Jusqu’au 31 octobre 2024, Catherine Bastide accueille à La traverse « Dryades de Cosquer », une exposition imaginée par l’Estonienne Merilin Talumaa et la Lituanienne Justė Kostikovaitė, curatrices de l’agence Roots to Routes.
Dans une scénographie harmonieuse et habile conçue par Daria Melnikova, « Dryades de Cosquer » réunit des œuvres de Lina Lapelytė (Lituanie), Morta Jonynaitė (Lituanie), Kristina Õllek (Estonie), Evy Jokhova (Estonie/Portugal), Daria Melnikova (Lettonie), Nefeli Papadimouli (Grèce/France), Darius Dolatyari-Dolatdoust (France), Adéla Součková (République tchèque), auxquelles s’ajoute un texte de Tereza Porybna (République tchèque).
Le projet « Dryades de Cosquer » est inspiré par les travaux de la chercheuse américano-lituanienne Marija Gimbutas. Dans le texte qui accompagne l’exposition, les deux curatrices expliquent :
« Dryades de Cosquer puise dans l’héritage culturel quelque peu négligé de Marija Gimbutas (1921–1994), qui, dans les années 1970, proposa l’idée d’une société matristique harmonieuse, vénératrice de la nature, ayant prospéré durant la fin de la période néolithique en Méditerranée. Centrée autour des déesses féminines, l’hypothèse de Gimbutas présentait une culture qui se distinguait par son système d’écriture picturale sophistiqué, ses céramiques complexes et ses réseaux commerciaux étendus, fonctionnant pacifiquement et sans guerres ».
Le titre choisi pour ce projet réunit les Dryades, déesses-arbres de la mythologie grecque qui font sans doute écho avec les hypothèses de Marija Gimbutas avec Cosquer, la grotte préhistorique partiellement immergée dans les calanques de Marseille.
L’exposition à La traverse s’articule en deux séquences qui exploitent avec habileté le caractère singulier de la galerie.
La grande salle avec ses contre-jours, sa cuisine en béton, son sol en mosaïque blanche et le pilier que forme l’escalier renvoie à l’imaginaire de la grotte et aux activités domestiques et artisanales de dryades qui seraient venues temporairement l’occuper. Dans la scénographie de Doria Melnikova, les peintures ocre-rose évoquent sans doute l’art rupestre en voie de disparition de la grotte Cosquer…
La véranda, qui ouvre sur les jardins et au-delà sur l’anse de Malmousque, les environnements aquatiques et marins, marque pour les curatrices « la transition entre le sacré et le quotidien ».
Dans le premier espace, l’accrochage s’organise autour de Waiting for geological time (2023), une installation in situ d’Evy Jokhova commandée à l’origine par le musée d’art Kumu de Tallinn, en Estonie. Une partie de celle-ci a été réassemblée et a fait l’objet d’une réinterprétation pour l’exposition « Dryades de Cosquer ».
Evy Jokhova, Waiting for geological time, 2023 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
Elle réunit des céramiques en pierre et en terre cuite, des étoffes d’ortie, des textiles tissés à la main avec de la laine de mouton et des poils de chien, des aliments fermentés, du bois recyclé, de l’acrylique et de la fausse fourrure.
Des nains de jardin « illustrent la nécessité de minimiser ou de “réduire” l’impact de l’homme »… Le texte qui présente l’œuvre se termine ainsi : « Cependant, le processus d’écrasement comporte aussi une pincée de brutalité, de méchanceté et peut-être même d’horreur »… Les visiteurs·euses apprécieront ce commentaire et la perspective d’être ramené·e·s à l’état de gnome.
Sur la cuisine en béton, une cinquantaine de Coques d’oreille (2023-2024) de Doria Melnikova, créées pour « Dryades de Cosquer », complètent parfaitement l’installation d’Evy Jokhova. L’ambre des « perles de la Baltique » qu’elles contiennent est supposé refléter « la façon dont la terre alimente la vie »…
Également conçues pour l’exposition, les sculptures en cire d’abeille d’Adéla Součκονά (Mild as a HedgehOg, squatting as a Frog, Starring as an Eagle, quick as a Snake et Stable like a Bear, solid as an Egg) seraient selon les commissaires « inspirées par l’exploration de Marija Gimbutas des céramiques anciennes et du langage des signes » et résonneraient « avec les échos mythiques d’une conscience précoloniale »…
Suspendus aux murs, trois costumes de Darius Dolatyori-Dolatdoust, inspirés de chants traditionnels iraniens et d’une exposition au Louvre, interpellent les regardeurs·euses.
Darius Dolatyari-Dolatdoust, Écorché, La mort et La fresque, 2017 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
Ils prennent vie dans Wearing the dead (2020), une vidéo qui témoigne d’une performance réalisée avec la complicité de Maureen Béguin. À propos de cette pièce, il explique :
« Wearing the dead est une pièce dans laquelle le costume et le corps portent un héritage. Où le costume produit sa propre danse. Dans cette performance, le costume est un voyage, un pont entre une culture dont j’ai hérité et que je fantasme : l’Iran. Je ne peux pas visiter l’Iran, car si j’y vais, je serai obligée de faire un service militaire. (…) J’ai créé ces costumes comme une seconde peau à porter pour comprendre comment nous construisons une identité. Inspirés par le passé, mais toujours présents dans notre vie, ils ont créé ce dialogue impossible, activant la chorégraphie de la mémoire. Porter ces costumes est pour moi une façon de faire partie d’une Histoire partagée, de réincarner une mémoire vivante qui n’est pas la mienne, mais qui réside toujours en moi. Le costume déclenche le mouvement. De par sa nature, sa conception, le costume lui-même est créateur de mouvement. La dramaturgie se construit dans un rituel : se déshabiller, s’habiller et porter les costumes, incarner des histoires ».
Trois photographies de Nefeli Papadimouli d’une série intitulée The World In My Mouth (2023) interrogent l’image de la bouche, à la fois grotte nourricière et orifice sensuel… Dans leur texte, les curatrices soulignent : « Les photographies évoquent un sentiment viscéral d’intimité, où la bouche devient un espace sacré de protection et de subsistance, rappelant les anciennes sculptures matricielles mises ou jour et étudiées par Marija Gimbutas ».
Nefeli Papadimouli, The World In My Mouth (Venus), The World In My Mouth (House) et The World In My Mouth (Finger), 2023 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
Comme une interface entre la grotte et la mer, Marta Jonynaité a créé pour l’exposition une installation adaptée d’une proposition pour la galerie In The Closet à Vilnius.
Morta Jonynaitė, The Guard Net, 2020 et Space X + Turtte(man) + Octopus(man), 2020 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
Un bord de mer que les commissaires voient comme une métaphore du changement constant :
« Le bord de mer a longtemps exercé une profonde fascination sur l’humanité, un lieu où convergent le mystère, la puissance et l’attrait de la nature. Au fil du temps, cette frontière naturelle s’est transformée en une zone riche en significations politiques, sociologiques et historiques. Aujourd’hui, alors que la mer empiète de plus en plus sur nos vies en raison de la montée des eaux, il est urgent d’explorer la manière dont nous pouvons retrouver un sentiment de poix au milieu de ce changement. L’installation de Jonynaité cherche à capturer le moment fugace juste avant que la vague ne s’écrase, un moment où l’eau se retire pour révéler la beauté cachée de la flore et de la faune propres à cet espace liminal »…
Les filets de Marta Jonynaité conduisent naturellement le regard et les pas des visiteur·euses vers la véranda. Elle accueille un ensemble d’œuvres de Kristina Õllek, conçues spécialement pour l’exposition. Plusieurs font écho aux algues roses des marais salants de Camargue que l’artiste a découverts pendant sa résidence au printemps dernier à La traverse, en dialogue avec l’Institut Méditerranéen d’Océanologie.
Les fenêtres sont recouvertes de bioplastique et de pigments pour une installation fascinante et changeante intitulée Looking Through andMeeting With (Dryads Diving intoCosquer Cave and Camargue Salines).
Deux impressions jet d’encre avec du sel de Camargue, divers pigments et du sel de mer sont suspendus au plafond par des des tuyaux transparents (Evaporating Sea no. 1 et 2, 2024). Elles aussi évolueront au cours de l’exposition.
Kristina Õllek, Evaporating Sea no. 1 et 2, 2024 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
Accrochés sur les côtés de la véranda, deux autres impressions jet d’encre se font face. La première au titre énigmatique semble toutefois suggérer que les étranges animaux aux corps transparents pourraient être des méduses…
Kristina Õllek, Drifting Through Waters, From Its Deep Past and Within Its Shallow Present. I’m Both, 2024 – Les Dryades de Cosquer à La Traverse, Marseille – Photo ©Jean-Christophe Lett
La seconde, assemblage de six pièces où se mêlent encre et sel de Camargue paraît être un « hommage » à Dunaliella Salina, la microalgue qui est à l’origine de la couleur rose/rouge des marais salants.
Les deux niches de la véranda accueillent deux œuvres de Lina Lapelyte. On comprend alors que la mélopée étrange, méditative et envoutante qui accompagne à intervalle régulier la déambulation dans les espaces de La traverse provient de la vidéo Ghost (2023), malheureusement peu visible dans la forte luminosité de l’après-midi. Les deux curatrices expliquent que le texte de la chanson interprétée par une chorale a été écrit par l’artiste ukrainienne Chechushkova Doriia, le premier jour de l’invasion russe.
Cette installation dérive de WhatHappensWithaDeadFish?, une performance réalisée pour le Kunstenfestival des Arts de Bruxelles et le Theater Spectakle de Zurich dont on peut voir un témoignage photographique…
Présentée dans le cadre de la Saison de la Lituanie en France, l’exposition à La traverse s’inscrit dans un projet qui a débuté par une résidence de Kristina Õllek en avril dernier. Son vernissage a été accompagné pendant Art-o-rama, d’une projection de films d’Emilija Skarnulytė suivie d’un débat modéré par Flora Fettah. « Dryades de Cosquer » se terminera avec une performance de la compagnie de danse urbaine Low Air, le 5 novembre au Frac Sud – Cité de l’art contemporain.
Proposition singulière, originale et séduisante, « Dryades de Cosquer » offre l’occasion de découvrir le travail d’artistes baltes et européens qui méritent attention. L’approche écoféministe et bienveillante des deux curatrices, leur intérêt pour « l’héritage culturel quelque peu négligé de Marija Gimbutas », impose un passage par La traverse.
À lire, ci-dessous, la présentation du projet, quelques repères biographiques sur les curatrices et les artistes et des notes sur les œuvres exposées. Ces documents sont extraits du dossier de presse.
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« Dryades de Cosquer » : Présentation du projet
Dryades de Cosquer puise dans l’héritage culturel quelque peu négligé de Marija Gimbutas (1921–1994), qui, dans les années 1970, proposa l’idée d’une société matristique harmonieuse, vénératrice de la nature, ayant prospéré durant la fin de la période néolithique en Méditerranée. Centrée autour des déesses féminines, l’hypothèse de Gimbutas présentait une culture qui se distinguait par son système d’écriture picturale sophistiqué, ses céramiques complexes et ses réseaux commerciaux étendus, fonctionnant pacifiquement et sans guerres.
Le titre du projet fusionne les Dryades, déesses-arbres de la mythologie grecque, avec Cosquer, une grotte préhistorique partiellement immergée près de Marseille. Fréquentée pendant des millénaires, d’environ 27 000 à 14 000 avant notre ère, la grotte est célèbre pour ses peintures et gravures anciennes mais, en raison de la montée des eaux, elle risque l’inondation complète dans quelques décennies. La combinaison de passé et de présent dans le titre reflète l’affirmation de Gimbutas selon laquelle les structures patriarcales ne sont qu’un développement récent dans l’histoire humaine.
La littérature contemporaine a ravivé l’intérêt pour les approches de Marija Gimbutas à travers diverses réévaluations de l’histoire et des structures sociétales. Dans The Dawn of Everything: A New History of Humanity (2021), David Graeber et David Wengrow mentionnent que Marija Gimbutas a positionné le matriarcat eurasien ancien comme la structure culturelle dominante, notant également que ses découvertes se sont révélées plus précises que celles de ses homologues masculins. Par ailleurs, dans le livre de Dr. Rasa Navickaite Marija Gimbutas: Transnational Biography, Feminist Reception, and the Controversy of Goddess Archaeology (2022), l’auteur explore les contextes féministes, culturels et théoriques des idées de Gimbutas. Plus récemment, la philosophe écoféministe Émilie Hache, dans son livre De la génération (2024), s’appuie sur les idées de Gimbutas pour plaider en faveur de modes de vie « non économiques » et « non productifs », inspirés par la spiritualité, le mythe et les systèmes de parenté cosmologique, appelant à une rupture avec le productivisme moderne.
À La Traverse, Dryades de Cosquer présentera des œuvres d’artistes baltes et internationaux s’inspirant de la notion méditerranéenne de la théorie de l’Ancienne Europe et exploitant le caractère unique de la galerie, dont la conception et la proximité avec la plage de Malmousque évoquent des environnements aquatiques. L’intervention de Kristina Õllek, conçue spécialement pour l’exposition, rappelle les algues roses absorbant la lumière du soleil des marais salants locaux, suite à la résidence de deux semaines de l’artiste à Marseille. Célébrant la terre, le ciel et l’eau comme des puissances élémentaires vitales, les œuvres se présentent comme des extrapolations de problématiques écologiques, féministes et rituelles, reconstituant la cosmologie des idées de Gimbutas.
En plus de l’exposition, La Traverse a accueilli l’artiste Kristina Õllek pour une résidence de deux semaines en avril, au cours de laquelle elle a collaboré avec l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. En septembre, Art-O-Rama, la foire internationale d’art contemporain de Marseille, proposera une projection des œuvres vidéo d’Emilija Skarnulytė, Æqualia (2023) et Xirasia (2023). Skarnulytė elle-même qualifie ces pièces de ses « œuvres de déesse », offrant aux spectateurs une exploration profonde des thèmes liés à la nature, au deep time (« temps profond ») et à la spiritualité. Le projet se conclura par la performance ME TWO / WE, THE CLIQUE de Low Air (chor. Airida Gudaite, dir. Jonas Tertelis), incarnant des actes de résolution de conflits et invitant le public à réfléchir sur le pouvoir de l’unité et de l’action collective pour surmonter les adversités.
*L’héritage de Gimbutas a eu un impact profond tant dans les domaines scientifiques que dans les mouvements culturels, inspirant de nombreux artistes et écrivains. Ses publications sur les symboles anciens et les images de déesses dans les années 1970 ont été essentielles pour les artistes féministes en Amérique du Nord, notamment Mary Beth Edelson, qui a réalisé une œuvre rituelle dans la grotte de Grapčeva, et Judy Chicago, qui a inclus les figures de déesses de Gimbutas dans son installation emblématique The Dinner Party (1974–70). Aujourd’hui, les théories de Gimbutas sont célébrées dans le contexte de l’urgence climatique et de l’émancipation féministe.
« Dryades de Cosquer » : Repères biographiques et notes sur les œuvres exposées
Roots to Routes – Justė Kostikovaitė et Merilin Talumaa
Roots to Routes est une agence pour les artistes baltes ainsi qu’un collectif curatorial. Agissant comme une initiative nomade, son objectif est de soutenir et de rendre visibles les pratiques artistiques au-delà des frontières culturelles et (géo)politiques. Un élément important de cette collaboration est de créer et de développer des projets communs, visant à construire des réseaux durables et des formes de coopération entre diverses communautés. Roots to Routes se manifeste à travers des expositions, des performances, des projections, des ouvrages et des commandes. La première collaboration a commencé à Marseille dans le cadre du programme Biennal Les Parallèles du Sud de Manifesta 13 en 2020.
https://roots2routes.org/
Justė Kostikovaitė (Lituanie) est une curatrice indépendante intéressée par la curation collaborative. En 2021, elle a lancé l’espace d’exposition House of Histories au Musée national de Lituanie. Passionnée par l’échange collectif de connaissances, elle a initié des résidences d’artistes temporaires telles que AIROOM à Londres et Vilnius, et Malonioji AIR à Vilnius et Berlin. En tant qu’attachée culturelle de la Lituanie au Royaume-Uni, elle a collaboré avec des institutions comme la Delfina Foundation, le BALTIC Centre for Contemporary Art, et les Somerset House Artists Studios, établissant des partenariats à long terme. Parmi ses projets récents, on trouve Skin & Shell de Nikita Kadan à la Lewben Foundation à Vilnius, Roots to Routes à Manifesta 13 à Marseille, Down The Rabbit Hole au MO Museum, et une performance à la Biennale de la Performance de Vilnius. Sa prochaine grande exposition se concentrera sur la culture rave des débuts en Lituanie, co-curatée avec Egla Mikalajūnė.
Merilin Talumaa est curatrice indépendante et travailleuse de l’art résidant et travaillant à Paris. Elle est diplômée du département d’Histoire de l’art et de culture visuelle de l’Académie des Arts d’Estonie, où elle est chargée de cours. Elle est également diplômée en Études Environnementales à l’Université de Tartu. Sa pratique s’est développée autour de la recherche sur les environnements de travail des artistes et les notions de migration et d’appartenance. Elle est fondatrice et curatrice de Roots to Routes (depuis 2020) – une agence pour les artistes baltes. Elle a compilé et édité le livre Your Time Is My Time, Mousse Publishing, 2023 (avec Annika Toots). On retrouve parmi ses expositions récentes : Down the Rabbit Hole, MO Museum, Vilnius (2024) ; Swirling, Twirling, Spinning, Draakoni Gallery, Tallinn (2024) ; Breathing through the Eyes, L’Atlas, Paris (2023).
Kristina Ollek
Kristina Õllek (Estonie) est une artiste visuelle basée à Tallinn. Elle travaille avec la photographie, l’image en mouvement, l’installation, ainsi que les processus microbiens et chimiques, avec un intérêt particulier pour l’investigation des écosystèmes aquatiques, des matières géologiques et des environnements modifiés par l’homme. Dans sa pratique, elle utilise une approche basée sur la recherche, mais y intègre également ses propres perspectives fictives et spéculatives. Par son travail, elle soulève des questions autour de la relation entre le naturel et le synthétique, ainsi que les compréhensions de la matérialité en les dotant d’une signification nouvelle. En particulier, elle se concentre sur l’habitat marin et la notion de nouvelles technologies, y compris les conditions géopolitiques et écologiques qui leur sont associées. Kristina Õllek est diplômée de l’Académie des Arts d’Estonie (licence en 2013, master en 2016 ; au Département de Photographie, Beaux-Arts). Elle a complété ses études à Berlin à la Kunsthochschule Berlin-Weissensee (2012) et à Rotterdam au Piet Zwart Institute (2016). Ses œuvres ont été présentées dans diverses expositions internationales de groupe et personnelles, notamment au Kai Art Center (Tallinn), à la galerie L’Atlas (Paris), au Le Lieu Unique (Nantes), au Henie Onstad Kunstsenter (Oslo), à A Tale of A Tub (Rotterdam), entre autres.
https://kristinaollek.com/
• Drifting Through Waters, From lts Deep Post and Within lts Shallow Present. l’m Both, 2024.
Impression jet d’encre sur aluminium, verre de musée, cadre de vitrine avec gravure cnc, silicone, 73 x 100 cm. Édition : 1/3 + 2AP (chaque œuvre est unique)
• Evaporating Sea no.1,2024.
Impressions jet d’encre avec du sel de Camargue, pigments divers, tuyau transparent, sel de mer, 40 x 33 cm. Édition : 1/3 + 2AP (chaque œuvre est unique)
• Evaporating Sea no.2,2024.
Impressions jet d’encre avec du sel de Camargue, pigments divers, tuyau transparent, sel de mer, 40 x 33 cm. Édition : 1/3 + 2AP (choque œuvre est unique)
• Dissolving and Seeing You, Dunaliella Salina, 2024.
Impressions jet d’encre avec du sel de Camargue, ensemble de 6 pièces distinctes, dimensions variable. Édition : 1/3 + 2AP (chaque œuvre est unique)
• Looking Through andMeeting With (Dryads Diving intoCosquer Cave and Camargue Salines), 2024
Fenêtres recouvertes de bioplastique et de pigment
L’intervention de Kristina Ollek, conçue spécialement pour l’exposition, rappelle les algues roses absorbant la lumière du soleil des marais salants locaux, suite à la résidence de deux semaines de l’artiste à Marseille en avril. Célébrant la terre, le ciel et l’eau comme autant de puissances élémentaires vitales, les œuvres se présentent comme des extrapolations de problématiques écologiques, féministes et rituelles, reconstituant la cosmologie des idées de Gimbutos.
Kristina Ollek a mené des recherches à Marseille et à Salin-de-Giraud pendant sa résidence à La Traverse en dialogue avec l’Institut Méditerranéen d’Océanologie. Au cours de cette période, elle a visité les marais salants d’Aigues-Mortes dans la région de Camargue – un écosystème unique et spectaculaire de couleur rose qui abrite une importante population d’oiseaux, dont un quart des flamants roses de France. Sa teinte rose distinctive est créée par la présence de DunaliellaSalina– une micro-algue dotée de niveaux élevés du pigment caroténoïde-carotène que l’on retrouve dans des environnements hypersalins.
Ces œuvres ont été conçues spécialement pour cette exposition.
Doria Melnikova
Daria Melnikova (Lettonie) est une artiste basée à Riga, dont les œuvres en techniques mixtes résultent d’une étude méditative de la routine quotidienne, des clichés, des détails architecturaux, des moments anodins et des références historiques, qui sont ensuite développées dans un travail laborieux – à la fois artisanal et manufacturé. Depuis 2011, Melnikova participe activement à des expositions collectives et a jusqu’à présent fait l’objet d’expositions individuelles à Riga, Vilnius, Tallinn, Milan, Palerme, Marseille, Prague, Umeå, Ostrava, Moscou et Zurich. En 2019, Daria a lancé un projet en cours, Palette – une plateforme itinérante qui fonctionne comme un bar. Axé sur le processus et l’échange d’expériences et d’idées, Palette propose une séquence d’épisodes devant le spectateur, ici, là ou ailleurs. Pendant les étés 2022-2023, Palette a eu un lieu saisonnier – un kiosque/bar faisant partie intégrante de l’environnement urbain – une intervention dans les Jardins de Sporta Pils à Riga. Le projet a posé l’œuvre d’art en tant que point de rencontre où l’artiste rencontre l’artiste ainsi que le visiteur dans des contextes non-institutionnels et informels. Les œuvres de Daria sont présentes dans les collections du Musée Kiasma d’Art Contemporain à Helsinki, du Musée National Letton d’Art, du Zuzeum Art Center à Riga ainsi qu’au sein de collections privées.
https://dariamelnikova.com/
• Coque d’oreille, 2023-2024
Argile, glaçure, ombre. 6 x9 x 3,5 cm. Édition de 50
Pour Dryades de Cosquer, Doria Melnikova a créé des sculptures en céramique sur mesure en forme de coquillages. Ses sculptures contiennent ce que l’on appelle des « perles de la Baltique », de l’ambre, et sont destinées à devenir des récipients pour la nourriture, reflétant ainsi la façon dont la terre alimente la vie.
Dans la galerie, Melnikova a créé une scénographie qui évoque une grotte aux peintures complexes, rappelant l’art en voie de disparition de la grotte Cosquer. Cet environnement devient un intérieur rituel, où les œuvres d’art ne sont pas de simples objets mais des habitants qui insufflent la vie à l’espace. La pièce dotée de fenêtres sert de seuil, de passage vers le monde extérieur, comme un portail qui marque la transition entre le sacré et le quotidien.
Nefeli Papadimouli
Nefeli Papadimouli (Grèce/France) vit entre Paris et Athènes. Architecte de formation, Nefeli Papadimouli aborde dans son art la notion d’espace communautaire et explore son rapport avec le corps. À travers des sculptures et des installations activées par des performeurs ou des spectateurs, Nefeli Papadimouli examine les sentiments d’appartenance et de responsabilité par rapport à un système communautaire, tout en laissant ouverte la participation de chacun. Ses projets sont conçus comme des lieux de rencontre radicalement inclusifs, offrant un aperçu de nouvelles approches de la relation basées sur des liens d’interdépendance et de réactivité mutuelle.
https://www.nefelipapadimouli.com/
• The World In My Mouth (Venus),2023.
Couleur numérique, photographie impression couleur jet d’encre sur papier Epson Baryté collé sur aluminium de 1 mm, cadre en chêne, 10 x 15 cm (sons cadre), 29 x20,5 cm. Édition de 3 +2 AP. Courtesy de l’artiste et THE PILL®
• The World In My Mouth (House),2023.
Couleur numérique, photographie impression couleur jet d’encre sur papier Epson Baryté, collé sur aluminium de 1 mm, cadre en chêne, 10 x 15 cm (sons cadre), 14 x 19 cm. Édition de 3 + 2 AP. Courtesy de l’artiste et THE PILL®
• The World In My Mouth (Finger), 2023.
Couleur numérique, photographie impression couleur jet d’encre sur papier Epson Baryté, collé sur aluminium de 1 mm, cadre en chêne, 10 x 15 cm (sons cadre), 14 x 19 cm. Édition de 3 + 2 AP. Courtesy de l’artiste et THE PILL®
Dans The World in My Mouth, Nefeli Papadimouli se penche sur le symbolisme profond de la bouche, à la fois grotte nourricière et orifice sensuel, et tisse des liens entre les thèmes de la maternité et les connexions primitives entre la mère et l’enfant, entre un corps et l’autre. Les photographies évoquent un sentiment viscéral d’intimité, où la bouche devient un espace sacré de protection et de subsistance, rappelant les anciennes sculptures matricielles mises ou jour et étudiées par Marija Gimbutas. Ces artefacts de la fin du Néolithique, avec leurs formes féminines, célébraient le pouvoir de régénération du corps féminin, tout comme l’œuvre de Papadimouli, qui transforme la bouche en un symbole contemporain de don de vie et d’absorption du monde. Les sculptures en forme de cocon suspendues dans ces bouches font encore écho à cette symbiose, où l’acte de nourrir et d’être nourri se fond dans une expérience singulière, profondément enracinée dans un lien ancien et universel. Cependant, comme le note l’écoféministe Émilie Hoche, la féminisation de la Terre peut avoir des implications problématiques, car la Terre, à l’instar des femmes, est chargée de nourrir et de soutenir sans fin, souvent ou prix de son propre épuisement.
Darius Dolatyori-Dolatdoust
Darius Dolatyari-Dolatdoust (France) est un artiste, performeur, chorégraphe et designer. Son approche tourne autour de la fabrication de costumes, qu’il considère comme un espace de transformation et d’hybridation, en ce sens qu’ils modifient notre rapport au corps, à la danse et au langage. Le vêtement devient alors un moyen de questionner son identité, que ce soit en rappelant ses origines iraniennes, en réalisant des costumes inspirés des œuvres perses du Louvre, ou en déconstruisant notre rapport de pouvoir envers d’autres espèces, en imaginant des créatures hybrides à la frontière des humains et des animaux. Il a présenté ses performances et œuvres plastiques dans des galeries et institutions telles que la Fondation Fiminco (Paris), la Galerie Suzanne Tarasieve (Paris), Wiels – Centre d’Art Contemporain (Bruxelles), le Stedelijk Museum (Amsterdam), le Mudam Luxembourg – Musée d’Art Moderne (Luxembourg), le Momu – Musée de la Mode d’Anvers, la Villa Noailles (Hyères), le 19M (Paris). Il sera résident à la Villa Kujoyama en 2025.
• Wearing the dead, vidéo performance, 7’21 », 2020
Interprété par Maureen Béguin et Darius Dolotyori-Dolotdoust, en collaboration avec Roméo Lefèvre à l’image. Édition de 3 + 1AP
• La fresque, 2017
Peinture acrylique sur lin. Dimensions variables
• La mort, 2017
Combinaison matelassée et masque tricoté. Dimensions variables
• Écorché, 2017
Masque coton et biais noir 30 x 60 cm
Wearing the dead est une œuvre dans laquelle le costume et le corps portent l’héritage. Le costume produit sa propre danse. Dans cette performance, le costume est un voyage, un pont entre une culture dont l’artiste a hérité et qu’elle fantasme : l’Iran.
Les costumes de Darius Dolatyori-Dolatdoust s’inspirent des vibrations des chants traditionnels iraniens et de l’exposition iranienne au Louvre. L’artiste a créé ces costumes comme une seconde peau à porter pour comprendre comment on se construit une identité : inspirée du passé mais toujours présente dans l’instant, elle crée un dialogue et active une chorégraphie de la mémoire. Porter ces costumes est une façon pour l’artiste de s’inscrire dans une histoire partagée, de réincarner une mémoire vivante qui n’est pas la sienne mais qui est toujours en soi. Par sa nature et sa conception, le costume est créateur de mouvement. La dramaturgie se construit dans un rituel : se déshabiller, s’habiller et porter les costumes, incarner des histoires et des récits à travers la chorégraphie, revenir au soi nu, méditer et boire du thé – un voyage que l’artiste souhaite partager.
Adéla Součκονά
Le travail d’Adéla Součková (République tchèque) explore la déconnexion entre les traditions folklorisées et la réalité vécue en Europe après les Lumières. Elle vise à déconstruire son éducation et son milieu central-européen, revisitant la relation avec le paysage en utilisant des matériaux traditionnels et en se concentrant sur les processus naturels. Soucieuse de la pensée alternative, des mythologies et des symboles, Součková aborde la crise relationnelle entre les humains et leurs environnements culturels, naturels et écologiques, cherchant à sensibiliser les gens à la présence du paysage. Principalement investie dans le dessin, Součková utilise également les arts artisanaux, le texte et les pratiques performatives, créant un mélange de dessins, installations d’objets, vidéos et collaborations musicales. Son parcours théorique inclut la littérature féministe, la théorie critique et la philosophie environnementale. Ses expositions personnelles ont été présentées dans le Kupferstisch Kabinett à Dresden et le label201 à Rome. Elle s’est produite au Théâtre National de Prague, à l’Oktagon à la HfBK de Dresde, et au CCI Fabrika à Moscou. Elle a participé à des expositions collectives à la Galerie Nationale de Prague, au Trafo à Budapest, au TRAFO à Szczecin, au Musée des Arts Appliqués de Prague, au Living Art Museum à Reykjavik, à Bozar à Bruxelles, et à la Biennale de Kaunas. À l’automne 2024, elle commencera une résidence d’artiste à la Cité internationale des arts à Paris.
https://www.adelasouckova.com/
• Mild as a HedgehOg, squatting as a Frog,2024
Cire d’abeille. Dimensions variables Édition de 2 + 1AP
• Starring as an Eagle,quick as aSnake,2024
Cire d’abeille. Dimensions variables Édition de 2 + 1AP
• Stable like a Bear,solid as an Egg,2024
Cire d’abeille. Dimensions variables Édition de 2 + 1AP
Les sculptures en cire d’abeille d’Adéla Součκονά entremêlent l’essence tactile de l’artisanat traditionnel avec le langage symbolique de la nature. Inspirées par l’exploration de Marija Gimbutas des céramiques anciennes et du langage des signes, ces œuvres résonnent avec les échos mythiques d’une conscience précoloniale. Součκονά utilise la cire d’abeille pour combler le fossé entre la tradition folklorique et la réalité contemporaine, invitant à un réveil des paysages que nous habitons et des relations anciennes, souvent négligées, qui nous soutiennent.
Ces œuvres ont été conçues spécialement pour cette exposition et produites avec le généreux soutien d’OVO things.
Tereza Porybna
Tereza Porybná (République tchèque), Ph.D., est une travailleuse de l’art, anthropologue visuelle et curatrice. Depuis 2019, elle co-gère Woods – Community for Cultivation, Theory, and Art, et a assuré le commissariat de cinq éditions des Forest Symposiums interdisciplinaires. Elle dirige la résidence d’art Ovenecka 33 à Prague et enseigne à l’Académie des Beaux-Arts, d’Architecture et de Design de Prague. Porybná a dirigé des institutions culturelles et des ONG à une échelle internationale, y compris le Festival de Films sur les Droits Humains One World à Prague, People in Need à Addis-Abeba et le Centre Culturel Tchèque à Londres. Elle a obtenu son doctorat en Études Culturelles à l’Université Charles de Prague, se spécialisant en anthropologie visuelle et en cinéma indigène. Elle a été boursière Fulbright au Sensory Ethnography Lab de l’Université de Harvard et a contribué au séminaire History of Ethnographic Film à l’Université Charles. Ses recherches et son travail curatorial mélangent les arts visuels, le design et l’activisme culturel, avec des expositions et des performances dans des lieux tels que BOZAR, le Victoria and Albert Museum, le Cermodern Art Centre, le Museum of Arts and Design, et Kunsthall Trondheim.
• Du cœur de la grotte au cœur des bois, texte, 2024
Lina Lapelytè
Lina Lapelytè (Lituanie) vit et travaille à Londres et à Vilnius. Sa pratique est ancrée dans la musique, explorant la culture pop, les stéréotypes de genre et la nostalgie. Collaborant souvent avec des interprètes formés et non formés, son travail couvre des genres allant de la musique grand public à l’opéra, créant des événements collectifs et affectifs qui questionnent la vulnérabilité et le silence. En 2019, son œuvre Sun & Sea (Marina), créée avec Vaiva Grainytè et Rugilè Barzdžiukaitè et curatée par Lucia Pietroiusti, a remporté le Lion d’Or à la Biennale de Venise. En 2020, elle a reçu le prix national des arts et de la culture de Lituanie.
https://www.linalapelyte.com/
• GHOST, 2023
Installation sonore & vidéo
• What Happens With a Dead Fish?, 2024
Photo de la performance Kunsten festival des arts, Bruxelles, 2021
31 x 56 cm (sons cadre), 48,5 x 72 cm Édition de 7 + 2AP
Dérivée de la performance What Happens With a Dead Fish?, commande originale du Kunstenfestival des Arts de Bruxelles et le Theater Spectakle de Zurich, Ghost est une itération spécifique de l’œuvre interprétée par une chorale locale de Cesis Beverïna. Le texte utilisé dans cette chanson a été écrit par l’artiste ukrainienne Chechushkova Doriia (Dasha, UKR) le premier jour de l’invasion russe. Ghostse déroule dans l’eau et dans l’ancienne usine, absorbant la porosité du bâtiment et l’acoustique du lieu, qui n’est plus fonctionnel. Ghostmédite sur les processus de décomposition et de circulation, la fragilité et l’éternité.
They came at5 pm that morning,
Like white as ghost
Theystoodovermybedthatmorning as whiteas ghosts
As whiteas ghostsofinevitabitity
and gradualytook away everything that was
Togetherwith it I became this ghost mysetf
I don’t know who I am
I forgot
I tostmyhome mytemple
Interprétée par la chorale Beverïna, sous la direction de Patriks Stepe
Texte : Chechushkova Doriia
Cinématographie : Tomas Vengris
Commissoire d’exposition : Zanete Skarule
Commande du festival d’art de Cesis
Année de production : 2023
Morta Jonynaitė
Morta Jonynaitė (Lituanie) est une artiste vivant et travaillant à Vilnius. En explorant l’environnement à travers la tactilité, elle cherche à saisir différents phénomènes en utilisant des techniques textiles traditionnelles. Le tissage manuel et le nouage sont des formes artisanales archaïques qu’elle utilise pour tisser des histoires capturant l’instant. Présentant son travail sous forme d’installations, elle construit des espaces intimes où les relations entre différentes expériences et participants sont interconnectées. Jonynaitė est diplômée de la Gerrit Rietveld Academie à Amsterdam, où elle a étudié le BA en TxT (text, theory, textile) de 2016 à 2020. On retrouve parmi ses expositions récentes : Innocence Becomes Sharks, InTheCloset Gallery, Vilnius (2023) ; Restart, Kaunas Picture Gallery (2023) ; Hold Me Tender, Tallinn Art Hall Lasnamäe Pavilion, Tallinn (2023) ; JCDecaux Award 2022: Waves of Opportunity, Artists’ Association Gallery, Vilnius (2022).
https://mortajonynaite.com/
• The Lighthouse,2020
Tissage à la main, coton, acrylique 117 x 140 cm
L’axe du bord de mer
• The Guard Net, 2020
Nouage à la main, corde de coton, corde de sisal, peinture sérigraphique, céramique, flocage. 215 x 280 cm
Noué à partir de différents nœuds, envahi par le temps et la vie, ce filet vous invite à vous accrocher juste avant d’être emporté par la vague.
• The Ghost Net,2020
Nouage à la main, lin, perles, pièces de monnaie 400 x 300 cm
Le temps qui se dissout en nouant nœud après nœud, se pixelise en une réalité différente – méditative, à peine visible, difficile à toucher, mais ressentie
• SpaceX + Turtte(man) + Octopus(man),2020
Crochet, vannerie, polyester, laine, corde de sisal, latex, acrylique. 190 x 150 cm, 44 x 42 x 16 cm, 40 x 22 x 48 cm
Nous ne pouvons pas nager ensemble, mais nous pouvons nous apprendre à flotter à la surface. Vous retournez votre corps et regardez le ciel, les nuages plumeux, les draps bleu pâle au-dessus de vous. Vous êtes au milieu du monde et c’est un endroit magnifique
Pour l’exposition Dryades de Cosquer, Marta Jonynaité a créé une installation spéciale centrée sur le contexte méditerranéen, basée sur l’installation précédente à la galerie In The Closet à Vilnius. L’artiste crée un espace entre la mer et le rivage, une métaphore du changement constant. Le bord de mer a longtemps exercé une profonde fascination sur l’humanité, un lieu où convergent le mystère, la puissance et l’attrait de la nature. Au fil du temps, cette frontière naturelle s’est transformée en une zone riche en significations politiques, sociologiques et historiques. Aujourd’hui, alors que la mer empiète de plus en plus sur nos vies en raison de la montée des eaux, il est urgent d’explorer la manière dont nous pouvons retrouver un sentiment de poix au milieu de ce changement. L’installation de Jonynaité cherche à capturer le moment fugace juste avant que la vague ne s’écrase, un moment où l’eau se retire pour révéler la beauté cachée de la flore et de la faune propres à cet espace liminal.
Evy Jokhova
Evy Jokhova (Estonie/Portugal) vit et travaille entre Lisbonne, Londres et Vienne. Jokhova est une artiste multidisciplinaire dont la pratique engage un dialogue et des liens entre l’anthropologie sociale, l’architecture, la philosophie et l’art. Travaillant avec le dessin, la sculpture, l’installation, le son, le film et la performance, elle vise à combler les écarts entre ces domaines et leurs structures hiérarchiques inhérentes. Diplômée d’un MA en Beaux-Arts du Royal College of Art (2011) et d’un MA en Communications Politiques de Goldsmiths College (2013), Jokhova a reçu de nombreux prix, notamment le Arts Council Individual Grants Award (2018), la Royal Academy Schools Fellowship (2016-2019), la Royal British Society of Sculptors Bursary Award (2017-2018), le Wien Kultur Förderung (2017) et l’Amsterdam Fonds voor Kultur (2018). Les œuvres de Jokhova sont conservées dans les collections publiques de la British Government Art Collection, Royaume-Uni ; Lafayette College Library, USA ; Royal College of Art, Royaume-Uni et Royal Shakespeare Company, Royaume-Uni.
https://evyjokhova.co.uk/
• Waiting for geological time,2023
Céramique en pierre et en terre, émaux faits à la main, tissage avec de la laine de mouton et de chien, broderie sur feutre, fausse fourrure, miroir en plexiglas, bois. Installation, dimensions variables
L’installation in situ créée et commandée à l’origine par le musée d’art Kumu de Tallinn, en Estonie, rassemble des céramiques en pierre et en terre cuite, des tissus d’ortie, des textiles tissés à la main avec des fils de mouton et de chien, des aliments fermentés, du bois recyclé, de l’acrylique et de la fausse fourrure.
Waiting for geological time s’inspire de l’architecture des sites funéraires, des grottes, des tombes et des temples. Dans son incarnation originale, deux grands piliers modulaires présidaient à un autel en forme d’escalier en croix abritant un arrangement de récipients en céramique pour la conservation des aliments, des figurines, des textiles tissés et brodés.
Derrière la structure se trouvaient deux longues bannières textiles prêtes à être portées comme couvertures lors d’une promenade en calèche. Ici, à La traverse, un segment de l’installation est réassemblé et réinterprété pour l’exposition Dryades de Cosquer. Le motif du nain de jardin est à nouveau omniprésent dans l’installation. Les gnomes illustrent la nécessité de minimiser ou de « réduire » l’impact de l’homme et nous guident vers un anti-anthropocène chanceux, où l’homme a minimisé son empreinte. Cependant, le processus d’écrasement comporte aussi une pincée de brutalité, de méchanceté et peut-être même d’horreur.