontaine, 2022. Céramique, Métal, Végétation. 50x60x30cm – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

À gauche de la porte, suspendue à une chaîne rouillée, un fragment de brique et un morceau de verre brisé enferment une fleur séchée (Auribeau, 2023). Cette composition appartient peut-être à la série « Sous-verre »… Elle évoque sans doute un paysage Auribeau-sur-Siagne, village des Alpes-Maritimes, perché sur un piton rocheux, face à la mer.. On suppose que l’artiste en conserve quelques souvenirs…

Laurane FahrniAuribeau, 2023. Métal, Brique, Verre, Végétation. 120x35x15cm – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

De l’autre côté, Mise à l’échelle (2022) est une des œuvres de la série « Les extractions ». À leur propos, Diego Bustamante écrivait dans son texte pour « Terrains fantômes » à la galerie de La Scep où Laure exposait avec Chloé Chéronnet et Émile Rossi, l’hiver dernier : « Les éclats de verre que l’on retrouve dans le travail de Laurane Gourdon-Fahrni, parmi d’autres matériaux liés à des restes architecturaux, sont des objets ayant été traversés par des flux énergétiques (air, électricité, eau). Ils se présentent comme des témoignages de vestiges liés à des moments autobiographiques ou de balades. Ensemble, ils composent des paysages dont ces éléments définissent les différents plans. »

Laurane Fahrni - Mise à l’échelle, 2022 de la série « Extraction » - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – Mise à l’échelle, 2022 de la série « Extraction ». Bois, Pierre, PVC, Verre. 192x10x50cm – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

L’accrochage se poursuit avec deux dessins de la série « Croisements » (2021-2022). Ils semblent tenir une place importante dans le processus de travail de Laurane Fahrni. Sur son site, elle explique : « Après la photographie, le dessin vient comme une seconde étape à mon processus de travail. La ville offre des compositions façonnées par la nature et l’homme. À partir de mes images et documents de recherche, je sélectionne et découpe des éléments. Sensible à l’architecture qui évolue, j’observe les chantiers, photographie des situations, prélève des objets ou matériaux abandonnés, et donne de l’attention à ce qui ne se voit pas au premier regard ».

Laurane Fahrni - série « Croisement », 2022 - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – série « Croisement », 2022. Papier, Graphite, Crayon de couleur, Pastel. 68x38cm – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

Après Intrusion (2022), une pièce qui assemble une brique, une serrure rouillée, un morceau de bois et un fragment de mur en pierre, le mur de gauche est largement occupé par Racines (2023), une grande composition produite pour l’exposition.

Laurane Fahrni - Racines, 2023 - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – Racines, 2023. Lichen, Bois, Résine. Dimensions variables – « Récoltes » à La Cartine, Marseille

Il faut un peu d’attention pour remarquer que ces racines sont en grande partie composées de branches en résine couvertes de lichen dont certaines contaminent un peu le mur en face. À propos de cette installation, Laurane Fahrni commente :

« Ces branches, souples et modulables (au point de les enrouler comme du câble), mais d’apparence rigide, se déploieront dans l’espace, créant différents flux, intégrant des espaces insolites ou en se greffant à certaines de mes sculptures.

Laurane Fahrni - « Récoltes » à La Cartine, Marseille
Laurane Fahrni – « Récoltes » à La Cartine, Marseille


Elles évoqueront la force de la nature qui s’invite dans les villes prenant racine dans des fissures… mais elles pourront aussi rappeler les canalisations, câbles électriques qui parcourent nos rues. Le propos est de porter un regard poétique sur la végétation quand elle se mêle à l’architecture (…)
 ».

Celles et ceux qui connaissent le travail de Laurane Fahrni ne manqueront pas les « Récoltes » qu’elle présente à La Cartine. Pour les autres, leur découverte s’impose comme incontournable.

À la suite d’un appel à projets d’Eiffage Immobilier Sud et du cabinet Tangram Architectes, Laurane Fahrni a réalisé Écho en 2021. Cette sculpture en acier corten et marbre onyx est installée au 205 de l’avenue du Prado à Marseille. Écho, affirme-t-elle « est un hommage à l’artiste Jules Cantini et aux racines de son atelier, une résonance aux mosaïques de Notre Dame de la Garde et à la technique de polychromie naturelle du sculpteur marseillais ».
Depuis 2022, une œuvre est à l’étude avec l’entreprise Altarea Cogedim et le cabinet d’architecture Carta Associés pour une autre résidence sur l’avenue du Prado.

Laurane Fahrni est une artiste soutenue par Isabelle et Roland Carta depuis plusieurs années. En 2022, le couple de mécènes a créé le fonds de dotation Carta pour structurer les actions menées depuis près de 10 ans. Ce fonds a pour ambition de soutenir et d’accompagner de jeunes artistes et propose de lier art, architecture et entreprise.

Laurane Fahrni - « Récoltes » à La Cartine, Marseille - Photo © Pierre Quintrand
Laurane Fahrni – « Récoltes » à La Cartine, Marseille – Photo © Pierre Quintrand

L’exposition « Récoltes » bénéficie du soutien de l’INSEAMM-Beaux-Arts de Marseille, de la DRAC PACA, de la fondation d’entreprise Barjane et du fonds Carta.

Visites sur rendez-vous. Contact : 33saintjacques@gmail.com

En savoir plus :
Sur le site du Fonds Carta
Sur le site de Laurane Fahrni
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Télécharger le portfolio de Laurane Fahrni

Laurane FahrniRacines, 2023 – Photo Laurane Fahrni

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