Dix ans après sa rétrospective à la Villa Tamaris à La Seyne-sur-Mer, Marie-France Lejeune est l’invitée de la galerie La Porte étroite à Toulon. Retrouvailles…
Le travail de Marie-France Lejeune s’inscrit dans le territoire toulonnais depuis près de 25 ans, jalonné de rendez-vous varois (La Garde, Le Revest-les-Eaux, Hyères) et ailleurs (galerie du Tableau à Marseille ou galerie Martagon à Malaucène). Son nouveau solo show se prête à l’espace intimiste de la galerie La Porte étroite fondée par le photographe Gilles Boudot qui a la primeur de ses récents travaux. Des œuvres « cent pour cent acrylique » qui tordent le cou aux apparences ! Les lignes verticales, les courbures sinueuses et les tondo de dentelle poursuivent une recherche réactivée à l’occasion de l’exposition à la Villa Tamaris autour de « la peinture comme matière ». Une manière de prolonger son expérimentation de « la photographie comme matière »…
Superposées presque à l’infini, patiemment, les couleurs composent des bas-reliefs, des totems, des peintures sur socle, remettant ainsi en question la libération de la peinture. Une réflexion autrefois ébauchée lors de sa découverte de Supports/Surfaces et qui a maturé de longues années avant d’éclore. Avant de prendre le dessus de sa pratique photographique. Déjà en 2013 des coulures sculptées avaient fait leur apparition : « J’ai des gestes de sculptrice et ça me plaît. Au départ, ce sont des amalgames, partout, je cherchais et petit à petit les choses se sont précisées. Sans support, sans toile, sans châssis ». À la manière d’un tourneur sur bois ou d’un sculpteur de marbre, Marie-France Lejeune évide, ponce, creuse, à l’aide de « tout ce qui peut attaquer la matière peinture : couteau, cutter, gouge, lame de rasoir ».
Hybridations
À La Porte étroite, Peinture verticale, Peinture ciselée, Peinture édifiée et Peinture sculpturale se déploient sans se contaminer, chacune est le fruit de patientes manipulations, tournures, modelages, pressions. Les séries n’étant jamais vraiment terminées, elles semblent attendre un éventuel continuum comme cette dentelle picturale réalisée in situ qui joue avec les ombres portées sur le mur. Intensément blanche, mais pas seulement, elle laisse entrapercevoir quelques reflets bleutés. Ou encore ce tondo blanc couturé, à la finesse exquise, qui dessine une calligraphie abstraite dans l’espace. Quand on l’interroge sur l’origine de ses pièces, Marie-France Lejeune dit avoir « toujours été attirée par les grottes de Lascaux, par l’idée du relief dans la représentation, par le désir d’exprimer la planéité et le volume ». Volutes évanescentes ou coulures rigides, toutes expriment une même obsession : ne pas représenter le réel. Car il ne s’agit pas là de trompe-l’œil ou d’objet, mais de peinture. Et uniquement de peinture.
« Stratifié / Couleur ». Jusqu’au 10 novembre, galerie La Porte étroite, Toulon.
En savoir plus :
Sur le site de la galerie La Porte étroite
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Marie-France Lejeune sur documentd’artiste.org
A lire : Marie-France Lejeune, La photographie et la peinture comme matière(s), entretien avec Robert Bernaccorsi, édition Villa Tamaris centre d’art, 2013.
Marie-France Lejeune est artiste et galeriste. Avec la complicité de Sabine Collé-Balp et Frédéric Remiet, son atelier a été rebaptisé Galerie Contenus débordants pour donner corps à leur envie commune de développer des projets in situ et hors les murs. Tout au long de l’année, le trio organise des expositions (Alain Brunet, John Francis et Virginie Sanna), crée des événements et accueille des performances poétiques (Cédric Lerible). Son objectif ? Participer à l’élan de rénovation de la ville et tisser des liens avec d’autres structures artistiques et culturelles.
