Jusqu’au 8 septembre 2024, la Fondation Vincent van Gogh Arles propose « Van Gogh et les Étoiles », une incontournable exposition imaginée par Bice Curiger et Jean de Loisy autour de La Nuit étoilée sur le Rhône, un prêt exceptionnel du musée d’Orsay dans le cadre des 150 ans de l’impressionnisme. Réalisée au bord du Rhône en septembre 1888, cette œuvre majeure est présentée pour la première fois à Arles depuis sa création où elle reste visible jusqu’au 25 août.

Ce projet a germé il y a trois ans, lorsque Bice Curiger propose que pour le dixième anniversaire de la Fondation Vincent van Gogh Arles, l’exposition estivale soit consacrée à la relation de Vincent aux étoiles. De toute évidence, le prêt de la Nuit étoilée a été déterminant dans l’élaboration de « Van Gogh et les Étoiles ». Dès le début d’une conversation entre les deux commissaires publiée dans le catalogue, Jean de Loisy interroge la directrice de la Fondation : « Comment faire une exposition à partir d’un seul tableau ? ».
La réponse de Bice Curiger mérite d’être reproduite. En effet, elle explique la méthode à partir de laquelle cette exposition s’est construite, comme la plupart de celles montrées à Arles et sans doute bien d’autres par le passé au Kunsthaus de Zürich.
« Les artistes travaillent toujours par associations, en faisant des connexions avec d’autres mondes, connaissances ou époques qui les inspirent ou auxquelles ils réagissent. Pour préparer une exposition, je crois qu’il faut faire la même chose : prendre le tableau comme le point de départ d’un voyage et penser poétiquement. Partir de l’œuvre pour créer des associations qui peuvent être formelles, sociologiques, historiques ou conceptuelles. Il faut se méfier d’une rigueur excessive et plutôt procéder par approximations, par approches successives, pour peu à peu parvenir à un équilibre qui rende justice à l’œuvre et à son histoire, mais aussi et surtout à notre époque à nous, à notre ici et maintenant – puisque c’est depuis ce balcon-là, celui de notre présent, que nous observons l’œuvre ancienne et ses répercussions ultérieures ».
À partir de cette méthode « Curiger » – sur laquelle Jean de Loisy avait longuement interrogé la curatrice dans la publication « Van Gogh Manifesto », éditée à l’occasion des 5 ans de la fondation – le commissaire explique ainsi le propos de l’exposition dans « Faites entrer l’infini ! », texte qu’il signe pour le catalogue :
« (…) En 1887, un an avant La Nuit étoilée de Van Gogh, Camille Flammarion, alors adulé, crée la Société astronomique de France ; son bulletin mensuel, L’Astronomie, est très largement diffusé et connaît un succès mondial. Les étoiles sont pop !
Mais cette passion populaire pour l’astronomie n’explique pas l’advenue des chefs-d’œuvre étoilés de Van Gogh : ces peintures sont le fruit de sa capacité d’intériorisation et d’observation. Cependant, le climat intellectuel et visuel de l’époque dans laquelle naissent ces œuvres exceptionnelles, tout autant que le sillage qu’elles laissent dans l’esprit des artistes, sont le fruit et la source d’une historialité, c’est-à-dire d’une suite englobante d’événements significatifs qui lient le passé avec le futur : des avancées physiques, des spéculations métaphysiques, des observations astronomiques. Ces éléments permettent l’apparition d’une nouvelle culture visuelle, que les créateurs et créatrices inventent à partir de ces stimulations. C’est là le sujet de cette exposition organisée autour d’un axe essentiel : La Nuit étoilée, chef-d’œuvre de Vincent van Gogh peint en septembre 1888. »
En parcourant l’exposition, on comprend très vite que Van Gogh et Flammarion apparaissent comme les deux acteurs majeurs du projet.
En effet, « Van Gogh et les Étoiles » s’applique à « rendre compte du climat littéraire et scientifique singulier qui se développe dans la deuxième moitié du XIXe siècle ». L’influence des publications de Flammarion auprès des écrivains, des artistes et du public est particulièrement soulignée. Ces recherches qui passionnèrent l’époque sont mises en lumière avec le travail d’illustrateurs scientifiques tels qu’Étienne Léopold Trouvelot ou William Parsons, dit Lord Rosse.
Naturellement, « Van Gogh et les Étoiles » illustre l’influence considérable de La Nuit étoilée sur des artistes comme Edvard Munch, Augusto Giacometti, František Kupka, Kasimir Malevitch, Georgia O’Keeffe, Helen Frankenthaler, Meret Oppenheim…
Dans les salles du premier étage, l’accrochage illustre également l’attirance pour la nuit, le cosmos et l’éternité sur les artistes contemporains, mais aussi leurs liens revendiqués ou non avec Van Gogh. Les conversations parfois inattendues, mais toujours fructueuses se développent entre les œuvres de la modernité et celles de Tony Cragg, Caroline Corbasson, Anselm Kiefer, Alicja Kwade, Lee Bontecou, Dove Allouche, Yves Klein, Lucio Fontana, Gillian Brett…
On pourrait regretter l’absence de l’autre Nuit étoilée, celle peinte en mai 1889 pendant le séjour de Vincent à Saint-Rémy-de-Provence qui est conservée au MoMA. En effet, sa présence s’imposait avec évidence dans la séquence Les Spirales du ciel. Devant l’impossibilité de décrocher la toile des cimaises new-yorkaises, les commissaires ont, avec pertinence et humour, fait appel à Bertrand Lavier. Le créateur du portail de la Fondation Vincent van Gogh Arles a réactivé sa série de tableaux filmés – on se souvient en autres des cinq minutes avec lesquelles il avait fait perdre son aura au Four Darks in Red de Rothko… Pour « Van Gogh et les Étoiles », il a accordé un peu plus d’une heure au chef-d’œuvre du MoMA pour projeter à Arles un Starry Night 2024…
En s’appuyant sur une lettre de Van Gogh à son frère Theo dans laquelle il imagine les étoiles comme refuge des morts, sur les textes de Flammarion dans lesquels il développe une conception de lumière liée à l’éternité, mais aussi sur les spéculations dans la littérature parascientifique dès le XIXe siècle, l’exposition rassemble des œuvres d’artistes sensibles à ces hypothèses. Observatoires sacrés & Chemins de l’âme occupent tous les espaces du deuxième étage. Les œuvres de Maurice Chabas, Odilon Redon, Akseli Gallen-Kallela, James Ensor, Gustave Doré, Bruno Taut ou Constantin Čiurlionis y croisent celles de Jean-Michel Alberola, Juliette Agnel, Anish Kapoor, Gaëlle Choisne, Thomas Houseago, Mariko Mori, SMITH ou encore Jean-Marie Appriou
Le parcours de l’exposition est largement construit sur le texte « Faites entrer l’infini ! » de Jean de Loisy dont la lecture enrichit singulièrement l’expérience de visite. Il s’articule en sept séquences :
• Ténèbres
• Firmament
• Cosmos
• L’atelier de l’astronome
• Lumières dans La ville
• Les Spirales du ciel
• Observatoires sacrés & Chemins de l’âme
On retrouve dans l’accrochage de « Van Gogh et les Étoiles » l’esprit pétillant, parfois malicieux et iconoclaste, souvent teinté d’humour et de poésie, toujours généreux que Bice Curiger sait insufflé dans les expositions qu’elle montre depuis dix ans à la Fondation. Les dialogues et les rapprochements sont subtils et productifs, quelquefois surprenants. Loin de tout geste d’autorité, sans jamais rien imposer, ils laissent amplement la place aux divagations et aux spéculations des visitieur·euses leur proposant « d’inventer de nouvelles habitudes de perception »…
Un document à la disposition du public résume les intentions des commissaires pour chaque chapitre de « Van Gogh et les Étoiles ». La plupart des œuvres bénéficient d’un cartel enrichi qui reprend l’essentiel des notes biographiques du catalogue.
L’éclairage est comme d’habitude irréprochable et on a pu apprécier les rideaux occultants installés dans l’ancien appartement du directeur de la Banque de France.
Le catalogue rassemble un entretien entre Bice Curiger et Jean de Loisy à propos de La Nuit étoilée sur le Rhône que prolonge un texte très riche de Gottfried Boehm (La couleur des étoiles : Vincent van Gogh à Arles). Après la présentation des sept séquences du parcours, Jean de Loisy signe avec « Faites entrer l’infini ! » un essai central. L’ensemble est complété par des contributions d’ Elsa Courant (Au temps des voleurs de nuit : la poésie cosmologique au XIXe siècle) et Constantin Nakov (Van Gogh intuitivement aux avant-postes de l’abstraction). Les notices du catalogues ont été rédigées par Margaux Bonopera, Elsa Courant, Flora Fettah, Jean de Loisy, Maurine Roy et Elsa Vettier.
Le commissariat de « Van Gogh et les Étoiles » est assuré par Bice Curiger et Jean de Loisy,assisté·es de Margaux Bonopera et Maurine Roy.
« Van Gogh et les Étoiles » marque les 10 ans de la Fondation Vincent van Gogh Arles et la pose de la première pierre de La Tour Luma dessinée par l’architecte Frank Gehry.
Avec des œuvres de : Juliette Agnel • Jean-Michel Alberola • Dove Allouche • Jean-Marie Appriou • Giacomo Balla • Anna-Eva Bergman • Lee Bontecou • Djabril Boukhenaïssi • Antoine Bourdelle • Charbel-joseph H. Boutros • Victor Brauner • Gillian Brett • Frédéric Bruly Bouabré • Carlo Carrà • Frédéric-Auguste Cazals • Maurice Chabas • Jean Chacornac • Gaëlle Choisne • Mikalojus Konstantinas Čiurlionis • Lucien Clergue • Caroline Corbasson • Camille Corot • Tony Cragg • Gustave Doré • James Ensor • Félicie d’Estienne d’Orves • Camille Flammarion • Robert Fludd • Lucio Fontana • Helen Frankenthaler • Gloria Friedmann • Akseli Gallen-Kallela • Augusto Giacometti • Jean-Jacques Grandville • Wenzel Hablik • Thomas Houseago • Victor Hugo • Louise Janin • Eugène Jansson • Vassily Kandinsky • Anish Kapoor • Anselm Kiefer • Paul Klee • Yves Klein • Ivan Klioune • František Kupka • Alicja Kwade • Bertrand Lavier • Kasimir Malevitch • Arturo Martini • Charles Marville • Paul Mignard • Jean-François Millet • Adolphe Monticelli • Mariko Mori • Edvard Munch • Georgia O’Keeffe • Meret Oppenheim • Lioubov Popova • Enrico Prampolini • Ferdinand Quénisset • Odilon Redon • Evariste Richer • Lord Rosse • Raymond Roussel • Warren De La Rue • Franck Scurti • Alexandre Séon • SMITH • Léon Spilliaert • August Strindberg • Bruno Taut • Daniel Tremblay • Étienne Léopold Trouvelot • Frederic Watts & Vincent van Gogh
Nul doute que « Van Gogh et les Étoiles » marquera la saison estivale dans le midi…
Ci-dessous quelques regards sur le parcours de l’exposition. Ils sont accompagnés par les textes introductifs de chaque séquence (extraits du dépliant de visite).
En savoir plus :
Sur le site de la Fondation Vincent van Gogh Arles
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Regards sur « Van Gogh et les Étoiles »
Ténèbres
Les ténèbres, cet état originel si proche du néant… C’est le noir absolu, antérieur à la « création ». Au nom de la « convenance secrète entre la mort et la nuit » évoquée par Diderot dans son essai Pensées détachées sur la peinture (1775), les peintres romantiques, fascinés, en font le sujet d’une délectation inquiète. L’obscurité embrasse cette traversée en attente des éclats lumineux qu’apportera le siècle de Van Gogh.
Le drapé sombre du cosmos, fouillé par le télescope, se déchirera alors sous les yeux des artistes et ils célébreront dans leurs œuvres les astres et les météores – observés ou devinés, messagers de l’infini ou preuves d’un ordre plus vaste. Les matières de ce que l’on croyait être le vide s’agrègent dans l’azur, les planètes apparaissent, leur procession continue à rythmer la vie des humains.
Firmament
« Tout s’agrandit ; voici l’étoile. Le ciel s’emplit de diamants. » Jules Breton, cité par Vincent van Gogh dans une lettre
Alors paraissent les étoiles, ce livre enluminé que les bergers et bergères, les paysans et paysannes, les familiers de la nature observent et savent lire pour y découvrir présages ou prévisions et y suivre le calendrier des travaux des champs. Les artistes révèlent ce ballet cosmique, saisissant le soleil au lever ou au coucher, ces deux seuils de la nuit qui sonnent le repos ou le départ aux champs. Van Gogh admire les peintres de la nature, touchés par cette permanence, qui représentent les scènes paysannes comme si la modernité ne menaçait pas leurs rythmes immémoriaux.
Pour les symbolistes, le firmament représente plutôt l’idéal – celui que l’artiste doit chercher à atteindre dans ses vers ou sur sa toile pour accéder à une vérité supérieure, délivrée du monde matériel et de la triste représentation de la réalité, ou pire : de la société moderne à laquelle il ou elle souhaite résister.
Cosmos
Au XIXe siècle, les spéculations cosmiques et leurs répercussions philosophiques touchent une audience de plus en plus vaste. Les sociétés astronomiques amateurs se multiplient, les illustrateurs scientifiques deviennent des virtuoses, et la photographie ajoute une pierre décisive à la connaissance. Cette nouvelle culture visuelle devient populaire, stimulée par l’accélération des découvertes : compréhension de la structure de la Voie lactée au début du siècle, émotion populaire provoquée par le passage d’une comète en 1843 et découverte de Neptune en 1846, sans oublier la cartographie de supposés « canaux martiens » en 1877, qui suscite de vastes débats sur l’existence d’autres mondes habités. Au tournant des années 1880, l’encyclopédique Astronomie populaire de « l’apôtre de l’astronomie » Camille Flammarion connaît un succès international et inspire de très nombreux artistes.
S’il est impossible pour un être aussi curieux et cultivé que Van Gogh d’échapper à cet engouement scientifique à l’époque où il peint La Nuit étoilée, rien ne prouve qu’il ait lu les textes de Flammarion. Cependant, nous savons qu’il apprécia Jules Verne et son voyage autour de la lune tout autant que Victor Hugo et ses poèmes cosmiques.
L’atelier de l’astronome
Imaginez que vous êtes dans le bureau d’un astronome, accompagné de ses pensées, ses images et ses souvenirs… Hommage à la rêverie, l’œuvre de Gloria Friedmann Les Images du monde (1995) fait allusion aux moments fugaces et magiques où les chercheurs et chercheuses saisissent dans une situation quotidienne la complexité de l’univers. Livres de référence, gravures dédicacées, photographies astronomiques, quelques objets insignes et des œuvres d’art révèlent la fascination partagée depuis le XIXe siècle par celles et ceux qui fouillent l’immensité de l’Univers…
Mais qui hante ce cabinet lambrissé ? Est-ce le grand Camille Flammarion, qui influença tant d’artistes et auquel est dédié un dessin de Gustave Doré ? Ou l’astronome étasunienne Henrietta Swan Leavitt (1868-1921), dont l’artiste Jean- Michel Alberola a réalisé deux portraits ? Elle fut totalement ignorée par son directeur de laboratoire qui ne la rémunérait pas. Son travail sur la luminosité des étoiles a permis de mesurer la distance à laquelle se trouvent les galaxies, ouvrant ainsi la voie à l’astrophysicien Edwin Hubble qui put démontrer, grâce à elle, l’expansion de l’Univers…
Lumières dans La ville
« Je crois que le gaz en abondance qui en somme est du jaune et de l’orange, exalte le bleu car la nuit le ciel me parait ici, et c’est très drôle, plus noir qu’à Paris. Et si jamais je revois Paris je chercherai à peindre des effets du gaz sur le boulevard. » Lettre de Vincent van Gogh à son frère Théo
Le milieu du XIXe siècle voit se généraliser l’éclairage public, enjeu de sécurité urbaine. À Londres, dès 1840, la totalité de la ville est illuminée au gaz, mais il faut attendre 1855 pour offrir à la capitale parisienne son surnom de « Ville Lumière ». Quant à Arles, les travaux d’installation de luminaires urbains commencent en 1881 et sont encore en cours en 1888. Vincent van Gogh peint donc les quais du Rhône alors que ces lumières modernes et leurs reflets sont pour les Arlésiens et Arlésiennes un spectacle nouveau. À Arles puis à Saint-Rémy-de-Provence, il réalise plusieurs tableaux cherchant à représenter la diffraction colorée de la lumière artificielle la nuit.
Cette intensité nouvelle fascine les artistes futuristes, qui glorifient la potentialité vivifiante de la ville synesthésique faite de bruits, d’odeurs, de lumières et de mouvements. Aujourd’hui, les lumières urbaines – déraisonnablement multipliées – sont responsables de l’effacement du ciel étoilé et du dérèglement de l’horloge biologique des vivants.
Les Spirales du ciel
En 1846, le savant et amateur William Parsons alias Lord Rosse est le premier à dessiner avec exactitude des nébuleuses spirales. Ses croquis, qui sont reproduits dans de nombreux ouvrages (notamment ceux de Flammarion), ont des similitudes frappantes avec l’effet somptueux de la Nuit étoilée de 1889, réalisée à Saint- Rémy-de-Provence. Si les enroulements que déploie cette toile ont des formes très proches de celles des galaxies de Lord Rosse, rien n’atteste que Van Gogh ait eu connaissance de ces célèbres dessins. Et pourtant, le dynamisme infini de l’univers qu’il a si bien su exprimer impressionne aujourd’hui encore l’esprit et l’imaginaire des artistes.
À la suite de Van Gogh, les peintres d’avant-garde dirigent leur regard vers le ciel. Les orbes ou les cercles qu’ils et elles tracent évoquent à leur tour le mouvement de la mystérieuse mécanique céleste.
Observatoires sacrés & Chemins de l’âme
« Cela n’empêche que j’ai un besoin terrible de, dirai je le mot – de religion – alors je vais la nuit dehors pour peindre les étoiles. » Lettre de Vincent van Gogh à son frère Theo
La relation spirituelle qu’entretient Van Gogh avec les cieux étoilés semble perpétuer la pulsion immémoriale qui, exprimée dans de nombreuses théogonies, considère le cosmos comme une création divine et un séjour pour l’esprit des morts.
Dans la même lignée, Camille Flammarion, le plus fameux astronome du XIXe siècle, s’efforce de prouver l’habitabilité des planètes par les âmes des défunts, et de créer une « religion de la science ». Ses hypothèses mêlant le romanesque et le scientifique connaissent un grand succès et influenceront de nombreux artistes. Elles résonnent avec les mots que Van Gogh écrit à son frère :
« Pourquoi, me dis je, les points lumineux du firmament nous seraient elles moins accessibles que les points noirs sur la carte de France. Si nous prenons le train pour nous rendre à Tarascon ou à Rouen nous prenons la mort pour aller dans une étoile. »
De nombreux créateurs et créatrices, sous l’influence des écrits de Flammarion ou d‘autres qui adoptèrent cette théorie, évoquent dans leurs œuvres cette possible migration céleste.
Épilogue
Le travail de Van Gogh nous a entraînés dans une aventure sidérale. Les artistes et les astronautes ont tant rêvé des cieux étoilés ! Arthur C. Clarke, dans son roman 2001 : l’odyssée de l’espace (1968), avait choisi de faire aboutir le voyage de son héros dans une curieuse chambre dont l’un des murs était orné d’une œuvre de Van Gogh – c’est dire l’importance de l’artiste dans la définition de notre imaginaire céleste commun.
L’œuvre de Jean-Marie Appriou Nebula Watcher (Observateur de nébuleuse, 2024) décrit Van Gogh en astronaute ou psychonaute, immergé dans le ciel ou dans ses pensées. Comme les personnages de la statuaire égyptienne, il avance sa jambe, car il est celui qui fit faire un pas décisif à notre conscience, à l’image de Neil Armstrong, le lundi 21 juillet 1969, foulant pour la première fois un territoire inconnu, inaccessible auparavant – soit précisément le rôle des artistes.