Xavier Barnet – Décadence urbaine à la galerie Jam-Teery, Ollioules


Jusqu’au 1er avril 2024, la galerie Jam-Teery présente « Décadence urbaine », une série photographique de Xavier Barnet. Avec cette exposition, le photographe affirme l’ambition de proposer un regard sur les « échecs de trois projets urbains et architecturaux emblématiques qui ont suscité beaucoup d’espoir, mais qui ont fini par ne pas atteindre les objectifs et vision de leurs architecte, promoteurs ou habitants ».

On lira avec attention le texte de Xavier Barnet, reproduit ci-dessous, dans lequel il explique les raisons qui l’on conduit à diriger son objectif vers la cité radieuse de Marseille, la vele di scampia a Naples et Burj al babas a Mudurnu en Turquie.

Cette exposition est l’occasion de signaler l’ouverture récente de la galerie Jam-Teery à Ollioules. Créée et dirigée par Jules Pignol Guidicelli, l’agence Jam-Teery se présente comme un « parangon de la contre-culture »… Xavier Barnet en assure la direction commerciale.
L’agence représente le travail des photographes Jean-Jacques Bernier, Medy Kaba, Charlie Kapagolet, Geneviéve Mitry et naturellement de Xavier Barnet et Jules Pignol Guidicelli.

Jam-Teery affirme vouloir soutenir des « artistes qui portent des regards distanciés ou décalés sur le monde, qui remettent en question les normes établies ». Au-delà de ces photographes, d’autres artistes ont rejoint l’agence comme le plasticien Matteo Ballochi, la tatoueuse Handpoke Maé Deléage, al réalisatrice et cadreuse Valentine Ezavin ou encore l’artiste sonore Stephane Khetall.

À lire, ci-dessous, la présentation de la série « Décadence urbaine » par Xavier Barnet.

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« Décadence urbaine » une présentation par Xavier Barnet

Les échecs des projets urbains et architecturaux sont au cœur de ma démarche photographique actuelle. Ma nouvelle série met en lumière trois projets emblématiques qu’ont suscité beaucoup d’espoir, mais qui ont fini par ne pas atteindre les objectifs et vision de leur architecte, promoteurs ou habitants.

Il s’agit tout d’abord de la célèbre cité Radieuse, à Marseille (France). Ce projet expérimental répondant à une commande publique afin d’endiguer la crise du logement d’après-guerre, conçue par l’architecte Le Corbusier (1887/1965) comprenant 5 unités d’habitation à destination des classes populaires (4 en France : Marseille, Rezé, Briey et Firminy ainsi que 1en Allemagne à Berlin) et finalisé en 1952 pour l’édifice phocéen. Il était censé être un modèle de cité idéale ou un « village vertical » d’après les termes de l’architecte, où les habitants pourraient vivre dans des appartements modernes et spacieux meublé avec une optimisation du moindre espace en se basant sur le « Modulor » système inventé en se basant sur le nombre d’or pour calculer l’espace qu’un humain moyen de 1,83 mètre a besoin, le but final est d’humaniser l’habitat. Cela influença les dimensions des meuble imposé jusqu’au largeur des couloirs. On retrouve dans l’édifice les espaces essentiels pour les familles, tel qu’une école, un gymnase, une variété de commerces, un théâtre en plein air et des chambres d’amis en autogestion.

L’architecte a obtenu des édiles locaux la levée des réglementations relatives aux constructions afin d’appliquer sans limites sa vision. Dès 1954, l’état vend les appartements aux particuliers, mettant ainsi fin au logement social. Les 18 chambres d’amis communes ainsi que quelques logements supplémentaires furent transformés en 1960 en chambres d’hôtel. Au fil des années, la valeur des appartements suivant le classement de différentes parties du bâtiment aux Monuments historiques ainsi qu’au patrimoine mondial de l’Unesco en 2016 a grandement limité la possibilité aux classes populaires l’accès à la propriété. En2012 un incendie important révèle une mauvaise configuration des système d’aération facilitant la propagation de la fumée et de l’incendie aux étages supérieurs portant le totale logement détruit par les flammes à 8 appartements et 4 chambres d’hôtel pour aucune perte humaine.

Le deuxième projet est la Vele di Scampia à Naples (Italie). Conçu par l’architecte Francescodi Salvo (1913/1977) et finalisé en 1975, ce projet ambitieux avait pour objectif de fournir des logements abordables et modernes pour environ 5500 personnes venant de cercle social varié au sein d’une ville en pleine croissance démographique. Le concept initial partait sur l’idée de 2 barres d’immeubles de 16 étages en forme de voile, reliés par une série de passerelles transparents en plein air permettant d’aérer tant visuellement que physiquement l’ensemble ce motif sera répété 7 fois. Avec des grands espaces entre chaque édifice afin de profiter des extérieurs végétalisés du climat local ainsi que les commodités nécessaires aux résidents.
Cependant, les problèmes sont rapidement apparus. L’entreprise chargée de la construction a rapproché les 2 barres d’un tiers du volume initial, opté pour le béton afin déréaliser les passerelles, redessiné les voiles pour une esthétique plus rectangulaire et brute, les cages d’ascenseur sont restées vides, les services publics oubliés.
Dès l’accès des résidents au bâtiment la petite délinquance a vite compris que la police ne pouvait les filer efficacement dans ce dédale, s’en est suivi la prise de contrôle progressive des lieux par la Camorra, la mafia napolitaine.

En raison d’un tremblement de terre en 1980 au lourd bilan : 3000 morts, 8000 blessés,280 000 réfugiés. Le complexe abrite à ce moment 8000 personnes. Dont une grande partie de façon illégale, la précarité se fait plus forte et l’attrait de l’argent facile détourne plus d’un résident. Le bâtiment sert de lieu d’échange et de planque pour la criminalité locale, malgré l’opposition grandissante des habitants s’étant groupée sous forme de collectifs. le premier poste de police ne sera créé qu’en 1987, soit 15 après la livraison du premier logement.
Le complexe ne compte plus que 3 édifices après une série de destructions ordonnées par la ville, le plan actuel voté en 2019 prévoit de détruire 2 autres bâtiments et de rénové le dernier afin d’abriter les bureaux de la métropole.

Enfin, destination la Turquie pour un gros plan sur Burj al Babas un projet ambitieux de résidence privée à proximité de Mudurnu, une station thermale réputée dans le pays, par 2entrepreneurs stambuliote, les frères Yerdelenv. D’après la brochure, elle devait comprendre 732 villas identiques de 3 étages pour une superficie de 300m2, un hôtel 5étoiles de 400 chambres inspirées de l’architecture gothique notamment la tour de Galataou de Léandre toutes deux situées à Istanbul, ainsi qu’une grande variété d’équipements de loisirs et une mosquée. Les villas étaient disponibles à partir de 310 000 $. Le public cible était la clientèle aisée des pays du Golfe.

Les travaux débutent en 2014, en 2018 les promoteurs affirment avoir vendu 350 biens non livré malgré la promesse de réalisation complète en 3 ans, a la suite de la chute du prix du baril de pétrole en 2015, de plus de 50 % ont poussé les acheteurs arrêter les versements d’acomptes. La chute progressive du cours de la livre turque a refroidi les autres investisseurs étrangers. Après quelques années de lutte, en septembre 2018 le 3emetribunal de commerce déclare la faillite de l’entreprise Sarot Group détenue par les frères Yerdelenv cependant avec le soutien personnel de l’ancien vice-premier ministre et actuel président de la grande assemblée nationale, M. N.kurtulumus, la vente et la reprise des travaux est réautorisé en Janvier 2019 la société arrête cependant d’eux mêmes le projet enfin d’année. le site est aujourd’hui à l’arrêt complet, la majorité des châteaux sont ouverts aux 4 vents, mais restent surveillés de près par une équipe de gardes patrouillant en permanence.

Mars 2023

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