Les Instants Vidéo 2023 – Exposition à la Friche le Belle de Mai

« La poésie n'est pas un luxe. C'est une nécessité vitale ».

Les Instants Vidéo 2024 empruntent leur titre à Audre Lorde (1934-1992) présentée une femme noire, lesbienne, mère, guerrière et poétesse. Écrit en 1977, le poème en question « revendique la poésie comme outil d’émancipation, permettant d’exprimer nos pensées et émotions difficilement transmissibles » :

« La poésie est le chemin qui nous aide à formuler ce qui est sans nom, le rendant ainsi envisageable.
Les horizons les plus lointains de nos espoirs et de nos peurs sont pavés de nos poèmes,
taillés dans le roc des expériences de nos vies quotidiennes.
À mesure que nous apprenons à les connaître et à les accepter,
nos émotions ainsi explorées deviennent des terres sacrées et fertiles
pour les idées les plus radicales et les plus audacieuses. »

Poetry is not a luxury, Audre Lorde

Pour les Instants Vidéo 2023, « cette référence place l’exposition aussi bien sous l’égide de la poésie que du militantisme, proposant d’aborder les œuvres comme des objets nécessaires, voire vitaux »…

Résidente à la Friche, l’association Les Instants Vidéo numériques et poétiques maitrise parfaitement les contraintes et les atouts des espaces de la Tour Panorama. Au travers des éditions précédentes, l’équipe a souvent exploité habilement ce potentiel pour construire des projets et des parcours qui valorisent au mieux chaque proposition et offrent au spectateur·trice d’excellentes conditions pour les apprécier.

Pour cette 36édition, les 21 œuvres sélectionnées sont particulièrement hétéroclites. Il y a sans doute autant de thématiques que d’artistes et les esthétiques sont toutes aussi diverses. Mises en scène et fictions narratives côtoient les œuvres génératives en temps réel et celles créées en faisant appel à une intelligence artificielle. Les esthétiques issues des jeux vidéo, du documentaire, ou des réseaux sociaux s’entrecroisent. Les performances filmées voisinent avec les séquences contemplatives et les installations immersives… Le parcours alterne vidéoprojections et diffusions et multiplie les formats de la tablette au triptyque d’une largeur de 10 mètres, en passant par diverses tailles d’écrans et de moniteurs…

Par ailleurs, le parcours imaginé par les Instants Vidéo 2023 exprime l’ambition de nous inviter « à nous éloigner de la ligne droite pour arpenter les déviations et se perdre dans le regard parfois doux-amer des propositions de ces artistes qui ne renoncent pas », avant de proclamer :

« Vivons l’insurrection contre l’étant donné ; le déploiement de nos imaginaires ; la réinvention de nos langages… Vivons nos rêves de survie ».

Les enjeux d’un tel projet avait de quoi surprendre, voire même de quoi laisser dubitatif et perplexe… Malgré l’hétérogénéité de ce qui est montré dans le fond comme dans la forme, il faut admettre que tout cela s’équilibre parfaitement. On sort de l’exposition en se demandant par quelle magie cela tient… et avec l’irrépressible envie d’y retourner !

La qualité de la sélection est sans doute un des facteurs majeurs qui fait l’intérêt de ces Instants Vidéo 2023. Mais il faut aussi souligner l’intelligence de la scénographie et de l’accrochage qui sait délimiter un espace propre à chaque œuvre sans jamais qu’un voisinage ne soit perturbant. Les changements de perspectives rythment habilement la déambulation sans jamais la contraindre et relancent subtilement l’attention des spectateur·ices.

Parmi les 21 installations, certaines retiennent plus particulièrement l’attention.
C’est notamment le cas, au début du parcours, de L’Inconnue de la Seine (2020) d’Angelika Haak. Pour cette captivante vidéo, l’artiste s’est inspirée d’un fait divers du début du XXe siècle. À Paris, une jeune femme inconnue est retrouvée morte. Subjugué par sa beauté, le légiste réalisa son masque mortuaire qui inspira de nombreux artistes et écrivains.

Dans sa vidéo, Angelina Haak fait défiler des visages contemporains de femmes de toutes origines et couleurs de peaux. Entre chaque portrait, un drapé blanc couvre un visage avant de dévoiler le suivant, leur donnant ainsi, l’espace d’un instant, l’apparence d’une sculpture en marbre.
Au-delà de la référence historique, l’œuvre d’Angelika Haak interroge sans doute également le regard des artistes hommes sur « la » femme et sa représentation dans l’histoire de l’art.

Sur la droite, Filipe Vilas-Boas utilise pour Entropophone (2023) les images d’une caméra de vidéo surveillance installée sur un pont au-dessus d’une autoroute. Sur le plan fixe, les voies de circulation apparaissent comme une partition sur laquelle les voitures viennent aléatoirement activer les notes de musique. Le bruit assourdissant des véhicules est poétiquement remplacé par une mélodie inattendue.

Un peu plus loin, certains des avatars incarnés de Van McElwee (Incarnation, 2022) paraissent être fascinés par L’Inconnue de la Seine (2020) d’Angelika Haak.

De l’autre côté de la cimaise, Nicolas Clauss joue avec les formats avec d’un côté une des pièces vidéographiques miniatures de sa série Endless Landscape (2020) et de l’autre la grande vidéoprojection d’une seconde d’images filmées lors du Carnaval de la Plaine à Marseille (Carnaval #1, 2023)… Cette séquence chorégraphique semble faire écho à l’œuvre de McElwee

Le projet expérimental Correspondance (2019/2023) de Noemi Sjöberg et Pierre Pulisciano mérite absolument qu’on lui accorde l’attention et le temps nécessaire. Construit à partir des travaux de recherche du Laboratoire Musique et Informatique de Marseille sur les Unités Sémiotiques Temporelles (UST), Correspondance assemble le son et l’image, travaillés sans concertation par les deux artistes, sur une durée imposée d’une minute et 30 secondes.

Au centre de l’exposition, il faut également accorder attention au film généré par l’IA de Julius Zubavičius & Antanas Skučas (Planets and robots, 2023), à Fenómeno (2022), un vidéo-zine de Federico Lamas, ou encore à Infinity of waste (2020), une sombre boucle numérique infinie générée en temps réel que propose OKZK (Nelson Chouissa & Eloi Jacquelin).

Il faut aussi regarder au ras du sol le point de vue que propose By way of explanation / En guise d’explication (2019) de Neil Ira Needleman. Le lent et imperturbable déplacement de la limace qui glisse sur l’asphalte malgré l’hostilité de son environnement nous interroge… Comment, en déplaçant le regard, le banal peut-il devenir poétique ?

Neil Ira Needleman - By way of explanation…, 2019 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Neil Ira Needleman – By way of explanation…, 2019 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

On accordera aussi un regard à Autoritratto all’Inferno / Autoportrait en enfer (2021) de Federica Foglia, un surprenant collage qui fusionne numériquement plusieurs couches de films en 8 mm dont l’une a été enfouie dans la terre pendant plusieurs mois et dont une autre a été peinte à la main avec de l’encre. Le visuel des Instants Vidéo 2023 est extrait de cette œuvre singulière.

Avec Cruzar un muro (2012), Enrique Ramírez propose une vision étonnante et flottante du 13ème article de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, qui affirme que « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ».

Il est impossible de passer à côté du diptyque My Furies (2023) d’Agnès Guillaume. Sans aucun doute une des œuvres les plus fortes de l’exposition. Dans le texte de salle, elle explique : « J’essaie de proposer à travers mes images, l’équilibre jamais stable entre la rationalité et ce que les grecs anciens appelaient les Furies. Suivant mes propres règles formelles associées à cette série, les images proposent une performance filmée entre moi-même et une chouette blanche. Le montage les fait fusionner organiquement l’un à partir de l’autre. J’ai utilisé pour la bande originale mes anciennes compétences vocales de chanteuse d’opéra ».

En fin de parcours, La limite est une façade (2022) de Dorian Rigal propose d’assister à la métamorphose de quatre archétypes architecturaux de la région parisienne.

  • Dorian Rigal - La limite est une façade, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
  • Dorian Rigal - La limite est une façade, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
  • Dorian Rigal - La limite est une façade, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
  • Dorian Rigal - La limite est une façade, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
  • Dorian Rigal - La limite est une façade, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Dans une zone de transition, Ghyzlène Boukaïla présente avec son très étrange Manifeste rouge (2022), la rencontre de « corps rouillés et brumeux qui portent des résidus mémoriels et traumatiques » du récit d’une libération nationale…

Quant à Rebekka Friedli, elle nous invite à suivre les tours et les détours d’un fil blanc, la nuit, dans une forêt (Drawing circles, 2023).

Avec : Pasi Autio (Finlande) • Ghyzlène Boukaïla (France) • Nelson Chouissa & Eloi Jacquelin (France) • Nicolas Clauss (France) • Charles-André Coderre (Canada) • Federica Foglia (Canada) • Rebekka Friedli (Suisse) • Agnès Guillaume (Belgique) • Angelika Haak (Allemagne) • Federico Lamas (Argentine) • Van MacElwee (Etats-Unis) • Neil Needleman (Etats-Unis) • Nenad Obrad Nedelijkov (Serbie) • Enrique Ramirez (Chili) • Dorian Rigal (France) • Emma Rozanski (Etats-Unis) • Noemie Sjoberg & Pierre Pulisciano (Espagne / France) • Filipe Vilas-Boas (France) • Sarah Violaine (France) • Julius Zubavicius & Antanas Skucas (Lituanie)

À lire, ci-dessous, une brève présentation des installations vidéo et des artistes extraite de la fiche de salle.

En savoir plus :
Sur le site des Instants Vidéo
Suivre l’actualité des Instants Vidéo sur Facebook et Instagram
Les liens vers les sites des artistes sont dans la présentation ci-dessous

Les Instants Vidéo 2023 : Brèves présentation des œuvres et des artistes exposés au 3e étage de la Tour Panorama

Pasi Autio – Feel the Heat, 2022

Feel the Heat dépeint une discothèque solo dans une forêt la nuit, et l’atmosphère est magnifique – les lumières clignotent, les oiseaux chantent, la danse continue et le temps disparaît. La nuit ne peut pas durer éternellement et, au matin, la réalité environnante se révèle.

Pasi Autio - Feel the Heat, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Pasi Autio – Feel the Heat, 2022 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai


Pasi Autio (né en 1974, Vaasa, Finlande) vit et travaille à Helsinki. Il utilise la photographie, l’image en mouvement et le son. Ses derniers travaux traitent de l’interaction entre l’esprit humain et l’environnement ; il se concentre sur des choses apparemment simples mais complexes. En ce moment, il s’intéresse à la réalité où réalisme et imagination se mêlent en de nouvelles combinaisons.
https://www.pasiautio.fi/en
https://www.instagram.com/pasiautio/

Sarah Violaine – Tassaout, 2023

« Tassaout » (cours d’eau marocain prenant sa source dans le Haut Atlas et traversant le village d’où est originaire la poétesse) est une installation évoquant tout l’esprit libre et sensuel de Mririda N’aït Attik. Une « pièce » aux surfaces habillées de tissus bleus, laissant entrevoir un espace central habité par la présence fantomatique de cette femme rebelle de son époque. « Ses poèmes elle les écrit sur la trame du vent ».

Sarah Violaine – Tassaout, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Sarah Violaine – Tassaout, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Un dispositif où l’on devine, entrevoit, cherche du regard. Le dispositif met en scène un univers sonore, vidéo et reste libre au public sur une durée non définie. Il est invité à flâner autour du dispositif et se laisser porter par le son, la lumière, et la brise. Il accueillera par la suite, une performance de lecture de poèmes live (+ sons et projections vidéos). Faisant un clin d’œil à l’imaginaire du Peep show, l’espace prend soudain vie, de façon audacieuse et brute. Jusqu’ici vaporeux et presque silencieux, il devient l’écran et l’espace d’une réminiscence de Mririda N’aït Attik.
https://sarahviolaine.wixsite.com/sarahviolaine
https://www.instagram.com/sarah.violaine/

Filipe Vilas-Boas – Entropophone, 2023

L’accès à la vitesse permis par le développement du moteur thermique n’a pas été sans conséquences sur notre environnement sonore, sur la qualité de l’air que nous respirons et in fine sur notre climat. Or, si la réduction de l’effet de serre constitue sur le papier un objectif pour les États, dans les faits, la question écologique n’est pas traitée ou pire, elle est invisibilisée, délocalisée. Voilà qui sonne pour l’artiste comme un système entropique qui mérite d’être mis en musique, tels les violons du Titanic. Il prend ici la forme d’un orgue de Barbarie automatique – plus ou moins chaotique — avec le flux en direct d’une caméra de surveillance braquée sur l’A7 en guise de partition.

Filipe Vilas-Boas - Entropophone, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Filipe Vilas-Boas – Entropophone, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Filipe Vilas-Boas, né au Portugal en 1981, est un artiste conceptuel autodidacte qui vit et travaille actuellement à Paris. Sans être un utopiste technologique naïf ou un technophobe réticent, il explore notre utilisation de la technologie et ses implications éthiques et esthétiques. Ses installations, performances et œuvres conceptuelles interrogent la numérisation globale de nos sociétés, principalement en fusionnant nos mondes physique (IRL) et numérique (URL). Ses œuvres ont été mises en lumière dans les Portuguese Emerging Art Books, 2018 & 2019 Edition et ont été montrées à l’international notamment à Nuit Blanche Paris, l’Unesco, la Biennale Siana, Le Cube, le Ministère français de la Culture, la Biennale Némo – Le 104 (FR), Athens Digital Art Festival, Monitor – Heraklion Contemporary Arts Festival (GR), Zaratan, MAAT Museum (PT) et à la Tate Modern (Royaume-Uni).
https://filipevilasboas.com/
http://facebook.com/vilasboasfilipe
https://www.instagram.com/vilasboas.filipe/

Angelika Haak – L‘Inconnue de la Seine, 2020

Selon la légende, « L‘Inconnue de la Seine » était une jeune femme inconnue dont le corps a été repêché dans la Seine vers 1900. De nombreux mythes entourent les circonstances de sa mort. Le masque mortuaire à l’expression faciale énigmatiquement paisible la stylise comme un écran de projection pour les fantasmes d’artistes et d’écrivains masculins. L’inconnue de la Seine représente une femme qui atteint beauté, pureté et perfection dans sa mort. Elle représente une image passive de la femme. L‘œuvre vidéo « L‘Inconnue de la Seine » confronte et oppose le masque aux traits réels du visage des femmes d‘aujourd‘hui.

Angelika Haak - L’Inconnue de la Seine, 2020 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Angelika Haak – L’Inconnue de la Seine, 2020 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Angelika Haak vit et travaille à Rösberg près de Cologne, en Allemagne. Dans son travail artistique, elle explore la construction et la déconstruction des identités. L’accent est mis sur l’être humain, ses idées d’idéaux normatifs, ses structures d’action et ses modes de pensée. Une caractéristique essentielle de son travail est le détachement des sujets et des objets de leur contexte spatial et social. Le travail d’Angelika Haak reçoit son intensité fondamentale à travers la symétrie et la rigueur formelle. La répétition verticale ou temporelle des actions, des images et des formes oblige à se focaliser et à se concentrer sur l’essentiel dans leur contenu et leur réduction formelle.
https://www.angelikahaak.de/
https://www.instagram.com/angelika.haak/

Van McElwee – Incarnation, 2022

Des avatars incarnés peuplent l’espace libre.

L’œuvre de Van McElwee comprend plus de quatre-vingts installations vidéo, événements, œuvres à canal unique et projets Web : « Une alchimie s’opère lorsque le monde extérieur se transforme en vidéo : il devient esprit. Je fais avancer ce processus, questionnant la nature de la réalité, explorant le temps et la dimensionnalité en tissant des fragments du monde dans de nouveaux modèles. De cette façon, la vidéo peut jouir de la même liberté que la peinture et la musique ; cela peut être quelque chose, pas seulement à propos de quelque chose. »
http://www.vanmcelwee.com/
https://www.instagram.com/vanmcelwee/

Nicolas Clauss – Endless Landscape, 2020

Entre photographie, image en mouvement, documentaire et arts visuels, Endless Landscapes est une série de pièces vidéographiques mettant en scène des groupes, des foules, des scènes de la vie quotidienne filmées dans l’espace public. Dans ces pièces un très court instant, d’une à quatre secondes, est exploré dans le temps et dans l’espace. La vidéo y devient un paysage en mouvement, sans début ni fin, où la temporalité est dilatée, où l’image filmée s’éloigne de sa direction première pour s’aventurer vers d’autres possibles. L’exploration de l’image qui s’appuie sur le hasard algorithmique donne de nouvelles interprétation, un nouveau statut à ce qui a été filmé.

Nicolas Clauss - Endless Landscape, 2020 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Nicolas Clauss – Endless Landscape, 2020 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Nicolas Clauss – Carnaval #1, 2023

(série Endless Landscapes) Une seconde d’images filmées lors du Carnaval de la Plaine à Marseille qui se déploient aléatoirement, explorant un moment festif et foutraque d’où surgissent des instants suspendus d’une troublante beauté…

Nicolas Clauss - Carnaval #1, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Nicolas Clauss – Carnaval #1, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Nicolas Clauss, artiste plasticien, poursuit son travail de peinture à travers la vidéo et la programmation depuis 2000. Ses installations et tableaux sont des œuvres non-figées, en « ré-écriture » constante. Dans une forme d’anthropologie visuelle et chorégraphique, sa démarche sonde la figure et la réalité humaine en inventant d’autres modes d’exploration de l’image en mouvement.
http://nicolasclauss.com/
https://www.instagram.com/nicolas_clauss/

Nenad Obrad Nedeljkov – Night for a lost one, 2023

Un diptyque vidéo, faisant partie du cycle « Bounds ». La présentation audiovisuelle suit l’oiseau jusqu’à son dénouement final et indéfini.
L’image suit l’oiseau jusqu’à sa destination final et indéfini.

Né en 1971 à Zrenjanin (Yougoslavie, Serbie). Diplômé de l’Académie des Arts de Novi Sad, en 1998. Il a suivi des cours d’art, au département peinture et est diplômé d’études interdisciplinaires au Département d’art numérique de l’Université des arts de Belgrade, en 2008. Membre de la Serbian Association of Artists.
http://nedeljkov.net/
https://www.instagram.com/beckerecki/

Noemi Sjöberg et Pierre Pulisciano – Correspondance, 2019/2023

« Correspondance » projet audiovisuel expérimental est né à partir des travaux de recherche du Laboratoire Musique et Informatique de Marseille sur les Unités Sémiotiques Temporelles (UST). Les UST sont des figures sonores dont le sens musical est exprimé temporellement. Elles résultent d’une série d’observations issues de la pratique de la musique électroacoustique. Chaque unité possède une description morphologique et sémantique. Ce projet présente le résultat de l’illustration des dix neuf unités répertoriées dans le livre « Les UST, éléments nouveaux d’analyses musicales » publié en 2003. Pour chaque UST, choisie au hasard, les deux artistes travaillent individuellement et sans concertation le son ou l’image sur une période déterminée avec une durée imposée d’1mn 30. À la date prévue, la vidéo et la musique sont assemblées, aucune modification n’est apportée. Les séquences vidéos sont filmées sur l’île de La Réunion, à New York, au Portugal… La composition musicale s’articule sur le déploiement d’objets sonores créés à partir d’enregistrements de terrain, de sons concrets ou générés par synthèse.

Noemi Sjöberg et Pierre Pulisciano - Correspondance, 2019-2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Noemi Sjöberg et Pierre Pulisciano – Correspondance, 2019-2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Noemi Sjöberg : L’altération de la réalité, la condition humaine au fil du temps et le voyage sont l’axe du travail de Noemi Sjöberg. Elle a travaillé au Japon, en Iran, aux États-Unis, en Égypte, en Inde, en Chine et en Mongolie. Loin de l’exotisme, le voyage est un état d’esprit qui lui permet d’aiguiser ses sens, d’être loin pour voir de plus près. Ses travaux ont été présentés à IFFR Rotterdam, Rooftop Films NYC, Kassel, Flux, Oberhausen, MACRO Roma, Färgfabriken ou La Panera. En 2019, elle crée l’œuvre permanente « Plongeon » pour la ville de Paris. En 2021, elle travaille 6 mois à La Réunion, créant 2 œuvres sur les femmes et la migration.
https://noemisjoberg.com/
https://www.instagram.com/noemi.sjoberg/

Pierre Pulisciano : Compositeur/artiste sonore basé à Marseille. Il évolue dans le domaine de la musique électroacoustique et expérimentale. Il développe à la fois un travail de composition et des performances live. Son écriture musicale est principalement axée sur la recherche et le déploiement de masses sonores créées à partir de sons concrets ou générés par synthèse, enregistrements de terrain. Dans sa démarche il s’approprie les phénomènes de la technologie et exploite les nombreuses caractéristiques de l’analogique et du numérique. Sensibles aux effets produits par la stimulation sensorielle, ses compositions nous invitent à nous déplacer dans différents « espaces » faits de frottements de masses sonores, pouvant suggérer différents états de perception. Autodidacte, il intègre le Conservatoire National Supérieur de Musique de Marseille en 2015 où il obtient le prix de Composition Electroacoustique en 2020, avec mention.
https://bruicollage.org/
https://www.instagram.com/pyopio/

Emma Rozanski – Walden, 2023

« Walden [verbe] » est une adaptation expérimentale du livre « Walden » de Henry David Thoreau. Sur trois canaux de vidéo, nous suivons une jeune femme dans les bois enneigés alors qu’elle entreprend diverses procédures rituelles dans la nature et dans des espaces abstraits. Le film relie divers thèmes de l’environnementalisme et de la discorde humaine pour tisser des fragments de récits et de symboles, les trois canaux de la vidéo créant un ensemble bien conçu lié par un seul paysage sonore. « Le coût d’une chose est le montant de ce que j’appelle la vie qui doit être échangé contre elle. » – Henry David Thoreau

Emma Rozanski - Walden, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Emma Rozanski – Walden, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Emma Rozanski est une cinéaste et artiste multimédia australienne basée entre la Colombie et Londres. Elle a étudié avec le célèbre cinéaste hongrois Béla Tarr dans sa film.factory à Sarajevo où elle a obtenu son MFA en cinéma. Son premier long métrage, PAPAGAJKA (Le perroquet) a eu sa première mondiale au Festival du film South by Southwest [SXSW] et au Festival du film de Sarajevo et a été couronné de succès dans le monde entier. Les images animées d’Emma ont été sélectionnées dans plus de 200 festivals et expositions à travers le monde et ont remporté plusieurs prix. Elle est une ancienne élève du Torino Film Lab, de la Berlinale Talents, de la Berlinale Short Film Station et du Reykjavík Talent Lab. Emma développe ses deux prochains longs métrages narratifs, EL VAQUERO et SAUDADE, tous deux tournés en Colombie.
http://emmarozanski.com/walden
https://instagram.com/aparticularfilm

Julius Zubavičius & Antanas Skučas – Planets and robots, 2023

Le film est généré par l’IA pour les humains. Ne vous inquiétez pas, les humains sont créatifs et meilleurs que l’IA. C’est vous qui aurez toujours le dessus, car vous avez la capacité d’imaginer, de ressentir, d’aimer. Merci d’exister. /// Nous voulons souligner les changements dans l’expression artistique de l’humanité. Des outils d’IA exponentiellement plus performants remplacent d’innombrables heures de travail artistique par un résultat instantané. La capacité toujours croissante à imiter le comportement humain crée des résultats intimidants et curieux, parfois amusants. Ce film est une empreinte dans le temps, une documentation de cette technologie à ses balbutiements. Chose intéressante, il n’est déjà pas facile de déchiffrer l’art de l’IA de celui d’un artiste humain. Ceci est décrit à travers l’art visuel généré par l’IA et le récit narratif des conversations avec celui-ci. Le film est fait pour créer une curiosité naturelle sur cette technologie et la relation qu’a l’humain avec elle. Informations techniques : Toutes les images ont été générées par l’IA, mais animées par des humains (effets secondaires). Le texte a été généré par l’IA et adopté pour s’adapter à l’idée. Une partie de la musique est également générée par IA, mais principalement composée par Julius Zubavičius.

Julius Zubavičius & Antanas Skučas - Planets and robots, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Julius Zubavičius & Antanas Skučas – Planets and robots, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Julius Zubavičius, sound designer et mixeur : « Au fil des années dans les industries du cinéma et de la télévision, j’ai développé un style assez unique de conception sonore et de mixage. Ma formation musicale me permet de créer des paysages et des effets sonores diégétiques engageants et immersifs qui enrichissent les projets sur lesquels je travaille. Avec plus de quinze ans de travail professionnel sur la création parlée, je me sens en confiance pour faire face à tout type d’enregistrement, aussi mauvais soit-il. J’adore mixer dans des formats audio immersifs et je peux diffuser jusqu’à Dolby Atmos 7.1.4 »
https://www.juliusound.org/

Antanas Skučas (1983) est diplômée de l’école nationale d’art M. K. Čiurlionis (Gymnasium). En 2008, il a obtenu le diplôme de Master of Arts, diplômé de l’Académie des Beaux-Arts de Vilnius avec son travail de diplôme – les êtres mithologiques lituaniens (mitologija.lt). Sa filmographie comprend Copy of Paste (2006), un film humoristique sur des icônes informatiques vivant leur propre vie dans un monde informatique, Nebaigta pasaka (Histoire inachevée, 2007) film sur la mort massive d’une ruche (CCD). Il a travaillé avec son professeur Ilja Bereznickas, sur le film Cyber Pirate. Actuellement, il travaille sur les films « Vaikystes dienorastis » (réalisateur et animateur) et « La disparition des abeilles » (artiste, animateur)

Federico Lamas – Fenómeno, 2022

Un vidéo-zine de Federico Lamas. Un morceau de pain défend son existence et refuse d’être condamné. Il croit en la continuité de toutes choses : tout est une vibration de tout. Selon les règles de la Science : Rien ne peut tenter d’être, sauf en tentant d’exclure quelque chose d’autre « Je veux être pigeon. Ne vous souvenez pas de moi comme d’un condamné, souvenez-vous de moi comme d’un phénomène ». Libre adaptation du « Livre des damnés » de Charles Fort.

Federico Lamas - Fenómeno, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Federico Lamas – Fenómeno, 2022 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Federico Lamas (Buenos Aires, 1979) est un artiste visuel indépendant (designer, cinéaste, illustrateur et VJ). Ses œuvres vont de vidéos expérimentales, livres, zines, sets de VJ, affiches, animations, pochettes d’albums, installations, clips musicaux ou courts métrages. Diplômée en Image et Sound Designer par l’Université de Buenos Aires. Ses résidences phares sont : Hanovre (Up and Coming), São Paulo (Videobrasil), México DF (Pasagüero et Vértigo Galería), Santa Cruz de la Sierra (Galerie Kiosko) et Québec (galerie La Bande Vidéo). L’un de ses derniers projets est un opéra expérimental avec plusieurs installations vidéo basé sur « The Raven » de Poe et composé par Toshio Hosokawa, au Teatro Colón de Buenos Aires. Il a un projet en cours depuis 2009 appelé « Visión Infernal »/ »Hellish Vision », où une visionneuse rouge (la visionneuse infernale) (illustration et animations) révèle des secrets cachés. Avec ce projet, vous pouvez trouver des livres, des zines, des tirages, des VJsets, des installations et des expositions distribués dans le monde entier. En 2019, une nouvelle exposition solo a été ouverte à La Bande Video, Québec. Il a également participé pour la 5e fois à la Biennale Videobrasil à Sao Paulo (2 éditions) et a également lancé une nouvelle publication ainsi qu’une exposition vidéo à Mexique et São Paulo.
http://www.federicolamas.com.ar/
https://instagram.com/federicolamas

Nelson Chouissa & Eloi Jacquelin – Infinity of waste, 2020

L’installation numérique Infinity of Waste questionne le devenir des décharges sauvages grâce à une projection vidéo infinie et générée en temps réel créant une zone criblée de déchets épars. Celle-ci par sa narration sonore et poétique (également générée aléatoirement) raconte l’histoire suivante : “Dans un futur lointain, un fonctionnaire anonyme fait office de gardien des déchets. Il va les regrouper, les trier ou les disperser dans une logique très personnelle. Son approche minutieuse et sensible, mettra en lumière l’aspect poétique de ces capsules temporelles non voulues.” La pièce pose donc la question suivante : “comment seront perçus ces décharges sauvages dans mille ans ?”

Nelson Chouissa & Eloi Jacquelin - Infinity of waste, 2020 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Nelson Chouissa & Eloi Jacquelin – Infinity of waste, 2020 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

OKZK est un projet formé par un binôme d’artistes composé de Nelson Chouissa et Eloi Jacquelin (Beaux Arts de Nantes et Angers). OKZK questionne le lieu à l’abandon, la ruine, et leurs problématiques écologiques. En explorant les décharges sauvages, les friches industrielles, et en se promenant dans des forêts de plantes invasives, ils développent un regard critique et poétique sur un présent marqué par le vide ou la saturation. Ils créent des installations numériques utilisant photographie, sculpture, dessin, son et vidéo. Leur approche mêlant expérimentation de terrain, récit et utilisation d’algorithmes créent un univers empreint d’une science-fiction sombre et onirique. Leurs pièces ont été montrées lors d’expositions personnelles telles que «Et si la brume, en seul témoin, précédait un mécanisme éternel ?». En 2023 OKZK expose aux Beaux Arts d’Angers, à l’ENSA Marseille et lors de l’ISEA à Paris. OKZK est soutenu par la DRAC Pays de la Loire et par le ministère de la Culture.
https://okzk.cargo.site/
https://www.facebook.com/okzk.ed
https://www.instagram.com/okzk.ed

Neil Ira Needleman – By way of explanation…, 2019

Je n’ai jamais apprécié la métaphore sarcastique, « C’est aussi excitant que de regarder la peinture sécher. » Pourquoi ? Parce que j’aime regarder la peinture sécher. J’aime aussi regarder l’herbe pousser, les gouttes de pluie s’évaporer du trottoir, la lune se cambrer plus haut dans le ciel nocturne et la marée remonter le long du rivage. Je suis fasciné (et parfois envoûté) par ces événements « lents » car ils contribuent à m’éloigner du monde hyper trépidant des activités humaines. Ils me donnent l’espace temporel pour me détendre et contempler le monde sous un angle différent. Je crois que nous devrions tous chercher de nouvelles perspectives sur la vie, le mouvement, l’activité et les événements, en particulier celles qui nous éloignent du monde multitâche pressé-pressé-pressé de la vie quotidienne inventé par l’homme. Prêt à essayer ? Laissez cette vidéo être votre introduction.

Neil Ira Needleman - By way of explanation…, 2019 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Neil Ira Needleman – By way of explanation…, 2019 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Neil Ira Needleman : Je suis né à Brooklyn, New York, vers le milieu du siècle dernier, et j’ai tenu un appareil photo à la main depuis aussi longtemps que je me souvienne. Au fil des décennies, les caméras ont peut-être changé, mais ma passion pour le bricolage d’images en mouvement n’a pas changé. J’aime ça. Et j’ai l’intention de continuer à le faire. Mes vidéos ont été régulièrement projetées dans des festivals de cinéma à travers le monde. Et, oui, j’ai remporté quelques prix en cours de route. Cela me surprend et me ravit à la fois. Plus récemment, j’ai élargi ma vision créative pour inclure d’autres arts visuels, notamment la création de patrons, la sculpture et les installations.
https://www.needlemanart.com/
https://www.instagram.com/nudnikneil/

Charles-André Coderre – La noirceur souterraine des racines, 2023

Tourné au Québec (Canada), « La noirceur souterraine des racines » est un triptyque sur pellicule 16mm utilisant plusieurs procédés propres au cinéma argentique. Le film cherche à faire vivre une expérience sensorielle de la vie invisible des pierres, des plantes, de la nature qui nous entoure. C’est une plongée au cœur de la matière.

Charles-André Coderre - La noirceur souterraine des racines, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Charles-André Coderre – La noirceur souterraine des racines, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Charles-André Coderre vit et travaille à Montréal. Il réalise des films et travaille sur des projections live 16 mm pour plusieurs performances cinématographiques et musicales. Ses films sont distribués par Light Cone (Paris), CFMDC (Toronto) et Vidéographe (Montréal). Depuis 2017, il co-organise, avec Michael Bardier (Heavy Trip), le OK LÀ! musique & séries cinéma élargies à Verdun (Canada).
https://charlesandrecoderre.com/

Federica Foglia – Autoritratto all’Inferno (Self-portrait in Hell), 2021

Cette pièce hybride est un collage créé en assemblant à la fois du matériel analogique et numérique. Plusieurs couches de films 8 mm fusionnent pour créer un autoportrait sans caméra du cinéaste. La première couche est un film orphelin de 8 mm (images trouvées) des années 1970 d’une femme qui danse. La deuxième couche est un film de 8 mm trouvé qui a été enfoui dans la terre pendant quelques mois. Pendant qu’elle était recouverte de terre, l’émulsion du film a été attaquée par les bactéries du sol, ainsi que par certaines bactéries de la levure et du sucre. Cette technique était à l’origine utilisée par le groupe Schmelzdahin en Allemagne. Après plusieurs semaines dans le sol, le film est extrait, rincé et scanné via un scanner numérique 4K. La troisième couche est un film amateur de 8 mm qui a d’abord été décomposé dans le sol, en utilisant la technique susmentionnée, puis peint à la main avec de l’encre.

Federica Foglia - Autoritratto all’Inferno (Self-portrait in Hell), 2021 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Federica Foglia – Autoritratto all’Inferno (Self-portrait in Hell), 2021 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Federica Foglia est une artiste visuelle et écrivaine transnationale. Elle est titulaire d’un BA en langages multimédias et informatique numérique pour les sciences humaines : histoire de l’art, du théâtre et du cinéma de l’Université de Naples L’Orientale, d’une maîtrise en cinéma de l’Université York de Toronto et est actuellement doctorante. candidat en cinéma et arts médiatiques à l’Université York. Elle s’intéresse aux questions d’immigration, de citoyenneté et d’identité, au déplacement, aux femmes de la diaspora, aux temporalités migrantes et à la recherche d’un langage visuel qui articule ces expériences. Sa pratique s’articule autour du cinéma recyclé, du cinéma amateur, des archives imaginaires. Elle travaille dans l’espace domestique pour assainir les films trouvés. Elle travaille actuellement sur un projet qui implique des techniques de levage d’émulsion respectueuses de l’environnement de films orphelins 16 mm provenant de domaines privés et d’archives familiales. Come, Paris – Canyon Cinema, San Francisco et CFMDC, Toronto
https://www.federicafoglia.net/

Enrique Ramírez – Cruzar un muro, 2012

Nos amitiés videopoétiques : pour célébrer les 30 ans d’imagespassages , Annie Auchère Aguettaz, sa fondatrice et présidente d’honneur, a sélectionné pour nous cette oeuvre de Enrique Ramirez. imagespassages est née en 1993 à Annecy et intervient dans le champ de l’art contemporain par l’image en mouvement, avec des expositions et des projections d’oeuvres vidéo et numériques d’artistes de renom international et émergents.

Cruzar un Muro renvoie au XIIIe article de la constitution des droits de l’homme « toute personne a le droit de circuler librement et de choisir sa résidence à l’intérieur d’un état. Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays ». l’œuvre montre trois personnages dans la salle d’attente d’un bureau pour l’immigration, qui tangue, et chacun, dit un récit qui lui « ressemble », à savoir les deux hommes en espagnol, qui parlent de leur rêve et réalité et la femme en anglais qui lit la lettre d’un chef de Seattle au président des USA en 1855.

Le travail d’Enrique Ramírez combine la vidéo, la photographie, les installations et les récits poétiques. Ramírez apprécie les histoires dans les histoires, les fictions à cheval sur les pays et les époques, les mirages entre rêve et réalité. Cet artiste chilien, qui vit et travaille entre le Chili et la France, utilise souvent l’image et le son pour construire une profusion d’intrigues et occuper l’équilibre entre le poétique et le politique. Ses mondes imaginaires sont attachés à un élément obsessionnel : sa réflexion part de la mer, espace de mémoire en perpétuel mouvement, espace de projections narratives où le destin du Chili croise les grands récits de voyage, de conquête et de flux migratoires. Ses images liquides parlent de l’éclat d’une vérité en fuite permanente, du ressac de l’histoire, qui se répète toujours et n’est jamais la même.
https://www.enriqueramirez.net/
https://www.instagram.com/enriqueramirezf/

Agnès Guillaume – My Furies, 2023

Après My Nights, My Fears, My Thoughts, My Roots (Mes nuits, mes peurs, mes pensées, mes racines), My Furies (Mes Furies) met en scène un autre aspect des réalités internes de l’être humain. Utilisant un langage poétique, j’essaie de proposer à travers mes images, l’équilibre jamais stable entre la rationalité et ce que les grecs anciens appelaient les Furies. Suivant mes propres règles formelles associées à cette série, les images proposent une performance filmée entre moi-même et une chouette blanche. Le montage les fait fusionner organiquement l’un à partir de l’autre. J’ai utilisé pour la bande originale mes anciennes compétences vocales de chanteuse d’opéra.

Agnès Guillaume - My Furies, 2023 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Agnès Guillaume – My Furies, 2023 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Agnès Guillaume est née à Louvain en 1962 et travaille entre Bruxelles et Paris. Son travail reçoit une reconnaissance internationale croissante. On le retrouve dans plusieurs grandes collections privées et publiques. Ancienne musicienne, Agnès Guillaume s’est tournée vers l’art vidéo en 2010. Elle réalise des vidéos, des œuvres en techniques mixtes et des broderies. Elle voit ses vidéos comme des miroirs reflétant l’intimité qui fonctionnent également comme des formes poétiques qui réfléchissent à la conscience de soi. Ils impliquent la cohérence de plusieurs réalités internes que le spectateur est invité à reconnaître, s’approprier et partager. Contre toute forme de certitude ou d’état d’esprit, les vidéos sont un appel à un regard ouvert, critique et personnel. Sur des tirages issus de certaines de ses vidéos, l’artiste utilise des techniques de techniques mixtes pour matérialiser la sensation toujours fugace de l’image en mouvement. Ces pièces, loin d’être une simple image fixe de la vidéo, font ressortir la profondeur des images. Au quotidien, Agnès Guillaume ajoute des travaux de broderie à partir de ses propres croquis et dessins. Ces pièces sont des traces de sa vision de la réalité visible.
http://agnesguillaume.com/
https://www.instagram.com/agnesagnesguillaume
https://vimeo.com/842529121

Dorian Rigal – La limite est une façade, 2022

Quatre archétypes architecturaux de la région parisienne se retrouvent numérisés et présentés comme des artefacts archéologiques dans un musée. Ils sont de simples plâtres sans couleur déracinés de leur urbanité. Mais un jour leur vie bascule, ils vont commencer à se métamorphoser et devenir des objets organiques et mous jusqu’à se comprimer à l’extrême comme des césars. Puis lentement chacun à leur tour, dans des univers fantastiques, vont redevenir eux-même jusqu’à retrouver la peau, la couleur de laquelle ils s’étaient vétus jadis.

Dorian Rigal, artiste lumière et numérique, est connu sous le nom de Minuit. Son travail propose en effet d’habiter la nuit urbaine, symbole d’une liberté décomplexée, loin des codes sociaux contraignants de l’époque.
https://www.minuitdigital.com/
https://www.instagram.com/minuitdigital/

Ghyzlène Boukaïla – Le manifeste rouge, 2022

« La grande confrontation ne pourra être indéfiniment reportée. » C’est un espace dans lequel des corps sont soumis aux effets d’une mémoire, piégés dans une boucle temporelle. Le taxi est en retard… Nous entrons dans une zone de transition. À l’horaire rouge, nous rencontrons des corps rouillés et brumeux. Le récit d’une libération nationale crée des entités portant en elles des résidus mémoriels et traumatiques. Transition d’une lune rouge, le véhicule s’inscrit dans un sillon où la sortie est impossible, les entités se perpétuent à huis-clos. Le corps fœtus s’extirpe avec douleur du collectif, il tente d’échapper au collectif.

Ghyzlène Boukaïla - Le manifeste rouge, 2022 - Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai
Ghyzlène Boukaïla – Le manifeste rouge, 2022 – Les Instants Vidéo 2023 à la Friche le Belle de Mai

Ghyzlène Boukaïla, artiste multimédia et réalisatrice, diplômée du Fresnoy Studio National des Arts contemporains, poursuit ses recherches et ses projets entre l’Algérie et la France. Son travail mêle film, sculpture et son. Issue d’un travail de recherche documentaire, sa méthode consiste à explorer l’interstice des effets d’un souvenir sur l’existence d’entités non binaires. À travers ses installations et ses films, elle propose des reconstitutions et constructions de récits liés aux (r)évolutions socio-politiques et numériques.
https://panorama24.lefresnoy.net/artwork/1947/le-manifeste-rouge/ghyzlene-boukaila
https://www.instagram.com/ghyzlene_b/

Rebekka Friedli – Drawing circles, 2023

Près du sol de la forêt, Drawing circles suit un fil faiblement lumineux qui émerge dans l’obscurité de la nuit. Au dessus des feuilles humides, il passe des pierres et des buissons, interrompu par l’apparition et la disparition d’une silhouette. Porté par des sons profonds et sphériques, le fil blanc trace ses cercles. Ce qui reste, c’est le début d’une interprétation dans les tours et les détours du fil et dans l’imprévisibilité de ce qui va suivre.

Rebekka Friedli (CH), née en 1989, vit et travaille à Zurich et à Berne. Titulaire d’une licence en cinéma (Université des arts de Zurich) et d’un Master of Fine Art in Public Spheres (Université des sciences appliquées et des arts de Lucerne), elle a développé sa propre pratique personnelle en se concentrant sur les vidéos et les installations vidéo. Son travail artistique suggère une traduction de concepts métaphoriques en expériences audiovisuelles pour révéler des perceptions et des évaluations cachées dans le langage quotidien. Elle est cofondatrice de Kollektiv Beton. Rebekka Friedli expose son travail entre la Suisse et l’Europe.
http://www.rebekkafriedli.com/
https://www.instagram.com/rebekkafriedli/

Articles récents

Partagez
Tweetez
Enregistrer